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 Retour à la case départ [PV Kaëran]

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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeSam 11 Mai - 17:15

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Chapitre 5
Revenir à la maison bredouille, partie 2

◆ ◆ ◆



La respiration d’Ellana se faisait de plus en plus calme et bientôt, elle ne bougea plus. Le sommeil l’avait gagné après ces rudes évènements, malgré le fait que Nolan courait encore dans la nature. Qui sait ce qu’il pouvait faire maintenant ? Une chose était certaine, ce salaud ne laisserait pas les agissements du Lieutenant impuni et ça, le soldat le savait. C’est sur cette pensée que les yeux pâles du jeune gradé se posèrent sur la couturière qu’il tenait contre lui. Il examina chacun de ses traits, traçait le contour de sa mâchoire et ses lèvres des doigts en effleurant à peine sa peau. Il replaça aussi quelques mèches rebelles de sa longue et sombre chevelure. Ainsi blotti contre lui, Ellana ressemblait à un ange. Elle semblait paisible et surtout en sûreté. La seule chose qui pourrait tout gâcher lui avait glissé entre les mains avec tellement de facilité ! Cela relevait-il de l’incompétence ou d’un manque de jugement de sa part ? Quoi qu’il en soit, Kaëran devrait réparer son erreur avant qu’il n’arrive quelque chose de grave.
Ses paupières commencèrent à devenir lourdes une heure plus tard alors que les tours de garde débutaient et que les filles du bordel d’Orthank avaient enfin cessé de geindre. Certains soldats soupirèrent même d’aise lorsque le silence fut et purent dormir paisiblement. Au petit matin, le soleil était menacé par un ciel nuageux. Le temps était quelque peu humide. Ça sentait la pluie. Kaëran se réveilla dans les premiers et dut malheureusement réveiller Ellana qui était solidement accrochée à sa chemise. Oui, ses doigts s’y étaient solidement agrippés et il ne parvenait qu’à bouger légèrement. Lorsqu’elle se fut détachée, le jeune homme se dressa dans toute sa grandeur, embrassa sa douce tendrement et enfila son armure tout en donnant les directives à ses hommes. Déjà, on s’activait et quelques catins râlaient. Encore et toujours. On mangea sur le pouce, on éteignit le feu et on reprit aussitôt la route, mais cette fois, Ellana préféra marcher avec ses anciennes consœurs. Kaëran fut surpris, mais ne s’y opposa pas et la laissa aller, ayant une troupe à mener.

Au bout de quelques minutes, la troupe entière se stoppa sous les bruits secs de gifles. Les soldats tournèrent la tête et Kaëran arrêta sa bête pour la faire tourner de côté, histoire de ne pas se casser le cou pour voir la scène. Une des putains s’était éclipsée en douce pour rejoindre les autres et Ellana resta face à Maria quelques secondes. Celle-ci contourna la couturière et la laissa seule, sur place. Emiya fut rapide et surtout, elle était le plus près de la scène. Elles échangèrent quelques paroles avant que la crinière noire d’Ellana ne disparaisse dans les bois qui bordaient le chemin. Fronçant les sourcils, le Lieutenant regarda sa sœur d’armes et celle-ci prit son relais alors qu’il se dirigeait vers sa douce en quittant les rangs. D’un saut agile, Kaëran descendit de selle et s’enfonça entre les arbres.

‘‘ Ça va… elle m’a cherchée. Elle… te salissait. Je ne peux pas laisser passer ça. ‘‘ Murmura t’elle, dos à lui.

Le jeune homme déglutit et s’approcha délicatement d’Ellana, l’enlaçant par-derrière. Il passa ses bras autour de sa taille et lui embrassa le cou tout en la serrant contre lui. D’un pouce, il essuya le sang qui perlait sur sa peau de nacre et murmura à son tour:

‘‘ Tu me surprendras toujours... Ellana Stark qui gifle quelqu’un. ‘‘ Dit-il, une pointe d’amusement dans la voix pour l’aider à se détendre. ‘‘ Respire et n’embarque pas dans son jeu. Tout ce qu’elle veut, c’est te provoquer... Viens, sinon nous allons perdre la troupe et je crains qu’Ayden ne dévalise mes provisions. ‘‘

Au moins, il réussit à tirer ne serait-ce qu’un faible sourire à Ellana. Kaë lui prit donc la main et l’entraîna jusqu’au cheval qui avait profité de cette petite pause pour brouter de l’herbe fraîche. Il la monta en selle et en fit de même avant de mettre la bête au galop pour rejoindre le reste de la troupe. Cependant, le Lieutenant descendit de nouveau de sa monture, donnant les rênes à Emiya. Il marcha alors dans le sens contraire, en direction des putains, et fit signe à la fameuse Maria de venir le voir. La réaction fut instantanée chez la jeune femme; elle pâlit et déglutit avant de regarder ses consœurs qui baissèrent les yeux, muettes. La femme s’éloigna donc et Kaëran s’arrêta en plein milieu de la route, faisant signe à ses hommes de continuer.

‘‘ C’est quoi ton problème ? ‘‘

Le ton de voix qu’avait emprunté le gradé intimidait Maria qui tentait de soutenir son regard. Imperceptiblement, elle tremblait, mais n’en montrait rien.

‘‘ Il est devant moi, mon problème... ‘‘

‘‘ Alors, dégage. ‘‘ Rétorqua t-il d’un ton calme, mais glacial.

Maria resta surprise et ne put le masquer très longtemps. Le Lieutenant venant de lui dire de partir, comme ça. Il allait la laisser seule en plein milieu de nulle part après lui avoir saccagé sa maison ?! Elle se risqua à faire un sourire en coin arrogant, ne le croyant pas, mais Kaëran ne cillait pas.

‘‘ Tu... me laisses ici ? ‘‘

Elle n’eut pas besoin d’une réponse orale pour comprendre que l’homme d’Ellana ne plaisantait pas. Prise d’une soudaine panique, Maria regarda à droite et à gauche. Il n’y avait aucune trace de civilisation près, mis à part la troupe qui commençait à se faire lointaine. Kaëran croisa les bras sur son plastron d’acier et lui fit signe de tête de partir.

‘‘ Pourquoi ? ‘‘ Demanda t’elle la voix tremblante, désespérée.

‘‘ On fait moins l’arrogante maintenant que ce n’est pas Ellana qui est devant ? Va rejoindre Nolan, si c’est ce que tu souhaites tant. ‘‘

‘‘ Je... ‘‘

‘‘ Tu critiques, tu râles et tu te permets de salir des gens que tu ne connais pas et qui prennent la peine de se déplacer pour venir t’aider. Tu n’as aucune gratitude. On te nourrit sans rien te demander et en plus on te permet de recommencer à zéro dans une ville où personne ne connait ton passé. Si tu préfères te faire sauter par les porcs du royaume en entier, vas-y. Le chemin s’arrête ici pour toi. J’aurais put vous laisser moisir dans ce bordel, mais certaines de tes consœurs n’ont pas la même envie que toi. Alors, dégage et va rejoindre le mec qui t’a laissé tomber pour sauver sa peau. ‘‘

Le Lieutenant lui tourna le dos et Maria resta pétrifiée sur place. Emiya suivit des yeux son supérieur qui reprit les rênes de son cheval sans rien dire. Il sentait les regards interrogateurs sur lui, surtout celui d’Ellana, mais il ne parla pas et se contenta de leur faire un sourire en coin. Kaëran reprit donc la tête de la troupe, laissant Maria derrière, devenant un petit point noir avec la distance. Elle allait revenir, il le savait. Cette jeune femme n’était pas stupide, mais elle était dépendante des autres et il fallait lui tenir la main pour lui montrer un autre chemin que celui qu’elle avait toujours connu.

Quelques heures plus tard, on prit une pause en bordure d’un lac. Les hommes en profitèrent pour abreuver les bêtes et remplir leurs gourdes. La pluie avait commencé à tomber doucement et lorsqu’ils s’apprêtèrent à reprendre la route, Maria débarqua, la tête basse pour se fondre parmi les autres putains. Kaëran eut un sourire moqueur en voyant l’air ébahi d’Eylis et d’Ayden, mais n’en fit pas de cas. Le soir, ils campèrent sous l’épais feuillage de grands arbres et furent privés de feu pour la nuit. Il fallut donc se réchauffer autrement.

Les jours suivants furent plutôt calmes et similaires. Les putains râlaient un peu moins et devenaient un peu plus nerveuses alors qu’elles savaient que Racium s’approchait. On leur avait qu’on les aiderait à se trouver un métier honnête et qu’on leur donnerait les ressources nécessaires pour bien débuter. Certes, ce n’était pas beaucoup, mais elles devraient maintenant apprendre à se débrouiller seules. Si elles voulaient replonger dans leur passé, c’était leur choix.

Racium fut en vue le soir du sixième jour. Un coucher de soleil illuminait les remparts, leur donnant cet aspect brillant et mystérieux. La cité était magnifique à admirer à cette heure de la journée. Les soldats retrouvèrent le sourire et l’idée de revoir leur entourage faisait un bien monstre. Kaëran embrassa le front d’Ellana et il soupira d’aise lorsque les sabots de leur monture se mirent à marteler la pierre pavée qui recouvrait entièrement, ou presque, la cité humaine. On escorta les catins à l’auberge pour la nuit et on leur paya un bon repas chaud avant de les laisser se reposer. Kaëran et Ellana s’en retournèrent chez eux après avoir quitté les soldats. Le rapport, ce serait pour le lendemain comme il était passablement tard.

Une fois dans la maison, Kaëran alla faire un feu dans le foyer et se débarrassa de son armure pendant qu’Ellana s’occupait d’Hewie de l’autre côté du canapé. Un sourire malicieux se forma sur les lèvres du jeune homme et il commença à courir après sa douce.

Faut croire qu’il avait envie de jouer, malgré la fatigue.

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Dernière édition par Kaëran Eira le Sam 11 Mai - 23:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeSam 11 Mai - 19:24

Kaëran ne dit rien de prime abord. Il s’approcha et l’enlaça par derrière, ses mains sur sa taille. Un baiser fût déposé sur son cou alors qu’il essuyait le peu de sang qui coulait de sa joue. Ellana se calmait peu à peu. Elle n’arrivait pas à croire qu’elle s’était énervée ! Qu’elle avait giflé quelqu’un !

-Tu me surprendras toujours... Ellana Stark qui gifle quelqu’un. Respire et n’embarque pas dans son jeu. Tout ce qu’elle veut, c’est te provoquer... Viens, sinon nous allons perdre la troupe et je crains qu’Ayden ne dévalise mes provisions.

Sur ses mots, Ellana parvint à sourire légèrement. Elle le suivit donc, main coincée dans la sienne, et ils retrouvèrent son cheval qui broutait, grimpant souplement sur son dos pour s’élancer à la suite de la troupe.
Ils retrouvèrent vite Emiya, sauf qu’à ce moment, Kaë lui donna les rênes et redescendit, laissant Ellana seule sur la selle. Peu rassurée d’un coup par le manque d’équilibre, elle suivit son homme du regard et le vit prendre Maria à part, ses hommes poursuivant la route. Que lui voulait-il ? Elle ne lui avait pas dit d’aller lui faire la leçon… Maria allait encore dire « même pas fichue de ce défendre elle-même »… elle la connaissait.
Elle fronça les sourcils, ne comprenant pas. Maria était devenue blême, nerveuse même. Jamais Ellana ne l’avait vue dans un tel état de panique. Et Kaë était devant, bras croisés sur son torse, inflexible. En Lieutenant.

Lorsqu’il revint et reprit les rênes, Ellana comme Emiya le regardaient, une foule de questions dans les yeux. Qu’avait-il dit ? Qu’avait-il fait ? Qu’allait devenir Maria à présent ? Parce qu’elle ne bougeait pas, ne rejoignait pas la colonne. L’avait-il abandonnée là ? Sans doute… il ne répondit pas, ou qu’avec un petit sourire, et reprit le commandement de la troupe.

Ellana ne parla pas, ne lui demanda pas ce qu’il s’était passé. Lorsqu’ils firent une pause, quelques heures plus tard, elle en profita pour se laver le visage à côté des chevaux qui buvaient, et quand elle fût remontée devant Kaë, tous furent surpris de voir Maria qui revenaient, se fondant sans un mot aux autres putains. Kaëran l’avait touchée de plein fouet et Ellana était prête à parier que Maria ne se ferait plus trop entendre pour le reste du voyage.

Au soir, le camp fût monté, mais ils ne purent allumer de feu. Le temps, gris toute la journée, avait décidé de les embêter. La pluie tombait finement, et ils n’étaient protégés que par les épais feuillages des arbres au-dessus d’eux. Ellana, frileuse, grelottait contre son homme, malgré les couvertures et sa chaleur naturelle qu’il dégageait. Les soldats comme les filles s’étaient couchés prêts des chevaux pour profiter, et le sommeil ne fût pas aussi réparateur que les autres fois.

Ensuite, ce fût la routine. Les jours se suivaient, les approchant de Racium. Les filles devenaient tendues et avaient peur. C’était normal, mais Ellana n’osait plus aller leur parler pour les rassurer. Kaëran avait été clair avec elles : elles avaient de l’argent pour commencer et il les aiderait à trouver un emploi tout à fait honnête. Après, elles devraient se débrouiller seules.
Lorsque Racium apparue, six jours plus tard, illuminée par le coucher du soleil qui frappait les remparts, Ellana ne put s’empêcher de sourire, comme bon nombres d’hommes. Ils rentraient tous chez eux. Elle eut droit à un baiser sur le front avant qu’ils n’entrent dans la cité même, les sabots se répercutant sur les pavés. Les habitants les regardaient étrangement, surtout les filles. Mais ainsi on n’aurait pas cru qu’elles avaient été des putains. On leur avait fait mettre des habits bien plus décents. Ellana avait rit au départ, lorsqu’une d’elles avait dit qu’aucun habit ne masquait ses seins. Pour elle, sa poitrine devait être à l’air libre…

Les filles furent donc laissées dans une belle auberge, ou Kaëran leur paya chambre et repas. Ensuite, ils retournèrent chez eux. Ellana avait pensé que son homme irait faire son rapport, mais vraisemblablement, il le ferait le lendemain.

Elle soupira d’aise en entrant dans leur demeure. Ca faisait du bien ! Il alla faire du feu et se débarrasser de son armure tandis que la jeune femme accueillait avec joie Hewie qui lui avait manqué. Le chat miaulait sans relâche en se frottant contre elle, réclamant des caresses infinies.

Seulement, elle vit à l’air de Kaë que… que quelque chose allait se passer. Et elle se leva lorsqu’il accéléra le pas. Ne comprenant pas mais riant, elle commença à courir avec le chat dans les bras, son homme sur les talons. Elle fît le tour du salon, débarqua dans la cuisine sombre, en fît aussi le tour, monta à l’étage, toujours avec le Lieutenant aux fesses. Hewie sauta au sol, agacé d’être bousculé à tort et à travers. Mais il les suivit tout de même, joyeux.

Ellana cherchait une solution, un endroit ou aller. Jusqu’à ce que ses pieds se prennent dans le tapis du couloir et qu’elle ne s’étale de tout son long, à plat ventre, le souffle coupé. Elle sentit plus qu’elle ne vit son homme s’arrêter derrière elle, l’entendant reprendre son souffle. Elle se redressa et voulut fuir à quatre pattes, mais il l’agrippa par la cheville, la tirant à lui. Elle cria de stupeur, ses mains cherchant quelque chose pour se retenir, mais trop tard elle était soulevée et posée sur son épaule comme un vulgaire sac de patates.

-Monsieur le tyran ! Qu’ais-je fais ? J’ai pourtant été très sage !

Mais ou allait-il ?! Dans la chambre, opposée à la direction qu’elle avait prise au départ. Elle fût déposée sur le matelas et elle vit la brillance dans le regard de l’homme.

-De quoi vas-tu me punir hum ?

« D’avoir été imprudente avec Nolan », souffla une voix en elle. Mais elle la chassa bien vite, parvenant à conserver son sourire. Il voulait jouer… c’était tout…

Et cette fois, sans savoir pourquoi, elle voulait… hum…enfin…

Elle le caressa doucement, ouvrant chaque bouton de sa chemise avec lenteur, le faisant frissonner. Son corps commença à éprouver du désir, elle sentit cette chaleur la submerger, là en bas, et sut que même si ce n’était pas ce qu’il avait prévu, elle le voulait, et elle savait qu’il ne refuserait pas. Une petite gâterie après le long voyage ne serait pas pour faire du tort…

L’embrassant, elle lui retira sa chemise, s’attaquant tout de suite après au pantalon.

-Tu seras plus à l’aise, ainsi vêtu… Susurra-t-elle alors qu’il la déshabillait aussi.

Rapidement nus, ils ne se privèrent pas de se caresser, de faire monter le désir en eux. Ellana, après avoir côtoyé à nouveau les putains, avait retrouvé des automatismes et caressaient son membre de haut en bas, vigoureusement, avec la main (oui… c’est mieux…enfin… ou pas… bref je sors…XD).

Lorsqu’elle le sentit en condition seulement, elle pivota, tournant le dos à son homme et se mettant à quatre pattes devant lui. Oui, elle voulait tester par… derrière. Enfin, Raven l’avait fait, mais si brutalement que…

-N’aies pas peur, Kaë… Dit-elle en serrant les draps dans ses mains.

Elle avait un peu peur, avec les souvenirs qui revenaient, mais il fallait traiter le mal par la mal non ? Il posa donc ses mains sur ses hanches, remontant au milieu de son dos, prenant même ses cheveux entre ses mains, et elle le sentit venir avec délicatesse. C’était sans doute une première pour lui aussi. Heureusement il trouva bien vite et ce fût comme d’habitude, le paradis.

Il accéléra et Ellana gémissait, tête basse, serrant ses poings sur le matelas. Si elle ouvrait les yeux, elle voyait les jambes de Kaë, à l’envers.

Quand il se retira une première fois, elle pivota et le poussa pour prendre le dessus. Elle le chevaucha langoureusement, comme il aimait tant qu’elle le fasse. Elle se penchait en même temps pour l’embrasser et le caresser sur le torse, savourant le contact de ses muscles qui se contractaient.

Il reprit le dessus pour la fin, comme à chaque fois, et elle le laissa se relâcher en elle avant qu’il ne se retire pour s’allonger à ses côtés.

-Le tyran a joué… le tyran a gagné… Susurra-t-elle.

Elle se colla à lui, si heureuse à ses côtés.

-Et maintenant, il faut dormir… demain tu travailles et je ne voudrais pas que tu sois trop fatigué…

Elle l’embrassa tendrement puis ferma les yeux, sourire aux lèvres…


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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeSam 11 Mai - 23:32



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Chapitre 5
Home, sweet home, partie 1

◆ ◆ ◆



Le voilà qui courrait après sa fiancée dans toute la maison en passant par le salon jusqu’à la cuisine. Ils se retrouvèrent à l’étage supérieur, Hewie aux talons, lorsqu’Ellana se prit les pieds dans un tapis qui recouvrait le sol du long couloir. Kaëran grimaça de douleur pour elle en la voyant à plat ventre au sol et en profita pour reprendre son souffle. Elle se redressa sur ses bras pour tenter de fuir, mais le Lieutenant fut plus rapide et lui attrapa la cheville droite, la tirant à lui avec un sourire amusé. Le cri strident qui sortit de cette bouche le fit rire et une fois qu’elle fut sous son emprise, Kaëran la hissa sur son épaule droite et l’entraîna là où il voulait aller; dans leur chambre. Ils étaient tous les deux épuisés et une bonne nuit de sommeil ne pourrait que leur faire du bien.

‘‘ Monsieur le tyran ! Qu’ai-je, fais ? J’ai pourtant été très sage ! ‘‘

‘‘ Toi ? Sage ? Hah ! ‘‘

L’homme entra donc dans la pièce, laissa donc tomber sa couturière sur le matelas et il se pencha juste devant elle, les mains à plat sur le pied du lit. Son regard plongea aussitôt dans le sien qui n’était illuminé que par les faibles rayons de la lune qui perçaient au travers de l’épaisse masse nuageuse recouvrant le ciel.

‘‘ De quoi vas-tu me punir hum ? ‘‘

La punir ? Mais il n’avait pas l’intention de la punir pour quoi que ce soit. Il avait voulu la chatouiller à la faire mourir de rire et ensuite il l’aurait bordé pour la nuit. Sauf qu’Ellana semblait en avoir décidé autrement. Il y avait cette lueur dans ses yeux, une lueur étrange où brillait le désir et aussitôt, les mains de la jeune femme s’apposèrent sur l’encolure entrouverte de sa chemise qu’elle détacha lentement. Cette fois, on avait pris le soldat par surprise et une vague de frisson lui traversa l’échine. Le souffle d’Ellana commençait déjà à être court lorsque ses lèvres se posèrent sur les siennes, ses mains mettant le haut de son corps d’homme à nu. Celles-ci descendirent le long de ses bras, de sa taille et longèrent le pantalon jusqu’au bouton qu’Ellana ouvrit pour l’en débarrasser.

‘‘ Tu seras plus à l’aise, ainsi vêtu… ‘‘

Elle susurrait contre ses lèvres sur un ton suave et sensuel auquel il ne pouvait résister. Kaëran frémissait, débarrassant sa douce des vêtements qui la recouvraient, pressés de sentir sa peau douce contre la sienne. Ellana se faisait fougueuse et l’une de ses mains glissa de son cou, sur son ventre jusqu’à sa virilité qu’elle ne se priva pas de saluer. Les sensations étaient violentes dans son corps et son sang se mit à bouillir au quart de seconde. Le soldat au garde-à-vous fut abandonné brusquement. Sur le coup, Kaë sembla confus et déglutit en comprenant ce que sa fiancée avait en tête. Elle était devant lui, à quatre pattes sur le lit, prête.

‘‘ N’aie pas peur, Kaë… ’’

Il la voyait serrer les draps dans ses mains. Pas qu’il avait peur, mais il ne savait pas si c’était réellement une bonne idée. Peut-être que ça ferait ressurgir de mauvais souvenirs chez elle. Ce fut avec hésitation que l’homme s’approcha et ses mains glissèrent sur ses hanches. Il parcourut sa taille fine et longea son dos pour glisser ses doigts dans sa crinière. Son bas ventre s’approcha de l’intimité de sa fiancée et s’y glissa avec délicatesse et hésitation. C’était nouveau et jusqu’à maintenant, ça lui semblait assez maladroit. Lentement, il trouva puis le reste vint tout naturellement.

Les minutes qui s’écoulèrent furent fortes en sensation et en bousculade, mais lorsque ce fut terminé, Kaëran embrassa sa belle puis s’allongea à ses côtés.

‘‘ Le tyran a joué… le tyran a gagné… ‘‘ Susurra-t-elle. ‘‘ -Et maintenant, il faut dormir… demain, tu travailles et je ne voudrais pas que tu sois trop fatigué… ‘‘

‘‘ Je suis en train de me demander qui est le vrai tyran entre toi et moi... tu deviens insatiable! Je ne voulais que te chatouiller et te forcer à dormir. ‘‘

M’enfin, après ça, ils dormiraient comme des loirs jusqu’au lendemain pour sûr. Ellana fut emprisonnée contre son torse, dans ses bras et il embrassa son front avant de tirer les couvertures sur eux pour le reste de la nuit.
Le lendemain matin, les rayons du soleil commençaient à percer au travers des rideaux lorsque Kaëran se réveilla. Il se tira lentement hors du lit, prenant garde pour ne pas réveiller la jeune femme et s’en alla dans la salle de bain pour se laver. Quelle ne fut pas sa surprise de sentir des courbes féminines dans son dos et des mains fines se glisser sur son ventre.

‘‘ Bon matin ... ‘‘ Murmura t-il.

L’homme se retourna, vola un baiser à sa future femme et ils se lavèrent avant de s’en aller se changer. Ils descendirent en sa taquinant, se préparèrent à déjeuner.

‘‘ Est-ce que tu veux rester toute seule aujourd’hui ? Je doute qu’il puisse arriver quelque chose, mais Ayden et Dart seront dans les environs à surveiller la maison, si jamais. ‘‘

‘‘ Je peux rester seule, Kaëran, oui. Ce sera une première pour moi ! Et cela évitera à Eiriel de se bloquer la journée pour moi... ‘‘

‘‘ Tu sais bien qu’elle aime passer du temps avec toi, surtout quand Dorguan fait la sérénade à ses armes. ‘‘

Il lui fit un sourire, la serrant contre-lui et la colla contre le mur pour la bloquer. Une lueur de malice brillait dans ses yeux et Kaë la bombarda de baiser partout sur le visage et dans le cou avant de se détacher d’elle. Il devait partir avant d’être en retard.

‘‘ Je serai bientôt de retour, alors sois sage pendant mon absence... je t’aime, Ellana. ‘‘

Un dernier baiser furtif fut déposé sur les lèvres de la couturière et c’est à contrecoeur qu’il quitta la maison pour une journée de travail. Le chemin fut le même qu’à l’habitude et le jeune homme saluait les mêmes personnes qu’il avait l’habitude de croiser chaque matin. Une fois au palais, Kaëran alla directement à la rencontre de son supérieur qui devait être dans son bureau et toqua avant d’entrer. D’un coup, il était nerveux et craignait sa réaction lorsqu’il apprendrait l’échec de la mission.

‘‘ Bon matin, Lieutenant Eira. ‘‘

‘‘ Bon matin, Chef. Je viens faire mon rapport ... ‘‘

Le Chef de l’armée posa sa plume dans son encrier et joint ses poings devant sa bouche, prêt à l’écoute. Kaëran s’asseya sur le siège devant le bureau et marqua un silence révélateur qui fit froncer les sourcils du haut gradé.

‘‘ Nolan nous a échappé, Chef. ‘‘

‘‘ Comment ? ‘‘

‘‘ L’adjudant Eylis a servi d’appât et l’avait piégé. Elle l’a fait sortir à l’extérieur pour que l’on puisse l’attraper, mais il avait posté des hommes dans les ruelles de la bourgade. Mes hommes étaient postés autour de l’établissement et n’ont pu que se concentrer sur les attaquants. Il a profité de cette diversion pour fuir. Mademoiselle Stark l’a retenu, mais une fois dans les bois, il m’a glissé entre les doigts. Nous avons passé une heure à chercher sa trace et rien... c’est comme s’il s’était volatilisé. ‘‘

Le supérieur de Kaëran ferma les yeux un long moment et s’adossa contre le dossier de sa chaise, mains sur ses genoux. Ses paupières s’ouvrirent et il regarda le vide un instant avant de poser ses yeux sur son officier qui tentait de cacher sa nervosité.

‘‘ Et les filles ? ‘‘

‘‘ Elles sont à l’auberge. Nous nous occupons de leur trouver un travail et ensuite elles devront se débrouiller par elles-mêmes. ‘‘

Un long silence s’installa par la suite et le Chef de l’armée se leva de sa chaise. Le Lieutenant l’imita et attendit le verdict de son supérieur.

‘‘ Lieutenant, vous savez que les conséquences sont graves... nous n’avons pas le droit à l’heure. Faites ce qu’il faut pour retrouver cet homme. Compris ? Nous afficherons son portrait moyennant une récompense... ‘‘

Kaëran ne fit qu’acquiescer puis le salua et quitta les lieux. Une fois dans le couloir, il se massa la nuque et soupira de découragement tout en se dirigeant vers la salle d’entraînement. Oui, l’homme avait besoin de se défouler pour évacuer la rage qui faisait de nouveau surface.

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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeDim 12 Mai - 10:58

-Je suis en train de me demander qui est le vrai tyran entre toi et moi... tu deviens insatiable! Je ne voulais que te chatouiller et te forcer à dormir.

Oh… bah ce n’était pas grave… il n’allait pas lui dire que ça ne lui avait pas plu ! Et… insatiable, elle ? Peut-être… elle aimait trop ne faire qu’un avec lui. Et il était divin quand il s’y mettait complètement. Quelle femme ne le voudrait pas ?! C’était l’homme parfait entre tous… et il était à elle ! Rien qu’à elle… son petit tyran à elle adoré….(ok j’arrête….XD)

Emprisonnée dans ses bras, il lui embrassa le front puis mit les couvertures sur eux. Aussitôt elle s’endormit, éreintée et se sentant parfaitement en sécurité. Au matin, elle sentit faiblement le mouvement de son homme lorsqu’il se tira hors du lit, et elle ne fît que se tourner légèrement.

Sauf que… hum… elle tâtonna avec la main, à la recherche des muscles de son homme. Mais elle ne touchait que le vide. Ce n’était pas… normal. Elle s’étira de toute sa longueur, mais aucun de ses membres ne rencontra le corps de Kaëran. Faisant la moue, elle ouvrit à contre cœur les yeux et vit le lit vide à côté d’elle. Mais elle entendit du bruit dans la salle de bains ! Alors ni une ni deux, elle ouvrit la fenêtre et entra en silence. Il lui tournait le dos et elle se colla à lui, glissant ses mains sur son ventre exactement comme lui le faisait. Et c’était injuste, elle était d’une tête plus petite que lui ! Elle avait le nez au milieu de son dos ! Alors que lui pouvait lui donner un baiser sur le crâne ! Pas juste !

- Bon matin ...

-Bonjour bel homme… Répondit-elle tandis qu’il se retournait pour l’embrasser.

Ensuite, ce fût exactement : douche, habillage, déjeuner.

Le tout en se taquinant bien évidemment. Les rires fusaient et Hewie en rajoutait une couche en se collant à eux.

-Est-ce que tu veux rester toute seule aujourd’hui ? Je doute qu’il puisse arriver quelque chose, mais Ayden et Dart seront dans les environs à surveiller la maison, si jamais.

Elle pouvait ?! Elle pouvait rester seule ?! Vrai de vrai ? Elle avait toujours voulut voir ce que ça faisait d’être seule dans une maison, à décider de ce qu’on va faire, comment et quand ! Et ainsi Eiriel aurait sa journée pour elle…

-Je peux rester seule, Kaëran, oui. Ce sera une première pour moi ! Et cela évitera à Eiriel de se bloquer la journée pour moi...

-Tu sais bien qu’elle aime passer du temps avec toi, surtout quand Dorguan fait la sérénade à ses armes.

Oui elle le savait… et Ellana était prête à parier que la paysanne viendrait en cours de journée pour prendre de ses nouvelles.
Il lui sourit alors en la serrant contre lui, puis la colla contre le mur derrière elle. Elle ne pouvait plus bouger ni rien, juste l’admirer et le laisser faire. Et puis même elle n’avait pas envie de bouger. Il la bombarda littéralement de baisers partout, visage et cou, avant de la laisser en plan d’un coup. Elle lui fît la moue mais il ne la vit pas, lui ayant brièvement tourné le dos. Mais bon, sinon il allait être en retard !

-Je serai bientôt de retour, alors sois sage pendant mon absence... je t’aime, Ellana.

Il partit sur un dernier baiser furtif, sans qu’elle ne puisse lui répondre, lui dire qu’elle aussi l’aimait. Et que bien sûr qu’elle serait sage ! Il la prenait pour qui ?! Ah oui… pour une casse-cou. Enfin bref, elle se retrouva seule pour la journée. Elle rangea d’abord la cuisine, s’occupa du chat, puis monta faire le lit et le ménage. Et au moment ou elle redescendait, Eiriel arrivait. Elle toqua et entra quand elle put :

-Ellana ! Je suis contente de te revoir ! Kaë est déjà partit je crois…comment vas-tu ?

-On ne peut mieux, Eiriel, merci, et vous ?

-Maintenant tout va bien ! J’étais morte d’inquiétude ! Que t’est-il arrivé à la joue ?

La femme s’avança vers Ellana pour observer la joue, qui guérissait. D’ici une ou deux semaines l’on ne verrait plus rien. Ellana lui expliqua donc tout le déroulement de la mission. En détail. Nolan, elle, les filles…
A la fin, elles allèrent à l’extérieur, s’occuper du jardin, tout en parlant.

-J’aurais eu la même réaction que Kaë tu sais… tu n’es pas quelqu’un d’adepte à la violence… tu as faillit te faire tuer.

-Je sais. Je m’en suis beaucoup voulut. Mais je ne voulais qu’aider. C’était à cause de moi que cette mission avait été planifiée.

-Ellana… tu aides Kaë bien plus que tu ne le croies. Tu es là pour lui et crois-moi il en a besoin. Je ne l’ai jamais vu sourire autant !

-Oui… mais je voulais le lui montrer clairement… lui, il fait tant de choses pour moi ! Il est si attentionné ! Et moi je…reste là. Inactive presque.

Eiriel soupira et lui pinça la bouche comme un poisson. Ellana écarquilla les yeux.

-Ma belle ! Tu n’es pas inactive ! Arrête de dire des bêtises ! Ou alors je dirais à Kaë que tu n’étais pas sage ! Crois-moi il ne te demande rien de plus que ce que tu fais !

Ellana fût relâchée et elle sourit timidement, avant de se relancer à l’attaque des mauvaises herbes. Lorsqu’elle raconta l’épisode de la gifle avec Maria, Eiriel rit de bon cœur, ne parvenant pas à imaginer Ellana en colère !

La journée passa ainsi, sereinement et Eiriel partit en milieu d’après-midi, voir si son cher époux avait finit d’embrasser ses lames. Ellana se mit à coudre sur le canapé, Hewie à côté d’elle, attendant le retour de Kaë. Le repas était prêt, ils n’avaient plus qu’à aller à table…

Les jours suivants furent semblables. Kaëran partait au travail, laissant Ellana à la maison. Eiriel passait de temps à autres. Quand elle était seule, elle réfléchissait. Elle se disait qu’elle pourrait l’aider à ramener de l’argent, c’est-à-dire à travailler. Mais que faire ? L’idée de reprendre le commerce de feu son père ne lui passait même pas par la tête.

