Sujet: Retour à la case départ [PV Kaëran] Dim 10 Mar - 20:11
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Lun 11 Mar - 16:12
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Chapitre 4 C’est lorsque l’on est seul qu’on se rend compte qu’on est un idiot
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Dès l’instant où il se retrouva loin de Racium, sa gorge se serra et son estomac se comprima. Le cheval sur lequel il siégeait courait aux galops afin de s’éloigner le plus rapidement possible de cette contrée du Royaume. Il ne fallait pas qu’il fasse demi-tour... La forêt l’entoura de part en part après quelques heures. De temps à autre, il y avait des bêtes nocturnes qui traversaient le sentier de terre battue, prenant peur en voyant cette masse noire se diriger vers eux à toute allure. Pourquoi était-il parti de cette manière ? Sans laisser de mot. Sans prévenir personne. Même Ayden n’avait pas été mis au courant de son départ. Au final, avait-il pris la bonne décision en quittant Racium et les siens sur un coup de tête ? L’homme n’en savait rien et ne voulait pas le savoir pour l’heure, car il devait se concentrer sur sa route et arriver à sa destination en un seul morceau. Ce ne fut qu’au lever du jour que Kaëran s’autorisa une pause près d’un petit pont de bois qui traversait un ruisseau. Le cheval ne se pria pas pour s’abreuver et reprendre un peu de force en broutant l’herbe fraîche qui l’entourait. Le Lieutenant lui, se tenait droit, bras croisés contre son torse, mais la tête basse. Il voyait son reflet dans l’eau, cet aspect glacial qu’il dégageait maintenant.
Qu’avait-il fait... ?
Après une vingtaine de minutes, le Lieutenant remit un pied dans l’étrier et guida le cheval jusqu’au chemin, le laissant au trot cette fois. Son esprit lui, ne cessait de divaguer et ça commençait à devenir énervant. Il fallait qu’il s’enlève les images d’Ellana de la tête. Qu’il passe à autre chose, bien qu’il ne voulait pas. Cette femme, il l’adorait. Elle était unique, naturelle. Elle était vraie. Et il venait de la laisser derrière sans avoir pris une chance pour lui dire au revoir. D’un coup, il redoutait le pire; comment allait-elle réagir lorsqu’elle verrait qu’il avait disparu sans laisser un seul mot à personne ? Eiriel et Dorguan allaient lui chauffer les fesses dès qu’il serait revenu... s’il revenait... Un long et profond soupir s’échappa dans l’air ambiant sous forme de fumée blanche presque translucide. Ses yeux vairons se levèrent vers le ciel qui commençait à se teinter de couleurs chaudes.
‘‘ Quel idiot... ‘‘ Souffla t-il.
Ça oui, il était un pur imbécile. Dès que quelque chose le perturbait, il se refermait comme une huître pour éviter d’être blessé ou de souffrir davantage. C’est ce qu’il avait encore fait. Qu’est-ce qui lui faisait croire qu’Ellana ne se battait pas pour remonter la pente ? Peut-être luttait-elle de tout son être en son for intérieur alors qu’elle projetait une image de peur vis-à-vis de ses semblables ? Et lui, qu’est-ce qu’il faisait ? Il s’enfuyait comme un lâche.
En fin d’après-midi, Kaëran put rejoindre un petit village en déviant de sa trajectoire initiale. Il avait besoin de se reposer un peu, tout comme son étalon et un bon repas chaud en ces jours froids d’hiver ne feraient certainement pas de tort à son corps qui réclamait nourriture et sommeil. Entrant donc dans la seule auberge des lieux. On l’accueillit d’un simple sourire alors qu’il sortait sa bourse pour payer l’aubergiste.