Et aussi, dans leur couple, une décision avait été prise. Ils voulaient fonder une famille. Ils voulaient avoir des enfants. Ils avaient vingt-cinq et vingt-trois ans. Ni trop jeune, ni trop vieux. L’âge idéal. Alors ils faisaient tout pour. Les soirs ou son homme était trop épuisé, elle le massait, le lavait et le laissait aller se reposer. Mais les soirs où il était en forme, et les week-ends, ils passaient des heures de folie et de passion. Elle ne le laissait jamais partir sans qu’il se soit entièrement répandu en elle, pour mettre toutes les chances de leur côté. Et elle surveillait ses périodes, pour être dans le bon temps.

Mais rien. Les semaines passaient, et elle ne tombait pas enceinte. Rien du tout. Ellana commençait à se demander si ce n’était pas un contre coup de toutes les potions prises chez Nolan. Elle se demandait si elles ne l’avaient pas rendue stérile. En fait pour elle, les hommes n’avaient jamais de soucis à ce niveau. Ils étaient toujours capables de donner la vie. Donc, elle n’imaginait même pas que le problème pouvait venir de Kaëran.
Et celui-ci commençait à se renfermer. Elle le sentait. Il était plus taciturne, et quand elle voulait le faire, il rechignait. Il ne voulait plus coucher avec elle pour le moment. Sans doute jusqu’à ce qu’ils trouvent d’où ça provenait. Elle respectait mais en même temps, s’ils ne tentaient pas, ils ne sauraient pas. Peut-être que ça allait venir là, peut-être que les Dieux n’avaient pas voulut qu’ils en aient avant… elle le titillait, le taquinait, faisait monter le désir… rien. Elle avait même retenté avec la bouche, il l’avait éloignée, sans plus.

Un jour, elle se confia à Eiriel alors qu’il était au travail :

-Eiriel… cela fait quelques temps que… enfin… qu’on essaie d’avoir un enfant, Kaëran et moi.

-Et rien ne vient ? C’est peut-être parce que ce n’est pas encore le moment… ça viendra quand il le faudra…

-Non… il y a un problème… je me demande si c’est moi, à cause des potions de Nolan…

-Ca peut être lui aussi.

Ellana la regarda, écarquillant les yeux. Kaëran ? Mais non…

-Un homme peut toujours procréer non ?

-Non Ellana. La stérilité peut toucher les hommes comme les femmes. Je ne dis pas qu’il l’est, mais il a peut-être un souci. T’a-t-il parlé déjà ?

-Non… il se repli, Eiriel. Il ne répond même plus à mes avances, au lit… je ne sais pas quoi faire.

Eiriel serra sa main dans la sienne.

-Parle avec lui. Oblige-le à s’exprimer.

-Mais il va s’énerver… je ne veux pas ça…

-Alors il s’énerve. Garde à l’esprit que ce ne sera pas à cause de toi. Mais il faut que ça sorte. Demande-lui s’il sait quelque chose… il est peut-être allé faire un tour chez la guérisseuse en cachette pour savoir et il n’ose pas te le dire… je ne sais pas…

Ellana ne fît que hocher de la tête. Un peu plus tard, Kaë rentra. Eiriel était repartie depuis longtemps. Ellana l’embrassa, lui souriant. Il ne souriait même plus comme avant tant sa le minait. Elle le laissa enlever son armure et se laver, mettant la table. Ils mangèrent en silence, chacun perdu dans ses songes. Elle cherchait comment aborder le sujet…

Et ce n’est qu’une fois au lit qu’elle le fit. Elle caressait son torse machinalement. Peut-être que ça déclencherait l’envie chez lui…

-Kaë… que se passe-t-il ? Est-ce que tu sais quelque chose ? Parle-moi je t’en prie…

Elle le regarda, inquiète. Elle avait d’un coup peur. Peur de ce qui allait suivre. Allait-il s’énerver, se lever et frapper le mannequin dans le jardin ? Ou allait-il au contraire lui parler ? Ou la bouder ? Elle ne savait pas… et attendait, une main à plat sur son torse, pour l’encourager, lui montrer qu’elle était là… qu’elle ne partirait pas…


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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeDim 12 Mai - 16:58

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Chapitre 6
Le Problème Invisible, partie 1

◆ ◆ ◆



Les jours défilaient et se ressemblaient tous. Parfois il pleuvait ou bien le soleil illuminait le royaume tout entier. Les voyageurs et les marchands allaient et venaient dans la cité humaine de Racium où tout se déroulait pour le mieux. Les temps étaient toujours calmes et seules les rumeurs amenaient les vents d’une guerre imminente. Jusqu’à maintenant les citoyens n’en faisaient pas de plat et laissait leur inquiétude loin derrière. Les soldats eux, s’occupaient du bien-être des habitants ainsi qu’à faire respecter la loi. Pour cela, rien ne changeait. En ce qui concernait notre couple de tourtereaux, rien n’allait aussi bien. Ils n’avaient toujours pas convenu d’une date de mariage, trop concentré sur l’idée de fonder une famille d’abord. Oui, ils faisaient tout à l’envers, mais pourquoi se presser alors qu’on avait qu’une seule vie à vivre ? Autant en profiter pleinement. Non ? M’enfin, eux en profitaient dès qu’il le pouvait, d’une certaine manière.
Chaque soir, Ellana l’accueillait avec un large sourire. Parfois, ils sautaient le repas pour leur moment de folie et Kaëran devait repasser plus tard pour ramasser son armure en pièce détachée qui traçait le chemin de la chambre principale à l’entrée, au rez-de-chaussée. D’autres fois, le jeune homme se faisait chouchouter par sa douce qui l’aidait à se détendre après une rude journée. Le temps passait et chaque jour le Lieutenant observait sa fiancée avec un regard interrogateur pour recevoir une réponse négative. Au départ, il ne se décourageait pas, se disant principalement que c’était parce qu’il posait justement la question tous les jours alors que ça pouvait prendre deux semaines avant de voir les premiers symptômes d’une grossesse. Cependant, plus elles défilaient et moins la motivation était grande. Ça faisait plusieurs mois maintenant, et toujours pas de nouvelles positives. Y avait-il un problème ? C’est à partir du jour où ce questionnement lui vint à l’esprit que Kaëran commença à douter.

Ils essayaient toujours, mais avec un peu moins de fréquence qu’au départ et plus ça allait, plus le jeune homme se disait que le problème venait de lui. Quelque chose n’allait pas et au fond de son être, il le savait ou du moins le sentait sans pouvoir l’expliquer.

Lentement, rongé par le doute, Kaëran se refermait. Il était devenu un peu plus taciturne qu’auparavant et les sourires étaient moins fréquents sur son visage aux traits pensifs. Les soirs, même si Ellana le sentait en forme et le titillait, il ignorait ses avances en la repoussant gentiment d’un faible sourire en coin. Pas qu’il ne l’aimait plus ou qu’elle ne lui faisait plus d’effets, au contraire. Ses craintes le bloquaient directement.

Ce devait être lui, le problème...

Ce matin-là, Kaëran s’était levé avant Ellana et s’était aussitôt éclipsé pour se doucher. En plus de Nolan qui était toujours porté disparu, il y avait le problème invisible. Celui qui faisait que sa fiancée ne tombait pas enceinte. Le Lieutenant ferma les yeux et baissa la tête, laissant l’eau sillonnée sur son visage décomposé par l’angoisse. Il réfléchissait, se demandait pourquoi c’était possible. Pour quelle raison rien ne venait à terme ? D’aussi loin qu’il se souvienne, jamais lui et Ellana n’avaient cherché à empêcher les choses de se passer naturellement, même lorsqu’il l’avait retrouvé après l’épisode d’Orthank; leur première fois. Pourtant, Ellana ne prenait plus la potion et normalement, elle n’avait pas de répercussions sur le corps humain. Il s’en était informé. Était-ce une question d’infertilité ? De problème quelconque dût à la reproduction ?

‘‘ C’est toi le problème... ‘‘

Il sortit de la salle de bain une fois sec et enfila ses vêtements ainsi que son armure. Ellana se trouvait déjà en bas à préparer le petit-déjeuner. Kaëran ne répondit pas à son regard interrogateur et vint poster un baiser chaste sur ses lèvres vermeilles, ne lui offrant qu’un faible sourire en coin. Ils mangèrent en silence et lorsque vint le moment de partir, le Lieutenant serra sa belle dans ses bras et embrassa son front en lui chuchotant :

‘‘ ...je t’aime. ‘‘

Sur ces dernières paroles, il la laissa et partit en direction du palais, replongeant dans sa bulle de pensées et de réflexions dévastatrice. Ses collègues les plus proches ne savaient pas non plus ce qui se passait et Ayden avait même tenté de le prendre à part. Kaëran ne parla pas et encore moins à Emiya qui le tenait par les épaules en le secouant. Si vraiment il était incapable de donner la vie, pourquoi le dirait-il ? N’était-ce pas honteux pour un homme de ne pas pouvoir donner d’enfants à une femme ? De ne pas assurer la survie de sa lignée ?
Le soldat gradé leur assura que tout allait bien et que c’était la fatigue dût, aux recherches envers Nolan qui l’épuisait, mais ses frères et sa soeur d’armes n’étaient pas dupes. Il le savait. Après l’entraînement matinal, il alla s’enfermer dans son bureau et prit place sur le fauteuil devant la fenêtre. Ses coudes contre le mobilier de bois sculpté, tête entre les mains, Kaë cherchait à comprendre sans avoir à quérir de l’aide. Comment avoir les réponses à ses questions ? S’il demandait, on se moquerait inévitablement de lui, non ? Et d’un côté, s’il ne parvenait pas à donner la famille dont Ellana avait besoin, il ne pouvait pas la laisser dans l’ignorance...

‘‘ Elle finira par te délaisser et partira ...’’

Un poing s’abattit avec force sur le bureau et Kaëran se leva en se passant une main dans les cheveux. Il n’arrivait pas à se concentrer avec ce qui le tourmentait et même s’il essayait de délaisser sa vie privée au travail, ça ne fonctionnait pas.

Mais qu’est-ce qui se passait bon sang ?!

Le soir venu, Kaëran marcha d’un pas plutôt lent jusqu’à la maison. Il posa la main sur la poignée, ouvrit et referma derrière lui alors qu’Ellana venait l’accueillir comme toujours. Un doux sourire illuminait son visage d’ange et il ne fut même pas capable de le lui rendre comme il l’aurait souhaité. Après un baiser, le Lieutenant monta à l’étage pour se débarrasser de son armure et fila de nouveau dans la salle de bain pour s’éclaircir l’esprit sous l’eau froide. Rien à faire. Tout ça commençait à l’énerver et le jeune homme s’en voulait d’agir de la sorte envers celle qui partageait désormais sa vie.

’’ Et si elle partait parce que tu étais un incapable qui ne sait pas lui donner ce qu’elle désire ? ‘‘

Saleté de conscience... il fallait toujours qu’elle soulève ses pires craintes en enfonçant le couteau dans la plaie.

Pendant le repas, aucun mot ne fut échangé. Kaëran regardait son assiette, perdu dans ses songes, et ne faisait que picorer sa nourriture. Pas que c’était dégoutant, mais son estomac était à l’envers avec tout ça. Il se leva donc de table et commença à tout nettoyer. Le feu de foyer fut ensuite alimenté et les jeunes gens montèrent pour se mettre au lit. N’enfilant qu’un pantalon de nuit ample et confortable qui descendait sur ses hanches, le soldat gradé se glissa sous les couvertures et plia ses bras pour mettre ses mains sous sa tête. Couché sur le dos, il regardait donc le plafond pendant qu’Ellana caressait tendrement son torse.

‘‘ Kaë… que se passe-t-il ? Est-ce que tu sais quelque chose ? Parle-moi, je t’en prie… ‘‘

Il ferma les yeux un long moment. Lui parler de quoi ? Il ne savait pas lui même ce qui se passait bien qu’il en eut un doute. Inspirant et expirant profondément, Kaëran rouvrit les yeux et vit le regard inquiet d’Ellana qui plongea aussitôt dans le sien.

’’ Tu lui feras du mal si tu parles... ‘‘

‘‘ Rien... ça va... Je suis seulement fatigué. ‘‘ Lâcha t-il simplement.

Comme il le pensait, Ellana était loin de le croire. Elle n’était pas stupide et savait qu’elle finirait par mettre le doigt sur la blessrure un jour ou l’autre. Malgré ce regard réprobateur, Kaë chercha à détourner le regard et Ellana lui prit aussitôt le menton pour le forcer à la regarder dans le blanc des yeux.

‘‘ Kaë... je le sens qu’il y a quelque chose. Ce n’est pas juste la fatigue...parle-moi... ‘‘

‘‘ Parler de quoi ? Je n’ai rien à dire, Ellana. Il ne se passe rien, c’est tout. Tu devrais dormir maintenant... ‘‘

Il se tourna alors sur le côté, dos à elle, et glissa un bras sous son oreiller, les sourcils froncés. Il n’y avait rien à dire. Absolument rien...
Ellana se colla contre lui et il ferma les yeux d’amertume. Il n’avait pas envie de s’énerver contre elle, contre lui-même, mais elle ne semblait pas vouloir lâcher l’affaire et dormir.

‘‘ Kaë... ne te replie pas ! Parle ! Tu sais très bien de quoi je veux parler. On a un problème, et il faut découvrir ce que c’est. Savoir pourquoi... on n’arrive pas à avoir d’enfant... ‘‘

Sur ses derniers mots, la voix de la jeune femme s’était faite plus faible; elle savait qu’il se passait quelque chose et pourtant, il ne voulait pas en parler. Quelle tête de mule il pouvait être parfois. L’homme se tira alors hors du lit et marcha vers la porte qui menait vers le couloir. Sans un mot, il quitta la pièce pour s’en aller dans le salon et s’affaler devant le feu de foyer. Coude sur les genoux, ses mains enveloppèrent son visage puis glissèrent dans sa chevelure pour se stopper sur sa nuque. Ses yeux se fermèrent et sa mâchoire se crispa.

’’ C’est toi le problème... ‘‘

C’était lui le problème;
C’était lui qui allait mettre les espoirs de sa fiancée à l’eau;
Ses espoirs d’avoir un jour une famille.

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Dernière édition par Kaëran Eira le Lun 13 Mai - 0:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeDim 12 Mai - 17:49

Ce fût sur une profonde respiration qu’il lui répondit, son regard dans le sien :

-Rien... ça va... Je suis seulement fatigué.

Hein ?! Non. Elle ne le croyait pas. Mais alors pas du tout. Elle fronça les sourcils, peut-être que cela l’inciterait à dire la vérité, mais il tenta de se dérober en tournant la tête. Alors elle prit son menton et le força à la regarder. Comme il le disait, le message passait souvent mieux lorsqu’il y avait contact visuel.

-Kaë... je le sens qu’il y a quelque chose. Ce n’est pas juste la fatigue...parle-moi...

Elle le relâcha, mais il se renferma un peu plus :

-Parler de quoi ? Je n’ai rien à dire, Ellana. Il ne se passe rien, c’est tout. Tu devrais dormir maintenant...

Et, comme pour clore la discussion, il lui tourna le dos, se couchant sur le côté. Se mordant la lèvre, elle se colla à lui, comme si sa chaleur pouvait l’aider. Sauf qu’elle ne voulait pas dormir. Comment le pourrait-elle alors que son homme souffrait ? Comment pourrait-elle fermer les yeux tandis que Kaë se morfondait ?

-Kaë... ne te replie pas ! Parle ! Tu sais très bien de quoi je veux parler. On a un problème, et il faut découvrir ce que c’est. Savoir pourquoi... on n’arrive pas à avoir d’enfant...

Sa voix avait considérablement faiblie sur les derniers mots, et son cœur battait la chamade. Voilà, elle avait dit tout haut ce qu’il y avait. Elle avait posé le doigt dessus, et maintenant il fallait en parler à deux. Trouver le problème et la solution à deux.

Kaëran en décida autrement. Il se dégagea des draps, se leva et, sans un mot, quitta la pièce. Elle entendit ses pas s’éloigner, puis plus rien. Ellana baissa la tête, se tordant les mains. Que se passait-il ?! Pourquoi agissait-il ainsi ? Qu’avait-elle fait ou dit ?
Lentement, elle se leva à son tour, sortit en silence et se dirigea vers l’escalier. Elle le descendit de moitié, juste pour voir entre les barreaux. Elle vit la silhouette de son homme sur le canapé. Replié, renfermé sur lui-même. Loin d’elle.

Elle hésita à y aller. Si elle le faisait, il s’énerverait, il s’était déjà contenu avant, elle l’avait senti à son ton. Si elle ne le faisait pas, il allait sombrer un peu plus et elle ne le retrouverait plus. Sauf qu’il se faisait tard et qu’il travaillait… elle ne pouvait pas le priver de sommeil, même si elle doutait qu’il dormirait profondément.

Elle remonta donc en silence et retourna s’asseoir près de la fenêtre à contempler le ciel étoilé. Pourquoi ne parlait-il pas ? Ellana savait qu’il n’aimait pas parler de ce qu’il ressentait. Mais là, ça les concernait tous les deux… là c’était leur famille qui était en jeu… ou bien… croyait-il qu’elle le rejetterait si c’était de lui que venait le problème ? Non… jamais elle ne le ferait… il était trop cher à ses yeux pour qu’elle le délaisse…

Soupirant, elle regarda la bague à son doigt, brillante sous les rayons de la lune. Elle se sentait tellement mal… elle était là, à ne rien faire, alors que son fiancé se torturait en bas ! Mais que pouvait-elle faire ?! Elle n’était pas habile avec les mots ou pour réconforter les gens. Eiriel lui avait dit de le forcer à parler, mais le forcer au contraire le renfermait un peu plus. Ca devait venir de lui… c’était lui qui devait venir a elle et lui dire la vérité…

Finalement elle retourna se coucher, prenant comme une peluche l’oreiller de son homme. Pour combler un peu le vide qu’il avait laissé…

Elle s’endormit faiblement, d’un sommeil plus qu’agité. Et les premiers rayons du soleil la tirèrent complètement des méandres de sa conscience. Elle eut du mal à se rappeler les événements et fronça les sourcils en constatant qu’elle était seule dans le lit.

Ceux-ci revinrent bien vite comme une gifle et elle se hâta, ouvrit la fenêtre, et sortit en toute vitesse, sans se laver ou s’habiller. Elle descendit, pour s’excuser auprès de lui, pour…

Il n’était pas là. Ses épaules s’affaissèrent tandis qu’elle contournait le canapé. Il était en désordre, signe que Kaë y avait dormit. Mais l’homme lui-même n’était plus à la maison. Son armure non plus. Il était partit travailler bien plus tôt, sans l’attendre. Dépitée, elle but juste un thé, l’estomac trop noué pour avaler autre chose, et remonta pour se laver s’habiller.

Une fois fait, elle fît le ménage et le linge lentement, puis sortit dans le jardin arrière avec Hewie.

-Si seulement tu pouvais nous dire ce qu’il se passe, mon beau hein ? Murmura-t-elle au chat qui la regardait étrangement.

Elle sourit faiblement. Comme si le chat pouvait leur être utile. Il ne parlait pas et ne lisait pas dans les pensées. Une sourde peur tentait de prendre possession d’elle. Celle que tout s’achève réellement. Et elle ne le voulait pas ! Ils n’avaient pas traversé toutes ses épreuves pour jeter l’éponge maintenant !

Elle tenterait le tout pour le tout ! Elle ferait tout pour le faire parler, pour l’aider, pour faire quoique ce soit qu’il veuille. Et ne baisserait les armes que s’ils arrivaient dans une impasse et que Kaëran en avait marre.

Devait-elle contacter une guérisseuse ? Oui mais sans le consentement de son homme, ce serait comme si elle le violait. Et là il lui en voudrait sérieusement. Elle pouvait toujours le lui proposer. Il n’y avait peut-être rien du tout en fait. C’était peut-être juste un quelconque blocage… et non un souci de stérilité ou autre.

Se relevant, elle décida d’aller faire des courses. Peut-être que ça lui changerait un peu les idées. Prenant un panier, elle ferma la porte et s’en alla vers la place du marché. Elle flâna toute la matinée, regardant les produits exposés, admirant les bijoux. Elle portait toujours son bracelet, et l’observait souvent. Elle acheta fruits, légumes, viandes et quelques chocolats et biscuits avant de s’en retourner à la maison, non sans avoir regardé à droite et à gauche au cas où elle verrait une patrouille. Avec l’espoir de voir Kaëran. Mais rien.

S’enfermant, elle rangea tout, mangea sur le pouce puis alla lire. Seulement elle n’arrivait pas à se concentrer sur l’histoire et referma bien vite l’ouvrage, soupirant. Elle tournait en rond ! Ses pensées revenaient toutes au point de départ : Kaëran qui refusait de parler. Elle était sûre qu’il savait ce qu’il se passait, mais refusait de l’exprimer pour une raison quelconque. De la honte ? Il n’y en avait pas. Cela arrivait et il n’était pas le premier homme à souffrir de petites faiblesses à ce niveau selon Eiriel. Et ce n’était pas pour ça qu’elle le regarderait différemment, qu’elle l’aimerait moins ou le quitterait. Loin de là. Tête de mule…

Au soir, elle prépara à manger, prépara la table et attendit qu’il rentre. Elle attendit… longtemps…Elle s’inquiétait, ne savait pas où il était. Elle mit donc un manteau, et sortit, la lune commençant à illuminer la ville. Sur le seuil, elle patienta, regardant partout.

Pourquoi ne venait-il pas ? Que lui était-il arrivé ? Devait-elle aller au palais pour demander ? Et s’il rentrait entre temps et ne la trouvait pas ? Il s’inquiéterait à son tour… Elle alla au milieu de la rue, resserrant le col du manteau sur elle.

~Kaëran…où es-tu… ?~

Malgré sa « force » ou son « courage », elle n’osait pas partir en ville la nuit tombée. Pas seule en tout cas. Les voyous étaient toujours là. Donc au final, elle retourna à l’intérieur, fermant la porte. Elle prit Hewie contre elle et monta, sans aller manger.

Là, les larmes coulèrent. Elle n’aimait pas, mais elle ne supportait plus. Pourquoi n’était-il pas rentré ? Était-il dans un bar à se souler ? Peut-être chez Eiriel ? Devait-elle aller voir ? Oui mais c’était de son propre chef qu’il y était allé, donc elle n’était pas la bienvenue.

Angoissée, elle se coucha toute habillée sur le lit et ferma les yeux, les larmes parvenant à s’en échapper. Hewie les léchait, mais elle ne réagissait pas. Elle ne dormait pas non plus, attentive au cas où Kaëran rentrerait. Mais rien…

Ce fût une deuxième nuit courte et agitée. Au matin, elle se redonna un coup de peigne, lava son visage aux yeux bouffis tant par le sommeil que les larmes, s’habilla et descendit. La cuisine était telle qu’elle l’avait laissée. La table mise, les plats prêts à réchauffer. Elle alla au salon pour voir si son homme était venu ou était là, mais le canapé était normal. Donc elle ne savait pas s’il était rentré ou pas.

Et elle ne savait pas où il était. Au travail en toute logique. Mais s’il était reparti en mission comme l’autre fois ? Il fallait qu’elle sache, elle ne supportait plus !

Elle ouvrit la porte et vit Eiriel et Dorguan dehors. Elle leur fît un signe de la main et ils répondirent, mais ils étaient un peu nerveux. Pourquoi ? Kaëran avait-il dormit chez eux ? Cela la rassurerait d’un côté. Mais de l’autre elle ne comprenait pas… elle hésita à aller leur demander s’ils savaient pour Kaëran ou pas.

Encore une fois, elle se dégonfla et rentra, s’enfermant dans l’obscurité de la chambre. Elle avait fermé la fenêtre et les rideaux, tout comme la porte. Elle n’en sortirait plus pour le moment. Se prenant la tête entre les mains, elle se traita d’incapable. Incapable d’être là pour lui. Incapable de le faire parler pour qu’il aille mieux.

Et maintenant il ne rentrait même plus et elle ne savait pas ou il était. Ni pourquoi il le faisait.

-Pourquoi ? Mon dieu, pourquoi s’acharner ainsi contre nous ?! Qu’avons-nous fait ?! Qu’ais-je fais ?!

La malédiction dont parlait son père… était-elle réelle au final ? Était-ce elle qui engendrait tout ça contre son gré ? Et si oui, que faire ? Partir, sortir de la vie de Kaëran ? Cela le détruirait comme elle…

Elle était perdue…


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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeLun 13 Mai - 2:20

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Chapitre 6
Le Problème Invisible, partie 2

◆ ◆ ◆



Combien d’heures s’étaient écoulées depuis qu’il avait quitté le lit ? Franchement, il n’en savait rien, mais le feu était en train de mourir sous la cheminée. La pièce fut plongée dans une semi-obscurité qui laissait place à la noirceur au fil des minutes. Kaëran se leva lentement et s’en retourna vers l’escalier qu’il monta en se frottant la nuque de la main droite. Ellana devait dormir à cette heure, à moins que ce soit le cas inverse vu la fin de leur dernière conversation. Ce qu’il pouvait être crétin parfois... Loin était l’envie de se disputer ou de créer des tensions entre lui et sa fiancée, mais voilà qu’il faisait le contraire.
Hewie le suivait de près et se stoppa lorsque son maître décida de s’arrêter. Donc, au pas de la chambre des maîtres. De là où il se trouvait, le Lieutenant apercevait clairement la silhouette d’Ellana dans le lit, celle-ci tenant fermement son oreiller contre sa poitrine. Pourquoi se sentait-il aussi coupable tout d’un coup ? Épaule contre le cadre de bois de la porte, ses yeux pâles observèrent un long moment la jeune femme dormir. Se résignant à la rejoindre au risque de la réveiller, Kaë alla chercher une couverture dans le placard du couloir et retourna au salon avec le matou qui se pelotonna contre son ventre, en dessous de la laine. Cependant, le sommeil ne vint jamais à la rencontre de l’homme qui resta éveillé.

Lorsque les premiers rayons du soleil se levèrent, éclipsant l’obscurité qui avait englouti Racium pendant la nuit, le Lieutenant s’affairait déjà à partir au palais et rattraper le travail qu’il n’avait pas réussit à faire la veille. D’un pas peu motivé, il se dirigea vers le palais. À cette heure, les rues étaient passablement vides et il ne vit que quelques rares citoyens se diriger vers la place du marché où se préparer à se rendre dans les champs en dehors des fortifications de la ville humaine. Pour eux, la vie semblait si aisée... certainement parce qu’il brouillait du noir.

Dans son bureau, Kaëran tentait de garder sa concentration et y parvenait avec difficulté. Les deux premières heures, il ne fit que lire des rapports de patrouille et signer quelques parchemins. Ses pensées ne cessaient de dériver vers ses problèmes avec Ellana et il se passa la main dans le visage. Ça commençait à devenir une obsession et bientôt, il finirait par craquer. Cette nuit blanche ne l’avait en rien aidé non plus. Cette journée-là, il délaissa l’entraînement et confiant ses hommes à son second. On ne vit pas le Lieutenant de la journée jusqu’à ce que les cinq coups de cloches retentissent dans un bruit presque sinistre dans tout Racium. Mais il ne quitta pas son bureau pour rattraper son retard.

Il faisait nuit noire quand le Lieutenant mit les pieds hors du palais. D’un pas anormalement lent, il se dirigeait vers sa demeure lorsqu’il croisa Dorguan qui revenait du marché. Celui-ci fut surpris de le savoir là et surtout...

‘‘ Tu en fais une tête... est-ce que ça va, mon grand ? ‘‘

Kaëran hésita à parler et détourna le regard en cherchant quoi dire. Il était épuisé et ne parvenait pas à réfléchir clairement. Ellana devait être inquiète à l’attendre et pourtant, il n’avait qu’une seule envie, se cacher. Une des mains du forgeron s’apposa sur son épaule gauche et le secoua légèrement. Quand le soldat leva les yeux vers lui, le grand homme à ses côtés arborait une mine franchement inquiète.

‘‘ Qu’est-ce qui se passe, Kaë ? ‘‘

Encore une fois, il n’y eut aucune réponse. Kaëran ouvrit légèrement la bouche puis la referma. Il leva les yeux au ciel, soupira profondément puis murmura, la voix cassée.

‘‘ Je... peux te parler, seul à seul ? ‘‘

‘‘ Mais bien entendu ! Quelle question... vient, suis-moi. ‘‘

Dorguan entoura les épaules du jeune homme qu’il considérait comme son fils et ils se dirigèrent vers sa demeure. Eiriel fut surprise de voir Kaëran et ne commenta pas, laissant les hommes entre eux dans le salon. Elle en profita alors pour faire du thé et jeter un coup d’oeil par la fenêtre, en direction de la maison des Eira. Il y avait une faible lueur provenant de la fenêtre du salon, mais sans plus. Ellana était-elle au courant que son homme se trouvait ici ? Sur le canapé, Kaëran était légèrement penché vers l’avant, coude contre ses genoux et les mains dans le vide, entre ceux-ci. Il regardait le vase qui se trouvait sur la table du salon et cherchait comment parler.

‘‘ Tiens, c’est chaud. ‘‘ Murmura Eiriel en lui donnant une tasse de thé qu’il prit.

C’est là qu’il remarqua que ses mains tremblaient légèrement. Dorguan comme son épouse le regarda en fronçant les sourcils. Ça n’allait pas. Il n’allait pas bien contrairement à ce qu’il essayait de faire croire à ses proches. La tasse fut portée aux lèvres du Lieutenant puis il la déposa sur la table.

‘‘ Merci... ‘‘

‘‘ Ellana m’a parlé. Elle est inquiète à ton sujet et comme toujours, tu ne parles pas beaucoup de ce qui se passe là dedans, ‘‘ dit-elle en touchant d’un doigt son front. ‘‘ Et là-dedans. ‘‘ faisant de même pour son coeur. ‘‘ Tu dois parler de ça avec elle, Kaë... Une famille ne se compose pas que d’un seul membre, mais de plusieurs. ‘‘

‘‘ Je... ‘‘

Il bloquait encore et déglutit, refermant la bouche. Dorguan soupira et Eiriel les laissa seuls. Peut-être qu’entre hommes, ce serait plus aisé de parler. Le forgeron quitta son fauteuil et sa pipe pour s’installer aux côtés du jeune homme et lui entoura les épaules d’un bras, le ramenant vers lui.

‘‘ Écoute-moi bien, Kaëran. Tu es un Lieutenant, un soldat, un homme, un mortel. Tu n’es pas fait de pierre. Un humain à des émotions et il est normal de les laissé se libérer de temps à autre. C’est plus difficile pour certains individus, mais il le faut. ‘‘ Il marqua une courte pause, voyant que son faux fils ne parlait pas plus. ‘‘ C’est à ta mère que tu aurais voulu confier ça, pas vrai ? ‘‘

Ces paroles eurent l’effet d’une gifle chez Kaëran qui leva la tête et posa son regard sur Dorguan. Les yeux écarquillés, ce fut de force que le forgeron le leva sur ses pieds, le débarrassa de son armure lui-même et l’entraîna à l’extérieur avec lui. Direction le cimetière. Le Lieutenant ne comprenait décidément plus rien et ne comprit qu’une fois arrivée sur les lieux où on voulait en venir. On voulait le faire parler. Dorguan le traîna de force jusqu’à la tombe de sa mère et le poussa doucement en avant, attendant qu’il vide son sac une bonne fois pour toutes.
Les minutes s’écoulèrent et il commençait à se faire tard.

‘‘ Nous ne partirons pas tant et aussi longtemps que tu n’auras rien dit, jeune homme. ‘‘ Lâcha t-il d’un ton autoritaire.

Une heure s’écoula avant que Kaëran ne se retourne vers Dorguan en tremblant. Celui-ci s’approcha du soldat et posa les mains sur ses épaules alors qu’il baissait la tête et ferma les yeux.

‘‘ Je... ne pourrai pas donner de famille à Ellana, Dorguan. Quelque chose cloche, mais je sais que c’est moi le problème. Qu’est-ce qu’elle dira quand elle saura ? Jamais je ne pourrai lui donner d’enfants. Jamais. Je ne le peux pas. Depuis combien de temps essayons-nous et rien ? J’ai honte ! C’est la seule chose que je puisse faire et je n’en ai aucun pouvoir. N’est-ce pas le devoir d’un homme ? D’assurer sa lignée ? Elle finira par partir et aller voir ailleurs... ‘‘

Là il reçut la pire gifle que jamais il n’avait eue. Sa joue droite brûlait comme si on l’avait brûlée.

‘‘ T’es cinglé ?! ‘‘

‘‘ Triple idiot ! Qu’est-ce que ça fait que tu as un problème au niveau de l’huile ? Elle t’aime cette femme, n’est-ce pas ce qui importe?! Tu la rends heureuse. Tu l’as sorti de l’enfer et tu lui tiens la main dans les épreuves qui se dresse devant elle. Ellana n’était qu’une femme soumise, naïve et ignorante avant que tu la ramènes chez toi et la prenne sous ta tutelle. Elle est rendue forte, courageuse et épanouie. Tu l’as rendue heureuse, Kaë. Bon sang ! Ouvre les yeux ! Tu t’imagines que ses sentiments pour toi cesseront une fois que tu le lui auras annoncé ? Ce n’est pas de ton zoui qu’elle est amoureuse, mais de toi... ‘‘

Les deux hommes se toisèrent un long moment et Kaëran craqua pour la première fois depuis la mort de sa mère. Les larmes coulaient d’elles seules sur ses joues et il les essuya aussitôt en fronçant les sourcils, mais Dorguan l’arrêta et le serra dans ses bras. Kaë hésita un moment, mais répondit à son étreinte et ils restèrent ainsi un long moment. Lorsqu’ils retournèrent chez lui, Eiriel lui caressa la joue et le fit asseoir sur le canapé. Il était très tard maintenant...

‘‘ J’irai prévenir Ayden que tu seras absent demain... tu dois te reposer, et parler avec ta belle. D’accord ? ‘‘

Le jeune homme ne fit qu’acquiescer et s’allongea sur le canapé, un avant-bras sur les yeux. Eiriel le borda d’une couverture de laine et lui caressa les cheveux.

‘‘ Eh bien ... ‘‘

‘‘ Quoi ? ‘‘

‘‘ Il dort déjà ‘‘

Eiriel et Dorguan s’échangèrent un regard et éteignirent les chandelles avant d’eux-mêmes se mettre au lit.
Le lendemain matin, Kaëran dormait profondément, un bras dans le vide et la couverture par dessus la tête. Le vieux couple en profita pour sortir et c’est à ce moment qu’ils aperçurent Ellana qui devait être folle d’inquiétude. Devaient-ils lui dire que son homme était allongé dans leur salon ? La paysanne retourna à l’intérieur et Kaëran émergeait tout juste du sommeil.

‘‘ Ellana est morte d’inquiétude... va te débarbouiller et file la voir. Ça urge. ‘‘

Le Lieutenant l’écouta et se passa une main dans les cheveux pour dompter sa chevelure rebelle puis aller se laver sommairement avant de quitter la maison pour s’en aller chez lui d’un pas rapide. Bon sang... elle devait paniquer à l’idée de savoir qu’il n’était pas rentré alors qu’il s’était involontairement endormi sur le canapé d’Eiriel ! La porte se referma derrière lui et comme il n’y avait personne au rez-de-chaussée, Kaë enjamba l’escalier pour se rendre directement à leur chambre qui était plongée dans l’obscurité. Il y perçut une silhouette recroquevillée sur le lit et lentement, l’homme s’approcha. Sans hésitation, le Lieutenant contourna le lit, grimpa et s’asseya derrière sa douce en allongeant ses jambes de chaque côté d’elle. Délicatement, il glissa une main vers son menton, lui releva la tête et l’embrassa en guise de pardon. Plongeant son regard dans le sien, sa main droite caressait son visage mouillé par les larmes qu’elle versait.

‘‘ Ne pleure pas... je suis là... ‘‘ il l’embrassa de nouveau en resserrant son étreinte et murmura dans ses cheveux... ‘‘ J’avais pris du retard au travail et ... j’ai croisé Dorguan en route. Je me suis assoupi sur le canapé... ‘‘

Leurs membres tremblaient légèrement et Kaëran inspira profondément avant de se lancer dans son aveu final.

‘‘ Je ... ne pourrai pas te donner d’enfants, Ellana. J’aurais aimé qu’il en soit autrement, mais je n’y peux rien. Tu semblais tant le désiré et tout tombe à l’eau à cause de moi ‘‘ Il ferma les yeux, collant son front contre l’épaule de sa douce. ‘‘ Aussi stupide que ça puisse paraître, j’en ai honte. Pardonne-moi... je n’ai pas voulu te blesser, t’inquiéter ou te faire du mal, Ellana. Je t’aime tellement...‘‘

Voilà. C’était dit.

Spoiler:

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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeLun 13 Mai - 21:41

Ou était-il ? Pourquoi ? Que faisait-il ? Que devait-elle faire, elle ?

Tant de questions auxquelles elle ne trouvait aucune réponse, malgré l’obscurité de la pièce. Les larmes s’étaient même rajoutées à la partie, pour compléter le tableau lugubre qu’elle affichait. Hewie avait disparu dans un coin, et elle ne s’en souciait pas. Elle voulait savoir ce qu’il se passait. Pourquoi son homme agissait ainsi. Ce qui le tourmentait. Elle voulait être là pour lui… l’aider… comprendre… mais il se renfermait et s’éloignait…

Alors qu’il était plus proche qu’elle ne le pensait.

Elle ne l’avait ni entendu entrer, ni monter, ni pénétrer dans la chambre. Mais d’un coup le matelas s’affaissa et elle sentit deux jambes se poser de chaque côté d’elle, tout comme une chaleur qu’elle attendait depuis la veille se poster contre son dos.

Une main se saisit de son menton et lui fît pivoter la tête, pour qu’elle regarde son homme qui l’embrassa tendrement. Comme un pardon. Un pardon déjà donné. En fait, il n’y avait rien à pardonner… elle voulait comprendre, c’était tout. Voir si elle pouvait l’aider. Etre là pour lui tout comme il était là pour elle.

Ils se regardèrent ensuite, Ellana profitant des caresses de son homme sur son visage, essuyant les larmes qui coulaient toujours sur ses joues.

- Ne pleure pas... je suis là...

Elle eut un autre baiser et il resserra son étreinte sur elle, plongeant sa tête dans ses cheveux pour continuer :

-J’avais pris du retard au travail et ... j’ai croisé Dorguan en route. Je me suis assoupi sur le canapé...

Elle fût d’un coup plus que soulagée. Il avait été toute la nuit en sécurité avec Dorguan et Eiriel, et non dans un bar à se souler et se battre ou autre avec des voyous. Elle le sentit se tendre, trembler tout comme elle, et elle sut qu’il allait lui dire ce qu’il se passait.

- Je ... ne pourrai pas te donner d’enfants, Ellana. J’aurais aimé qu’il en soit autrement, mais je n’y peux rien. Tu semblais tant le désiré et tout tombe à l’eau à cause de moi.

Elle fronça les sourcils tandis qu’il collait son front contre son épaule pour poursuivre :

-Aussi stupide que ça puisse paraître, j’en ai honte. Pardonne-moi... je n’ai pas voulu te blesser, t’inquiéter ou te faire du mal, Ellana. Je t’aime tellement...

Elle resta un instant silencieuse. Il… ne pouvait pas… lui donner d’enfant ? Mais si… il fallait y croire… essayer… la chance leur sourirait une fois non ? Ils la méritaient après tout ce qu’ils avaient traversé. Elle pivota, faisant en sorte qu’ils soient tous deux assis au centre du lit, l’un en face de l’autre. Prenant le visage de son homme entre ses mains, Ellana le regarda attentivement.

Les rayons du soleil éclairaient son regard fatigué et en souffrance, ses cernes, ses traits tirés. Des pouces, elle caressa sa peau si douce, et lui dit tendrement :

-Non… non Kaë… rien ne tombe à l’eau, et encore moins par ta faute… ta tête te dit non, mais ton cœur te dit oui. Moi j’y crois. Il faut y croire, ensemble. Tenter, essayer. Peut-être qu’on y arrivera… et… si jamais cela n’arrive tout de même pas, tu n’auras rien à te reprocher. Parce que ma famille, c’est toi. Ma famille à présent c’est Eiriel, Dorguan, toi… et même Ayden et Emiya. D’accord je souhaiterais un enfant, un bel enfant de toi, te rendre heureux, te rendre fier, mais si cela n’arrive pas, ce n’est pas aussi grave que tu penses le croire, parce que nous serons toujours ensemble. Unis et soudés.

Elle l’embrassa, essuyant les rares larmes qui s’étaient formées dans les yeux de son homme. La fatigue ne devait pas l’aider, mais il n’y avait aucune honte à pleurer. Surtout pas pour lui.

-J’étais inquiète… Reprit-elle plus doucement ensuite parce que tu es parti sans rien dire, que tu n’es pas rentré. J’ai craint que tu sois repartit en mission comme… comme… la fois-là… j’ai craint que tu sois allé boire dans les tavernes. Et j’ai été trop lâche pour aller jusqu’au Palais en soirée pour demander si tu y étais encore. J’avais trop peur de partir seule en ville durant la nuit… et ce matin je n’ai pas eu le courage non plus d’aller demander à Eiriel si elle t’avait vu. Tu m’as inquiétée oui, mais tu ne m’as ni blessée, ni fais mal. Je cherchais juste à comprendre…

Ses yeux brillaient tant au soleil qui filtrait…

-Tu n’as pas à avoir honte Kaë… tu peux tout me dire… souviens-t-en. Je veux être là… je veux pouvoir t’aider… je n’aime pas te voir ainsi… souffrir alors que je suis inutile à côté… je t’aime Kaëran. Je t’aime à la folie, et je veux t’épouser… je veux que le tyran me mène la vie dure pour le reste de mes jours !

Elle ricana faiblement, tentant de mettre un peu d’humour dans l’atmosphère. Se blottissant contre lui, elle acheva :

-Pleure autant que tu veux, Kaë. Tu es un homme, et non une pierre. Tu as des sentiments, et cela ne sers à rien de les refouler. Si ce n’est te faire du mal. Je peux aussi supporter une part de tes inquiétudes. Je peux être là pour te soutenir. Toi tu travailles en plus, tu as bien plus de soucis que moi. N’aie crainte…

Elle le serrait contre elle, le laissant déverser sa peine. Il en avait vraiment besoin. Cela faisait longtemps qu’il retenait tout, et les digues lâchaient. Lentement, elle le fît se coucher, et descendit chercher du thé. Cela lui ferait peut-être du bien. La lumière du jour l’éblouie. Ils étaient en fin d’après-midi apparemment…

Remontant avec un plateau de thé et biscuits fraîchement achetés, elle ouvrit un peu les rideaux, faisant passer un peu plus de lumière et posa le tout sur la table de chevet à côté du jeune homme qui attendait sagement. Elle s’assit au bord, près de lui, caressa ses cheveux en souriant et lui tendit la tasse qu’il prit. Il but après s’être redressé et elle en fît de même. Ce fût pareil pour les biscuits. Là, elle s’allongea à ses côtés et murmura :

-On va essayer, encore et encore… je veux y croire. Tu n’es pas stérile. Je le sais, je le sens. A moins que tu ne veuilles plus du tout le faire avec moi ?

Là encore elle ricana en passant ses doigts sur ses lèvres. Elle doutait sérieusement qu’il ne veuille plus, mais bon, elle voulait détendre un peu l’ambiance.

Elle était là pour lui.
Maintenant et pour toujours.

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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeSam 18 Mai - 15:52

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Chapitre 6
Le Problème Invisible, partie 3

◆ ◆ ◆



Le silence qui s’en suivit n’était pas pour rassurer le jeune Lieutenant. Sur le coup, il n’avait pas osé relever les yeux sur Ellana pour voir sa réaction. Comment le prendrait-elle ? Le rejetait-elle parce qu’il n’était pas apte à procréer ? Y avait-il réellement un problème chez lui ou était-ce parce qu’ils étaient sous le nuage de la malchance après tout ces essais qui n’amenait rien ? Dans son esprit, un homme qui ne pouvait donner de famille à sa femme et assurer sa lignée était quelqu’un de faible. Il était faible. C’est ce que sa mauvaise conscience tentait de lui faire entrer dans la tête à coup de masse.
Son regard pâle se posa alors sur le doux visage de la couturière qui s’activait contre lui. Qu’est-ce que ... elle partait ? Non, elle se retourna de manière à se retrouver face à lui, ses cuisses appuyées contre les siennes, et ses mains fines se posèrent avec une extrême tendresse sur ses joues. Les yeux vairons d’Ellana le transperçaient de part en part et déjà Kaëran se noyait en leur profondeur. Il n’y voyait pas de mépris ou de dégoût, ni même de rancune. Il y voyait de la compassion et du réconfort. Ses pouces caressèrent lentement sa peau et ses lèvres commencèrent à remuer avant que les mots ne s’échappent de celles-ci.

‘‘ Non… non Kaë… rien ne tombe à l’eau, et encore moins par ta faute… ta tête te dit non, mais ton cœur te dit oui. Moi j’y crois. Il faut y croire, ensemble. Tenter, essayer. Peut-être qu’on y arrivera… et… si jamais cela n’arrive tout de même pas, tu n’auras rien à te reprocher. Parce que ma famille, c’est toi. Ma famille à présent c’est Eiriel, Dorguan, toi… et même Ayden et Emiya. D’accord je souhaiterais un enfant, un bel enfant de toi, te rendre heureux, te rendre fier, mais si cela n’arrive pas, ce n’est pas aussi grave que tu penses le croire, parce que nous serons toujours ensemble. Unis et soudés. ‘‘ Commença t’elle en l’embrassant et essuyant le liquide salin qui menaçait de coller du coin de ses yeux. ‘‘ J’étais inquiète… ‘‘ Avoua t’elle d’une voix douce. ‘‘ Parce que tu es parti sans rien dire, que tu n’es pas rentré. J’ai craint que tu sois reparti en mission comme… comme… la fois là… j’ai craint que tu sois allé boire dans les tavernes. Et j’ai été trop lâche pour aller jusqu’au Palais en soirée pour demander si tu y étais encore. J’avais trop peur de partir seule en ville durant la nuit… et ce matin je n’ai pas eu le courage non plus d’aller demander à Eiriel si elle t’avait vu. Tu m’as inquiétée oui, mais tu ne m’as ni blessée, ni fait mal. Je cherchais juste à comprendre… ‘‘

‘‘ Ellana... ‘‘ Souffla t-il difficilement.

Sa gorge se serrait, encore et encore. Son coeur tambourinait à un rythme endiablé au fin fond de sa poitrine et les ressentiments qu’il refoulait depuis des années se transformaient sous forme de larmes dans ses yeux. Encore une fois, il essayait de tout refouler, mais n’y arrivait pas. Les paroles de sa fiancée le touchaient droit là où il le fallait et sut que peut importe ce qui se passerait, enfant ou pas, Ellana ne partirait pas. Enfin... pour l’instant. Mais si un jour elle désirait en avoir un, avoir une famille en serait-il de même ?

‘‘ Tu n’as pas à avoir honte Kaë… tu peux tout me dire… souviens-t-en. Je veux être là… je veux pouvoir t’aider… je n’aime pas te voir ainsi… souffrir alors que je suis inutile à côté… je t’aime Kaëran. Je t’aime à la folie, et je veux t’épouser… je veux que le tyran me mène la vie dure pour le reste de mes jours ! ‘‘

Son ricanement cristallin eut l’effet d’un baume sur son âme de simple mortel et celui-ci fut fortifié par le corps de sa belle contre le sien. Lentement, Kaë l’entoura de ses bras et déposa un baiser sur sa tête. Il huma son doux parfum, mais ne parvint pas à sourire malgré toutes ces belles paroles.

‘‘ Pleure autant que tu veux, Kaë. Tu es un homme, et non une pierre. Tu as des sentiments, et cela ne sert à rien de les refouler. Si ce n’est te faire du mal. Je peux aussi supporter une part de tes inquiétudes. Je peux être là pour te soutenir. Toi tu travailles en plus, tu as bien plus de soucis que moi. N’aie crainte… ‘‘

Ce fut la forte étreinte d’Ellana autour de sa taille qui détruisit le barrage, laissant le torrent se déverser.

Le soldat pleura sa mère pour la première fois.
Il pleura la douleur de celle-ci, sa souffrance, son absence.
Il pleurait le vide qu’elle avait laissé en lui.
Des larmes furent versées pour Oward, l’homme, le Lieutenant, qui lui avait fait office de père durant sa jeunesse.
Il y en eut d’autres pour Ellana, pour lui.

Les hoquets se calmèrent après de longues heures, où Kaëran était mort d’épuisement. Ellana s’était détaché de lui, essuyant ses joues humides de ses mains douces et le fit s’allonger dans leur lit. La jeune femme le quitta alors pour se rendre au rez-de-chaussée et lui resta là, sur le dos à contempler le plafond. Combien de temps s’était-il écoulé depuis qu’il était revenu à la maison, qu’il avait avoué qu’il avait un problème invisible ? Il n’en savait rien, mais la lumière fut et, à ses côtés, le matelas s’affaissa légèrement. Sa fiancée avait rapporté du thé et lui souriait, passant ses doigts dans sa chevelure en bataille. Cette fois, le Lieutenant put le lui rendre faiblement, mais quand même. Elle lui tendit une tasse de thé qu’il prit entre ses mains et la porta à ses lèvres, prenant garde à ne pas se brûler.

Ils se retrouvèrent allongés l’un en face de l’autre à se toiser un moment dans le silence. En y repensant, ça lui faisait étrange de se remémorer les débuts de ce qui les avait amenés là, aujourd’hui. Tout ça avait commencé dans une taverne avec un couturier, la vente de sa fille et de l'arrivée de celle-ci dans la famille Eira. Il s’était passé tant de chose en si peu de temps que s'en était presque incroyable. Maintenant, il lui avait glissé la bague au doigt et voulait passer le reste de ses jours aux côtés de cette femme exceptionnelle.

‘‘ On va essayer, encore et encore… je veux y croire. Tu n’es pas stérile. Je le sais, je le sens. À moins que tu ne veuilles plus du tout le faire avec moi ? ‘‘

Ses paupières se fermèrent à ce doux contact qui provoqua aussi une vague de petits frissons contre son échine. Mais qu’est-ce qu’elle racontait là ? Il ne pourrait plus se passer d’elle. Il l’avait tout simplement dans la peau. Ellana avait cet effet aphrodisiaque sur lui. C’était comme une drogue, même si au courant des derniers temps, il avait fait preuve de réticences fasse à ses avances.

‘‘ Tu plaisantes, j’espère ? ‘‘

Kaëran eut un sourire enjôleur, malgré sa fatigue apparente, et chercha à coller le corps de sa belle contre le sien pour sentir sa chaleur. D’une main, il entremêla quelques mèches de la longue chevelure d’Ellana autour de ses doigts, appuya contre l’arrière de sa tête et approcha son visage du sien pour l’embrasser longuement.

‘‘ Si seulement la fatigue n’existait pas, je resterais soudé à toi pour l’éternité. ‘‘

Il embrassa son nez.

‘‘ Ou plutôt jusqu’à ce que nous soyons vieux et ratatinés, comme nous ne sommes pas immortels. ‘‘

Puis il déposa ses lèvres sur son front, faisant leur petit code à l’envers.

‘‘ Tu sais... j’avais surtout peur que tu me voies différemment parce que je ne pourrai peut-être pas te donner de famille, d’enfants. Je... ‘‘ Il se tut, hésitant à dire comment il se sentait, là, tout au fond de ses entrailles. ‘‘ ... me sentais faible. Comment un homme peut-il ne pas assurer la survie de son nom avec un tel problème ? J’ai la crainte qu’on se moque, que tu sois triste ou que tu décides d’un jour me quitter pour cette raison. Je croyais que c’était grave, avant que tu ne m’affirmes le contraire. J’ai si peur de te perdre... ‘‘

Ses yeux se remirent à briller sous la lumière du jour.

‘‘ La fatigue me fait brailler comme une fillette... ‘‘ Dit-il avec une pointe d’humour.

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Dernière édition par Kaëran Eira le Lun 20 Mai - 17:15, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeSam 18 Mai - 17:32

-Tu plaisantes, j’espère ?

Il lui sourit, malgré son air plus que fatigué et la rapprocha de lui. Couchés l’un en face de l’autre, ils se regardaient, et l’homme avait entremêlé ses doigts dans ses cheveux, doucement, avant de poser une main sur sa tête et l’approcher encore plus pour l’embrasser longuement et tendrement. Ce qu’elle pouvait aimer ça… il lui avait fait si peur…

-Si seulement la fatigue n’existait pas, je resterais soudé à toi pour l’éternité.

Il poursuivit après un baiser sur son nez :

-Ou plutôt jusqu’à ce que nous soyons vieux et ratatinés comme nous ne sommes pas immortels.

Vieux et ratatinés ? Kaëran, vieux ? Avec des rides et des cheveux blancs ? Mais non… il resterait jeune à jamais celui-là ! Elle lui interdirait de vieillir et c’est tout… (la bonne blague XD) Il acheva après un baiser sur son front, d’une voix un peu hésitante lorsqu’il fût temps de dire tout net ce qu’il ressentait :

- Tu sais... j’avais surtout peur que tu me voies différemment parce que je ne pourrai peut-être pas te donner de famille, d’enfants. Je... me sentais faible. Comment un homme peut-il ne pas assurer la survie de son nom avec un tel problème ? J’ai la crainte qu’on se moque, que tu sois triste ou que tu décides d’un jour me quitter pour cette raison. Je croyais que c’était grave, avant que tu ne m’affirmes le contraire. J’ai si peur de te perdre...

Comment pourrait-elle le voir différemment ? C’était… inconcevable… faible, lui ? Non… il était l’homme le plus courageux et fort qu’elle connaissait. Il bravait tout sans broncher, il était toujours fidèle au poste, il ne faillait jamais à son devoir… le jour ou lui serait faible, elle mangerait un balai.
Et… ce moquer ? Le quitter ? Qu’est-ce qu’il chantait ? Son père n’avait jamais voulut assurer la survie de son nom et cela ne lui avait rien fait. Certes elle lui avait été imposé mais bon… Kaë assurerait la survie de son nom, cela ne faisait aucun doute. Elle le sentait, au fond d’elle. Et elle non plus ne voulait pas le perdre…

Il avait à nouveau les yeux brillants, mais il se contenait…

-La fatigue me fait brailler comme une fillette...

Elle sourit, caressant sa joue doucement. La fatigue… non… ses émotions, c’était tout. Et il en avait parfaitement le droit. Combien de fois avait-elle pleuré contre lui ? Trop de fois.

-Je ne veux pas non plus te perdre mon cœur…et je le redis, n’aie crainte de pleurer… ce n’est pas une honte. Et personne ne se moquera de toi. Je te le garanti. Je suis là et je ne te laisserais pas…

Elle l’embrassa, mêlant ses doigts aux siens et se rapprocha un peu plus de lui. Coinçant sa tête sur son torse, elle ferma les yeux, un léger sourire aux lèvres. Elle était à nouveau en paix. Il était là, ils s’étaient expliqués, tout allait bien. Et ils auraient un enfant. Elle voulait lui offrir ça.

Ils s’endormirent ainsi, paisiblement, rattrapant pour tous les deux les deux nuits blanches qu’ils avaient passées. Ce fût un sommeil long et réparateur, duquel l’on ne s’arrachait pas facilement. Et justement…

Les fiancés mirent du temps à émerger, surtout qu’ils étaient bien l’un contre l’autre. Seulement, Kaëran travaillait et ce fût le branle-bas de combat lorsqu’ils se rendirent compte de l’heure qu’il était. Il avait… disons… quinze minutes pour se préparer et manger avant de partir ? Ellana l’aida, lui préparant ses habits et descendant en avance pour préparer son petit déjeuner. Il vint rapidement et prit de quoi manger, avant d’enfiler son armure. Elle lui noua les liens solidement puis l’embrassa comme il allait partir.

-Bonne journée mon cœur. Travaille bien et revient vite tu me manques déjà !

Elle sourit et eut droit à un autre baiser avant qu’il ne s’en aille. Elle resta à la porte jusqu’à ce qu’il tourne au coin de la rue puis rentra, caressant Hewie qu’elle apporta dans la cuisine pour le nourrir, et elle aussi par la même occasion.

Mangeant en silence, elle réfléchissait à tout ce qui avait été dit la veille. Elle avait affirmé que ce ne serait pas grave s’il ne lui donnait pas d’enfant, si cela n’arrivait pas. Mais, devant le fait même, serait-elle aussi confiante ? Parviendrait-elle à faire comme si de rien n’était ? L’enfant, elle le voulait pour lui… elle, elle avait peur. Peur de la grossesse, peur de l’accouchement. La nuit dernière, blottie contre son homme, Ellana avait rêvé qu’elle tombait enceinte pour leur plus grand bonheur, mais qu’à la naissance elle mourrait comme sa propre mère…

Soupirant, elle se leva et nettoya la vaisselle avant de remonter pour s’habiller. Tout ça n’arriverait pas. Du moins la partie de la naissance. Le miracle elle le voulait. Faisant le lit, Hewie s’amusa à grimper dessus pour l’en empêcher, la faisant rire.

-Hewie ! Allez ouste ! D’abord le lit puis les gratouilles ! Allez !

Le chat se roula bien dans les draps, laissant ses poils dessus, avant de s’en aller en miaulant, fier de lui. Encore une fois, elle soupira et put refaire tout le lit, sortant les draps pour les secouer avant de les remettre.

Ensuite, elle alla dans le jardin avec le chat et s’assit sur le banc de pierre. Profiter un peu du soleil qui montait, du sifflement des oiseaux, avant de se mettre à la tâche. Elle devait couper les fanes des fleurs dans la serre, récolter les légumes, cuisiner pour le soir. Elle devait repriser une chemise de Kaëran, repasser le linge, laver la seconde partie. Oui, la journée était chargée. Mais cela ne la gênait pas. Au moins son homme avait tous les jours une maison toute propre en rentrant.

Se levant, elle se mit donc à la tâche…

Le soir venu, elle était sur les rotules, mais fière. Tout rutilait et elle accueillit son homme d’un sourire et d’un baiser, avant de le laisser se laver et revenir manger. Il avait passé une bonne journée, apparemment, et cela la réjouissait. En plus, avec le repos qu’ils avaient pris… elle le désirait…

Cela ne rata pas. Après avoir tout nettoyé, elle était dans la salle de bain et lui se couchait. Elle ressortit… nue. Elle s’accouda à la porte, et posa son pied sur sa jambe, le remontant lentement, se mordant la lèvre. Elle avait vu une putain le faire chez Nolan… pour aguicher les clients.

-Hey, bel homme… un peu de compagnie vous siérait-t-elle ?

Son ton était plus qu’enjôleur et elle voyait Kaë hausser les sourcils sans comprendre. Elle s’avança lentement et grimpa par le pied du lit, se glissant sur lui doucement en caressant son torse. Elle le sentait déjà frissonner. Sa tête s’enfouit dans le cou de l’homme et elle lui embrassa la nuque, ses mains lui retirant la chemise qu’il venait à peine d’enfiler. Elle remonta à l’oreille, la mordilla, longea la mâchoire, trouva sa bouche qu’elle enferma fougueusement.

-Ce soir… tu n’as qu’à profiter mon tout beau…

Fallait qu’elle arrête avec cette voix. C’était celle qu’elle prenait pour jouer la pute. Elle le dévêtit tout en délicatesse, mettant au jour son membre déjà prêt à l’emploi. Elle sourit en le caressant lui aussi, regardant son homme d’un air amusé. Il pouvait faire toutes les têtes qu’il voulait, cela ne lui déplaisait en rien. S’installant à califourchon sur lui, elle le guida et gémit d’aise aussitôt. Les mains à plats sur son torse, elle débuta, de haut en bas et de bas en haut, les emmenant au paradis. Il gémissait, soupirait, et quand elle accéléra encore, ce fût les cris qui prirent la place. Mon dieu qu’est-ce qu’elle pouvait aimer ça ! Elle y avait pris goût, c’était une drogue, et c’était Kaë qui lui permettait de se sentir aussi bien. Raven et Nolan l’avaient forcée, elle n’avait pas aimé. Elle avait simulé. Là, c’était elle à part entière. Elle était tout à Kaëran…

Lorsqu’il la renversa pour les derniers coups, elle voyait son visage en sueur, ses yeux brillants et ils crièrent ensemble quand il se relâcha. S’affaissant sur elle, elle entoura son cou de ses bras, embrassant sa nuque, caressant ses cheveux doucement. Elle avait le souffle court, des frissons la parcouraient encore, mais elle souriait comme jamais. Kaë se retira tout en douceur et s’écroula de côté, soupirant d’aise.

-Je t’aime… je t’aime, je t’aime, je t’aime, encore une fois je t’aime. Grave moi ça dans ta tête, mon cœur. Je t’aime.

Elle se colla à lui comme la veille, l’embrassa, puis ils purent partir pour le monde des songes.

Les jours passèrent ainsi, tranquillement, emportant avec eux de nouvelles semaines. Tout allait bien pour eux, même si aucun miracle ne s’était produit. Les beaux jours viraient vers la fin, amenant l’automne, mais cela ne les gênaient pas. Kaëran travaillait, Ellana s’occupait de la maison, recevant souvent la visite d’Eiriel. Entre autres nouvelles croustillantes, Ayden s’était considérablement rapproché d’Emiya, et Ellana trouvait ça touchant. Les deux allaient bien ensemble…

Les deux fiancés n’avaient pas encore parlé mariage, même si la paysanne insistait pour qu’ils organisent le tout. Mais Ellana lui affirmait que ce serait fait en temps voulut. Et pendant ce temps, ils reprenaient les tentatives. Comme l’avait dit Kaëran, ils étaient soudés plus souvent qu’autre chose ! Dès qu’ils pouvaient. Et ce n’était pas toujours le soir au lit. Non, cela pouvait arriver dans le salon, il y avait eu une fois dans la salle de bains, et même une fois derrière la serre, dans le jardin !

Et le fait qu’ils pouvaient être surpris ne faisait que rajouter à leur passion. Mais voilà, Ellana commença à se sentir mal. Au début, ce ne fût que quelques maux de ventre. Puis il y avait eu les vomissements et même un peu de fièvre. Elle ne savait pas ce qu’elle avait, et tentait de le masquer à son homme. Elle ne voulait pas l’inquiéter.

Souvent elle passait la nuit dans la salle de bains, sous l’eau froide pour faire baisser sa température. Elle revenait dans le lit juste avant qu’il ne se lève et faisait semblant de dormir. Quand il lui demandait pourquoi elle avait aussi chaud, elle répondait en riant que c’était lui qui donnait chaud. Mais il n’était pas bête, il avait du le remarquer. Sauf qu’elle ne parlait pas alors qu’elle le devrait. Elle ne voulait pas l’inquiéter, ça allait partir tout seul. Et puis elle avait été habituée à ne jamais se plaindre et ne jamais dire quand elle n’était pas bien avec son père… et c’était quelque chose que Kaë n’avait pas encore eu l’occasion d’effacer.

Seulement, une semaine et demie après le début des symptômes, rien n’avait changé, au contraire, et elle commença elle-même à paniquer. Donc, un jour, quand son homme était au travail, elle se rendit chez la guérisseuse. Elle voulait savoir ce qu’elle avait. Elle tremblait et frissonnait, et la seconde d’après elle avait trop chaud.

Heureusement pour elle, il n’y avait personne, elle n’aurait pas à attendre. La femme qui les accompagnaient, qui avait soigné Kaë puis elle, arriva et lui sourit, jusqu’à ce qu’elle voie son état et son teint pâle.

-Mademoiselle, commença-t-elle une fois installées dans son cabinet listez-moi vos symptômes je vous prie.

-J’ai mal au ventre, parfois je vomis, j’ai de la fièvre… cela va faire presque deux semaines et il n’y a aucun changement…

La guérisseuse acquiesça et la conduisit dans la salle adjacente, pour l’auscultation. Elle lui prit le pouls, prit sa température, lui fît faire d’autres tests… à la fin, Ellana se rassit dans la pièce principale, attendant le verdict. Irina, la guérisseuse, revint avec un grand sourire.

-Vous n’avez rien de grave, Mademoiselle. Bien au contraire.

Ellana la regarda, presque suppliante pour avoir le résultat.

-Toutes mes félicitations, vous êtes enceinte.

Le terme mit du temps à atteindre son cerveau, un peu plus de temps à prendre sens en elle. Enceinte ? Elle était… enceinte ?! C’était… c’était… un miracle ! Elle le savait ! Elle l’avait toujours su ! Elle se jeta au cou de la femme qui fût surprise en s’exclamant :

-Merci merci merci !

-Tout le plaisir est pour moi ! Allez l’annoncer au futur papa. Il faudra revenir dans quelques temps pour le suivit de la grossesse, et je vais juste vous donner de quoi calmer votre fièvre et vos nausées.

Ellana la relâcha, souriante, et attendit. Une fois les produits en main, elle remercia encore la femme et s’en alla, un grand sourire aux lèvres. Elle rentra, faisant un détour vers le cimetière. Elle trouva rapidement la tombe, déposa des fleurs qu’elle venait d’acheter et murmura :

-J’aurais aimé que vous puissiez connaître votre premier petit-fils ou fille, Naël. J’espère que de là ou vous vous trouvez vous êtes en paix. Kaëran sourit à nouveau, et j’ai hâte de lui annoncer la nouvelle. Je prendrais soin de lui comme il a pris soin de moi, je vous le promets.

Souriante, un peu triste devant la réalité de la mort, elle se détourna et s’éloigna. Encore une fois, elle se demanda si sa mère était là, quelque part, à reposer en paix depuis vingt-trois ans. Elle hésita à arpenter les allées pour chercher. Elle ne connaissait même pas son prénom… et des Stark il devait y en avoir un paquet. Autant chercher une aiguille sous une meule de foin. Et puis, pour l’heure, ce qui importait, c’était l’annonce de sa grossesse à Kaëran.

Elle sortit du cimetière et regagna la demeure, prenant tout de suite ce qu’il fallait pour calmer sa fièvre comme son ventre. Là, elle s’assit sur le canapé avec Hewie et cria presque :

-OUI ! Je le savais ! Je le savais !

Mon dieu ce qu’elle était heureuse. Si elle savait… maintenant, l’annoncer à son homme quand il rentrerait. Voir son sourire sur son beau visage, voir le bonheur illuminer ses traits. Une main sur son ventre, elle peinait encore à croire qu’un petit être allait grandir en elle. Une petite fille ou un petit garçon… vivement qu’il rentre !

Elle voulait le lui annoncer !

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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeSam 18 Mai - 23:43


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Chapitre 6
Le Miracle, partie 1

◆ ◆ ◆



Sa réplique lui donna droit à un magnifique sourire. Sa main gauche retrouva à nouveau son visage et ne put que savourer cette caresse attentionnée et rassurante.

‘‘ Je ne veux pas non plus te perdre mon cœur… et je le redis, n’aie crainte de pleurer… ce n’est pas une honte. Et personne ne se moquera de toi. Je te le garantis. Je suis là et je ne te laisserais pas… ‘‘

Leurs lèvres se retrouvèrent dans un baiser et leur corps se colla davantage l’un contre l’autre. Kaëran l’enferma dans ses bras, flattant son dos de haut en bas machinalement. Il sentit le souffle chaud d'Ellana contre son vêtement, ainsi que le sourire qu’elle esquissait.

Le silence s’était installé et les jeunes adultes avaient fermé les yeux. La fatigue eut bientôt raison d’eux et ils sombrèrent dans le monde du rêve alors que le soleil amorçait sa descente dans le ciel. Leur esprit avait besoin de repos, comme leur corps, après ces évènements. Alors au diable le repas. Leur estomac n’avaient qu’à rugir au point de provoquer un tremblement de terre. Ils attendraient au lendemain avant d’être remplit. Un point c’est tout. Sauf qu'au matin, ni Kaëran, ni Ellana ne réussit à émerger du sommeil suffisamment tôt. Ce fut une course contre la montre et jamais le Lieutenant n’avait été aussi rapide pour se laver, s’habiller et manger. C’était sans compter le temps qu’il devait mettre pour se rendre jusqu’au palais. Ça sentait la course à plein nez !