‘‘ Vous n’aurez qu’à le laisser devant la porte si je ne réponds pas. Merci ‘‘
‘‘ Que votre séjour soit agréable et reposez-vous bien. ‘‘
Le Lieutenant salua la vieille dame d’un signe de tête, la remerciant de même puis se pencha pour prendre ses sacs et monter à l’étage. Les marches de cet escalier grinçaient sous son poids et ce fut la même chose dans cet étroit couloir éclairé par une série de petites fenêtres. Kaëran chercha sa chambre et entra la clé dans la serrure pour ensuite l’ouvrir. La chambre était plus ou moins invitante, mais il s’en fichait. Au moins, il pouvait prendre un bain puis se reposer quelques heures avant de se remettre en route. Voyager de nuit était plus aisé pour lui et on croisait souvent moins de malfrats qui en voulaient à nos richesses. Les sacs de cuir furent posés sur la petite commode près de la fenêtre et l’armure sur le pied du lit. Les bottes restèrent au sol avec le reste des vêtements du jeune homme qui s’était glissé dans l’eau en soupirant d’aise. Il se demandait comment se portaient les gens de Racium, si quelqu’un avait remarqué son absence. Qu’est-ce qui l’attendrait à son retour ?
‘‘ Ellana... ‘‘ Chuchotta-il la gorge enrouée et l’air dépité soudainement. ‘‘ Qu’est-ce que j’ai fait ... ‘‘
Sa main droite sortit de l’eau et passa sur son visage, lichant sa chevelure en bataille sur le sommet de sa tête. La jeune femme avait certainement besoin de lui là bas. À moins qu’il se trompe ? Peut-être ne voudrait-elle plus jamais le laisser approcher, ni même qu’il la touche ou la regarde. Peut-être que dès qu’elle le pourrait, elle partirait de Racium pour se refaire une vie ailleurs ? Ses paupières se refermèrent alors que sa tête s’accotait au bord de la baignoire; il n’arrivait plus à réfléchir clairement avec cette fatigue qui le tenaillait.
Séché et revêtu, le soldat fermait les rideaux de la fenêtre lorsqu’on toqua à la porte. Bien entendu, il alla ouvrir et vit un homme d’assez grande taille, sa barbe tressée sous son menton. Ses cheveux étaient blancs comme la neige et ses yeux aussi noirs que les ténèbres eux même. Il lui souriait et lui tendit un plateau recouvert d’un tissu. Certainement pour garder la chaleur du repas, comme on faisait habituellement.
‘‘ Bon appétit monsieur. Laissez le tout en dehors de la chambre lorsque vous aurez terminé. ‘‘
‘‘ Merci. ‘‘
L’homme lui tourna dos et marcha dans le couloir avant de disparaître à sa gauche. De là, on entendait toujours très bien le grincement de l’escalier. Kaëran referma donc la porte avec son pied droit et s’installa en tailleur au centre du lit avant de se mettre à manger. L’appétit n’était pas tout à fait au rendez-vous, mais il se devait de manger pour garder des forces. Son estomac repu et ne pouvant en ingurgiter plus, le plateau fut déposé devant la porte de la chambre qu’il verrouilla par la suite. Maintenant, c’était l’heure de prendre un peu de sommeil. Se laissant tomber sur le dos dans le lit, Kaëran ferma les yeux.
Et le visage d’Ellana restait gravé sur sa rétine alors qu'il sombrait.
Spoiler:
[HRP: Il est court, mais faut pas aller trop rapidement non plus hen . @ toute ! ]
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Dernière édition par Kaëran Eira le Mar 12 Mar - 1:11, édité 2 fois
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Lun 11 Mar - 18:27
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Mar 12 Mar - 1:10
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Chapitre 4 Jamais...
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Un sommeil court et plus ou moins réparateur. C’est ainsi qu’il fallait qualifier cette pause.
Le voilà qui était de nouveau sur la route alors que le soleil se couchait. D’apparence extérieure, il semblait serein bien que fermé, mais à l’intérieur c’était tout le contraire. Il se morigénait sans cesse, tentait de se faire à l’idée qu’il était trop tard maintenant pour revenir en arrière. Les pots étaient cassés maintenant. La page était tournée... c’est ce qu’il osait croire du moins. Était-ce réellement le cas ?
Non... il était trop tard...