‘‘ Bonne journée mon cœur. Travaille bien et revient vite tu me manques déjà ! ‘‘

‘‘ Bonne journée aussi, mon ange. J’ai hâte de revenir. ‘‘

Kaëran lui sourit, l’embrassa, puis ouvrit la porte pour sortir aux pas de course de la demeure. Il traversa l’allée à vive allure, sautant par-dessus la clôture avant de s’enfoncer sur la route et disparaître au premier coin de rue. Ce fut de justesse que le jeune homme débarqua dans la salle d’entraînement sous les regards interrogateurs de ses hommes. Plus particulièrement d’Ayden.
Après une longue heure d’exercice physique et de maniement d’armes, l’archer vint rejoindre son frère d’armes et croise les bras sur son plastron, penchant légèrement la tête sur le côté. Kaëran l’observa, confus, et le silence perdura ainsi un instant.

‘‘ Tu vas m’expliquer ce qui s’est passé, Kaë ? Eirieil m’a dit que tu n’étais pas dans ton assiette hier... ça m’a inquiété. Tu ne semblais pas bien te porter depuis un bon moment d’ailleurs. ‘‘

‘‘ Moi et Ellana essayons d’avoir un enfant. Cela fait plusieurs mois déjà et toujours rien. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais je suis certain que le problème vient de moi. ‘‘

‘‘ Comment peux-tu en être aussi sûr ? Rien ne peut prouver une telle chose ‘‘

‘‘ Je le sens, Ayden. Je le sais. Il y a quelque chose au niveau de l’huile, si tu vois ce que je veux dire. Même dans les bonnes périodes, Ellana n’éprouvait pas de symptômes quelconques. Rien. J’ai commencé à désespérer, me dire que j’étais faible et que, pour cette raison, elle finirait par partir... ‘‘

‘‘ Idiot. ‘‘

‘‘ C’est ce que Dorguan m’a dit hier, en ajoutant le triple au devant. ‘‘

‘‘ Triple idiot. ‘‘

Les deux hommes se toisèrent un moment avant d’esquisser un sourire amusé. Le Lieutenant acquiesça, reconnaissant qu’il avait joué les crétins en doutant ainsi de sa belle. Mais il n’y avait pas que ça. Il avait peut-être amplifié le problème, le voyant d’autant plus gros qu’il ne l’était en réalité.

‘‘ Quoi qu’il en soit, je suis heureux de voir que tu vas mieux. Si jamais tu veux parler, tu sais que je suis là, bien que je doute que tu le fasses. Seulement, je ne le te dirai jamais assez. D’accord ? ‘‘

‘‘ Oui. Oui je sais, Ayden. Merci. ‘‘

L’archer lui donna une tape dans le dos et ensemble ils partirent à la recherche de volontaires pour la patrouille de l’après-midi. Le soir venu, on le raccompagna jusqu’à la maison et on le taquina avant qu’il n’entre dans son nid familial pour une soirée de repos. Ellana vint l’accueillir comme à son habitude, tout sourire. Ils s’embrassèrent tendrement et il la suivit jusqu’à la cuisine où tout était déjà prêt. Ce fut automatique, le ventre de Kaëran poussa un horrible grondement qui le fit rougir de gêne. Bon sang ! C’était quoi ça ?! Ellana se mit à rire et ils s’installèrent.

On monta à l’étage et Kaë fila vers la chambre des maîtres pendant que sa douce allait à la salle de bain pour se laver à son tour. L’homme ferma donc les rideaux et tira les couvertures avant de s’asseoir à l’endroit où il avait l’habitude de dormir. Il entendit des bruits de pas légers dans le couloir et lorsqu’il leva les yeux vers la porte ouverte, quelle ne fut pas sa surprise de voir Ellana contre l’embrasure. Son pied droit glissait sensuellement contre sa jambe gauche, dénudée, comme le reste de son corps.

‘‘ Hey, bel homme… un peu de compagnie vous siérait-t-elle ? ‘‘

Ses sourcils se haussèrent de surprise. La voix qu’avait prise Ellana avait quelque chose de suave et attirant. Un violent frisson lui traversa la colonne vertébrale alors que ce splendide spectacle éveillait des pulsions charnelles en lui. Si seulement elle pouvait s’approcher.
En écho à ses pensées, la jeune femme s’exécuta, titillant d’autant plus le désir de son homme en s’approchant lentement dans un déhanché qui ferait baver n’importe quel homme. Ellana grimpa sur le lit avec son regard aguicheur et s’approcha à quatre pattes de lui jusqu’à se retrouver sur ses jambes. Lui était bouche bée. La chevelure sombre de la jeune femme glissait sur son ventre et ses bras, le faisant frissonner. Ils furent amplifiés par le souffle court d’Ellana contre son cou et de ses baisers sur sa peau. Bon Dieu... son sang bouillait et tapait contre ses tempes tellement elle lui faisait de l’effet. Les doigts fins de la couturière s’agrippèrent au pan de sa chemise qu’elle lui enleva. Ses lèvres vermeilles remontaient de son cou à l’une de ses oreilles où il sentit ses dents, puis elles tracèrent sa mâchoire pour rejoindre sa bouche qu’elle embrassa avec fougue. N’en pouvant plus, Kaëran caressa ses hanches et ses cuisses tout en lui rendant son baiser alors qu’elle murmurait contre ses lèvres:

‘‘ Ce soir… tu n’as qu’à profiter mon tout beau… ‘‘

On l’allongea pour le débarrasser de son pantalon et elle semblait ravie de voir que ses efforts avaient porté fruit. Oui, Kaëran était toujours abasourdi de ce qui se déroulait sous ses yeux, mais se laissait faire docilement. Il ferma les yeux d’aise sous les mains expertes de sa belle et poussa un faible gémissement alors qu’elle s’unissait à lui. Son déhanchement était lent et langoureux. Ses muscles se détendirent d’un seul coup, relâchant la pression des derniers jours et son esprit se vida de toutes les inquiétudes passées. Il n’y avait que lui et sa fiancée dans ce monde. Plus elle augmentait la cadence et plus elle les amenait loin. Kaëran serrait les dents, refermant ses mains contre les hanches d’Ellana qu’il bouscula. Il ouvrit les yeux, plongeant dans son regard puis enfouit son visage dans son cou.
La finale était arrivée dans un cri démonstratif. L’homme s’était affaissé sur sa belle qui enroula ses bras autour de son cou, le gardant contre elle le temps qu’ils retrouvent une respiration plus ou moins normale. Dans un dernier soupir, Kaëran se détacha, brisant ce lien si spécial, et se laissa tomber à ses côtés. Putain... Ellana était en feu ce soir. Elle l’avait complètement vidé de toute source d’énergie. Se collant à lui, elle murmura:

‘‘ Je t’aime… je t’aime, je t’aime, je t’aime, encore une fois je t’aime. Grave-moi ça dans ta tête, mon cœur. Je t’aime. ‘‘

Ils s’embrassèrent une dernière fois avant de se recouvrir des couvertures et de fermer les yeux pour profiter d’une bonne nuit de sommeil.

Les journées qui s’en suivirent se résumèrent entre travail et essaie. Kaëran avait repris de sa motivation, mais ne s’en faisait plus trop pour ce qui concernait l’enfant. Le jeune couple avait tout simplement eu envie de profiter de ce que la vie leur offrait; le calme et la tranquillité. Ils pouvaient enfin respirer. Même Nolan était rendu loin dans l’esprit du Lieutenant qui ne pensait qu’au bien de sa belle. L’été faisait lentement place à l’automne, apportant le froid et ses couleurs vives. Ayden et Emiya venaient leur rendre visite de temps à autre et il semblait que le tombeur de ses dames c’était considérablement adoucît depuis qu’il avait fait la connaissance de cette femme.
Le couple n’avait effectivement pas parlé mariage jusqu’à maintenant. Pas qu’il n’en avait pas le temps, mais surtout parce que ce n’était pas leur principal soucis pour le moment. Et puis, ils voulaient attendre le bon moment.
Les tentatives se poursuivaient, mais surtout par cause de plaisir ou d’envie. C’était à se demander s’ils ne parvenaient pas à faire autre chose quand ils étaient ensemble. Cela arrivait n’importe quand, même quand Kaëran mettait les pieds dans la demeure, juste devant la porte.

Environ deux semaines plus tard, Ellana commençait à lui faire croire qu’elle lui donnait chaud. La couturière était en sueur contre lui et oui il dégageait de la chaleur, mais jamais à ce point. Kaëran ne chercha pas à comprendre davantage et se rendormait comme elle ne disait rien.

La journée s’était bien passée et le Lieutenant rentrait comme à son habitude. Ellana était installée dans le salon, sur le canapé et Kaëran s’approcha pour l’entourer de ses bras. Il lui embrassa une joue et vint s’installer à ses côtés.

‘‘ Eh bien, c’est quoi ce sourire ? ‘‘

Ellana semblait surexcitée malgré le calme dont elle essayait de faire preuve. C’est alors qu’elle lui prit les mains, les serrant dans les siennes et les appuyant contre ses cuisses. Kaëran regarda, puis leva les yeux, confus, sur sa fiancée qui souriait à s’en décrocher la mâchoire. Elle se mordit ensuite la lèvre et se lança enfin.

‘‘ Kaë.... tu vas être papa ! Je suis enceinte ! ‘‘

Et le silence fut. Son sang s’évapora de sa tête et il devint blême d’un seul coup.
Attendez. Quoi ?

Kaëran se leva, tourna autour du canapé et vint s’assoir dans le fauteuil. C’était comme si son cerveau était déconnecté de la réalité. Ah non, il devait rêver. Ce n’était pas possible. Ellana se moquait de lui à coup sûr. C’était impossible, non ? Le Lieutenant, muet comme une tombe se releva et s’en alla en cuisine pour leur faire à manger, n’ayant même pas pris la peine de se débarrasser de son armure tellement il était sous le choc. Il n’en revenait toujours pas, mais son visage ne parvenait pas à faire le lien avec l’émotion et les muscles de son visage. Ellana ne semblait pas comment réagir, la pauvre. Et lui ne savait pas s’il avait halluciné ou non.

Le repas se passa dans le silence et les adultes montèrent un peu plus tard pour se laver et se mettre au lit. En plein milieu de la nuit, Kaëran se réveilla et se tourna vers Ellana. Au départ, il hésitait à la réveiller, mais la question lui brûlait bien trop les lèvres. Alors délicatement, le soldat secoua sa douce et lui demanda, d’une voix tout de même endormie:

‘‘ Je vais être papa ? ‘‘

Sa fiancée ne lui répondit que par un faible sourire.
Il allait être père de famille... Mais il ne le croyait pas encore.
C’était impossible. Il devait rêver.

Les rayons du soleil traversaient la mince fente entre les rideaux de la pièce. Ce ne fut pas eux qui s’occupèrent de réveiller nos tourtereaux, mais bien leur chat. Hewie, en manque d’affection, se coucha directement sur le visage de Kaëran qui sursauta aussitôt. La bestiole feula et quitta la pièce aux pas de course et c’est alors que l’homme croisa le regard de sa douce. Elle semblait perturbée. Kaë lui fit enfin un sourire ému, prit son visage entre ses mains et l’embrassa passionnément, comme chaque trait de son visage si précieux. Voilà ! Il venait de réaliser qu’il allait réellement être père et que la chance leur avait enfin sourit !

‘‘ On va être parent, Ellana... J’ai du mal à y croire. ‘‘

Il avait décidément été lent à comprendre! Bon sang.

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Dernière édition par Kaëran Eira le Lun 20 Mai - 17:31, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeDim 19 Mai - 11:26

Elle sautillait presque sur le canapé, tant elle avait hâte de le lui dire. Elle était enceinte bon dieu ! On leur avait enfin permis d’être heureux ! On leur avait accordé le bonheur simple de la vie ! Les ennuis étaient derrière eux ! Du moins, c’est ce qu’elle pensait…

Ellana entendit son homme rentrer et ne bougea pas, bien que l’envie de lui sauter au cou et de le lui hurler au visage était tentante. Il arriva bien vite au salon et l’entoura de ses bras, l’embrassant sur la joue et se plaçant à ses côtés. Elle, elle tentait vainement de paraître calme, mais son sourire trahissait bien trop son réel état.

-Eh bien, c’est quoi ce sourire ?

Ellana pivota le buste pour lui faire face, prit ses mains qu’elle serra dans les siennes contre ses cuisses, et se mordit la lèvre. Comment dire ça ? Comme ça juste ou y avait-il une formule spécifique comme pour la demande en mariage ? Elle ne savait pas ! Mais Kaë attendait, ne comprenant pas son attitude, et elle se lança, s’en fichant des formules s’il y en avait :

- Kaë.... tu vas être papa ! Je suis enceinte !

Elle s’attendit au sourire, au baiser, à la joie… mais il n’y eut absolument rien de tout ça. Kaë ne pipait mot et avait pâlit dangereusement. Il la lâcha et se leva, contourna le canapé et alla s’asseoir dans le fauteuil, toujours dans le plus grand des silences. De même, il se releva et alla en cuisine pour préparer leur repas, sans même prendre le temps d’enlever son armure et se laver.

Ellana resta sur le canapé, ne comprenant pas. Son sourire avait quelques peu diminué il faut dire… elle ne s’était pas du tout préparé à se genre de réaction. Elle croyait qu’il serait dans le même état qu’elle… est-ce que cela voulait dire qu’il n’y croyait pas ou que c’était au contraire une mauvaise nouvelle ? Elle ne savait pas et se leva, allant l’aider à cuisiner.

Durant tout le repas, ce fût le silence complet. Elle s’empêchait de lui demander ce qu’il avait. Et priait pour qu’il réagisse vite. Elle se demandait déjà s’il était possible d’arrêter la grossesse si jamais il le demandait. Mais bon elle en doutait ! Il en voulait de l’enfant ! Elle se convainquit donc que ce n’était qu’un état de choc passager et qu’il réagirait bien vite.

Après le nettoyage des couverts, ils allèrent se laver tranquillement, toujours en silence, et se mirent au lit. Ellana s’endormit assez rapidement, priant toujours.

Quelque chose la secouait, et elle n’avait pas trop envie de sortir de ses rêves. Seulement, la chose se faisait insistante et elle ouvrit donc les yeux, revenant sur terre et pivota pour voir qu’il s’agissait de Kaëran qui lui demanda d’une petite voix :

- Je vais être papa ?

Elle lui sourit pour toute réponse, et il se recoucha, tous deux se rendormant paisiblement. Ellana souriait en repartant dans le pays des rêves ; il venait de réaliser…

Et au matin, Ellana fût réveillée par le sursaut de Kaëran. Elle pivota et vit juste Hewie quitter le visage de son homme en feulant et partir au pas de course pour éviter les représailles. Là, elle se demanda si la question de la nuit n’avait été qu’un rêve. Avait-il réellement réalisé que son enfant allait grandir dans ses entrailles ? Ou n’avait-ce été que son imagination ?

Elle eut sa réponse lorsqu’il lui offrit un sourire ému, lui prenant le visage entre ses mains et l’embrassant longuement et passionnément.

-On va être parent, Ellana... J’ai du mal à y croire.

Elle sourit, si heureuse !

-Oui… on va être parents Kaë… on a réussi… tu vois je te l’avais dit…

Elle caressa sa joue, admirant son beau sourire et son regard brillant, puis l’entraîna à sa suite. Il travaillait tout de même ! Elle le poussa sous l’eau, le laissa se laver alors qu’elle lui posait ses vêtements à côté, et descendit pour préparer la table du petit-déjeuner.

En l’attendant, elle posa une main sur son ventre. Elle n’arrivait pas à imaginer qu’un être humain allait grandir là-dedans ! Son ventre allait grossir ! Elle tentait de ne pas penser à l’accouchement. Aux peurs qui l’habitaient. Pour l’heure, elle voulait juste profiter de ce cadeau. Heureusement, elle ne savait rien concernant les sautes d’humeurs qui l’habiteraient bien plus longtemps que la normale.

Kaë arriva vite et ils mangèrent tranquillement, avant qu’elle ne l’aide à enfiler son armure et l’embrasse pour lui donner la force de vaincre cette nouvelle journée de travail.

-Bonne journée mon cœur… tu as le droit de l’annoncer à tes collègues… si tu le souhaites !


Elle sourit et l’embrassa encore une fois avant de le laisser réellement s’en aller. A nouveau seule, elle fît le même rituel : nourrir le chat, nettoyer la table du petit déjeuner, faire le lit, le ménage, s’occuper des plantes… le linge aussi.

Eiriel arriva dans l’après-midi alors qu’elle terminait de plier le linge justement.

-Bonjour Ellana ! Cela faisait longtemps et… je voulais encore m’excuser.

-Bonjour Eiriel ! Vous excusez pour quoi ?

Elle l’invita à s’asseoir sur le canapé et alla faire chauffer de l’eau pour le thé, laissant Eiriel réfléchir. Quand elle revint, elle tendit une tasse à la paysanne qui la prit en la remerciant et elle s’expliqua :

-Pour l’autre fois. Kaë était chez nous et je ne t’ai rien dit alors que tu étais morte d’inquiétude.

Ah ! Ca. Cela remontait tout de même à présent… mais il était vrai qu’elle n’avait pas pu voir Eiriel souvent depuis.

-Ne vous en faites pas, ce n’est rien. Tout s’est arrangé.

Elle but une gorgée de son thé et posa sa tasse, se remettant à sourire comme une gourde.

-Et à quoi est dû ce sourire ma belle ? Kaëran est-il si bien au lit ? Arrête je vais regretter de ne pas avoir vingt ans de moins !

Ellana se mit à rougir violemment et fût désarçonnée sur le coup.

-Hum… oui mais euh… non ce n’est pas…hem. Elle se racla la gorge et annonça Je suis enceinte, Eiriel. Ca y est !

Eiriel cria littéralement de joie, posa sa tasse et se jeta sur elle, la serrant fortement.

-Je suis siiiiiiiiiiiiiiii contenteeeeeee pour vous ! Vous le méritez ! Toutes mes félicitations !

Ellana souriait à s’en décrocher la mâchoire. Elle était si heureuse !

Eiriel resta encore une heure, puis s’en alla, affirmant qu’elle attraperait Kaë au passage pour féliciter le papa et qu’ensuite elle irait l’annoncer à Dorguan.

Dans toute cette liesse, personne, non, personne, ne se doutait de ce qui allait arriver au fil des mois…


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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeLun 20 Mai - 6:39


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Chapitre 6
Le Miracle, partie 2

◆ ◆ ◆



‘‘ Oui… on va être parents Kaë… on a réussi… tu vois, je te l’avais dit… ‘‘

Elle l’avait effectivement dit alors que lui commençait à croire dur comme fer qu’un tel miracle allait relever de l’imaginaire. Kaëran n’y croyait presque plus et pourtant, avec beaucoup d’acharnements et de titillage, ils y étaient parvenus. Combien de fois avaient-ils retenté le tire après leur fameuse discussion ? Le Lieutenant ne les comptait plus. Maintenant, ils avaient la certitude qu’un enfant allait grandir dans les entrailles d’Ellana. C’était incroyable. La main de la jeune femme se posa alors sur sa joue et elle souriait. Un sourire radieux qui la rendait tellement belle. Il en oubliait même qu’il devait se tirer hors du lit pour se rendre au travail.
Entraîné par sa belle, Kaëran fut amené de force jusqu’à la salle de bain où elle le poussa sous le jet d’eau après l’avoir dépouillé de ses vêtements. Il crut voir Ellana s’absenter un instant puis revenir et déposer des vêtements sur le tabouret qui trainait non loin de la cuve. Ensuite, le jeune homme se retrouva de nouveau seul. Propre comme un sou neuf, Kaë descendit l’escalier pour se rendre à la cuisine. Ensemble ils mangèrent puis la couturière l’aida à enfiler son armure. Mais c’était plus fort que lui. Le Lieutenant la serrait contre lui et embrassait son cou avant qu’elle n’emprisonne ses lèvres des siennes.

‘‘ Bonne journée mon cœur… tu as le droit de l’annoncer à tes collègues… si tu le souhaites ! ‘‘

‘‘ Toute la ville le saura dans une heure. Bonne journée, belle demoiselle. ‘‘

Puis dans un dernier baiser, l’homme de la maison quitta sa dulcinée avec un sourire bête pour s’enfoncer sur le chemin et disparaître. Le trajet fut le même. La routine. C’est l’arrivée dans la cour d’entraînement qui changea. On se mit à murmurer en voyant que le soldat gradé semblait de bien bonne humeur et Ayden s’approcha. L’archer n’eut même pas à poser de question que Kaëran échappa la nouvelle.

‘‘ Ellana est enceinte, Ayden ! Je vais être père. Je n’y crois pas... ! ‘‘

‘‘ Attend... qu’est-ce que tu me dis là ? ‘‘

‘‘ On va avoir un enfant, moi et Ellana. Ouvre tes oreilles non de Dieu !. Tu te rends compte ? Il a fallu que je lui fasse part du problème pour que la chance nous tombe enfin dessus. ‘‘

‘‘ Mais c’est super mon pote ! ‘‘ Dit l’archer en levant les bras dans les airs pour ensuite poser les mains sur les épaules de son ami. ‘‘ Toutes mes félicitations à vous deux. ‘‘

Quelques soldats ne manquèrent pas d’entendre la nouvelle et la nouvelle se répandit aussitôt comme une trainée de poudre parmi les rangs. Sous les ordres du Lieutenant, on se reconcentra sur les exercices. Pour ne pas passer par quatre chemins, la journée fut similaire à toutes les autres et lorsque les cloches de la cathédrale sonnèrent, Kaëran quitta le palais pour s’en retourner à la maison. Sur le chemin, alors qu’il était presque arrivé, Eiriel sortit de sa demeure pour se précipiter vers le soldat. Elle lui sauta dans les bras.

‘‘ Félicitation mon grand ! Tu vois qu’avec un peu de patience on arrive à faire des miracles. ‘‘

‘‘ Merci Eiri’ ‘‘

La paysanne lui tira les joues de ses mains et Kaëran ne put que ricaner légèrement. Elle attendit son baiser sur le front puis laissa partir jeune homme afin qu’il puisse rejoindre sa douce dans la demeure qui était désormais devenue la sienne. Quand il entra, Ellana s’affairait à la lessive et il en profita alors pour préparer un bon repas afin lui laisser un moment de répit puisqu’elle ne faisait que faire du ménage. D’ailleurs, ça lui faisait penser qu’il devait aborder un certain sujet avec elle.
Lorsqu’elle descendit, à cause du bruit, Kaë vint à sa rencontre alors qu’elle se trouvait sur l’avant-dernière marche de l’escalier. Il la prit par la taille, la souleva et Ellana entoura aussitôt sa taille de ses jambes. Elle emprisonna son cou de ses bras et ils se bécotèrent un certain temps avant qu’il n’aille l’asseoir à sa place autour de la table et la serve. S’asseyant à son tour, le jeune homme lui demanda comment c’était déroulé sa journée et elle en fit de même. Après un moment, le Lieutenant décida d’en venir sur le sujet.

‘‘ Ça fait un moment que tu dis vouloir m’aider à rapporter de l’argent à la maison et tu sembles y tenir. J’avais pensé, comme ton père n’est plus, que peut-être tu aurais l’envie de reprendre ses affaires ? On pourrait redonner une nouvelle face à la boutique. ‘‘

Cependant, sa fiancée semblait hésitante, peu confiante. Pourtant, elle avait un don dans la confection de vêtement.

‘‘ J’ai vu que tu aimais ça. La lueur qui brille dans tes yeux quand tu rafistoles des vêtements. La robe que tu as faite pour ma mère était merveilleuse. Ellana, tu as du talent. N’en doute pas une seule seconde. Tu peux toujours y réfléchir. ‘‘

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Dernière édition par Kaëran Eira le Lun 20 Mai - 17:39, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeLun 20 Mai - 11:39

Ellana remonta après le départ d’Eiriel. Il fallait qu’elle lave le linge encore. Elle se mit donc à l’ouvrage, toujours souriante. Un enfant, en elle. L’enfant de Kaëran. Ils avaient réussis. Et elle rejetait ses peurs au fond d’elle.

Plus tard, elle fronça les sourcils en entendant du bruit au rez-de-chaussée. Elle craignit un cambrioleur, voire même Nolan, et descendit lentement. Arrivée à l’avant-dernière marche, elle fût rassurée de voir que ce n’était autre que son homme qui venait à sa rencontre. Il la prit par la taille et la souleva, et elle, pour se maintenir, accrocha ses jambes autour des hanches de son fiancé, ses bras s’enroulant autour de son cou. Dans le plus grand des silences, se fût baiser sur baiser, caresse sur caresse durant quelques minutes, jusqu’à ce qu’il la transporte à la cuisine ou une délicieuse odeur embaumait l’air. Il avait préparé le repas ! A présent assise à sa place, Ellana se laissa servir par son homme qui lui demanda comment c’était déroulé sa journée. Elle lui expliqua dans les grandes lignes, la routine, Eiriel… et lui demanda la même chose à la suite.

Et, alors qu’ils finissaient de manger, Kaë enchaîna sur un sujet auquel elle ne s’attendait pas du tout :

-Ça fait un moment que tu dis vouloir m’aider à rapporter de l’argent à la maison et tu sembles y tenir. J’avais pensé, comme ton père n’est plus, que peut-être tu aurais l’envie de reprendre ses affaires ? On pourrait redonner une nouvelle face à la boutique.

Hum… reprendre la boutique de son père ? Mais elle n’avait jamais géré de commerce. Elle ne pouvait pas… enfin elle ne serait pas à la hauteur… et elle cousait sur les ordres de son père… enfin… elle ne savait pas trop quoi dire…

-J’ai vu que tu aimais ça. La lueur qui brille dans tes yeux quand tu rafistoles des vêtements. La robe que tu as faite pour ma mère était merveilleuse. Ellana, tu as du talent. N’en doute pas une seule seconde. Tu peux toujours y réfléchir.

Elle acquiesça. Il était vrai qu’elle aimait jouer avec les tissus et les transformer lentement. Elle aimait assortir les couleurs aux personnes, selon le caractère. Elle aimait bien voir le tissu se plier à sa volonté…

-D’accord je… vais y réfléchir…

Il n’avait pas tort. Cela lui permettrait de gagner de l’argent et elle pourrait donner sa part. Mais si jamais elle devait le faire, elle voulait changer l’arrière-boutique. Redonner un peu de vie dans cette bâtisse. Surtout son ancienne chambre. Les souvenirs y étaient encore en plus. Elle n’arriverait jamais à faire face si la pièce ne changeait pas d’apparence.

Ils débarrassèrent et allèrent se laver tous les deux, heureux. Les yeux de son homme brillaient tant ! Elle aimait bien sentir ses mains sur son ventre, comme s’il imaginait ce qu’il y avait dedans… rien pour le moment… enfin… pas ce qu’on pouvait appeler un être humain. Après la douche, se fût le coucher, et elle s’amusa à border Kaëran en le saucissonnant dans les draps, et ainsi il ne pourrait pas tomber ! Il la regardait et elle riait.

-Au moins tu ne tomberas pas !

Mais le pauvre n’avait guère plus beaucoup d’air ! Alors elle desserra le tout et l’embrassa avant de se pelotonner contre lui et de fermer les yeux sur un « bonne nuit ».

Les jours suivants, ce fût la routine. Kaë travaillait et Ellana s’occupait de la maison. Bien sur elle réfléchissait toujours à cette possibilité de reprendre la boutique. Et il était vrai que c’était bien la seule chose qu’elle savait faire de ses dix doigts. Donc autant les mettre à profit non ? Mais pour l’heure, autre chose la perturbait. Elle était… chamboulée, intérieurement. C’était étrange parce qu’une fois elle se disait que la grossesse était merveilleuse, et la minute d’après elle paniquait en se disant que non, c’était une mauvaise chose, elle avait peur de l’avenir. Mais le pire, c’était qu’elle devenait agressive. Et elle ne comprenait pas. Elle était presque toujours de mauvaise humeur. Et sans le vouloir elle parlait à son homme comme à un chien ou presque.

Elle voulait s’excuser, et quand elle le faisait, sa bouche disait autre chose et c’était repartit pour les réflexions. Elle ne comprenait pas…

Pourtant, elle voulait lui expliquer, lui dire que ce n’était pas elle, pas son état normal. Mais dès qu’elle ouvrait la bouche, tout ce qu’elle s’était entraînée à dire partait en fumée et ce n’était plus que répliques cinglantes qui fusaient. Kaë, qui au début ne comprenait pas plus et laissait filer, commençait lui aussi à s’énerver. Et cela finissait en disputes. Ellana avait horreur de ça mais cette autre elle qui dictait ses paroles s’en délectait et voulait continuer.

En plus, c’était toujours sur des broutilles ! S’il laissait, sans faire exprès, tomber un couvert ou autre chose, elle lui tombait dessus comme si c’était la fin du monde…
Ellana ne se reconnaissait plus du tout.

-Tu as encore troué ton pantalon ! Mais fais un peu attention bon sang !

Elle venait de commencer à faire le linge et était tombée sur le pantalon d’entraînement de son homme. Il n’y pouvait rien si des trous apparaissaient, mais elle râlait. Alors qu’au fond, cela ne la gênait pas. C’était juste son autre elle qui aimait ça.

Comme Kaë se détournait pour ne pas avoir à essuyer ses foudres, elle le rattrapa.

-Je te parle ! T’es au courant ? Tu pourrais faire attention j’ai dit. Tu es un grand garçon !

Et hop il se défila une nouvelle fois. Exaspérée, elle soupira juste et retourna à sa lessive. Son ventre prenait des formes et on les voyait déjà bien. Tremblante, elle fulminait tout en culpabilisant. Les deux Ellana se battaient et s’était toujours la mauvaise qui jaillissait. Et cela affectait leur couple. Deux mois de grossesse… Kaë ne tiendrait pas et elle non plus elle le sentait. Surtout si ça devait empirer. Mais que faire ? Peut-être que ça passerait… peut-être que ce n’était que le début…

~Oh non ma jolie… tu n’es pas prête d’en voir la fin…~

Qu’est-ce que… ? Pas prête d’en voir la fin ? Non. Elle n’y croyait pas. Ce n’était que sa conscience qui s’amusait. Elle redeviendrait celle que Kaë aimait.

Avant qu’il ne soit trop tard…


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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeLun 20 Mai - 17:04

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Chapitre 6
La fin d'une histoire ?

◆ ◆ ◆



‘‘ D’accord je… vais y réfléchir… ‘‘

Le Lieutenant acquiesça à son tour et lui laisserait tout le temps qu’il lui faudrait pour réfléchir. Ça ne lui dérangeait pas qu’elle refuse de reprendre la boutique, seulement, il n’avait pas envie qu’elle se sente prisonnière de sa cage dorée. Loin de lui était l’idée de l’étouffer ou de lui refuser de travailler. Et puis Ellana n’était non plus une femme de ménage tout de même. Dans tous les cas, ils pourraient se rattraper les soirs et les jours où Kaëran avait congé de ses responsabilités au palais.

Après le repas, on débarrassa la table des couverts utilisés et ustensiles qu’on nettoya avant de ranger, puis on monta au second étage pour filer à la douche. Ellana ne se lassait pas de le regarder et dès que ses yeux croisaient les siens, le jeune homme voyait un merveilleux sourire illuminer son visage aux traits d’ange. D’une main, il les caressa et fit de même avec ses lèvres qu’il embrassa tendrement. Vint ensuite l’heure de se mettre au lit et Ellana ne se pria pas pour le bloquer de tous ses mouvements grâce aux draps. Mais la jeune femme riait ! De lui en plus ! Kaë fit sa moue légendaire.

‘‘ Au moins, tu ne tomberas pas ! ‘‘

‘‘ Ouais ... Suis-je déjà tombé du lit au juste ? ‘‘

Non, mais la couturière semblait s’amuser. Prenant enfin pitié de lui, Ellana desserra les draps puis l’enjamba pour se rendre à sa propre place et se lover contre lui. Kaëran lui embrassa le front et l’emprisonna dans ses bras, comme à toutes les nuits, lui souhaitant la bonne nuit. Une demi-heure plus tard, le silence régnait dans la maison.

Le temps passait et les jours se ressemblaient tous, ou presque. Le caractère d’Ellana était quelque peu changeant, mais ce n’était rien de bien alarmant en fait. Certainement des sautes d’humeur dues aux symptômes de la grossesse ? Sauf que plus les semaines avançaient et plus la jeune femme faisait preuve d’hostilité. Elle était plus agressive, râlait de temps à autre pour un rien et se faisait plus distante. Le Lieutenant ne comprit pas ce changement, mais laissa aller croyant qu’il ne s’agissait là que d’une mauvaise journée. Sauf que ça continuait et empirait. Les soirs où il revenait du travail, elle ne l’accueillait plus avec son beau sourire, mais une moue colérique. Il avait beau lui demander ce qui n’allait pas, elle l'ignorait et s’en retournait en cuisine, refusant l’aide qu’il voulait lui apporter. Kaëran se sentait encombrant et donc montait à la salle de bain pour se laver. Les repas étaient devenus silencieux et les jours où il était en congé devenaient lourds. Un couvert tombait par terre et ça finissait en engueulade ! Le soldat faisait son possible pour ne pas s’emporter et se mordait l’intérieur des joues, gardant le silence. Ellana devenait insupportable et énervante...

Lorsque venait le temps de dormir, c’était tout simplement l’enfer. Kaë venait à peine de s’endormir quand il sentait que la couverture se dérobait de lui. La raison ? Il en prenait trop ! Alors qu’à l’habitude, Ellana se collait contre lui. Le problème était réglé, mais pas cette fois. Donc il commençait à dormir sans couverture. Tant pis. Le lendemain, sa fiancée était encore de mauvais poil ! Kaëran voulut donc l’aider dans les tâches ménagères et elle lui remit sur le nez le fait qu’il avait brisé un pantalon.

‘‘ Tu as encore troué ton pantalon ! Mais fais un peu attention bon sang ! ‘‘

Intérieurement, son sang commençait à bouillir et il se parlait pour tenter de se calmer. S’emporter pour un putain de pantalon ?! Au pire il irait en acheter d’autre s’il ça l’énervait à ce point. Bordel de merde qu’elle pouvait être agaçante parfois ! La laissant râler, Kaë lui tourna le dos pour se défouler en allant couper du bois, mais non ! Elle lui bloquait la route et l’engueulait presque comme une mère envers son enfant.

‘‘ Je te parle ! T’es au courant ? Tu pourrais faire attention, j’ai dit. Tu es un grand garçon ! ‘‘

Ses membres se mirent à trembler imperceptiblement et il la foudroya du regard avant de la contourner. Il claqua la porte du jardin derrière lui et alla chercher sa hache avant de s’enfoncer dans le boisé derrière la maison. Ses coups lui permettaient d’évacuer toute cette énergie négative et à chaque fois que le métal de l’outil cognait brusquement le tronc, le Lieutenant lâchait un juron.

Ça faisait deux mois que c’était ainsi. Deux mois. Kaëran refoulait et endurait sans rien dire. Cela mettait à l’épreuve sa patience et son sang-froid, mais il faisait son possible pour ne pas rétorquer à Ellana au risque de dire des paroles qui pourraient envenimer la situation qui était déjà précaire. Cependant, il sentait que sa limite était sur le point d’être atteinte et qu’une fois que l’eau déborderait du vase, ce ne serait pas beau.

Au final, l’enfant avait-il été une bonne idée ? Depuis qu’Ellana lui avait fait l’annonce, tout s’était effrité à petit feu. Ils se disputaient ou se boudaient la plupart du temps. Ils ne s’embrassaient plus, ni ne se touchaient. Pas d’accolade. Plus de bonnes nuits. Depuis les deux dernières semaines, le jeune couple faisait même chambre à part. Lui se levait plus tôt pour se faire à déjeuner le matin et partait aussitôt pour éviter les railleries de celle qu’il aimait toujours malgré tout. Au travail, ces répercussions le retardaient dans ses rapports et il devait donc rester plus tard qu’à son habitude. Le trajet de retour était même devenu affreusement pénible vu ce qui l’attendait à son retour.

L’automne était arrivé. Le froid s’était installé tranquillement, laissant la terre s’endormir et faire rougir le feuillage des arbres. Ce soir là, quand il rentra, l’atmosphère était tendue. Ses pas résonnèrent dans le petit couloir qui menait vers le salon et la salle à manger. Ellana était assise sur le fauteuil; elle était en colère. Certainement parce qu’il était une fois de plus rentré à des heures pas possibles. Kaëran tenta cependant de la détendre et lui demanda alors:

‘‘ Et puis, comment c’est passer ta journée ? ‘‘

Elle tourna les yeux vers lui et rétorqua sur un ton sec:

‘‘ Comme toujours. Ça ne change pas. Que veux-tu que je te dise ? ‘‘

‘‘ Tu es encore de mauvais poil... ‘‘ Dit-il en fronçant légèrement les sourcils. ‘‘ J’ai fait quelque chose qui ne t’a pas plu ? ‘‘

Avant de dire quoi que ce soit, Ellana soupira. Bon ça y est, il allait se manger une réprimande en pleine tronche par sa fiancée. Mais bon sang... il faudrait qu’il reste à la maison pour lui faire plaisir ou quoi ?

‘‘ Je... suis encore de mauvais poil comme tu dis. Eh non tu n’as rien fait. Tu ne peux pas avoir fait quelque chose de mal tu viens de rentrer ! Tard... ‘‘

‘‘ Bon sang, Ellana... Je prends du retard au travail et on me surcharge de rapports que je dois lire. Ce n’est pas comme si je ne rentrais pas du tout quand même. ‘‘

Il y eut un lourd silence tout d’un coup. Court, mais qui pourtant, semblait durer une éternité. Ellana répondit alors.

‘‘ Dis-moi juste, c’est moi ou ton travail que tu comptes épouser ? ‘‘

Cette réplique fit blêmir Kaëran au quart de tour. C’est comme si on l’avait jeté dans un bain de glace sans préavis. Son regard ne cillait pas d’Ellana qui semblait être des plus sérieuse. Elle croyait réellement qu’il préférait son travail à elle ? Vraiment ? Pour être honnête, ces derniers temps, c’était ce qui permettait au soldat gradé de décompresser et de penser à autre chose. Être à la maison était devenu franchement pénible à la longue et ce soir-là ne changeait pas des autres.

‘‘ Je vais me coucher... ‘‘ Grogna t-il.

‘‘ C’est ça... va. ‘‘

À quoi bon tenter de lui faire entendre raison ? Elle n’écouterait rien de toute manière...

Le jeune homme fila donc dans la chambre d’ami pour se débarrasser de son armure puis s’en alla vers la salle de bain où il s’enferma. Pendant que l’eau de la cuve réchauffait, Kaëran regardait son reflet dans la glace. Ses traits étaient tirés par la fatigue et la petite lueur qui faisait briller ses iris se tarissait à petit feu. Pourquoi ? Pour quelle raison tout avait ainsi basculé ? Était-ce à cause de l’enfant ? Peut-être que ça n’avait pas été une si bonne idée de s’acharner à essayer... Il commençait à regretter ce fameux miracle et pourtant, le remord d’une telle pensée lui serrait la gorge avec violence. Kaëran déglutit et baissa la tête. Il se retourna, lança ses vêtements au sol dans un élan de rage. Son corps glissa dans l’eau chaude et il soupira d’aise. Les yeux levés sur le plafond, tête contre le bord de la baignoire, Kaëran réfléchissait. Jamais il ne s’était attendu à un tel revirement de situation et jamais il n'aurait crut que lui et Ellana auraient pu ainsi se disputer pour des banalités. C’était vraiment une atmosphère de merde...

Quand il fut séché, il revêt un pantalon de nuit et sortit pour filer dans la chambre d’ami où il ferma la porte. La nuit fut longue et le sommeil ne le gagnait que pas bribe. À l’aube, Kaëran était réveillé et décida de partir. De toute manière, Ellana dormait et serait certainement une fois de plus de mauvais poil. Alors autant attaqué la journée d’une autre manière.

Mais une question le chicotait; était-il seulement fait pour être père ?
Cette nouvelle crainte s’immisça en lui comme l’eau sur la terre.

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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeLun 20 Mai - 18:36

Tout allait de pire en pire. Ellana qui pensait que son état s’arrangerait avec l’avancée de la grossesse réalisait qu’elle s’était trompée. Son humeur ne changeait pas d’un pouce. Toujours énervée. Toujours en colère contre Kaëran alors qu’il n’avait rien fait. Au contraire il encaissait et voulait l’aider. Et elle le remerciait d’une réplique cinglante. Intérieurement, elle s’en voulait et ne comprenait pas. Pourquoi disait-elle d’aussi horribles paroles ? Pourquoi était-elle ainsi d’un coup ?

Eux qui avaient été si proches, ils s’éloignaient. Il n’y avait plus de baisers, plus de sourires, plus de caresses, plus de moments intimes passés à deux. Juste des disputes, des regards noirs et de la colère. Ils faisaient même chambre à part à présent. Et cela attristait Ellana. La nuit, la vraie elle revenait et elle en pleurait de longues heures, mais au matin, la méchante était de retour et finit les larmes pour dire bonjour à la mauvaise humeur.

Un soir, elle était assise sur le fauteuil, toujours énervée. Elle attendait Kaë. Ca aussi, depuis quelques temps il rentrait tard du travail et partait tôt. Et cela l’exaspérait ! Il ne pouvait pas rentrer à l’heure non ? Ah, voilà qu’il revenait enfin ! Elle entendait ses pas dans le couloir et d’un coup il demanda, sans once de colère, tout ce qu’il y a de plus gentil :

- Et puis, comment c’est passer ta journée ?

Elle tourna les yeux vers lui. Alors que d’ordinaire elle lui souriait et lui sautait au cou en lui disant ô combien il lui avait manqué, là, elle ne faisait que le darder du regard et lui répliquer sèchement :

-Comme toujours. Ça ne change pas. Que veux-tu que je te dise ?

Il fronça les sourcils et répondit :

-Tu es encore de mauvais poil... J’ai fait quelque chose qui ne t’a pas plu ?

Elle soupira. Sa voix intérieure lui dit de le rassurer, de lui expliquer, enfin, ce qu’elle avait, mais bien sûr « dark Ellana » s’en donna à cœur joie :

-Je... suis encore de mauvais poil comme tu dis. Eh non tu n’as rien fait. Tu ne peux pas avoir fait quelque chose de mal tu viens de rentrer ! Tard...

-Bon sang, Ellana... Je prends du retard au travail et on me surcharge de rapports que je dois lire. Ce n’est pas comme si je ne rentrais pas du tout quand même.

Il n’avait pas tort… elle aurait du le relaxer, lui dire d’oublier et de se détendre, elle voyait bien ses traits tirés, mais comme tout à l’heure… l’autre refît surface pour achever l’homme :

- Dis-moi juste, c’est moi ou ton travail que tu comptes épouser ?

Elle ne quittait pas son regard. Intérieurement elle s’en voulait déjà et culpabilisait. Mais l’autre jouissait de le voir dans cet état.

- Je vais me coucher...

- C’est ça... va.

Elle l’entendit monter et une porte se referma à l’étage. Baissant la tête, Ellana serra les mains entre elles, perdue. Qu’avait-elle bon sang ?! Elle se détestait. Se haïssait. Était-ce l’enfant ? La raison qui avait fait que ses propres parents ne la voulaient pas ? Parce qu’ils savaient que cela changeait la mère à tout jamais ? Sa mère avait-elle été pareille ? Se levant, Ellana retourna dans la cuisine, tout ranger. Il n’avait même pas mangé avec tout ça. Serrant le comptoir à s’en blanchir les phalanges, elle se maudit une nouvelle fois. C’était comme une double elle, en elle, qui dirigeait tout… qui ouvrait les vannes… et elle était prisonnière, ne pouvait pas dire ce qu’elle avait, ne pouvait pas s’expliquer. A la place elle éloignait ceux qui l’aimaient. Kaëran ne pourrait pas tenir ainsi. Elle le sentait…

Finalement, elle monta et alla dans la chambre, s’installant sur le lit et contemplant sa bague. Une nouvelle fois, elle en pleura. La vraie Ellana était de nouveau là, celle que Kaë aimait, mais si elle allait chez lui maintenant, l’autre reviendrait aussitôt et ce serait pire. Elle ne le méritait pas…ne le méritait plus…

Se couchant, la nuit fût longue et le sommeil quasi inexistant. Quand elle se leva, le soleil était déjà bien présent. Elle ouvrit la fenêtre, inspira profondément l’air frais de l’automne. Mais elle avait de nouveau cette boule de colère au fond de l’estomac. Elle savait aussi que son homme était parti. Depuis quelques temps, il partait bien tôt. Il l’évitait, et elle pouvait comprendre pourquoi.

Soupirant, elle retourna à ses occupations, le cœur lourd, s’énervant seule alors qu’il n’y avait aucune raison.

Ellana était à présent enceinte de quatre mois. Son ventre avait pris de belles formes déjà et allait continuer à grossir. Et leur couple coulait. Ce n’était que disputes, engueulades, tout le temps. A peine elle posait les yeux sur lui qu’elle le réprimandait alors qu’il n’avait rien fait ou venait juste de rentrer ! La « dark Ellana » trouvait toujours une raison de l’engueuler. Ils ne mangeaient même plus ensemble à présent. Ils touchaient le fond. Et Ellana ne pouvait toujours pas exprimer la vérité sur son comportement. Seule, elle se touchait le ventre, et se demandait si au final ça avait été une bonne idée. Ils étaient peut-être trop jeunes… ils avaient peut-être forcé le destin et voilà leur punition.

Et un soir, tout bascula réellement. Elle venait de nettoyer le sol, il brillait, et sans faire exprès, Kaëran renversa son couteau. Le silence fût, et elle le brisa :

-Je viens de nettoyer ! Tu ne peux pas faire attention ?!

-Qu'est-ce qui se passe avec toi ? T'as un problème peut-être ?

Voilà, il ne se taisait plus. La « dark Ellana » souriait cruellement en elle.

-Non, je n’ai aucun problème, ça se voit pas ?!

-Alors pourquoi tu râles sans arrêt ?!

Ellana soupira et se leva.

-Parce que tout est sujet à râler !

-C'est parce que tu veux bien râler que tu le fais ! Un cheveux tomberait par terre et tu trouverais le moyen de m'engueuler !

-Et puis ?! Il faut apprendre à faire attention ! Je suis pas ta bonne.

Ellana se mordit l’intérieur des joues. Non ! Elle ne voulait pas dire ça ! Elle ne voulait pas de tout ça ! Mais le ton montait…

-Tu déglingues ou quoi ?! Je n'ai jamais dit que tu l'étais, bon dieu de merde !

-Encore heureux ! Ce serait la meilleure !

Les répliques fusaient, elle ne contrôlait rien. Elle voyait la souffrance dans le regard de son fiancé. Une souffrance qu’elle lui infligeait et cette fois c’était vraiment elle. Elle lui avait dit qu’elle prendrait soin de lui et le rendrait heureux… elle l’avait même dit à sa mère, au cimetière…

Elle reçut un regard noir puis il rétorqua :

-Tu es énervante à la fin !

-Au moins je fais quelque chose !

-Oui, tu passes ton temps à râler justement !

Il alla ensuite vers la cheminée et jeta des bûches dans le feu, rageur. Là, Ellana version dark ne put s’en empêcher :

-Tu peux te défouler sur moi aussi tu sais ? Ses bûches t’ont rien fait !

-Mais tu vas arrêter ?! Merde ! TU M'ÉNERVES !

Elle resta scotchée deux secondes. Voilà. Le ton était à son apogée.

-Toi aussi tu m’énerves tu sais ?!

-Je le sais !

Et sur ces mots il sortit, claquant la porte arrière. Restée seule, Ellana calma son cœur. Comment pouvait-elle être aussi horrible ? Pourquoi surtout ? Il n’avait rien fait ! Il voulait juste l’aider et elle l’éloignait. S’installant dans le fauteuil, une main sur l’accoudoir et l’autre sur le ventre, elle se mit à réfléchir. Ils ne pouvaient pas poursuivre ainsi. Kaëran ne le méritait pas…

Ils étaient arrivés à un point de non retour. Ils ne se connaissaient plus. C’était aussi simple que ça. La vie les punissait, une nouvelle fois. Un seul mot lui venait en tête, mais elle ne voulait pas accepter cette réalité. Elle avait cru… elle… pensait… son père avait raison. Il avait toujours eu raison. Elle était idiote et portait malheur. Kaëran n’avait jamais demandé à la prendre sous son toit. Il n’avait jamais demandé à la traîner comme un boulet dans son sillage. Elle ne le remercierait jamais assez pour lui avoir appris la vie, mais en retour, elle le remerciait par… ça. Des disputes.

Elle devait le faire. Elle-même. C’était à elle de prononcer ses mots douloureux mais nécessaires. A elle de prendre cette charge sur ses épaules. Parce que c’était elle qui avait fait en sorte d’en arriver là. Alors, quelques minutes plus tard, quand elle entendit son homme rentrer, elle ne leva pas la tête. Elle l’entendit s’asseoir et le silence fût, jusqu’à ce qu’elle le brise d’une petite voix. L’autre elle se taisait pour une fois.

-Kaëran je…je crois qu’il est mieux qu’on… se sépare… c’est mieux pour… tout le monde…

Elle leva la tête et le vit baisser la sienne en répondant difficilement :

-Oui... peut-être...

Elle soupira en silence.

-Pas peut-être. C’est la meilleure chose à faire. Cette situation n’est plus vivable, Kaë. Je te fais souffrir plus qu’autre chose. Elle se leva et se posta devant lui, posant une main sur son épaule en tremblant. Ca faisait si longtemps qu’elle ne l’avait plus touché. Je ne te mérite plus Kaë. Je ne suis pas capable de te rendre heureux. C’est mieux comme ça. De…demain je serais partie quand tu rentreras…

Il l’avait regardée brièvement quand elle l’avait touché, mais très vite il avait rabaissé la tête et ne fît qu’hocher la tête pour toute réponse. Avalant difficilement sa salive, elle murmura, la voix un peu plus cassée :

-Prends soin de toi surtout. Ne t’en veux pas, pour moi ou l’enfant. Je me débrouillerais. Trouve celle qu’il te faut, Kaë. Pardonne-moi…

Et, incapable de tenir plus longtemps, elle monta, s’enferma dans la chambre et pleura. Encore une fois. Voilà. Ils avaient rompus. Finis les rêves, les projets, l’avenir. Fini tout ce qu’ils avaient désiré. Elle n’en dormit pas de la nuit et au matin, comme elle s’y attendait, Kaë n’était pas là. Le cœur lourd, elle s’occupa de la maison comme à son habitude. La « dark Ellana » semblait en veille, comme si elle avait eu ce qu’elle voulait. Ce n’est que vers les midis qu’elle eut tout finit, et elle mangea sur le pouce, plus pour son bébé qu’elle-même, puis prit un parchemin, une plume et réfléchit. Elle n’allait tout de même pas partir comme ça non plus.


Kaëran,

Le linge, le ménage, la cuisine, tout est fait. Tu n’as plus qu’à tout réchauffer pour manger ce soir. Je suis désolée, pour tout ça. Je ne voulais pas que ça se passe ainsi. Encore une fois, ne t’en veux pas. Ce n’est en rien ta faute. Au contraire. Prends soin de toi, ne va pas te soûler dans les tavernes, je t’en supplie. Trouve celle qui doit partager ta route. Ce n’est pas moi, malgré ce que nous pensions. Je ne te mérite pas. Tu es un homme formidable Kaë, sache-le. C’est moi qui ais échoué à te rendre heureux plus longtemps qu’un mois. Je ne quitte pas la ville, si jamais cela peut te rassurer. Et aussi… je me débrouillerais. Je ne te demanderais rien pour l’enfant. Tu n’auras pas à prendre tes responsabilités de père. Ce sera… comme si… tu n’en avais pas…


Elle s’arrêta, au bord des larmes. La plume tremblait sur le parchemin. Elle l’avait forcé à continuer jusqu’à ce qu’ils aient un enfant. Peut-être qu’il n’en avait pas voulut. Alors elle ne le lui imposerait pas. Surtout s’il voulait reconstruire son cœur et son avenir avec une autre. Le bébé serait un rappel constant. Posant la plume, elle avait encore une chose à faire…
Elle prit sa main gauche dans la droite et, difficilement, retira la bague qui ornait son annulaire. La contemplant un instant, elle la posa sur la table et reprit :


Je te laisse ta bague, Kaë. Elle ira bien mieux à celle que tu mérites. Je vais faire en sorte qu’Eiriel ne me voit pas partir. Ainsi tu n’auras pas d’explication à fournir.
Puisses-tu être enfin heureux, Kaëran. Je ne t’oublierais jamais. Merci pour tout ce que tu as fait pour moi. Tu es merveilleux…

Ellana.


Elle avait hésité à mettre « je t’aime », et c’était ravisée. Cela lui ferait plus mal qu’autre chose. Et pourtant, elle l’aimait encore… malgré tout ça, ses sentiments ne s’étaient pas taris, au contraire… Elle se leva donc, prit le sac qu’elle avait préparé avec son nécessaire de couture, une tenue de rechange, de quoi manger et boire, et sortit de la maison, le papier et la bague en évidence sur la table de la cuisine. Elle longea les murs, faisant attention, et s’éloigna, le cœur gros, une main sur le ventre.

Seule. Elle était seule. Mais elle l’avait cherché.
Et elle n’avait qu’un seul endroit ou aller. Là ou tout avait commencé pour elle.
La boutique de son père.

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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeMar 21 Mai - 2:38

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Chapitre 6
Quand le sol s’effondre sous nos pieds, partie 1

◆ ◆ ◆



Tension.
Engueulades.
Pression.
Colère.
Remords.

Voici les mots qui résumaient la vie de Kaëran et Ellana pendant les deux autres mois qui s’en suivirent. Tout s’envenimait et aucun des deux ne parvenait à garder son calme pour avoir une conversation d’adulte. Les repas étaient faits en solo. Si un mangeait dans la cuisine, l’autre mangeait dans le salon ou dans sa chambre. C’était devenu intenable et ils étaient réellement sur le point d’atteindre le point de non-retour.

Un soir où Kaëran ne travaillait pas, il faisait le repas. Alors qu’il se tournait pour prendre une assiette, il accrocha un couteau du coude et l’ustensile tomba au sol dans un cliquettement aigu. La tornade colérique passa aussitôt avec un commentaire désobligeant.

‘‘ Je viens de nettoyer ! Tu ne peux pas faire attention ?! ‘‘

Quoi... ?! Elle le prenait pour quoi là ? Il n’allait quand même pas laisser le plancher sale après avoir fait tomber son couteau ! Déjà à cran depuis les dernières semaines, Kaëran n’en pouvait plus de rester silencieux et il explosa. Se retournant brusquement vers elle, il rétorqua sèchement :

‘‘ Qu’est-ce qui se passe avec toi ? T’as un problème peut-être ? ‘‘

‘‘ Non, je n’ai aucun problème, ça se voit pas ?! ‘‘

‘‘ Alors pourquoi tu râles sans arrêt ?! ‘‘ Cracha t-il.

Alors là, il commençait sérieusement à en avoir marre. Ses nerfs étaient en boule et Ellana lui tapait réellement sur les nerfs. Pourtant, au fond de lui, ça le tuait qu’ils en soient venus à ce point là. En quatre mois, jamais Ellana ne lui avait fait part de quoi que ce soit et encore moins de ses inquiétudes. Elle râlait, était colérique et agressive. La femme qu’il avait connue, celle qui était douce et naïve, avait disparu il ne savait où. Sa fiancée poussa un soupir désobligeant et se leva.

‘‘ Parce que tout est sujet à râler ! ‘‘

Comment ça, tout était sujet à râler ? Depuis quand ? Elle cherchait des poux ou n’y en avait pas ! Combien de fois avait-il tenté de lui parler calmement même si elle était de mauvais poil ? Il ne les comptait même plus sur les doigts des mains tant il avait essayé. En colère, Kaëran continua ses répliques cinglantes, conscient que ça ne ferait qu’envenimer davantage les choses.

‘‘ C’est parce que tu veux bien râler que tu le fais ! Un cheveu tomberait par terre et tu trouverais le moyen de m’engueuler ! ‘‘

‘‘ Et puis ?! Il faut apprendre à faire attention ! Je ne suis pas ta bonne. ‘‘

Kaëran avait blêmi et un frisson d’horreur lui parcourut l’échine. Sa... sa bonne ?! Jamais il ne l’avait traité d’une telle manière pourtant ! Il lui avait même dit, quelques mois auparavant, qu’elle pouvait reprendre le commerce de son père si elle en avait l’envie. Ils auraient pu le retaper un peu et l’auraient relancé. Insinuait-elle qu’il la gardait dans la maison pour qu’elle ne fasse que le ménage ou les repas ?

‘‘ Tu déglingues ou quoi ?! Je n’ai jamais dit que tu l’étais, Bon Dieu de merde ! ‘‘

‘‘ Encore heureux ! Ce serait la meilleure ! ‘‘ Répliqua t’elle aussitôt avec agressivité.

Cette dispute le tuait, littéralement. Au fond de lui, il savait comment ça allait se terminer et pourtant, il ne le voulait pas. Il aimait Ellana comme un fou, au point de sacrifier sa propre vie pour elle s’il le fallait. Son coeur s’affolait et sa respiration était forte, saccadée; il allait bientôt manquer d’air à force de rager de la sorte. Kaëran lui lança un regard noir et ne trouva pas la force de se taire pour stopper l’engueulade. Il fallait que ça sorte, qu’il fasse de la place...

‘‘ Tu es énervante à la fin ! ‘‘

‘‘ Au moins, je fais quelque chose ! ‘‘

‘‘ Oui, tu passes ton temps à râler justement ! ‘‘

Bon Dieu de merde... avait-il réellement dit ça ? La gorge serrée, le soldat gradé contourna le canapé pour se rendre jusqu’au foyer. Il prit des buches sèches et les jeta dans le feu d’un geste brusque. Seulement, le silence ne perdura pas plus longtemps. Dans son dos, Ellana répliqua de nouveau.

‘‘ Tu peux te défouler sur moi aussi, tu sais ? Ces bûches t’ont rien fait ! ‘‘

Là, c’en était trop, mais vraiment trop. Le jeune homme se leva sur ses jambes. Sa mâchoire était crispée et ses phalanges devinrent blanches tellement il serrait les poings. Sa voix se fit plus forte qu’il ne l’avait escompté et son ton leva d’un cran, démontrant une rage contenue depuis trop longtemps.

‘‘ Mais tu vas arrêter ?! Merde ! TU M’ÉNERVES ! ‘‘

Ce haussement de voix pétrifia Ellana pendant une fraction de seconde. Elle fronça les sourcils et décidément, elle n’avait pas l’intention de se taire. Elle lui lâcha alors:

‘‘ Toi aussi tu m’énerves tu sais ?! ‘‘

‘‘ Je le sais ! ‘‘

Le Lieutenant était entré dans un état de rage excessive et il devait à tout prix se calmer, changer d’air. Il prit sa hache dans la remise et s’en alla dans le boisé pour déferler sa rage sur des bûches. Encore une fois, il jurait à haute voix et frappa jusqu’à ce que ses muscles réclament pitance. Comment en étaient-ils arrivés là au juste ? La grossesse affectait-elle à ce point Ellana ou c’était lui le problème et elle n’osait pas le quitter ? Quoi qu’il en soit, ça ne servait plus à rien de trouver un terrain d’entente puisque ça finirait inévitablement en engueulade et qui sait ce que la prochaine pourrait donner.
Perdu dans ses pensées, Kaëran se demandait même s’ils n’étaient pas mieux de partir chacun de leur côté et poursuivre leur vie. Sa gorge se noua d’un seul coup; il l’aimait toujours autant, mais était-ce toujours réciproque ? Il lui semblait que non, enfin... Ellana ne le lui démontrait plus. Ils faisaient chambre à part à ne s’étaient pas touché ou même frôlé depuis des lunes. Pourtant, cette femme lui avait tellement apprit et apporté qu’il doutait fortement que quelqu’un puisse un jour lui arriver à la cheville. Comment pourrait-il seulement la laisser partir et faire comme si rien ne s’était passé entre eux ? La voir... avec un autre ? Au bout d’une trentaine de minutes, l’homme de la maison rentra avec quelques bouts de bois qu’il plaça près de la cheminée et alla s’asseoir sur le canapé. Tout ça en silence.

‘‘ Kaëran je…je crois qu’il est mieux qu’on… se sépare… c’est mieux pour… tout le monde… ‘‘

C’était ce qu’il avait redouté... Elle voulait partir et aussitôt il se rendit compte qu’il avait rompu la promesse qu’il avait faite à sa mère avant sa mort. Celle de prendre soin d’Ellana.

Se... séparer... Kaë leva les yeux et lorsqu’elle en fit de même, il se déroba à son regard pour ne pas qu’elle y perçoive sa douleur.

‘‘ Oui... peut-être... ‘‘ Souffla t-il d’une voix étranglée.

‘‘ Pas peut-être. C’est la meilleure chose à faire. Cette situation n’est plus vivable, Kaë. Je te fais souffrir plus qu’autre chose. Je ne te mérite plus Kaë. Je ne suis pas capable de te rendre heureux. C’est mieux comme ça. De…demain je serais partie quand tu rentreras… ‘‘

Alors qu’elle parlait, elle s’était levée du fauteuil et s’était postée devant lui. Une main se posa sur son épaule; la première fois qu’elle le touchait depuis des mois. Étrangement, ce simple geste lui fit plus de mal que de bien. Son estomac se comprima. Son regard ne croisa que brièvement celui d’Ellana avant de se dérober. Sa réponse fut muette et il ne put que hocher faiblement la tête.

‘‘ Prends soin de toi surtout. Ne t’en veux pas, pour moi ou l’enfant. Je me débrouillerais. Trouve celle qu’il te faut, Kaë. Pardonne-moi… ‘‘

Sa voix était un peu plus cassée. Cela le tuait encore un peu plus de l’intérieur et Kaëran ne chercha pas à retenir la couturière qui montait à l’étage. Il entendit la porte de la chambre principale se refermer et le soldat se prit la tête entre les mains. Ses doigts serraient ses cheveux fortement et il retint un hurlement de colère, ou de douleur. Peu importe. Il avait mal à l’âme.

C’était fini...

La nuit ne lui apporta aucunement de repos. Son esprit était tourmenté par cette rupture soudaine. Avant même que l’aube ne se lève, le Lieutenant enfila sont armure et quitta la maison sans même prendre le temps de se remplir l’estomac. Il avait la nausée de toute manière. Marchant d’un pas lent, Kaëran avait l’air d’une âme en peine qui déambulait dans les rues à la recherche d’un destin inexistant. Il n’alla même pas à l’entraînement et s’enferma à double tour dans son bureau. Assis en dessous de sa fenêtre, ses yeux fixaient un point invisible. On toqua même à la porte plusieurs fois sans qu’on ne réponde et Ayden avait même gueulé de l’autre côté. Jamais Kaë ne répondit. Quand il sortit, il faisait nuit noire à l’extérieur et seuls les soldats en patrouille de nuit circulaient dans le palais.

Sa main se posa sur la poignée de la porte qu’il ouvrit avec hésitation. Son cerveau ne voulait pas croire qu’Ellana avait réellement décidé de quitter la maison. Elle devait être à l’étage à dormir. Non, le feu était mort sous la cheminée depuis au moins une heure. Hewie vint l’accueillir et le Lieutenant se pencha pour le prendre contre lui. D’un pas lent, Kaëran s’enfonçant dans la cuisine et c’est en allumant une lanterne au centre de la table qu’il vit une lettre et... la bague d’Ellana, sa bague de fiançailles. Ses membres se mirent à trembler avec violence et il prit le papier sur lequel se trouvait l’écriture de la couturière. Ne voulant pas perdre pied, il se colla dos au mur et ses yeux se mirent à parcourir les lignes


Kaëran,

Le linge, le ménage, la cuisine, tout est fait. Tu n’as plus qu’à tout réchauffer pour manger ce soir. Je suis désolée, pour tout ça. Je ne voulais pas que ça se passe ainsi. Encore une fois, ne t’en veux pas. Ce n’est en rien ta faute. Au contraire. Prends soin de toi, ne va pas te soûler dans les tavernes, je t’en supplie. Trouve celle qui doit partager ta route. Ce n’est pas moi, malgré ce que nous pensions. Je ne te mérite pas. Tu es un homme formidable Kaë, sache-le. C’est moi qui ais échoué à te rendre heureux plus longtemps qu’un mois. Je ne quitte pas la ville, si jamais cela peut te rassurer. Et aussi… je me débrouillerais. Je ne te demanderais rien pour l’enfant. Tu n’auras pas à prendre tes responsabilités de père. Ce sera… comme si… tu n’en avais pas…

Je te laisse ta bague, Kaë. Elle ira bien mieux à celle que tu mérites. Je vais faire en sorte qu’Eiriel ne me voit pas partir. Ainsi, tu n’auras pas d’explication à fournir.

Puisses-tu être enfin heureux, Kaëran. Je ne t’oublierais jamais. Merci pour tout ce que tu as fait pour moi. Tu es merveilleux…

Ellana.



Le papier lui glissa des mains et termina sa chute sur le sol froid de la cuisine, à ses pieds. Son esprit s’était vidé de toute trace de pensée. Son corps glissa avec une extrême lenteur contre le mur et son fessier retrouva le plancher. Elle était... partie. Son regard s’embrumait et il étouffait un sanglot en serrant les dents et fermant les yeux. Elle était partie !

Le soleil se leva. Ça faisait à peine trois quarts d’heure qu’il avait trouver le sommeil que quelque chose le soulevait et l’aidait à monter à l’étage. Confus, Kaëran ouvrit ses yeux bouffis et crut reconnaître son frère d’armes qui avait la mine grave. Ayden l’entraîna dans la salle de bain, lui enleva son armure, sa chemise et son pantalon puis le poussa sous la douche où coulait de l’eau extrêmement froide.

‘‘ Je vais te chercher des vêtements propres. ‘‘ Dit-il avant de sortir.

Kaëran grelottait et lança son sous-vêtement trempé avec le reste de ses vêtements puis se lava une fois qu’il eut réajusté la température de l’eau. Il y eut de nouveau du bruit et il entendit la voix de son ami s’élever depuis l’arrière du muret de pierre.

‘‘ J’ai lu le mot qu’elle t’a laissé... ‘‘

‘‘ Ah... ‘‘

‘‘ Tu ne vas vraiment pas bien... alors, tu restes à la maison, d’accord ? ‘‘

Aucune réponse. Kaëran tira sur la serviette et s’essuya. Ayden le laissa seul et décida d’attendre dans le couloir lorsque le Lieutenant sortit. Il l’entraîna de force à la cuisine, le fit asseoir, réchauffa le plat qu’Ellana lui avait fait la veille et le fit même manger.

‘‘ Je vais prévenir le chef et je reviens pour te tenir compagnie. ‘‘

‘‘ Non... ‘‘

‘‘ La ferme. Je ne te le demande pas. Je le ferai ! Alors, reste bien sage, tu m’entends ? ‘‘

Kaëran détourna le regard en fronçant les sourcils et soupira profondément. La porte d’entrée se referma derrière l’archer et les yeux pâles du jeune homme se posèrent sur la bague qu’il avait offerte à Ellana pour un futur mariage.

Pour un mariage qui n’aurait jamais lieux.