Les sabots de l’étalon noir qu’il chevauchait cognaient le sol avec force sous les bruits du bruissement des feuilles sous la brise du soir. Une fine neige tombait sur la tête à découvert du cavalier ainsi que sur la crinière de la bête qui secouait sa longue crinière alors que les flocons y fondaient. Le temps était humide et froid, faisant grelotter le Lieutenant qui dut s’étirer le bras pour prendre une couverture de laine et se couvrir un peu plus chaudement. Il enfila aussi d’épais gants de cuir et reprit fermement les rennes de sa bête qu’il fit accélérer pour arriver plus rapidement à destination. Où allait-il ? Dans un village beaucoup plus à l’ouest, près des montagnes enneigées qui longeaient une partie du territoire des vampires, Temian. Un campement y avait été dressé en vue d’éventuelles menaces par simple précaution. Il y avait des rumeurs, mais il fallait s’assurer qu’elles soient d’abord fondées, non ? Le roi de Racium avait donc dépêché quelques membres de ses troupes pour y inspecter les lieux. Kaëran devait bien être à quatre jours et quatre nuits de chevauchée avant d’y parvenir et devrait inévitablement dormir à la belle étoile dans les heures à venir, car il n’avait pas récupéré suffisamment. La fatigue est le pire ennemi d’un soldat après tout.
Les flocons ne tardèrent pas à se faire de plus en plus présents, voire insistants. Ils peuplaient le ciel à tout va et le vent se levait davantage. Le Lieutenant dut donc se trouver un abri pour le reste de la nuit et réussit tant bien que mal à se faire un feu de camp pour se réchauffer et se faire cuire un peu de viande séchée. Le cheval eut droit à quelques pommes avant un repos bien mérité. Le jeune homme se colla contre son ventre après avoir fabriqué un abri de fortune à l’aide de branches de sapin puis ferma les yeux pour enfin s’endormir. Au beau milieu de la nuit, Kaëran se réveilla et se remit en route. Le vent était tombé et c’était le moment où jamais d’avancer un peu plus s’il ne voulait pas perdre trop de temps.
La route fut ainsi pour les jours à venir. Tantôt il faisait beau et le soleil brillait de mille feux, tantôt il neigeait à plein ciel et le vent lui fouettait le visage. Kaëran put atteindre le campement du Lieutenant Ethan en soirée du quatrième jour. On l’arrêta avant qu'il ne pénètre dans le campement. Six hommes, lances en main, le forçèrent à s’identifier au risque de se faire empaler sur place. Le Lieutenant s’exécuta après être descendu de cheval et on l’escorta à la tente du supérieur des lieux. Un homme de grande taille, bien musclé et dans la quarantaine toussait violemment sur sa chaise devant son bureau. Ses cheveux noirs mi-longs étaient attachés à l’aide d’une lanière de cuir brune qui ne laissait échapper que quelques mèches rebelles. Son regard d’un vert vif se posa sur le jeune homme qui était mort de froid.
‘‘ Lieutenant Eira ! ‘‘ S’exclama-t-il en toussant. ‘‘ Je ... ne vous attendais pas si tôt. Vous avez fait bonne route ? ‘‘
‘‘ Assez, mais l’hiver est à nos portes et le temps n’est pas toujours clément. Pas vrai ? Il y avait longtemps que je ne vous avais pas revu, Lieutenant Ethan. ‘‘
‘‘ De même pour moi et j’avoue être content de vous revoir. ‘‘ Il toussa de nouveau, un poing devant sa bouche. ‘‘ Je vais devoir partir ce soir pour ... me faire soigner. Le froid est vicieux... ‘‘
Derrière, une brise souffla aux pieds des hommes qui frissonnèrent.
‘‘ Tout est prêt, Lieutenant Ethan. ‘‘ Fit une voix féminine.
Une femme entra alors. Sans se soucier de leur hôte, elle s’approcha de son supérieur pour l’aider à se relever et vérifia sa température en posant une main sur son front. Probablement l’adjudant de celui-ci. Pourtant, jamais on ne lui avait parlé d’une femme et aussi jeune en plus. Elle était un peu plus grande qu’Ellana et ses courbes s’harmonisaient à la perfection avec son corps élancé et gracieux. Sa peau était pâle, tout comme sa longue chevelure d’un blond presque blanc. Ses yeux en amande étaient d’un bleu extrêmement pâle et encadré par un visage aux traits fins et angéliques. Si elle n’avait pas porté cette armure, on aurait pu croire qu’il s’agissait d’une noble dame et non pas d'un soldat.