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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeMar 21 Mai - 11:30

Ses pas résonnaient sur les pavés de la ville tandis qu’elle s’approchait de la boutique. Le cœur gros, l’âme lacérée, Ellana avait la vue brouillée de larmes. Elle tentait toujours de comprendre. Comprendre comment elle avait pu être aussi odieuse avec l’homme qu’elle aimait comme une tarée. Pourquoi n’avait-elle pas été plus forte pour faire taire cette autre elle et lui expliquer clairement ? Il devait croire que c’était à cause de lui alors que ce n’était pas du tout le cas. Combien de fois avait-il voulut parler calmement, gentiment, la faire rire ? Combien de fois avait-il essuyé ses colères sans répliquer ? Trop de fois. Et elle le remerciait avec des remarques cinglantes et désobligeantes.

Elle se détestait au plus haut point. Une partie d’elle avait même envie de disparaître de la surface de la terre. Mais elle ne pouvait pas. Elle était enceinte. Ce serait un meurtre et son enfant avait le droit de vivre… il était la seule chose qui était rattachée à Kaëran. Le lien qui lui rappellerait constamment ce qu’elle avait gâché. L’avenir qu’elle avait réduit à néant.

La gorge nouée, elle arriva devant la bâtisse. Inspirant un grand coup, elle contourna, et trouva l’entrée de service. Elle avait vu son père sortir par là une fois. Et logiquement personne n’avait condamné cette porte. Et effectivement, lorsqu’Ellana tira dessus, elle était ouverte. Entrant en tremblant, les souvenirs remontant à la surface, ce fût l’odeur de renfermé qui la fît grimacer. Elle eut envie de vomir.

Il faisait sombre et, à tâtons, elle alla ouvrir fenêtres et volets pour que l’air passe. Tout était tel que dans ses souvenirs, avec de la poussière en plus. La cuisine, avec une casserole renversée. Donc son père était en train de cuisiner lorsqu’ils étaient venus le chercher. La salle de bains, propre. Le couloir, sur sa droite, sa chambre…

Tirant sur la poignée, elle se vit plonger dans un puits, et revit l’autre Ellana. Celle recroquevillée sur ce petit matelas à même le sol, sale. La Ellana terrifiée qui regardait par la petite lucarne qui constituait sa fenêtre, rêvassant sur le monde extérieur. Elle entra, caressa l’endroit ou il devrait y avoir une poignée à l’intérieur, et regarda son ancien chez elle.

Elle ressortit bien vite, atterrit dans la boutique même. Les mannequins avaient besoins d’être un peu réparés, les vêtements qu’ils portaient étaient bons pour la poubelle tant ils étaient troués et sales. Elle allait devoir nettoyer. Remettre en état. Reprendre le commerce pour subvenir à ses besoins comme à ceux de son bébé. Rénover l’arrière boutique. Transformer sa chambre monstrueuse en une belle chambre d’enfant. Elle avait cinq mois pour tout faire. Et elle ne comptait pas demander d’aide. Elle se débrouillerait avec ce qu’elle savait et tant pis si elle faisait quelque chose de travers. Elle longea le comptoir et trouva la caisse de son père. Elle était encore pleine de Daris. Au moins il n’y avait pas eu de cambriolage et cela lui ferait un fond de départ. Retournant sur ses pas, elle tomba sur une partie qu’elle ne connaissait pas. Là, tout au fond du couloir à gauche, il y avait une porte. Lentement, elle s’avança.

Elle posa la main sur la poignée et enclencha le mécanisme. La porte s’ouvrit vers l’intérieur, sur un lit double, une belle tapisserie, des tableaux et des plantes à présent mortes. La chambre de son père… elle alla ouvrir la fenêtre pour illuminer et aérer l’endroit, puis son regard se porta sur la pièce.

Son cœur fît un bond et elle se précipita vers le mur à côté du lit. Il était plein de portraits. Il y avait toujours les mêmes personnes dessus. Son père seul, son père et sa mère, sa mère seule. D’une main tremblante, Ellana caressa les traits figés de sa mère. La première fois qu’elle la voyait. Et son père avait aussi eu raison. Elle était son portrait craché. Sauf les yeux. Sa mère les avait eus d’un bleu éclatant. Et son sourire… Là, avec son père, elle paraissait si heureuse. Même son père était un autre homme sur ses images. Et elle avait tout brisé en venant au monde. Comme elle avait brisé Kaëran en entrant dans sa vie.

Se reculant, comme si elle violait le jardin secret de son père, elle alla vers l’armoire. Il y avait encore tous les vêtements de sa mère. Mangés aux mites, mais ils étaient là. Les robes, les chapeaux… les pantalons même… Elle s’éloigna encore, s’assit sur le bord du lit, une main sur le ventre, en larmes.

-J’ai tout gâché… j’ai… je suis une idiote…Kaëran… je t’aime tant…

C’était comme si elle était revenu après son enlèvement. Sauf qu’à présent, c’était réel. Réellement terminé. Pour de bon. Par sa faute. Et, d’un coup, toutes ses peurs rejetées lui revinrent en pleine figure. Et si l’accouchement se passait mal ? Et si elle était seule pour ça ? Et si elle mourrait comme sa mère ? Qui s’occuperait du bébé ? Et si au contraire c’était lui qui mourrait ? Comment ferait-elle ? Elle avait si peur… et n’avait plus personne. Elle avait voulut en parler à Kaëran. L’autre Ellana l’en avait empêchée.

Elle se força à respirer profondément pour se calmer. La crise de panique était trop proche. La dernière fois qu’elle en avait faite une, ça avait été chez Nolan. Et elle était parvenue à se calmer sans Kaëran. Mais en pensant à lui. Elle tenta de le refaire, mais tout ce qu’elle voyait était son regard en souffrance qui se posait sur elle. Ses traits tirés et son visage triste. Lui, dégoûté de ce qu’elle était devenue sans le vouloir.

Elle se releva, laissa son sac sur le lit, et sortit de la pièce qui deviendrait sa chambre. Elle revint dans la boutique et commença à tout nettoyer. Autant faire ça pour éviter de trop souffrir. Elle nettoya le plancher, le comptoir, s’épuisant à la tâche, enleva les vêtements des mannequins. Ceux qui pouvaient être rafistolés, elle les recousît lentement avant de les mettre dans un bac pour la lessive. En soirée, elle avait finis. Il fallait à présent rhabiller les mannequins dont les habits étaient à la poubelle. Mais d’abord, elle devait manger pour le bébé. Elle chercha dans son sac un bout de pain qu’elle avait emmené et le mangea doucement, buvant de l’eau en même temps. Il fallait qu’elle réfléchisse à de nouveaux vêtements.

Et l’idée lui vint alors. Des vêtements en dégradés. Avec des couleurs qui s’entremêlaient, exactement comme le regard de Kaëran. Fouillant, elle trouva même des tissus d’un bleu et d’un vert magnifique. Le cœur gros, elle se mit à la tâche…

Au matin, Ellana sursauta et manqua tomber de sa chaise. Elle s’était endormit au comptoir ! Se levant, étirant ses muscles endoloris, elle alla se laver. Elle ne s’était pas demandé ce qu’elle faisait chez son père. Tout était vif dans sa tête et dans son cœur. Elle priait pour que Kaëran surmonte. Qu’il parvienne à passer à autre chose au fil du temps. Qu’il ne devienne pas dépressif. Qu’il ne se renferme pas. Il devait vivre. Sourire. Rire. Etre aussi joyeux qu’avant. Avant qu’elle ne vienne le détruire à petits feux.

Une nouvelle fois, elle pleura violemment sous l’eau, s’étouffant presque lorsque l’eau rentrait dans sa gorge et son nez. Elle l’aimait… l’imaginer avec une autre… lui faisait mal en même temps que du bien… Elle savait qu’elle n’aurait jamais d’autre homme que lui dans son cœur. Elle ne pouvait pas dire le premier et le dernier dans son lit, puisqu’elle avait été putain et l’avait trompé à maintes reprises sans le vouloir. Mais elle n’aurait plus personne. Il n’y aurait qu’elle et son bébé. Ensemble ils y arriveraient. Ellana voulait croire qu’elle pourrait le faire. Au moins montrer au Lieutenant qu’elle avait retenu tout ce qu’il lui avait appris.

Elle se sécha ensuite et s’habilla, grignota, puis reprit la confection des habits pendant que les autres égouttaient. A midi, elle avait fait deux belles robes qu’elle installa sur les mannequins, postée sur un tabouret un peu branlant et qui risquait de s’effondrer à tout moment. Au fond de sa douleur lancinante, elle était fière. Les robes étaient belles. En dégradé de bleu et vert pour l’une, en gris pâle et plus foncé pour l’autre. Elle ouvrit la porte principale du commerce, indiqua qu’il était ouvert. Autant commencer à accueillir des clients… et par la vitrine, elle voyait que les gens regardaient, s’arrêtaient et parlaient entre eux. Tous savaient ce qui était advenu du tailleur et ce qu’il avait fait. Ils se demandaient juste qui avait eu l’audace de rouvrir le magasin. Mais personne n’entra. Peut-être le lendemain.

Ellana n’en fît pas de cas. Elle avait décidé de s’attaquer à la rénovation de son ancienne chambre. Le matelas fût tant bien que mal jeté derrière la boutique, aux ordures. La seule étagère qu’il y avait, elle l’arracha avec un marteau qu’elle avait trouvé, brisant le bois, s’acharnant dessus. Maintenant elle comprenait pourquoi Kaëran se calmait en fendant des bûches. Elle imaginait juste que l’étagère s’était elle. Et elle se frappait. Se brisait. Parce qu’elle était détestable. Une peste. Une peste qui n’avait pas voulut tout ça. Essoufflée, elle nettoya les débris et, regardant la lucarne, serrant le marteau, elle s’avança et donna un coup dans le mur. Il fallait une fenêtre ! Une belle fenêtre ! Et pas un trou de souris ! Son bébé avait le droit de voir le monde extérieur !

Elle s’arrêta avant de tout démolir et lâcha le marteau. Elle s’attaqua plutôt à la vieille tapisserie qu’elle arracha. Elle mettait le mur à nu, voulait redonner vie à cette pièce qui avait cachée durant vingt-deux ans une fille apeurée.

Elle s’écorchait les ongles, s’en fichait éperdument. Elle réfléchissait en même temps à quelles couleurs mettre. Elle ne savait pas si ce serait une fille ou un garçon. Du beige ? Saumon ? Une couleur neutre…

Son esprit divagua. Que dirait-elle, plus tard, quand l’enfant lui demanderait ou était son père ? Que répondrait-elle ?
Rien. Elle l’emmènerait le voir. Si Kaëran voulait faire sa connaissance. S’il ne la détestait pas au point de rejeter son enfant. Si celle qu’il se sera trouvé accepte ça. Pour elle, il ne faisait aucun doute qu’il trouverait une autre femme. Il le devait, il le méritait plus que quiconque. Une femme qui le rendrait définitivement heureux. Qui n’échouerait pas au bout d’un mois comme elle. Elle n’avait même pas su tenir sa promesse envers Naël. Elle lui avait dit qu’elle prendrait soin de lui comme il le faisait pour elle et le rendrait heureux. Regardez le résultat.

-Excusez-moi… Naël. J’ai lamentablement échoué, alors que je ne le voulais pas. Veillez sur lui, je vous en prie…

Heureusement, Kaë avait toujours Eiriel et Dorguan pour l’aider, tout comme il avait Ayden et Emiya. Il n’était pas seul. Ceux qui l’aimaient seraient là pour lui. Elle, elle avait fermé les portes toute seule. Et puis, ce n’était pas sa famille ou ses collègues. Ils ne devaient surtout pas se soucier d’elle. Elle n’avait peut-être plus de famille, mais c’était mieux. Sinon son père lui aurait remis sur la figure à quel point il avait raison. Et qui sait ce qu’il aurait fait du bébé. Valait mieux qu’elle soit seule. Comme elle l’avait toujours été. Sourire pour les clients et le bébé. L’élever, sans savoir si elle serait une bonne mère. Elle assumerait, c’était tout. Elle avait forcé son ex-fiancé. Elle avait tout précipité. Maintenant il devait le regretter.

Pour la énième fois en deux jours, elle se traita d’idiote et de sans cervelle. Ses épaules s’affaissèrent. Le mur était aux trois quart nu maintenant. Les lambeaux de tapisseries jonchaient le sol, et elle ne sentait plus ses ongles. Elle chercha donc un balai et se mit à tout nettoyer.

Nettoyer les lambeaux de tissus comme si elle pouvait nettoyer les lambeaux de son cœur et de son âme…


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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeSam 25 Mai - 3:55

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Chapitre 6
Quand le sol s’effondre sous nos pieds, partie 2

◆ ◆ ◆



Entre son pouce et son index droit roulait l’anneau de fiançailles de sa mère, celle qu’il avait aussi voulu offrir à Ellana. Ce même bijou qui aurait formé une alliance officielle entre eux.
Maintenant, tout était terminé. Tout avait été gâché.

Les yeux pâles de Kaëran regardaient ce symbole d’engagement d’un oeil évasif, perdu. Comment en étaient-ils arrivés là, lui et Ellana ? Tout c’était dégradé en quelques mois et ça c’était résulté par des engueulades et une rupture. Il y avait aussi cet énorme vide, en et autour de lui. Où était passée la femme de laquelle il était tombé amoureux ? Malgré tout ce qui s’était passé entre eux dans les trois derniers mois, ses sentiments pour elle ne s’étaient jamais taris. Elle avait quitté la demeure ce matin seulement et elle lui manquait déjà, alors comment réussirait-il à supporter son absence à l’avenir ? Sa main tomba lourdement sur la table et l’anneau se retrouva enfermé dans son poing. Front contre la table, le Lieutenant tentait toujours de comprendre sans trouver un seul indice. Pourquoi ? Ses paupières se fermèrent et il s’endormit, assis sur sa chaise, tête contre la table.

Une heure plus tard, un bruit sourd réveilla Kaëran qui redressa le dos en sursautant. Ses yeux injectés de sang scrutèrent les alentours avant de se poser sur la bouteille de vin qui se trouvait au centre de la table. Une deuxième vint la rejoindre, puis une troisième.

‘‘ Jamais deux sans trois ! ‘‘ Lança Ayden qui tirait sur le bouchon d’une des bouteilles. ‘‘ Allez, engloutit ça et parle. ‘‘

Kaëran ne se fit pas prier et posa brusquement une main autour du verre de la bouteille et porta l’embouchure à ses lèvres. Il la tourna à l’envers, leva le visage vers le plafond et but à grosse gorgée jusqu’à ce qu’il n’en reste que la moitié. Le Lieutenant s’arrêta le temps de reprendre son souffle, d’avaler convenablement et termina la première bouteille de vin. L’archer ne put cacher sa surprise et attendit patiemment que son ami daigne leur avouer ce qui se passait dans sa vie.

‘‘ Tu te sens mieux ? ‘‘

‘‘ J’en sais rien... ‘‘ Murmura t-il en se passant une main sur le visage. ‘‘ Peut-être... ‘‘ Termina t-il en soupirant.

‘‘ Alors ? ‘‘

L’archer toisa son frère d’armes et supérieur des yeux, croisant les mains devant sa bouche alors qu’il s’accoudait. Il ne voulait pas saouler Kaëran, mais tout le monde savait que c’était le seul moyen de le faire parler, en dehors d’Ellana avec qui il avait une relation particulière. Enfin. Avec qui il en avait une. Le Lieutenant s’adossa contre sa chaise et regardait la bouteille de vin vide sur la table. Il s’étira même pour tenter d’en prendre une deuxième, mais Ayden fut plus rapide et les attira vers lui en secouant la tête.

‘‘ C’est bon... c’est bon ! ‘‘ Soupira t-il. ‘‘ Moi et Ellana, c’est finit. Terminé. Elle est partie ce matin. On s’est engueulé hier et... on s’est mis d’accord sur le fait de s’éloigner. Dans les trois derniers mois, on a fait que ça, s’engueuler. ‘‘

Kaë s’esclaffa et redevint aussitôt triste. L’alcool lui réchauffait le sang et contaminait son esprit épuisé.

‘‘ On faisait chambre à part. On mangeait dans des endroits différents. On ne se touchait pas. Plus de baisers, ni d’accolades. Rien. On ne se frôlait plus. Même, se regarder était devenu quelque chose d’insupportable. Je faisais un pas croche et elle m’engueulait comme un chien. ‘‘

Il se passa de nouveau une main dans le visage, la passa dans sa chevelure et se rendit jusqu’à sa nuque. Sa gorge était nouée et les larmes commençaient à affluer dans ses yeux qui picotaient. L’émotion des derniers mois revenait en flèche en lui et s’était devenu insoutenable, il fallait que ça sorte. La voix étranglée, Kaëran poursuivi alors.

‘‘ Ayden, je... je l’aime tellement et la savoir partie... Ça me tue. Ça me tue ! J’aimerais tellement revenir en arrière et comprendre... je... c’est trop difficile... ‘‘

‘‘ Kaë... ‘‘

L’archer ne sut quoi dire et changea de chaise pour s’asseoir à côté de son ami, posant une main sur son épaule pour le soutenir. Kaëran avait enfoui son visage dans ses mains et hoquetait. Les larmes se cessaient de couler et il prit par lui-même la deuxième bouteille de vin qu’il commença à boire. Ayden dut la lui prendre des mains et la repousser avant d’aider le Lieutenant à se redresser sur ses jambes et le conduire jusqu’au salon. Il le fit s’allonger sur le canapé et lui mit une couverture dessus.

‘‘ Dors un peu, mon vieux. Ça ne pourra que te faire du bien. Je vais rester, d’accord ? ‘‘

‘‘ Oui... ‘‘

Ses paupières se fermèrent alors et lentement, le sommeil gagna le jeune homme. Ayden se massait le menton tout en regardait son supérieur,qui était comme un frère pour lui, et ne pouvait que compatir avec ce qui lui arrivait. Pourqu’il verse des larmes à ce point, c’était que ça l’atteignait réellement. Il avait toujours eu cette facette d’homme inébranlable, alors qu’en ce moment, il était le plus vulnérable. Pouvait-il seulement tenter de parler avec Ellana pour trouver la source du problème ? Non... il devait se mêler de ce qui le regardait. Leur relation ne le regardait pas, mais le bonheur de Kaëran était en jeu sinon et il redoutait qu’il broie du noir. Et si il faisait une bêtise ?
Eiriel passa entre temps pour apporter une tarte maison et fut surprise de constater que ce n’était pas Ellana qui répondait, mais Ayden.

‘‘ Toi ? Mais qu’est-ce que... ? ‘‘ Balbutia t-elle, confuse.

‘‘ Ellana est partie, Eiriel. ‘‘

La paysanne se mit aussitôt à paniquer, cherchant son petit homme des yeux et l’archer dut la rassurer immédiatement avant qu’elle ne réveille Kaëran par des hurlements.

‘‘ Il dort sur le canapé... J’ai pris congé et décidé de rester avec lui pour l’aider à supporter les évènements. ‘‘

‘‘ Je peux le faire si tu veux... ‘‘

‘‘ Non, je vous assure, ça ira. Peut-être pouvez-vous passer plus tard ? ‘‘

‘‘ Oui. Où est Ellana ? ‘‘ Demanda t-elle.

‘‘ À la boutique de son défunt paternel. ‘‘

Eiriel le remercia alors d’un signe de tête inquiet puis lui laissa la pâtisserie avant de s’éloigner dans les rues avec l’idée bien précise de parler avec la couturière. Ayden était retournée s’asseoir dans le canapé et avait les yeux rivés vers le feu. Les seuls bruits étaient les flammes et la respiration profonde et régulière de Kaëran.

Quatre heures plus tard, le Lieutenant émergea de son sommeil pour ouvrit les yeux. Il s’asseya, s’étira et porta les yeux autour de lieu d’un air confus; Ellana n’était plus là. On toqua de nouveau à la porte et Ayden s’apprêtait à y aller lorsque Kaë lui fit signe de laisser tomber. D’un pas lent et se massant la nuque, le jeune homme alla ouvrit et ses yeux devinrent ronds comme des ballons.

Mais que... ?

Devant lui se trouvait un homme qui lui ressemblait étrangement.
Qui cela pouvait-il bien être ?

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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeSam 25 Mai - 10:49

Sa chambre était à présent nue. Dépouillée de tapisserie, dépouillée des rares meubles qui la constituaient. Ellana était plantée en son centre, regardant dans le vide. Elle avait mal aux ongles à force d’arracher le tissu du mur, mais ce n’était rien comparé à la douleur qui lui lacérait l’âme depuis deux jours. Elle n’arrivait toujours pas à croire que c’était bel et bien finit. Que c’était elle qui avait mis un terme à leur histoire. Elle qui avait tout dégradé alors que le bonheur semblait leur sourire enfin avec cette grossesse inespérée.

En plus, elle aurait dû se rendre chez la guérisseuse pour s’assurer que tout allait bien, mais elle n’osait pas. Ne voulait pas, seule. Elle aurait voulut que Kaëran vienne avec. Mais cela ne se produirait plus…
Sortant de la pièce et refermant la porte, elle alla en cuisine ce faire du thé et un peu à manger même si elle n’avait guère faim. Elle se forçait, pour son enfant, rien de plus. La boutique était ouverte, mais elle n’avait pas encore eu de clients. Peut-être qu’ils ne voulaient plus après la réputation de son père qui avait été dévoilée sous son vrai jour. En attendant que l’eau boue, elle tentait de réfléchir à l’ordre des travaux. A comment faire. Elle n’en voyait pas le bout et cela la paniquait littéralement. Elle n’avait que cinq mois, bientôt plus que quatre ! Elle n’y arriverait pas… comme tout ce qu’elle entreprenait.

Se prenant la tête entre les mains, elle se maudit, retenant les larmes. Qu’est-ce qu’elle pouvait être misérable…
Au moment ou elle se servait une tasse de thé, elle entendit la clochette de l’entrée tinter. Surprise, elle reposa le tout et alla devant, prête à accueillir le client, préparant déjà un faux sourire à afficher…

C’était Eiriel.

-Eiriel je… ne m’attendais pas… je…

La paysanne s’approcha, lui prit le bras et l’entraîna avec elle dans l’arrière-boutique. Elle trouva la cuisine, fît asseoir sans ménagement la jeune femme puis lui dit :

-Tu vas tout m’expliquer, Ellana. Kaëran est au plus bas et toi tu es là… que s’est-il passé ? Termina-t-elle d’une voix plus douce.

Ellana baissa la tête, les mains tremblantes. Kaëran n’allait pas bien… ses craintes se réalisaient… elle avait prié pour qu’il surmonte, ce n’était pas le cas… tout comme elle, même si elle ne voulait pas l’avouer, puisque c’était de sa faute.

Eiriel vit le thé et se servit une tasse, rapprochant celle de la couturière avant d’aller dans la boutique pour refermer la porte. Il ne faudrait pas être coupé par des éventuels clients. Elle revint et s’assit en face d’Ellana, à la place que son père occupait toujours.

-Nous… on a décidé de… s’éloigner… parce que c’est mieux…

Ellana but une gorgée de thé.

-Comment ça « mieux » ? Pourquoi en arriver là ?

-Depuis que je suis enceinte… je n’arrête pas de l’engueuler. J’étais toujours de mauvaise humeur contre lui alors qu’au fond je ne voulais pas… je lui disais des choses qui me choquaient… je… n’étais plus moi-même et… je le faisais plus souffrir qu’autre chose… on ne dormait plus ensemble, on ne mangeait même plus ensemble. On ne s’est plus touché ou embrassé depuis environ trois mois, Eiriel. J’ai prononcé les mots douloureux de la séparation, parce que… c’est de ma faute et… je ne voulais plus lui faire mal à ce point… il doit trouver son bonheur Eiriel, promettez moi de l’aider… à trouver celle qu’il lui faut…

-Celle qu’il lui faut ce tient assise face à moi, Ellana. Il ne pourra pas te remplacer. Reviens vers lui, Ellana. Et… pour tes sautes d’humeur… moi-même j’en ai fait les frais quand j’étais enceinte… Dorguan en a vu de toutes les couleurs aussi… ce sont les hormones et chaque femme réagit différemment…

Ellana secoua la tête.

-Pas comme ça. J’étais toujours de mauvaise humeur. Dès qu’il bougeait je trouvais une raison absurde de lui crier dessus. Il rentrait tard, et je pense que c’était justement pour m’éviter. Ce que je peux comprendre… je suis une peste… je me déteste…

-Ne dis pas ça… tu n’es pas une peste… tu n’as pas su ce qui t’arrivais et tu n’as pas pu mettre les barrières. Tes hormones en ont profité. Surtout que tu n’as jamais pu vraiment te mettre en colère avant.

Ellana but une nouvelle gorgée de thé. Eiriel avait-elle raison ? Si oui, était-il réellement possible de faire marche arrière ? Non… il y avait toujours l’enfant. Enfant que Kaë ne voulait peut-être plus… Et… ils ne se connaissaient plus tous les deux… ils ne pouvaient pas faire comme si rien ne s’était passé.

-Vous croyez ? Mais même… c’est finit, Eiriel… après tout ce que j’ai fait, comment pourrait-il seulement vouloir de moi encore une fois, malgré ce que vous dites ? Et il y a l’enfant… je l’ai forcé pour ça aussi. Il le regrette sûrement à présent et… je lui ais dit qu’il n’aurait pas à prendre ses responsabilités de père… Je ne veux pas qu’il y ait des freins à son bonheur. Il faut qu’il le retrouve Eiriel… il faut qu’il soit heureux…

Eiriel soupira et termina sa tasse de thé, posant sa main sur celle d’Ellana.

-Il n’est heureux qu’avec toi à ses côtés, tout comme tu n’es heureuse qu’avec lui pour t’épauler et t’aimer. Tu le sais aussi bien que moi, arrête de te voiler la face. Vous vous torturez chacun de votre côté. Reviens vers lui.

-Je ne peux pas… je… n’oserais pas… j’ai peur Eiriel… j’ai si peur !

-Peur de quoi ? De lui ? Tu sais qu’il ne lèvera jamais la main sur toi…tu le sais n’est-ce pas ?

Ca y est, Ellana était en larmes et Eiriel changea de place pour ce mettre à ses côtés et l’entourer de ses bras, faisant attention à son ventre.

-Je le sais… je sais qu’il ne me ferait jamais de mal, mais moi je lui ais fait mal. Moi je l’ai blessé profondément. Je… j’ai osé lui demander si c’était moi ou son travail qu’il voulait épouser… Eiriel, j’ai peur, j’ai mal, je suis seule… mais je l’ai cherché…

-Chutt… non tu n’as rien cherché. Tu regrettes tout ce que tu lui as dit. Explique-lui… et de quoi as-tu peur ?

Ellana mit deux minutes avant de parler. Elle devait se calmer et sa respiration était devenue difficile avec les crises de panique qui revenaient ces derniers temps.

-Je voulais lui expliquer… mon autre moi m’en empêchait et l’engueulait ! J’ai peur que cela se reproduise si je suis face à lui. J’ai peur de l’accouchement. J’ai peur de ne pas finir les travaux avant la fin. J’ai peur d’échouer dans mon rôle de mère comme j’ai échoué pour le reste.

Voilà elle avait tout dit. Même si elle aurait préféré en parler avec Kaëran… Eiriel la consola encore puis murmura :

-Tu n’as pas à avoir peur de l’accouchement, tu ne seras pas seule. Tu seras une très bonne mère parce que ça, c’est ton instinct et il ne se trompera pas le moment venu. Les travaux, Dorguan peut venir t’aider. Mais je persiste, revient vers Kaë. Il faut que tu maîtrises cette voix en toi qui veux le disputer à tort et à travers… il est patient, il t’écoutera tu le sais.

-Non je ne veux aucune aide, merci… je… j’essayerai. Mais Eiriel… si jamais, promettez-moi de l’aider… je ne veux pas qu’il sombre…

-Je l’aiderais comme je l’ai toujours fait, ma belle. Réfléchis. Vous ne pouvez pas vivre séparément, ça crève les yeux. Vous avez besoin l’un de l’autre.

Sur un petit sourire, Eiriel se releva et rangea les tasses. Ellana suivit et la raccompagna à la porte d’entrée. Sur une dernière accolade et au revoir, la paysanne repartit vers la demeure Eira, voir si Kaë était à présent éveillé. Ellana referma la porte et marcha jusque la chambre de son père ou elle se laissa tomber sur le lit, assise au rebord.

Les paroles d’Eiriel tournaient en boucle dans son esprit. Y avait-il une chance véritable ? Si oui, comment faire ? L’autre elle semblait remuer dans sa tête, comme si le fait de penser à retourner auprès de son homme la stimulait. Non elle devait lutter ! Elle devait rester la Ellana qu’il avait rencontrée ! Et non cette horrible peste qui méritait des gifles à longueur de temps.

Mais la question était la même : comment faire ?

Kaëran et elle ne se connaissaient plus.
Elle caressa son ventre lentement. Elle commençait à ressentir de faibles coups, minimes. Et ça, elle aurait aimé le partager avec le Lieutenant. Elle soupira, ne sachant pas du tout quoi faire…


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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeSam 25 Mai - 18:23

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Chapitre 6
Le visiteur, partie 1

◆ ◆ ◆



Mais qui était cet homme, non de Dieu ?! Il était grand et élancé. Des épaules larges et un corps passablement bien entretenu pour un homme dans la quarantaine avancée. Ses yeux étaient d’un vert vif qui était encadré par des traits masculins harmonieux. Il y avait quelques rides, par-ci par-là. Quant à sa chevelure, elle était d’un brun sombre où s’entremêlaient des mèches blanchâtres. Sa peau était basanée et il portait des vêtements sombres, dont un manteau à capuchon rabattu. C’était dingue à quel point ils se ressemblaient, le Lieutenant et cet inconnu.

Les deux hommes se toisèrent avec surprise un long moment avant que l’étranger ne daigne ouvrir la bouche pour prononcer ces paroles:

‘‘ Est-ce que... je suis bien à la demeure de Naël ? ‘‘

Kaëran ne sut quoi répondre et entendit du mouvement à ses côtés. Ayden s’était levé et approché de l’entrée pour voir ce qui se passait et il fronça les sourcils en entendant une voix masculine inconnue. Le Lieutenant lui fit signe que ça allait et l’archer retourna au salon, aux aguets.

‘‘ Oui, c’est bien ici, mais elle est décédée il y a quelques mois... ‘‘

L’inconnu tressaillit brusquement à la nouvelle et parut triste. Il s’était tu et avait légèrement baissé les yeux en se tenant sur une jambe puis sur l’autre.

‘‘ Qui êtes-vous ? ‘‘ Demanda Kaëran d’une voix basse.

Le concerné leva les yeux sur le jeune homme et esquissa un sourire en coin embarrassé. Il s’apprêtait à entrer dans un sujet délicat à première vue.

‘‘ Elle ne t’a donc jamais parlé de moi... ‘‘ Murmura t-il, inspirant ensuite profondément. ‘‘ Je... suis ton père. ‘‘

... Quoi ? Kaëran blêmit et lui claqua la porte au nez avec une violence qu’il ne se suspectait pas. Un cadre tomba dans le couloir sous la force de l’impact et le jeune homme se recula jusqu’au mur alors que l’archer se levait du canapé. Son frère d’armes était blanc comme la neige et fixait la porte, les yeux livides. Ellana qui le quittait, puis son supposé père qui revenait à la vie ?! Mais c’était quoi cette merde ! On toqua à plusieurs reprises à la porte et elle finit par s’ouvrir de l’extérieur. L’inconnu entra avec hésitation et l’archer arriva à cet instant en le repoussant vers l’extérieur.

‘‘ Non, mais ! Ça va pas la tête ? ‘‘

L’homme d’âge mûr les regarda à tour de rôle avec une drôle de tête et Kaëran finit par se reprendre. Il soupira, posa une main sur l’épaule d’Ayden pour qu’il cesse tout geste d’hostilité.

‘‘ Hum... ‘‘

‘‘ Un ami, et collègue de travail. Ayden, laisse. Ça va aller. ‘‘

‘‘ Je croyais que c’était ton... enfin... hem... petit copain‘‘

‘‘ ... ‘‘
‘‘ ... ‘‘

‘‘ On ne sait jamais, les jeunes de nos jours ont des goûts étranges ! ‘‘ Lança t-il sur une pointe d’humour qui ne fit sourire personne. ‘‘ Elle était nulle... pardon. M’enfin, je... suis Noah Eira. ‘‘

Noah lui tendit la main et Kaëran la prit avec méfiance, le laissant toujours dans l’embrasure de la porte.

‘‘ Kaëran Eira... ‘‘

‘‘ Elle a aussi gardé mon nom. Bon sang... ‘‘ Souffla t-il avec douleur.

Le Lieutenant se poussa pour le laisser entrer et Ayden l’observait d’un oeil mauvais. Les trois hommes s’en allèrent vers la salle à manger où Kaë s’occupa de faire du thé. Un silence pesant régnait sur la pièce. Noah avait les yeux baissés sur la table, Ayden le regardait méchamment et le soldat gradé tenait le comptoir fermement pendant que l’eau commençait à bouillir sur le feu. Il y avait tant de questions qui tournaient dans son esprit soudainement, mais une en particulier lui brûlait les lèvres. Noah le devança cependant, mal à l’aise.

‘‘ Tu sembles avoir un bon métier, Kaëran. ‘‘

Il avait vu l’armure de son fils qui trainait dans le salon.

‘‘ Oui. ‘‘

‘‘ Ça fait longtemps ? ‘‘

‘‘ Oui. ‘‘

‘‘ Quel grade ? ‘‘

‘‘ Lieutenant ‘‘

‘‘ Tu veux m’appeler papa ? ‘‘

‘‘ Non. ‘‘

‘‘ Pourquoi ? ‘‘

‘‘ Parce que je ne te connais pas. ‘‘

‘‘ Oh ... ‘‘ Souffla t-il. ‘‘ Je comprends... Tu vis seul ? ‘‘

‘‘ Oui. ‘‘

‘‘ Ça fait longtemps ? ‘‘

Kaëran serra davantage le bord du comptoir et ses phalanges en devinrent blanches. Il garda le silence, trop longtemps pour Noah qui était en train de lui faire subir un vrai interrogatoire.