La concernée posa alors les yeux sur le nouveau venu et une étrange lueur se mit à briller dans ses yeux. Un sourire chaleureux se dessina sur ses lèvres pâles et elle s’approcha pour lui serrer la main.
‘‘ Alors, ce sera vous le remplaçant. Ravie de faire votre connaissance. Cependant, je vous croyais... plus âgé. ‘‘
‘‘ De même, adjudant Eylis. ‘‘
‘‘ Tu es en train de dire que je suis vieux, Eylis ?! ‘‘ S’exclama Ethan, mine faussement outrée.
Emiya tourna la tête vers lui et planta son regard dans le sien en souriant. Un doux rire sortit de sa bouche, juste assez pour que le malade s’esclaffe avec elle. Deux soldats entrèrent alors dans la tente pour venir aider leur supérieur avec ses effets personnels.
‘‘ Je suis navré de devoir vous quitter alors que vous venez d’arriver. Mon second vous expliquera tout ce que vous devrez savoir. Sinon, les dossiers se trouvent dans le coffre au pied du lit. Vous séjournez ici le temps que je revienne. Ne brusquez pas trop mes hommes, Lieutenant Eira. ‘‘
‘‘ Ne vous inquiétez pas. Profitez-en pour vous remettre sur pied, Lieutenant Ethan. ‘‘
‘‘ Comptez sur moi ! Je reviendrai avant que vous n'ayez eu le temps de dire ouf ! ‘‘
Dans une violente toux, l’homme quitta la tente avec ses hommes. Emiya croisa les bras sur son plastron et observa Kaëran de la tête au pied, à son insu. Ella avait vraiment cru qu’il s’agissait d’un autre vieil homme et contre toute attente, elle avait un supérieur qui était dans sa tranche d’âge. Ça allait changer et puis... c’était qu’il avait une belle gueule cet homme.
‘‘ Alors comme ça, vous venez directement de Racium. Fait-il le même temps qu’ici ? ‘‘
Kaëran se retourna vers elle, n’ayant même pas remarqué qu’elle était restée sur les lieux.
‘‘ Sensiblement, mais l’hiver est beaucoup plus présent ici, à ce que je vois. ‘‘
La jeune femme ricana doucement et s’approcha du nouveau venu, l’observant d’un peu plus près. Elle s’attarda particulièrement sur ces yeux bicolores, chose qu’elle n’avait jamais vue auparavant. Emiya alla même jusqu’à lui prendre le menton pour lui baisser la tête et le regarder dans le blanc des yeux.
‘‘ Intéressant ... C’est la première fois que je vois un tel regard. ‘‘ Murmura t-elle, faisant un faible sourire en coin. Elle se détacha ensuite. ‘‘ Je vous laisse vous installer. Le repas sera bientôt servi dans la grande tente au centre du campement. Je viendrai vous chercher d’ici une heure pour vous y accompagner. Les soldats ont bien hâte de vous rencontrer. ‘‘
Le contournant, l’adjudant du Lieutenant Ethan se dirigea vers la sortie de la tente, non sans lui jeter un dernier coup d’oeil. Elle tira son capuchon sur sa tête puis poussa la porte faite de peau d’ours. Kaëran était quelque peu confus. Cette femme avait été si près qu’il avait pu sentir son souffle sur son visage ainsi que le doux parfum fruité qu’elle dégageait. C’était ... déroutant. Et puis, il ne pouvait se cacher que cette femme était une vraie beauté. M’enfin..., son esprit était hanté par une toute autre personne et celle-ci lui manquait affreusement. Ses sacs de cuir furent donc posés sur le lit et déjà il commençait à sortir ses effets pour les rangées, mettant ses vêtements et son journal dans un coffre de bois qu’il verrouilla par la suite. La seule vision du protège-livre fabriqué par Ellana l’avait fait soupirer. Le Lieutenant avait baissé les yeux et fermé les paupières un moment.