‘‘ Depuis hier. Ma fiancée m’a quitté hier. ‘‘ Dit-il brusquement, se retournant vers Noah. Il le foudroya du regard et dit ‘‘ Pourquoi te pointes-tu ici après 25 années sans signe de vie ?! Remords de conscience ? Tu as pris compte de tes responsabilités après toutes ces années ?! ‘‘

‘‘ Je... oui... Écoute. Je... ‘‘

Noah baissa les yeux et soupira profondément. Oui, il était rongé par les remords depuis nombre d’années et maintenant, il était trop tard. Naël était morte, son fils était devenu un adulte responsable qui réussissait dans la vie, mais qui n’avait pas non plus eu de réel modèle masculin. Alors qu’il allait ouvrir la bouche, la porte d’entrée s’ouvrit et on entendit des pas précipités dans le couloir. Eiriel apparut et vint tout de suite serrer Kaëran dans ses bras. Elle leva ses yeux argentés sur lui et prit son visage entre ses mains.

‘‘ Bonté divine, mon chéri... Est-ce que ça va ? ‘‘

‘‘ Eiri’... ‘‘

‘‘ Je suis allé la voir. J’en reviens à l’instant. Fais quelque chose, non de Dieu ! ‘‘

Puis elle se tut lorsqu’elle se sentit en observation. Son regard se porta vers la table où elle vit Ayden et à sa plus grande surprise...

‘‘ TOI ?! Qu’est-ce que tu fiches ici ?! HORS DE MA VUE ! ‘‘

La paysanne sauta sur Noah et agrippa fermement l’encolure de sa tunique pour le forcer à se lever sur ses pieds. Elle le colla avec force contre le mur et le gifla bien fait sur la joue droite. Noah porte une main à sa joue et essaya de raisonner la femme, mais rien à faire. Kaëran dut intervenir et fit office de barrière entre les deux personnes.

‘‘ Ça suffit ! J’en ai plus que marre d’entendre des engueulades ! Alors, fermez là ! ‘‘

‘‘ Hum... pardon, mon grand. ‘‘

Eiriel menaça Noah du regard et ils prirent tous place à table. Le Lieutenant leur versa le thé et s’asseya à son tour. Il regarda son père puis posa son regard sur la paysanne qui cherchait sa main sur la table.

‘‘ Je déteste te voir dans un tel état. Ellana se sent tellement coupable... Va la voir. Tenter de discuter tous les deux. Les hormones de sa grossesse la laissent à cran. ‘‘

‘‘ Tu vas être père, Kaë ? ‘‘

Le concerné ne fit qu’acquiescer simplement à Noah et baissa les yeux sur la table. Aller lui parler. Et s’ils se disputaient encore et toujours ? Jamais il ne pourrait supporter de se faire rejeter par la femme qu’il aimait toujours. Peut-être qu’en cessant de la voir, de la croiser, que la douleur de leur séparation se dissiperait au fil du temps. Mais en écho à ses pensées, Eiriel murmura:

‘‘ Tu as besoin d’elle et elle, de toi. Kaëran... je t’en pris. Essaie au moins. Une seule fois. Quand tu seras prêt, mais le plus tôt sera le mieux. Vous souffrez tous les deux de votre côté et cela ne pourrait qu’empirer au fil du temps. ‘‘

‘‘ Eiriel à raison, Kaëran. Ne fais surtout pas comme moi, tu vas être papa ! En plus, cette femme t’aime. C’est réciproque. Reconquiers là s’il le faut. ‘‘

‘‘ La reconquérir ? ‘‘ Demanda t-il, confus.

‘‘ Pour ça, je crois être l’homme qu’il lui faut ! ‘‘ S’écria Ayden, malicieux. ‘‘ Tu sais, fleurs, petites douceurs, compliments. ‘‘

‘‘ Je vais passer par la première étape; aller la voir. Ainsi, je serai fixé... ‘‘

Noah posa une main sur son épaule et le secoua affectueusement. Kaëran posa alors son regard sur lui et son père lui fit un sourire désolé auquel il lui répondit faiblement.

‘‘ Kaëran, mon grand. Je veux rattraper le temps perdu, me faire pardonner pour cette absence, cet abandon. Pas seulement de toi, mais de tous ceux que j’ai laissés derrière. Même s’il est trop tard, je tiens à te porter mon aide et je ne te laisserai pas tomber tant et aussi longtemps que j’aurai encore un souffle de vie. À partir de maintenant, j’en fais le serment, je ne fuirai plus et t’obligera ma présence. ‘‘

‘‘ Je suis prêt à faire l’effort d’apprendre à te connaître... même si je t’en veux pour ce que tu as fait à maman. ‘‘

Le paternel acquiesça et Kaëran monta se laver. Il fallait qu’il se change pour être présentable devant Ellana qu’il avait l’intention d’aller voir dans l’heure qui suivrait.

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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeSam 25 Mai - 19:34

Toujours assise, Ellana fermait les yeux, tentant de démêler les nœuds dans son esprit. Eiriel était repartie depuis une bonne demi-heure à présent. Et elle ne bougeait pas. Elle ne savait pas du tout quoi faire. Aller voir Kaëran ? Elle n’oserait pas… elle était trop lâche pour ça…
Elle rouvrit les yeux, les posant sur les portraits de ses parents. Si heureux, ensemble. Si unis. Déchirés à l’instant même ou elle était venue au monde. Ellana se sentait coupable pour ça à nouveau, en plus de ce qu’elle avait fait à son homme. Elle l’avait dit à Eiriel : elle se détestait.
Et cela ne changerait pas.

Elle mit son bras gauche devant elle. Le bracelet était toujours à son poignet. Délicatement, elle effleura la plume et le cœur. Il était si beau, comme celui qui le lui avait offert. C’est là que retentit une nouvelle fois la sonnette à l’entrée. Sursautant, elle se releva un peu trop vite et grimaça. Parfois les mouvements brusques lui faisaient mal dans le ventre…
Essuyant ses larmes d’un revers de main, elle ajusta sa chemise, préparant mentalement un sourire factice pour le client. Elle sortit de la pièce et longea le couloir, se dirigeant vers le devant de la boutique.

Et là elle se stoppa net. C’était Kaëran. Il était là. Beau. Son cœur se mit à battre violemment dans sa poitrine, son autre elle voulut ressortir, mais elle l’en empêcha difficilement. Pas maintenant ! Il avait l’air aussi perdu qu’elle… son regard ne brillait plus… elle avait soufflé la lumière…

Ils restèrent quelques instants à s’observer jusqu’à ce qu’elle murmure :

-Kaëran… c-comment vas-tu ?

Il sembla réfléchir quelques instants avant de murmurer :

-Plus ou moins bien... et toi ?

Elle baissa un peu le regard. Plus ou moins bien… il souffrait…

-Ca va… je… tu veux du thé ?

Ils étaient tous deux affreusement mal à l’aise, comme si c’était la toute première fois qu’ils se voyaient.

-Non... je... ne faisais que passer. Voir comment tu te portais, ainsi que le petit.

Les paroles d’Eiriel tournaient en elle… Ellana déglutit, ne sachant pas du tout quoi dire. Elle contourna le comptoir pour s’approcher de lui. Son cœur accélérait encore plus si possible. Il était si proche et en même temps si loin… ça lui faisait mal. Et encore plus de savoir que c’était elle qui avait crée tout ça.

-Je… je suis désolée, Kaëran je… Elle n’arrivait pas à poursuivre, aussi répondit-elle à son autre demande Le bébé… va bien lui aussi…

Levant un peu la tête, elle vit son sourire en coin, très faible, trop faible, avant qu’il ne dise :

-Moi aussi... je suis navré.

Pourquoi ? Il n’avait rien à se reprocher… ou… l’enfant ? Il était désolé pour l’enfant ? Elle se tordit les mains, nerveuse, trop nerveuse, et tenta de lui expliquer :

-Ce n’est en rien… ta faute, Kaëran… je… tu n’as rien à te reprocher… et l’enfant… non plus… j’assumerais… je… ne te demanderais rien… je…

-C'est aussi de ma faute, Ellana.

Il baissa alors les yeux. En quoi était-ce de sa faute ? Il avait toujours été gentil malgré son humeur ! De sa faute si elle était enceinte ? Les remords la tenaillaient, lui faisaient mal… ils avaient tant voulut un enfant… il ne semblait plus trop enchanté…

-Tu as toujours été gentil avec moi, Kaëran, durant tout ce temps. Alors que moi je te criais dessus sans raison. Je me déteste Kaëran. Je suis une peste. Tu peux me le dire. Et je suis désolée, pour tout ça… je… j’étais prisonnière…

-Tu n'es pas une peste, Ellana.

Il avait murmuré, avant qu’il ne s’approche encore et lui caresse la joue. Caresse bien éphémère… mais qui avait suffit à Ellana. Il lui manquait… tout lui manquait…

-Je... vais y aller. Je viendrai te rendre visite à l'occasion, si ... tu veux.

Elle resta un instant silencieuse, profitant encore de la sensation de chaleur due à la caresse. Il… partait ? Déjà ?

-Bien sûr que… je veux… sois heureux, Kaëran. Ne te renferme pas, je t’en prie…

Elle n’osa pas caresser à son tour sa joue. Trop lâche, comme toujours. Il ne répondit pas, ne fît que la regarder une dernière fois avant d’ouvrir la porte et de s’en aller. Là, elle aurait voulut sortir, courir à sa suite, lui hurler qu’elle voulait recommencer. Lui dire à quel point elle l’aimait. A quel point elle était idiote. Lentement, elle alla fermer la boutique à clé, avant de retourner à l’arrière, se dirigeant vers la cuisine. Il allait falloir qu’elle fasse des courses si elle voulait pouvoir manger les jours prochains… Tout en mangeant les restants, elle revoyait Kaëran.
Eux qui parlaient avec tant d’aisance entre eux, sur tous les sujets, ils avaient à peine put parler cinq minutes, complètement gênés. Sa main se porta à sa joue, celle-là même qu’il avait caressée. Elle en avait profité comme si c’était le cadeau le plus précieux de tous les temps. Elle n’avait pas su lui expliquer tout aussi clairement qu’avec Eiriel… mais au moins elle avait tenu son autre elle loin de son esprit et lui avait parlé… convenablement.

Et il ne voulait plus du bébé. Elle ne voyait pas pourquoi il serait désolé sinon. Elle avait voulut lui offrir ça… lui donner du bonheur avec un enfant… tout était à l’eau… mais l’enfant naîtrait et vivrait…
Elle avait l’impression que c’était comme pour ses parents… Non… Kaëran ne deviendrait pas comme son père… il… ne pouvait pas…

Elle en était bientôt à cinq mois de grossesse. La chambre du bébé était à peine entamée. La cuisine n’était pas trop fonctionnelle. La boutique avait besoin d’une petite rénovation. Jamais elle n’y arriverait à temps, surtout si son ventre prenait plus de place et l’épuisait plus.

Son ventre plein, enfin, en théorie, elle débarrassa, alla se laver et se coucha sur le lit de son père. Allongée, contemplant le plafond, elle soupira. Avait-elle manqué sa chance ? Avait-ce été l’unique chance de tout lui expliquer, de tenter de recoller… ? Il avait dit qu’il passerait à l’occasion… mais n’avait-ce été que de la pure politesse ? Peut-être ne le voulait-il pas. Malgré tout…

Non, non et non ! Il était tout aussi affligé qu’elle. Tout aussi en souffrance qu’elle. Ce n’était pas sa seule chance. Peut-être que tout viendrait au moment voulut.

Le lendemain, elle allait devoir acheter de la peinture, de la nourriture aussi. Des tissus pour continuer à coudre et attirer les clients. Une journée chargée… et qui l’effrayait. Elle n’avait jamais fait des courses seule, sans Kaëran ou Eiriel. Avec l’argent, elle ne savait pas trop se débrouiller. Mais pourtant elle devait s’y habituer si jamais il était impossible de recoller. Parce que même s’ils le faisaient, le bébé serait là… et elle ne voulait pas l’imposer à Kaëran s’il avait peur ou s’il ne le désirait plus…

Elle ne voulait pas être un poids. N’avait jamais voulut l’être. Elle se débrouillerait. Y parviendrait.

Tant bien que mal.

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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeDim 26 Mai - 5:08

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Chapitre 6
Le visiteur, partie 2

◆ ◆ ◆



Le reflet dans la glace était mort, sans vie. Plus une seule étincelle de vie dans ces iris pâles. C’était la deuxième fois qu’une telle chose arrivait, mais cette fois c’était bien pire que lors de l’enlèvement d’Ellana. Cette fois, on la lui avait enlevée pour de bon, sans nul doute. Elle n’était pas en danger ou quoi que ce soit d’autre, mais elle était loin de lui. Trop loin. Kaëran sera la mâchoire, ne lâchant pas sa réflexion des yeux puis lui tourna brusquement le dos en empoignant une chemise et l’enfila. En sortant de la salle de bain, il boutonna puis roula les manches sur ses avants-bras. Ses pieds descendirent l’escalier et il se retrouva devant son père et Ayden. Eiriel avait quitté entre temps, lui ayant souhaité bon courage. Noah s’approcha avec un faible sourire aux lèvres et posa ses mains sur les épaules de son fils. Ayden lui donna une claque dans le dos et le laissa quitter les lieux.

Kaëran marchait d’un pas régulier dans les rues de son quartier, en direction de la place du marché. La foule commençait à se faire omniprésente lorsqu’il arriva devant la boutique du tailleur qui semblait déserte malgré cet achalandement. Il s’arrêta, regarda la boutique et inspira profondément pour reprendre contrôle de sa nervosité. Sa main droite se posa sur la porte et Kaëran poussa. Dès qu’elle fut ouverte, la clochette suspendue juste au dessus se mit à tinter, avertissant la nouvelle propriétaire des lieux. Son ouïe perçut des bruits de pas venir de l’arrière-boutique puis une ombre se forma graduellement au sol. C’est à ce moment qu’Ellana fit son apparition. Elle n’avait pas perdu de sa beauté naturelle, mais elle semblait fatiguée et plutôt triste sous ce faux sourire qu’elle avait eu quelques secondes avant. Les jeunes gens s’observèrent un instant, prenant conscience de la réalité et le Lieutenant ne parvint pas à faire sortir une quelconque parole pour chasser ce mal aise qui s’installait.

‘‘ Kaëran… c-comment vas-tu ? ‘‘ Murmura t-elle.

Comment allait-il ? Il n’allait pas bien et lui dire le contraire serait mentir. Ne pas l’avoir à ses côtés, tout sourire, lui faisait mal. Tout était trop frais dans sa mémoire et pourtant, il n’avait pas envie de lui dire tout ça. Il n’avait pas envie de se vider le coeur, de se plaindre, alors qu’elle était dans le même état que lui. Sur le même ton de voix qu’Ellana, Kaëran dit:

‘‘ Plus ou moins bien... et toi ? ‘‘

La future maman baissa les yeux à sa réponse et elle lui dit qu’elle allait. Ellana lui demanda alors s’il voulait une tasse de thé, mais ils étaient tous les deux affreusement mal à l’aise. Pourtant, ça n’avait pas toujours été ainsi. C’était tellement étrange d’un coup. Le Lieutenant commença par secouer négativement la tête et ouvrit la bouche pour lui répondre.

‘‘ Non... je... ne faisais que passer. Voir comment tu te portais, ainsi que le petit. ‘‘

La couturière contourna alors le comptoir pour s’approcher de lui. Son coeur rata un battement sans comprendre pourquoi. Il s’imaginait en faire de même, la serrer fortement dans ses bras, lui caresser le visage, mais il n’en fit rien. Kaëran ne bougea pas d’un centième. Ses yeux regardèrent le ventre rond de celle qui avait partagé sa vie jusqu’à hier et il déglutit. Cet enfant avait été en quelque sorte un miracle et désormais, ce même miracle lui faisait peur. Il avait envie de toucher, mais d’un autre côté, non. Pourquoi ? La peur...

‘‘ Je… je suis désolée, Kaëran je… ‘‘ Elle bloquait et continua ‘‘ Le bébé… va bien lui aussi… ‘‘

Le Lieutenant tentait comme il pouvait de sourire, soulagé de savoir qu’elle et l’enfant allaient passablement bien. Il s’en voudrait qu’ils manquent de quelque chose, tous les deux. Cet enfant qui avait été créé dans un instant d’amour et de passion. Peut-être qu’Ellana ne voulait que lui faire plaisir au final et qu’elle ne le désirait pas ? Lui avait-il imposé ce choix sans réellement le vouloir ? Lui-même le voulait-il ?

‘‘ Moi aussi... je suis navré. ‘‘

‘‘ Ce n’est en rien… ta faute, Kaëran… je… tu n’as rien à te reprocher… et l’enfant… non plus… j’assumerais… je… ne te demanderais rien… je… ‘‘

‘‘ C’est aussi de ma faute, Ellana. ‘‘

Ils étaient deux dans ce bateau. Un enfant ne se faisait pas seul. Pourtant, ils n’avaient jamais pris le temps de s’asseoir et d’en discuter sérieusement tous les deux.

‘‘ Tu as toujours été gentil avec moi, Kaëran, durant tout ce temps. Alors que moi je te criais dessus sans raison. Je me déteste Kaëran. Je suis une peste. Tu peux me le dire. Et je suis désolée, pour tout ça… je… j’étais prisonnière… ‘‘

‘‘ Tu n’es pas une peste, Ellana. ‘‘ Murmura t-il douloureusement.

Kaë ne comprenait pas pourquoi elle se disait prisonnière. Prisonnière de quoi ? De lui ? De l’enfant qu’il lui avait fait après tous ces essais infructueux ? M’enfin..., la femme qu’il avait connue avait toujours été douce, naturelle et unique. Sur un coup de tête, le soldat s’approcha de son ancienne fiancée et leva une main hésitante vers le visage de celle-ci. Ses doigts commencèrent par frôler sa peau de nacre pour terminer en caresse sur sa joue. Prenant conscience de ce geste téméraire, Kaëran fit un pas vers l’arrière et dit, soudainement mal à l’aise et le coeur battant:

‘‘ Je... vais y aller. Je viendrai te rendre visite à l’occasion, si ... tu veux. ‘‘

‘‘ Bien sûr, que… je veux… sois heureux, Kaëran. Ne te renferme pas, je t’en prie… ‘‘

Ne pas se refermer. Il avait failli le faire la veille au soir. Il avait voulu tout abandonner là parce la femme de sa vie l’avait quitté malgré leur accord commun. Mais maintenant, ses intentions étaient tout autre; le jeune homme allait tenter de raccorder les morceaux comme il le pourrait et si ça ne fonctionnait pas, tant pis. Au moins, Kaëran aurait essayé. Avant de partir, l’homme jeta un dernier coup d’oeil à Ellana puis partit sans un mot, se tournant surtout la langue sept fois pour ne pas lui dire je t’aime.

Le voilà de retour à l’extérieur. Mais au lieu de s’en retourner chez lui, Kaëran alla faire un tour sur la place du marché pour faire quelques courses puis fit un détour par le cimetière pour poser des fleurs sur la tombe de sa mère. Les minutes s’écoulèrent lentement avant qu’il ne s’en retourne chez lui. C’est son père qui l’accueillit et il ne se faisait pas à sa présence, ni au fait qu’il était là en chair et en os. L’aidant à ranger les courses, il lui demanda:

‘‘ Et puis, comment ça s’est passé ? ‘‘

‘‘ Pas si mal, mais il y avait un certain mal aise. L’atmosphère n’était pas très confortable à vrai dire. ‘‘

‘‘ Alors, c’est bon signe. ‘‘

‘‘ Je compte bien tenter le coup. Qu’ai-je donc à perdre, hein ? ‘‘

Noah tourna la tête vers lui et posa une main sur son épaule pour l’encourager, lui souriant. Kaëran le lui rendit avec un peu plus de conviction maintenant, puis ils allèrent s’installer dans le salon avec une tasse de thé en main.

‘‘ Ton collègue est parti voir Emiya. Il a dit qu’il reviendrait ce soir voir comment ça s’était passé avec Ellana. ‘‘

Oui, il connaissait maintenant le nom de tout le monde. Ce Ayden avait vraiment une grande gueule ! Le silence fut et Kaëran posa ses yeux pâles sur son père. Il l’observa, détaillant le moindre de ses faits et gestes, se rendant compte qu’ils étaient vraiment parents vu les ressemblances physiques. En tout cas, il comprenait maintenant d’où venait le vert qu’il avait dans l’un de ses iris. Noah, se sentant observé, tourna la tête vers le jeune homme et fronça les sourcils.

‘‘ Tu dois te poser des tonnes de questions, n’est-ce pas ? ‘‘

‘‘ En effet. ‘‘

‘‘ Je vais te raconter tout du début alors et si tu as des questions, ce sera pour la fin. Ça te va ? ‘‘ Dit-il alors que son fils acquiesçait. ‘‘ À l’époque, j’étais un mercenaire réputé. Je voyageais sans cesse sur les routes du royaume pour exécuter et chercher des contrats. Je n’étais pas riche, ni pauvre. J’aimais être en bonne compagnie après un long voyage. Il m’arrivait de trainer des heures de temps dans les tavernes à parler avec d’autres voyageurs. Un beau jour, je parvins à rejoindre Racium et j’y restai quelque temps. J’ai dû loger à l’auberge un mois durant.

Je marchais d’un pas rapide dans la rue, une fin d’après-midi, alors que la pluie me tapait sur la tête. Les marchands fermaient boutique et je percutai une femme. Ta mère. La minute où nos regards se sont croisés, tout avait basculé dans ma vie. Jamais je n’avais vu une femme aussi belle et sa chevelure flamboyante m’avait tout de suite charmé. Elle était tellement douce, naïve et attachante que j’en étais tombé amoureux après une semaine seulement alors que je m’étais fait la promesse de ne jamais ressentir de tels sentiments pour une femme. Mon séjour dura plus longtemps que je ne l’avais escompté. Un soir, elle m’annonça être enceinte et j’ai pris peur. Je suis sorti pour m’aérer l’esprit lorsque je me suis arrêté devant un panneau où on affichait des contrats. L’un d’eux annonçait une trop belle somme pour que je m’y refuse et ... j’avais choisi la richesse à une future vie de famille.

J’ai été idiot et je l’ai amèrement regretté plus tard. Je lui ai écrit des dizaines de lettres, sans avoir de réponse alors j’ai compris qu’elle ne me pardonnerait probablement jamais mes agissements. J’ai donc continué à exercer ma profession avec cette impression constante qu’il me manquait quelque chose, quelque part. L’enfant qu’elle portait avait toujours hanté mon esprit. Était-ce une fille, un garçon ? À qui ressemblerait l’enfant ? Qu’était devenu ce petit être au fil des années ?

J’avais commis une belle gourde en prenant le contrat. La pire erreur de toute ma chienne de vie. J’ai voyagé un mois durant pour revenir ici, prenant mon courage à deux en espérant que Naël voudrait bien avoir une discussion avec moi, mais j’apprends qu’elle est décédée par le fils que je n’ai jamais pu voir grandir.
Kaëran... tu ne peux pas savoir à quel point je suis navré. Si j’avais le pouvoir de revenir dans le temps et changer ma décision, je le ferais. Pour toi, pour ta mère, pour tout le monde. Mais je dois assumer les conséquences de mes actes maintenant. J’aimerais seulement que tu m’accordes une chance, une seule, pour me racheter, t’aider dans ce que tu traverses. Seulement, je ne veux pas que t’y t’en sente obligé. ‘‘


Kaëran assimilait l’information comme une éponge, comblant des vides dans le casse-tête de sa vie passée, de son enfance et son adolescence, des paroles de sa mère sur cet homme dont elle n’avait jamais mentionné le nom. Il porta sa tasse de thé à ses lèvres, but une gorgée et porta son attention sur son père.

‘‘ Quand bien même tu m’y obligerais, ne crois pas que je me serais laissé faire sans broncher. Tu as pris le temps de tout m’expliquer et je comprends un peu plus qui tu es, maintenant. J’accepte de te laisser ta chance, mais ne la brise pas, car tu n’en auras pas d’autre. Il te faudra gagner ma confiance d’abord et avant tout. Ensuite nous verrons si je peux t’appeler papa. Marché conclu? ‘‘

Noah avait un large sourire aux lèvres et ses yeux brillaient; il était ému et se leva même pour venir serrer son fils dans ses bras, fortement.

‘‘ Marché conclut! Tu ne sais pas à quel point tu fais de moi un papa heureux ! ‘‘

‘‘ Lâche-moi, j’étouffe ! ‘‘

‘‘ Oh... pardon, mon grand. C’est l’émotion, je crois. ‘‘

‘‘ Ça va... et si on se faisait un bon repas ce soir ? Tu pourrais peut-être me donner des astuces en ce qui concerne les femmes, si ça peut te faire plaisir. ‘‘

‘‘ Avec plaisir ! ‘‘

Les deux hommes s’affairèrent alors en cuisine et Noah posa encore une foule de questions à son fils. En gros, il lui demanda de lui raconter sa vie sans réellement entrer dans les détails, quand même. Kaë lui parla bien entendu d’Ellana et des mésaventures qui avaient suivi.
Ils parlèrent des heures durant avant de se mettre au lit. Noah prit donc l’ancienne chambre de sa mère et sur des bonnes nuits, ils se séparèrent pour se reposer. Kaëran dormit comme une souche ce soir-là, ses rêves portant sur la femme qui l’avait changé. Le lendemain matin, le jeune homme se leva, descendit pour se faire à déjeuner et enfila son armure puisqu’il devait reprendre le travail. Ayden vint donc le chercher et ensemble ils s’en allèrent au palais. La journée fut comme les autres: entraînements, patrouille et rapports. Alors que les cloches de 17hrs sonnaient, Ayden et Kaëran s’en allaient vers la ville.

‘‘ Tu comptais lui rendre visite quand ? ‘‘

‘‘ Peut-être ce soir. Je... ne sais pas en fait. Demain serait peut-être mieux. Je ne veux pas qu’elle croie que ça m’obsède. ‘‘

‘‘ Tu es tellement idiot parfois. Va la voir ce soir et apporte-lui des restants bien chaud. Je suis certain que ça lui fera plaisir. ‘‘

Kaëran acquiesça alors et ils se quittèrent à deux pâtés de maisons de la demeure Eira. Noah était en cuisine et Eiriel était aussi sur place avec Dorguan. Son père avait un oeil enflé...

‘‘ Tiens, fiston ! Et puis la journée ? ‘‘

‘‘ Ça a été... mais qu’est-ce qui t’est arrivé à la fin ? ‘‘

Dorguan leva la main et avait l’air fautif. Le voilà le coupable alors. Sans passer un autre commentaire, ils mangèrent et Kaëran prépara un paquet avec des restants bien frais et encore chaud.

‘‘ Où vas-tu mon grand ? ‘‘ Demanda Eiriel.

‘‘ Rendre visite à Ellana. Je ne reviendrai pas bien tard. ‘‘

Et aussitôt il était parti.

Spoiler:

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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeDim 26 Mai - 16:20

Cette nuit-là, Ellana dormit mieux que les fois précédentes. Son esprit était environné des images de Kaëran, et elle rêvait d’une seconde chance, ou plutôt même une troisième chance, ou ils seraient heureux avec leur enfant. Ou enfin il n’y aurait plus de malheurs. Même son ventre la laissa en paix, et au matin elle était passablement bien reposée. Elle se leva, s’habilla et se débarbouilla, caressant son ventre. Elle ne pouvait pas s’en empêcher. Sentir cette vie en elle… c’était si étrange… et elle aurait tant aimé que Kaëran sente ce miracle sous sa paume aussi… seulement il ne voulait sans doute plus du bébé. Ce constat lui fît perdre le petit sourire qui s’était dessiné sur ses lèvres au premier coup de son enfant. Elle l’avait forcé, et voilà. Elle, elle le désirait, son bébé. Elle l’élèverait et le choierait comme un prince. Ou une princesse.

Allant manger quelques tartines, elle prit une feuille et, de la main gauche, commença à écrire. Elle avait beaucoup de choses à faire et si elle ne les notait pas, elle oublierait. Elle inscrivit donc la liste des courses, la peinture, le tissu. Cela suffisait si elle voulait encore travailler.

Dehors, il y avait un petit vent frais, l’hiver approchant. Elle mit donc un manteau et sortit pour la première fois en trois jours. Comme si revenir dans sa maison l’enfermait à nouveau. Elle inspira à pleins poumons, ferma la boutique et s’éloigna vers le marché. Le soleil montait lentement mais sûrement, réchauffant un peu la terre. Le monde commençait à venir aussi et elle se sentit nerveuse, serrant la bourse qu’elle avait emmenée. Elle flâna un peu au départ, regardant les étals, admirant les bijoux. Elle se souvenait si bien y aller avec son homme, main dans la main… maintenant elle était seule…

Finalement, elle arriva devant le vendeur de légumes et choisis quelques carottes, pommes de terre, tomates… on lui demanda l’argent et là elle mit un peu plus de temps. Derrière les gens s’impatientaient, cela la faisait paniquer. Elle donna donc plus que nécessaire et il lui rendit la monnaie. Sauf que, maladroite, elle fît tout tomber au sol.
Elle se baissa tant bien que mal pour ramasser les pièces, lorsqu’un homme la poussa en arrière et prit le reste de la monnaie au sol. Déséquilibrée, elle tomba sur le dos et mit deux secondes à se relever. L’homme la toisait de haut, grand, des yeux gris et des cheveux très courts tout aussi gris. Il avait même un début de barbe. Elle se releva doucement, ayant peur à cause de son bébé, et pensa qu’il n’avait pas fait exprès, qu’il allait lui donner les pièces…

Mais il s’acheta quelques légumes avec ce qu’il venait de lui voler. Souriant, il lui fît un clin d’œil. Les gens ne disaient rien…

-Donnez-moi ce que vous venez de vous acheter avec mon argent. Ou j’appelle les gardes. Dit-elle en tentant de masquer le tremblement de sa voix.

~Ou j’appelle Kaëran…~ Pensa-t-elle.

L’autre commença à s’éloigner pour laisser les autres clients acheter, et ne répondit qu’une fois à l’écart.

-Appeler les gardes ? Ils ne sont jamais là quand il faut. Ou habites-tu ma jolie ?

Son cœur manqua un battement. Elle avait l’impression de revenir avec Nolan… elle commença à s’éloigner, lui tournant le dos. Non, elle ne se laisserait plus avoir ! Tant pis pour son argent. Elle avait au moins ses légumes, c’était toujours ça.

Elle entra dans la boutique, mais aussitôt après la clochette retentit. Elle se tourna, et vit l’homme qui observait l’endroit.

-Hum… ouais je connaissais l’ancien proprio. T’es sa fille alors ? Ouais j’ai entendu parler du procès et de ce qu’il a fait. Tu me plais bien toi.

Ellana déglutit. Elle devait protéger son enfant. Déjà elle priait pour que sa chute n’ait aucune conséquence. L’autre s’approchait des robes fraîchement cousues, les touchant avant de dire :

-Joli. C’est de toi ? Oui sans doute. Bon…

-Sortez d’ici, immédiatement. Gardez ce que vous avez acheté avec mon argent.

Il haussa un sourcil et s’approcha d’elle.

-Ce n’est pas professionnel de virer un client. Peut-être que j’ai envie de passer commande non ?

Elle contourna le comptoir, le mettant entre eux, et sortit un calepin ou elle noterait ce qu’il voulait. Trop naïve…

-Et que voulez-vous comme habit ? Les couleurs, les tailles, la forme ?

D’un coup, l’inconnu se mit à rire à gorge déployée. Lorsqu’il se calma enfin, la lueur dans ses yeux était devenue malsaine. Pourquoi tombait-elle toujours sur des dérangés ?

-J’en ai rien à foutre de tes habits. Moi ce que je veux c’est… d’abord ton fric, puis toi.

Mais pourquoi ? Pourquoi elle ? Il ne la connaissait pas ! Mon dieu…

-Non. Sortez d’ici. Et ne revenez plus.

Aussi vif que l’éclair, il se jeta sur elle et lui agrippa le col de sa chemise, la rapprochant de lui, la collant au comptoir. Elle devait faire attention à son bébé… Elle était proche de lui… trop proche…

-Écoute-moi bien ma jolie… tu n’as rien à dire ok ? Demain matin je reviendrais. Je veux qu’à ce moment-là tu me donnes une partie de ce qui se trouve dans ta caisse. Et après-demain pareil. Et ainsi de suite. Et dès que tu n’as plus d’argent, c’est toi que je prendrais. Et tu n’en parles à personne. Sinon, ton bébé je le tue. Je t’ouvre le ventre et je le sors comme ça « pouf ». Tu as donc plus qu’intérêt à coopérer. Compris ?

Ellana déglutit et acquiesça lentement, paniquée. Il retrouva alors son sourire et la relâcha, allant vers la sortie.

-A demain dans ce cas ! Sois là, sinon je me sers !

Il quitta la boutique et elle calma son cœur. S’installant sur la chaise au comptoir, elle posa ses mains sur son ventre. Il fallait qu’elle sente le bébé. Qu’elle sache qu’il n’avait rien. Elle ne s’en remettrait pas. Perdre Kaë puis son bébé, elle ne s’en remettrait pas.

Tremblante, elle alla à la cuisine et rangea les courses. Finalement elle n’avait pas de peinture… Mais elle n’oserait à nouveau pas sortir… Elle retenait les larmes. Pourquoi toujours elle ?! Qu’avait-elle de particulier pour que les malades mentaux s’en prennent à elle ? Ah oui… naïve, idiote. Une proie facile qui ne savait pas se défendre. Et elle ne pouvait rien dire… Elle écarquilla les yeux et se prit à sourire malgré tout. Un coup. L’enfant venait de lui montrer qu’il était là. Cela la rassurait.

Elle passa le reste de la journée à coudre, remettant de jolis vêtements aux mannequins. Elle avait trouvé toute une réserve de tissu en très bon état, et l’utilisait. Elle regardait toujours dehors, et des fois elle avait l’impression qu’il était là à l’observer, caché dans une ruelle ou derrière un groupe de passants.

Le soir venu, elle prit la caisse et l’ouvrit. Il y avait pas mal de Daris dedans. Elle ne voulait pas le donner à ce voleur. Mais si elle cachait une partie, il allait le deviner ou alors cela l’inciterait à tuer son bébé ou même la prendre, elle…

Ellana contemplait la caisse lorsque la porte s’ouvrit sur le tintement de clochette. Elle sursauta et referma vivement la caisse, terrifiée à l’idée que ce soit à nouveau cet inconnu, mais c’était Kaëran. Lorsqu’elle le vit, elle soupira de soulagement. Mais, et si l’autre avait vu le soldat entrer ? Et s’il croyait qu’elle allait parler ? Non… Kaëran ne portait pas son armure… mais tout le monde savait qui il était… bah tant pis. Elle était tout de même heureuse de le voir là, malgré la gêne…

-Kaëran, je… ne t’attendais pas… que se passe-t-il ?

-Je me disais que... peut-être tu voudrais un bon petit plat d'Eiriel. C'est encore chaud.

C’est là qu’elle vit le paquet qu’il avait en main. Il semblait même encore fumer. Puis il fronça les sourcils et demanda :

-Est-ce que ça va ? Tu... préfères peut-être que je parte ?

Elle s’empressa de dire :

-Non ! Elle continua d’une voix plus basse Non je ne veux … pas que tu partes… et… oui je.. .vais bien je…merci pour le plat, ça me fait plaisir.

Elle avait voulut parler à Kaëran de ce type. Mais elle avait trop peur des conséquences. Surtout pour son enfant. Alors elle se taisait. Elle s’avança et prit le paquet, frissonnante en frôlant la main du Lieutenant.

-Je vais aller le réchauffer. Tu veux… manger un peu aussi ?

-J'ai déjà mangé. C'était pour toi.

Ellana parvint à lui sourire un peu. C’était gentil… Elle lui fît signe de la suivre après avoir fermé la porte à clé et posa le plat à la cuisine, le préparant pour être réchauffé.

-Tu… peux t’asseoir… si tu veux… et… du thé ?

-Écoute, je ne veux pas te déranger, Ellana. Je... hum... oui. Si tu veux.

-Tu ne me dérange pas…

Elle lui tourna le dos, le temps de mettre de l’eau à bouillir. Le plat, elle picora dedans. C’était délicieux ! Quelques minutes plus tard elle posait une tasse de thé chaude devant chacun d’eux. Elle avait mangé la moitié du plat…

-Tu diras à Eiriel que son plat est délicieux, merci. Alors… hum… comment te portes-tu, Kaëran ?

Elle était à nouveau gênée, et en plus la question elle la lui avait déjà posée mais bon… Il but une gorgée de thé et répondit :

-Mon père est à la maison, depuis hier matin. C'est étrange.

Son… son père ?! Mais… n’était-il pas mort ? Et il était seul pour accuser le choc… elle s’en voulut d’autant plus que ça arrivait en même temps que leur… rupture. Même le mot lui faisait mal. Si elle pouvait, elle reviendrait en arrière… elle voudrait tant…

-Ton… père… et… ça va ? Tu… tiens le coup ? Je suis désolée… tu…tu es tout seul… je…

-Oui, ne t'en fais pas. Il m'a tout expliqué et je lui laisse sa chance de reprendre le tir.

Il la regarda alors et une main se glissa sur la sienne, allant même jusqu’à la serrer. Cette vague de chaleur qui la submergea lui fît oublier l’homme et les menaces. Elle aurait tant aimé être dans ses bras. Etre toujours avec lui. Comme avant… mais l’enfant en plus… et… il ne le voulait plus… du moins c’est ce qu’elle craignait…

-Cesse de t'excuser, je t'en prie. Je ne le suis pas, mais toi si... et... sache que je tiens à être là pour toi, si tu le désires. Ellana...

Elle baissa les yeux sur cette main chaude et rassurante qui serrait la sienne. Etre là pour elle…

-Tu… as beaucoup à rattraper avec ton père… je… ne voudrais pas t’en empêcher… et… je ne te demande rien… je me débrouille… mais j’apprécie énormément… que tu viennes… me voir…

Il sourit en acquiesçant. Son si beau sourire à qui il manquait sa chaleur…

-Tu devrais aller dormir, tu sembles fatiguée.

Elle sourit à son tour. Il était vrai que cette journée l’avait éreintée.

-Oui… le bébé pompe un peu mon énergie par moment. Tu… reviendras quand ? Demanda-t-elle, sachant qu’il allait sans doute s’en aller, sinon il ne lui aurait pas dit d’aller dormir.

-Demain après le travail ou en soirée. M'enfin... si ça ne dérange pas. Je n'ai pas envie de m'interposer.

Il haussa les épaules et se releva. Elle fît de même après avoir vidé son thé et le raccompagna à l’avant de la boutique.

-Ca ne me dérange pas, au contraire. Dors bien Kaëran. A demain…

Et, téméraire, ce fût elle qui lui serra brièvement la main.

-Bonne nuit, à demain...

Il serra un peu plus sa main avant de se détacher et de partir dans la nuit. Elle referma la porte, souriant faiblement. Il y avait eu un peu moins de gêne tout de même. Oserait-elle une fois lui dire ce qu’elle avait ? Avec son autre elle, et ses peurs pour l’accouchement ? Oserait-elle lui demander s’il voulait encore de l’enfant ? Peut-être…

Elle referma à clé et alla se laver. Maintenant seule, elle avait à nouveau peur de l’inconnu. Et s’il venait… ? Elle vérifia qu’il n’y avait personne avant d’aller se coucher, pour une nuit entrecoupée de sursaut au moindre bruit étrange…

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MessageSujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran]   Retour à la case départ [PV Kaëran] - Page 4 Icon_minitimeLun 27 Mai - 0:42

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Chapitre 6
Tranquillement, mais surement, partie 1

◆ ◆ ◆



La boutique du tailleur se fit bientôt en vue. Les lanternes éclairaient faiblement les bâtisses environnantes d’une faible lueur. La brise était fraîche en ce soir d’automne et même si Kaëran était un homme chaleureux, très peu frileux, il frissonnait tout de même. Aussi accéléra-t-il le pas pour entrer dans la boutique, le plat dans un écrin de tissu. La clochette tinta comme à chaque fois et Ellana franchit la frontière invisible qui délimitait l’arrière-boutique de l’atelier et pièce d’exposition. La jeune femme s’approcha alors d’un pas un peu plus confiant et il vint à sa rencontre.

‘‘ Kaëran, je… ne t’attendais pas… que se passe-t-il ? ‘‘

‘‘ Je me disais que... peut-être tu voudrais un bon petit plat d’Eiriel. C’est encore chaud. ‘‘

Le regard d’Ellana n’était pas comme d’habitude. Ses yeux en disaient beaucoup sur elle et avec le temps, le Lieutenant avait appris à y décerner des signes. La jeune femme semblait inquiète, nerveuse ou affolée. Peut-être se trompait-il ? Mais quelque chose lui disait que quelque chose n’allait pas. Il lui demanda alors:

‘‘ Est-ce que ça va ? Tu... préfères peut-être que je parte ? ‘‘

C’était peut-être sa présence qui la mettait dans cet état. S’il l’intimidait à ce point, il n’aurait qu’à partir tout simplement, espacer ses visites. Seulement, si Ellana avait vraiment peur de lui, elle le lui dirait non ? La couturière releva vivement les yeux vers lui et le prit par surprise. Son empressement était étrange.

‘‘ Non ! ‘‘ Commença t’elle vivement, baissant le timbre de sa voix. ‘‘ Non je ne veux … pas que tu partes… et… oui je.. .vais bien je…merci pour le plat, ça me fait plaisir. ‘‘

Peu convaincu par les dires de la jeune femme, Kaëran tendit les bras pour qu’elle puisse prendre le plat qui était encore assez chaud. Mais bon, avec le froid qu’il faisait dehors, la chaleur s’était considérablement envolée. Ses mains frôlèrent les siennes et ce contact bien éphémère le fit frissonner. C’était ridicule, mais pourtant, ils avaient vécu sous le même toit pendant 3 mois sans se toucher et sentir sa peau contre la sienne lui manquait affreusement.

‘‘ Je vais aller le réchauffer. Tu veux… manger un peu aussi ? ‘‘

‘‘ J’ai déjà mangé. C’était pour toi. ‘‘

Kaëran répondit à son sourire et attendit qu’elle ferme boutique avant de la suivre jusqu’à la cuisine. Il n’était venu qu’une seule fois ici et c’était brièvement. C’était la fois où il était venu rendre visite à Stark la journée de l’enlèvement de sa fille. En fait, il n’avait jamais vraiment porté attention aux pièces en elles-mêmes. C’était assez grand et chaleureux si on oubliait les mauvais souvenirs liés à cet endroit. Des réparations par-ci par-là et ce serait parfait. Le Lieutenant l’accompagna, mais semblait hésiter à aller plus loin que l’embrasure de la porte.

‘‘ Tu… peux t’asseoir… si tu veux… et… du thé ? ‘‘

‘‘ Écoute, je ne veux pas te déranger, Ellana. Je... hum... oui. Si tu veux. ‘‘

‘‘ Tu ne me déranges pas… ‘‘

Ça le rassurait quelque peu, mais n’empêche qu’il se sentait tout de même assez mal à l’aise. La présence d’Ellana l’apaisait et le fait de savoir que son humeur s’était stabilisée l’enchantait. Elle semblait plus heureuse là que deux jours plus tôt alors qu’ils étaient encore tous les deux chez lui. C’était peut-être ça le problème; eux. Leur couple. Kaëran observa Ellana qui était toujours de dos à manger lentement pendant que l’eau bouillait sur le feu. Dès qu’elle se retourna, les yeux pâles du soldat s’apposèrent sur ses mains liées à la surface de la table. Il la remercia silencieusement pour la tasse de thé et but une gorgée pendant qu’elle le questionnait.

‘‘ Tu diras à Eiriel que son plat est délicieux, merci. Alors… hum… comment te portes-tu, Kaëran ? ‘‘

Il en but une seconde, se demandant s’il devait la mettre au courant pour son père, Noah, mais il lâcha tout de même le morceau.

‘‘ Mon père est à la maison, depuis hier matin. C’est étrange. ‘‘ Murmura t-il, évasif.

‘‘ Ton… père… et… ça va ? Tu… tiens le coup ? Je suis désolée… tu…tu es tout seul… je… ‘‘

La pauvre semblait extrêmement coupable tout d’un coup alors qu’elle n’avait pas à l’être. Contrairement à ce qu’elle semblait penser, il n’était pas seul. Son père était maintenant là. Ayden, Eiriel et Dorguan aussi étaient présents pour lui. Actuellement, ils étaient à la maison alors qu’Ellana était seule dans cette demeure où elle avait vécu l’enfer. Ça l’inquiétait de la savoir ici, sans moyen de défense s’il lui arrivait quelque chose.

‘‘ Oui, ne t’en fais pas. Il m’a tout expliqué et je lui laisse sa chance de reprendre le tir. ‘‘

Son regard croisa celui de la jeune femme, sans pouvoir s’en défaire. Ses yeux l’avaient toujours hypnotisé. Ils étaient authentiques, comme celle à qui ils appartenaient. Sans se soucier de la conséquence de ses actes, Kaëran glissa une main jusqu’à la sienne, la plus près. Ses doigts l’entourèrent avec prudence, redoutant qu’Ellana ne le repousse. Sauf qu’elle n’en fit rien. Sa peau était toujours aussi douce qu’auparavant.

‘‘ Cesse de t’excuser, je t’en prie. Je ne le suis pas, mais toi si... et... sache que je tiens à être là pour toi, si tu le désires. Ellana... ‘‘

‘‘ Tu… as beaucoup à rattraper avec ton père… je… ne voudrais pas t’en empêcher… et… je ne te demande rien… je me débrouille… mais j’apprécie énormément… que tu viennes… me voir… ‘‘ Murmura t-elle en regardant leurs mains.

Un faible sourire se dessina sur les lèvres du Lieutenant et il la sentit épuisée. Il y avait des cernes naissants sous ses yeux et avec l’enfant, ce ne devait pas être de tout repos.

‘‘ Tu devrais aller dormir, tu sembles fatiguée. ‘‘ Dit-il, doucement.

Ellana répondit à son sourire.

‘‘ Oui… le bébé pompe un peu mon énergie par moment. Tu… reviendras quand ? ‘‘

‘‘ Demain après le travail ou en soirée. M’enfin... si ça ne dérange pas. Je n’ai pas envie de m’interposer. ‘‘ Dit-il en haussant les épaules.

Kaëran se leva ensuite de table, replaça sa chaise et s’en retourna vers l’atelier accompagné d’Ellana. Elle ouvrit la porte à l’aide de sa clé et elle lui dit:

‘‘ Ça ne me dérange pas, au contraire. Dort bien Kaëran. À demain…’’

Jamais le Lieutenant ne s’était attendu à ce geste venant de la part de la jeune couturière. Elle avait pris sa main dans la sienne et la serra brièvement, sans pour autant se détacher de lui. Kaëran regarda leurs mains jointes un moment avant de dire:

‘‘ Bonne nuit, à demain... ‘‘

Avant de partir, le Lieutenant serra lui aussi faiblement la main de celle qu’il avait voulu épouser, qu’il désirait toujours, et se détacha à regret. D’une main, il poussa la porte pour s’enfoncer dans la nuit noire et marcha d’un pas plutôt lent en direction de son quartier. Mains dans les poches de son pantalon, Kaëran avait un faible sourire en coin sur les lèvres. Cette soirée s’était passée mieux que la précédente et il sentait que s’il continuait à faire des efforts, la situation pourrait s’améliorer. Ellana ne l’avait pas repoussé et avait répondu à ses gestes sans trop d’hésitation malgré la gêne apparente. Il n’était pas certain si leurs sentiments étaient réciproques, mais pour lui, malgré les engueulades passées, rien n’avait changé. Peut-être verrait-il un changement au cours des prochains jours et prochaines semaines ? Seulement, il voulait être là si jamais elle éprouvait des difficultés avec la grossesse.

Lorsqu’il rentra, Eiriel et Dorguan étaient partis et Noah dormait dans le fauteuil. Kaëran posa une couverture sur lui puis monta à l’étage pour se laver et se mettre au lit. Lit qu’il trouvait bien grand depuis un moment. Il prit l’oreiller que prenait habituellement Ellana et la serra contre lui, fermant ensuite les yeux pour s’endormir, tranquillement, mais surement.

Le lendemain matin, le Lieutenant fut réveillé par son père qui frappait des casseroles au pied de son lit. Quel réveil brutal ! Ils descendirent se remplir le ventre et cette fois, Noah accompagna son fils jusqu’au palais puis alla se promener en ville. La journée fut tranquille cette fois. Kaëran n’était pas sorti de son bureau pour rattraper son retard sur les rapports et laissa l’entraînement à un autre. Au soir, il quitta les lieux plus tard qu’à l’habitude et... passa chez la fleuriste achetée des roses bleues pour Ellana. Bon sang que ça le gênait de faire une telle chose ! Ce n’était pas dans ses habitudes, mais son père le lui avait fortement recommandé; les femmes aimaient, pour la plupart, recevoir des fleurs de temps à autre. Pour des occasions, précise ou non. Le Lieutenant paya alors les fleurs et se dirigea aussitôt vers la boutique de couture qui se trouvait non loin. Son entrée fut annoncée par cette fichue cloche et Kaëran sentit son coeur défaillir soudainement; il avait envie de fuir à toute vitesse. Ellana apparut alors, surprise.

‘‘ Oh... Kaëran... c’est... c’est pour moi ? Pourquoi ? ‘‘

Il sentait le rouge lui monter avec violence aux oreilles et il balbutia d’une voix basse:

‘‘ Je... n’en sais rien. Je... oui, c’est pour toi. ‘‘

Ellana prit délicatement les fleurs dans ses mains et prit les devants pour aller dans l’arrière-boutique. Le Lieutenant la suivit en se massa la nuque d'embarrassement et se morigénait intérieurement. C’était une mauvaise idée... c’était une mauvaise idée... La jeune femme sortit un vase d’une armoire, y mit de l’eau puis les fleurs se retrouvèrent au centre de la table.

‘‘ Elles sont très belles, merci beaucoup, Kaëran. ‘‘

Le jeune homme ne sut quoi répondre et ne put que lui faire un sourire timide, gêné. Quel idiot quand même. Cependant, il vit les joues pâles d’Ellana s’empourprer et puis elle disparut d’un coup sans rien dire dans une pièce.

Aussitôt, elle en ressortit en tenant quelque chose dans ses mains et le soldat fronça les sourcils. Tout en lui tendant le petit paquet, Ellana s’expliqua:

‘‘ L’an dernier je n’ai pas pu te le souhaiter, mais cette année je tenais à... marquer le coup malgré les circonstances.... joyeux anniversaire, Kaëran. ‘‘

Ça y est, il avait oublié la journée de son anniversaire. Putain ! Kaëran avait blêmi et se sentit mal. Il ne pouvait pas accepter son présent, mais Ellana semblait réellement le vouloir, y tenir. Il soupira alors intérieurement et ouvrit le couvercle pour découvrir une chaîne aux maillons solide. Ni trop grosse, ni trop mince. Elle était aussi longue que celle qu’il portait et qui commençait à être un peu, beaucoup, usée. Ses yeux pâles détaillèrent ensuite le médaillon où se trouvaient ses initiales entremêlées. C’était un travail minutieux et réussi. Ému, Le Lieutenant savait plus comment réagir et porta un regard hésitant sur la jeune femme.

Sans s’y attendre, Ellana prit le bijou et le lui enfila elle-même avant qu’il ne dise quoi que ce soit, mais sa proximité le rendait affreusement nerveux. Pas que ça lui déplaisait, mais il avait l’affreuse envie de la serrer contre lui pour ne plus la relâcher. Son toucher contre sa nuque lui envoya un violent frisson et ce fut immédiat; Kaëran la serra brusquement contre lui. Il se fichait bien de sa réaction. Si elle voulait se détacher de lui, tant pis et si elle restait tant mieux. Ellana resserra justement son étreinte autour de son cou et il sentit des larmes contre sa peau. L’étreinte de la jeune femme se resserra.

‘‘ Kaëran... tu me manques... je suis idiote... je... il y avait... une autre moi, qui... qui me faisait dire toutes ses méchancetés... je te demande pardon... je ne voulais pas être aussi méchante... je t’aime tant... j’ai peur... et... ‘‘ et elle se tut, se détacha et plongea son regard dans le sien. ‘‘ Est-ce que tu ne veux plus de... du bébé, Kaëran ? Tu peux... me le dire... ‘‘

Le bébé... Cette question, il se l’était posé tant de fois depuis un moment et il ne parvenait pas à trouver la réponse. Kaëran ferma les yeux un moment et soupira. Cette fois, il ne pouvait pas se dérober et devait à tout prix parler, chercher ce qui se passait, ce qui le bloquait.

‘‘ Je ne sais pas, Ellana. Avec tout ce qui s’est passé, j’ai commencé à douter. Peut-être que ce n’était pas une bonne idée et aussi, je ne t’ai même pas demandé si tu le voulais réellement. Je me demandais si tu n’avais pas dit ça simplement pour me faire plaisir, alors qu’au fond, ça devait t’effrayer. Il se peut que je me trompe... Quand j’ai vu que nos essais étaient infructueux, j’ai cru que jamais ça n’arriverait. C’est peut-être pour ça que la nouvelle m’a pris de cour, que j’ai commencé à craindre l’idée d’être père. Ellana... ‘‘ Il posa ses mains sur ses joues. ‘‘ Comment puis-je ne pas vouloir de l’enfant, surtout qu’il vient de toi. ‘‘ D’un pouce, il caressa ses pommettes ‘‘ Toi aussi, tu me manques... Ça ne fait que deux jours que tu n’es pas à la maison et je n’arrive pas à supporter ton absence, malgré les trois derniers mois. ‘‘

Le regard vairon d'Ellana et celui pâle du Lieutenant ne se libéraient pas de l’emprise qui les tenait ainsi liés. La femme qu’il aimait était si prête maintenant. Il en sentait même son souffle contre sa peau. Ellana se mordit légèrement la lèvre et murmura:

‘‘ Bien sûr que je le veux, le bébé, Kaëran. Oui j’ai peur de l’accouchement. Oui j’ai peur de mourir comme ma mère. J’ai peur de ne pas en être une bonne mère non plus. Mais je veux l’enfant, parce qu’il a le plus merveilleux de tous les pères... et au final... je... disais me débrouiller et en fait... je suis submergée et... les travaux n’avancent pas... c’est... ridicule... ‘‘ Termina t-elle en soupirant.

Kaëran lui rendit son faible sourire et déposa ses lèvres sur son front et les y laissa. Il y avait si longtemps qu’il ne l’avait pas sentit contre lui -si on oubliait l’armure, bien entendu- qu’il ne voulait que profiter du moment présent. Ses paupières se fermèrent et il ne fit qu’écouter le silence qui régnait dans la pièce. Ce qui le brisa fut le grondement du ventre d’Ellana. Cela le fit ricaner légèrement.

‘‘ On dirait que quelqu’un a faim. ‘‘

Les joues de la jeune couturière avaient rosi doucement et elle prit sa main droite pour la guider jusqu’à son ventre. Depuis qu’elle avait pris considérablement de rondeur, Kaëran n’avait pas eu la chance de caresser ce ventre où grandissait leur enfant. Le jeune homme baissa les yeux et décida d’y poser aussi la main gauche. C’est là qu’il sentit un faible coup, mais bien présent.

‘‘ Tu as senti ? Il n’y a pas que moi qui râle à cause de la faim... ‘‘

‘‘ Oh bon sang... ‘‘ Souffla t-il. ‘‘ Je n’y crois toujours pas... ‘‘

Il se pencha même, se mettant à genoux au sol pour poser une oreille contre le ventre chaud de la couturière. Les sons étaient flous, mais il y avait bien quelque chose là dedans. Un sourire émerveillé se dessina sur les lèvres de Kaëran qui releva la tête vers Ellana, croisant de nouveau son regard.

‘‘ Bon Dieu de merde... ‘‘ Dit-il en se redressant. ‘‘ Il faut que tu manges. Allez, hop. Tu t’assois. Je cuisine. Plus vite que ça. ‘‘

‘‘ Je peux aussi cuisiner... ‘‘

Oh ça non. Elle était enceinte, travaillait dans la journée et en plus elle tentait de tout remettre en état toute seule. Alors, c’était hors de question qu’elle fasse en plus la cuisine alors qu’il pouvait lui donner un coup de main. Kaëran commença alors à enlever son armure qu’il déposa plus loin dans un coin et roulait ses manches de chemise lorsque la question d’Ellana le prit à revers.

‘‘ Tu... restes... cette nuit ? ‘‘ Demanda t-elle, le regardant tendrement.

Kaëran stoppa tout mouvement et avait tourné les yeux sur Ellana. Avec ce regard doux, elle était tellement belle. C’était elle, la Ellana qu’il voulait épouser et dont il était tombé amoureux. N’empêche qu’il ne savait tout de même pas quoi lui répondre !

‘‘ Euh... hum... tu veux que je reste... cette nuit... ? ‘‘ Bafouilla t-il, devenant rouge comme une tomate.

‘‘ Et bien... il est tard... et il fait frais... enfin... si tu ne veux pas... je ne force pas... ‘‘ Rougissante.

Le Lieutenant tenta de reprendre un semblant de sérieux, essayant de se détendre un minimum et arqua un sourcil. Il lui demanda alors:

‘‘ Mademoiselle Stark, me tendriez-vous un piège par hasard ? ‘‘

Mais la diversion ne fonctionna pas. La jeune femme ne semblait pas comprendre de quoi il en retournait ou ce qu’il entendait par là et Kaëran ne put que lever les yeux au ciel. Non. Ellana n’avait pas changé d’un poil après tout !

‘‘ Tu sais très bien... que j’ai du mal à te dire non... ‘‘ Murmura t-il en posa son regard sur elle.

‘‘ Alors je prends ça pour un oui, Monsieur Eira ‘‘ Répondit t-elle en souriant.

Kaë lui rendit son sourire et lui tourna le dos pour commencer à lui faire la cuisine sans se casser la tête. Comme elle avait pas mal de légumes, il fit une salade après les avoir coupés en lamelles et en cubes et y mit un peu de poulet. Il ajouta une petite sauce maison rapide à préparer et il posa un bol devant la jeune femme pour ensuite se servir, s’installant à la chaise juste à côté d’elle. Le Lieutenant leva les yeux de son plat et regarda la jeune femme, une question lui brûlant soudainement les lèvres. Il avait voulu la lui demander plus tôt, mais bon.

‘‘ Tu n’as pas eu trop mal à la conscience en revenant ici ? ‘‘

‘‘ Un peu... je... je suis un peu retombé dans le passé... mais... j’ai découvert... d’autres choses... aussi... et c’est très bon ce que tu m’as cuisiné, merci Kaëran ‘‘

La jeune femme mangeait tranquillement, mais avec appétit, chose qui rassurait grandement le futur père de famille. N’empêche qu’il se sentait tout de même coupable de ce qui s’était passé entre eux. Avec cette dernière engueulade, qui avait conduit à leur rupture, Ellana n’avait pas vraiment eu le choix de revenir sur les lieux de son enfance pour ne pas se retrouver à la rue. Aller chez Erieil et Dorguan l’aurait certainement embarrassé plus qu’autre chose aussi.

‘‘ Avec ce que tu y as traversé, c’est normal... J’aurais voulu t’éviter de repasser par là. Je suis navré ‘‘

‘‘ Non. Non Kaë... tu n’as pas à être navré. Franchement... c’est moi qui t’aie mené la vie dure... et puis si j’avais voulu reprendre la boutique malgré tout ça, il aurait fallu que je passe par la de toute manière... mais il y a quelqu’un que je tiens à te présenter, après... ‘‘ Avait-elle dit tout en prenant l’une de ses mains dans la sienne.

Il haussa un sourcil, se demandant qui elle voulait lui présenter là, mais il eut l’audace de prendre la fourchette d’Ellana pour la faire manger, ne voulant pas lâcher sa main. Kaëran la nourrit donc jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien dans son assiette et lui versa du thé pendant qu’il finissait lui-même sa salade. Quand ils eurent fini, ils nettoyèrent puis Ellana entraîna le Lieutenant dans la pièce où elle avait vécu l’enfer. Tout était arraché et il ne restait pratiquement plus rien dans la chambre. L’espace était vide.

‘‘ J’ai... tout arraché. Mais depuis ça stagne... Enfin bref... ‘‘ Commença t’elle, le guidant ensuite vers la seconde chambre. ‘‘ Je n’étais jamais venue ici avant... c’est ma mère... ‘‘

Les yeux pâles du soldat se posèrent sur la couturière avant qu’il ne pénètre dans la pièce. C’était... la chambre de Stark. Enfin. Elle avait été sa chambre. Tout semblait figé dans le temps. Au mur, Ellana lui désigna des portraits sur lesquels se trouvait une femme qui ressemblait en tout point à celle présente à ses côtés. Kaëran s’approcha davantage et les regarda attentivement.

‘‘ Tu lui ressembles énormément... c’est frappant. ‘‘

‘‘ Mon père me l’a dit aussi... ils étaient heureux... avant...’’

‘‘ Et ils le sont maintenant... ils sont ensemble là-haut. D’accord ? Rien n’est de ta faute, alors chasse-moi tout de suite ces doutes de ta tête. '' Il se tut et ajouta, en murmurant: ‘‘ Sinon je dors à la maison ‘‘

‘‘ J’espère qu’ils sont là-haut à nouveau réunis. Réunis à cause de moi tout comme ils ont été séparés. Et non tu ne dormiras pas à la maison. Je te l’interdis. ‘‘

Comment ? Elle le lui interdisait ? Il était adulte et en droit de prendre ses propres choix quand même. Il arqua alors un sourcil sous cette menace et la mit au défi de tenter de l’arrêter. Imaginer Ellana, toute menue, tentée de l’arrêter lui tira un sourire en coin amusé.

‘‘ Essaie donc, pour voir... ‘‘ Souffla t-il sur un air de défi.

Voilà, il avait réussi et elle avait mordu à l’hameçon sans hésitation. La jeune maman faisait la moue, là, juste devant lui et le poussa d’un coup contre le lit. Ses genoux flanchèrent et il se retrouva assis au bord.

‘‘ Je suis entre toi et la porte. Et je suis enceinte. J’ai un allié. Tu ne partiras pas. ‘‘

Comment garder son sérieux alors qu’on avait une jeune femme devant soi qui n’y arrivait pas elle-même ? Kaëran avait beau essayer de faire sa légendaire moue, son sourire en coin le trahissait aussitôt. Il répliqua alors:

‘‘ On m’a roulé... je n’avais pas vu que tu cachais une armée. ‘‘

‘‘ Une armée de Kaëran. ‘‘

‘‘ La pire de toute... ‘‘

‘‘ On est vraiment des idiots non ? ‘‘ Dit-elle après avoir rit légèrement.

‘‘ Et fier de l’être ‘‘

Il prit alors les mains d’Ellana et l’attira vers lui, l’asseyant sur ses genoux. L’heure avançait toujours et il était maintenant très tard. La jeune femme était visiblement épuisée et luttait pour garder les yeux ouverts. Ça, Kaë l’avait vu depuis un bon moment.

‘‘ L’heure est venue pour vous de dormir, mademoiselle Stark. ‘‘

‘‘ Je ne suis pas trop lourde pour vos pauvres genoux mon Lieutenant ? ‘‘

Elle lui souriait et lui caressait la joue. Son regard était figé dans le sien. Était en observation comme si c’était la première fois qu’elle le voyait, alors que c’était loin d’être le cas.

‘‘ Même avec 300 kilos en plus, vous seriez légère comme une plume, Madame. ‘‘

Il murmurait et frissonnait à la caresse de sa belle qui lui était revenue ce soir-là. À son tour, il porta une main à son visage, mais il caressa ses lèvres d’un pouce. Hésitant un long moment, perdu dans le regard d’Ellana, Kaë approcha son visage du sien et effleura ses lèvres des siennes avant de se lancer et de l’embrasser. La jeune femme lui rendit son baiser et murmura contre sa bouche:

‘‘ Je t’aime, Kaëran... pardonne-moi tout ce que je t’ai dit...’’

‘‘ Chhht... moi aussi je t’aime, mon ange... ‘‘

L’homme l’embrassa un peu plus longuement cette fois, mais se détacha à contrecoeur par la suite. La soulevant avec une aisance presque naturelle, Kaëran la coucha dans le lit, remontant les couvertures sur elle puis s’allongea à ses côtés en glissant ses doigts dans sa longue chevelure.

‘‘ Dors, je veille sur toi. ‘‘ Souffla t-il en embrassant son nez.

C’est sur un sourire qu’Ellana le quitta pour le monde des rêves, son corps se collant au sien. Lui, il l’observa un long moment avant de l’emprisonner d’un bras et de s’endormir à son tour, la respiration de sa douce l’apaisant enfin après tout ce temps.

Le lendemain matin, Kaëran fut le premier à se réveiller il embrassa Ellana pour la forcer à émerger du sommeil. Les doigts fins de la couturière se faufilèrent dans sa chevelure en bataille frappant son échine d’un profond frisson. Ils sortirent du lit et Kaë l’aida à se laver étant donné qu’elle était bloquée pour certains mouvements habituellement aisés. Comme se pencher par en avant. Ça leur faisait étrange de se retrouver ainsi, mais la gêne avait bien rapidement disparu. Pas comme s’ils ne s’étaient jamais découverts, quand même. Ils prirent le petit-déjeuner — préparé par le Lieutenant— et ensuite il fit la vaisselle. Lorsqu’il termina de ranger, la clochette de la boutique sonnait et Ellana se tendit à ses côtés.

‘‘ Qu’est-ce qu’il y a ... ? ‘‘ Demanda t-il à voix basse, inquiet.

Mais elle ne répondit pas et se rendit sur place. Les agissements d’Ellana étaient étranges et le soldat décida de la suivre, mais lorsqu’il entendit une voix masculine s’élever dans la boutique, il se stoppa net et resta dans le couloir, hors de vue.

‘‘ À l’heure ma belle ! Allez donne moi une part de tes recettes et je te dis à demain ! ‘‘

Attendez... lui donner les recettes de la caisse ? C’était quoi cette histoire à la fin ? Était-ce pour cette raison qu’Ellana semblait nerveuse dès qu’il mettait les pieds dans la boutique ? Il était hors de question que cet homme quitte les lieux aussi facilement. Kaëran sortit donc de sa cachette, sans prendre le temps d’aller chercher ses armes ou enfiler son armure, et sauta sur l’homme brusquement pour le plaquer au sol. Le voyou se débattait, lui envoya un coup sur la mâchoire, mais le Lieutenant ne broncha pas et lui écrasa la tête durement contre le plancher. Son poids fut entièrement porté sur les jambes du bandit et d’une main, il prit les poignets de l’homme pour les clouer dans son dos. Celui-ci hurla, à l’intention d’Ellana :

‘‘ Je t’avais dit de ne pas parler! Tu sais ce que je t’ai promis sinon! ‘‘

‘‘ Et moi je te promets que tu vas croupir en tôle, crétin ! Ferme là maintenant... ‘‘ Il leva les yeux vers Ellana. ‘‘ Amène-moi de quoi l’attaché Ellana, s’il te plait. Arrête de bouger toi ! ‘‘

Brusquement, il ligota l’homme avec les fils épais que venait de lui amener Ellana et le força à se remettre sur pied en le tenant par l’encolure.

‘‘ Maintenant, tu vas me suivre. Je ne serai pas long, Ellana. ‘‘

Il lui fit un sourire et sortit avec le malfrat. Direction, la caserne des soldats où il croupira au cachot un moment.

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