‘‘ J’espère que tu vas bien... où que tu sois en ce moment... ‘‘
Il revoyait son sourire, cette lueur de curiosité qui brillait dans ses yeux alors qu’il lui apprenait à lire et écrire ou quand il lui faisait découvrir la ville. Jamais il ne pourrait enfouir ces souvenirs dans son esprit. Jamais il ne pourrait effacer ce visage qui le regardait avec tant de douceur juste avant de s’endormir.
Jamais il ne pourrait l’oublier, la chasser de son être.
Jamais...
Emiya Eylis
Spoiler:
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Dernière édition par Kaëran Eira le Mer 13 Mar - 20:31, édité 1 fois
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Mar 12 Mar - 19:44
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Mer 13 Mar - 20:33
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Chapitre 4 Quand l’hiver s’installe, partie 1
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Une heure s’était écoulée depuis le départ d’Emiya vers sa tente qui se trouvait être voisine de celle où logerait Kaëran dans les semaines à venir. Ses effets étaient rangés depuis belle lurette maintenant et l’homme avait décidé de s’assoir sur le pied de son lit qui était plus grand que ce qu’il avait pu imaginé pour un tel campement. Ce que le Lieutenant faisait ? Rien, mis à part réfléchir encore et encore. Il ne faisait que ça depuis la disparition d’Ellana à vrai dire. Ses pensées convergeaient entièrement vers elle; son état de santé, sa convalescence et surtout, si elle lui pardonnerait un jour d’être parti en lâche. Ce qui le tira de ses songes fut la brise froide qui pénétra dans sa tente qui lécha son armure, la refroidissant aussitôt.
‘‘ Vous me semblez épuisé et frigorifié, Lieutenant Eira. ‘‘ Constata Emiya en s’approchant de lui. ‘‘ Un bon repas chaud ne vous fera que du bien. Venez. ‘‘
Elle alla chercher l’une des mains du jeune homme pour le tirer et ainsi l’inciter à se redresser sur ses jambes. Sans pouvoir rétorqué, Kaëran se laissa entraîner à l’extérieur où le vent glacial leur mordait le visage. D’une main, le soldat ramena sa capine sur sa tête et suivit la jeune femme, qui s’était aussi habitée sous son capuchon, jusqu’à une grande tente où l’on entendait foule de rires. Lorsqu’ils entrèrent, quelques têtes se retournèrent et on commença à chuchoter aussitôt jusqu’à ce que le silence fut. Se découvrant le visage, Eira passa un bref regard sur l’assemblée d’une centaine de personnes et son adjudant temporaire éleva la voix.
‘‘ Messieurs ! Voici le remplaçant de notre cher Ethan, le Lieutenant Eira en provenance de Racium. ‘‘
‘‘ On l’veux à notre table ! Pour une fois que s’pas un vieux barbu ! ‘‘ Cria un soldat tout au fond de la tente, les bras dans les airs.
‘‘ Vous voyez, on vous apprécie déjà. ‘‘
‘‘ Ça ne durera pas bien longtemps, je le crains. Aux entraînements, ils me détesteront. Croyez-moi. ‘‘
Kaëran se risqua à faire un faible sourire en coin à son acolyte et prit les devants en se faufilant jusqu’à la table où s’étaient massés quelques hommes. On laissa une place au Lieutenant et à l’adjudant Eylis puis on posa une assiette de ragoût bien chaud devant leur personne. Tranquillement, Eira se mit à manger, soufflant de temps à autre sur sa cuillère en voyant la fumée qui s’échappait du plat.
‘‘ Alors comme ça, on vient de la belle et grande ? J’y suis jamais allé encore, mais s’magnifique à s’qu’il paraît. ‘‘
‘‘ Assez oui. ‘‘ Dit-il simplement, mâchant alors qu’un autre homme prenait la parole.
‘‘ Combien de jours de route ? ‘‘
‘‘ Quatre à cinq jours. Je ne me souviens plus exactement en fait... ‘‘
‘‘ Ah ! Je savais ! Tu me dois 20 Daris ! ‘‘
Kaëran arqua un sourcil sous l’interrogation et ramena la tête devant pour poser son regard sur Emiya qui haussait les épaules, un sourire en coin sur ses lèvres rosées. Pour le temps que dura le repas du soir, les soldats ne cessaient de questionner leur nouveau Lieutenant par rapport à la ville, le fonctionnement de l’armée à Racium, son âge, comment, il avait fait pour atteindre son grade aussi jeune et blabla. Ils parlaient de tout et de rien en fait. Kaëran lui, leur répondait comme il pouvait sans pour autant se lancer dans des discussions à n’en plus finir. Et puis, il était mort de fatigue.
‘‘ Je vais vous fausser compagnie pour le reste de la soirée. J’ai mon voyage dans le corps. ‘‘
‘‘ Attendez. Je vous raccompagne. ‘‘
Emiya enjamba le banc et contourna la table pour rejoindre son Lieutenant qui saluait les soldats d’un signe de main. Capuchons sur la tête, les deux jeunes gens s’enfoncèrent dans la nuit noire, leur visage fouetté par les bourrasques de vent et la neige qui recouvrait déjà passablement le sol en ce temps de l’année. Leurs pas se faisaient rapides et Kaëran poussa la porte de sa tente d’un geste peu doux pour y entrer, laissant aussi cette chance à l’adjudante d’Ethan d’en faire de même.
‘‘ On dirait que ça se transforme en tempête... ‘‘
‘‘ S’il fait ce temps demain, je crois que nous resterons tous confinés dans nos tentes. ‘‘
La jeune femme ricana puis se tourna pour lui faire face alors qu’il s’enfonçait dans sa tente pour se débarrasser de quelques pièces d’armure. Son regard bleuté ne déviait aucunement, surtout pas à la vue de ce fessier une fois que la cape l’eut mit en vue.
‘‘ Je... vais vous laisser Lieutenant Eira. Demain matin je viendrai vous expliquer certaines choses concernant les dossiers d’Ethan. ‘‘
‘‘ Laisse tomber les vouvoiements et appelle-moi Kaëran. Ça suffit largement. ‘‘
‘‘ Ah ? Parfait dans ce cas. ‘‘ Commença t’elle. ‘‘ Bonne nuit, Kaëran. ‘‘
‘‘ Bonne nuit, Emiya. ‘‘
Sur ce, elle quitta les lieux, sont sans jeter un dernier coup d’oeil à cet homme qu’elle mettrait bien dans son lit. Malgré que ... ce n’était pas une mauvaise idée...
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Mer 13 Mar - 21:19
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Jeu 14 Mar - 16:06
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Chapitre 4 Quand l’hiver s’installe, partie 2
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De nouveau seul dans ce qui était nouvellement sa tente, Kaëran enroba soigneusement son armure dans une épaisse couverture de laine pour ne pas qu’elle soit gelée à son réveil. Quoi de pire que d’enfiler de la ferraille froide comme la glace ? Il s’était redressé le dos et scruta l’intérieur du regard pour s’habituer à son nouvel environnement. Au centre de la tente se trouvait un cercle de pierre où on avait creusé un trou afin de pouvoir allumer un feu de taille moyenne sans risquer de tout faire brûler. À mètre, à droite de la source de chaleur, se trouvait un lit plutôt grand pour un campement temporaire. À son pied se trouvait un énorme coffre de bois de cerisier dont le cadenas n’était point verrouillé. À la gauche du feu se trouvait un paravent derrière lequel était camouflé la cuve de bois qui servait à faire sa toilette. Sinon, tout au fond, près du lit, se trouvait un bureau de travail plutôt large avec une chaise en bois et un deuxième coffre qui ne servait qu’au rangement. Ah, et il y avait un mannequin de bois sur pied qui servait à l’armure, où la sienne se trouvait actuellement d’ailleurs. C’était bien différent de sa demeure à vrai dire. Au moins là bas, les murs ne bougeaient pas avec violence à cause des bourrasques que provoquait le vent.
S’asseyant sur le pied du lit, le Lieutenant tenait son journal entre ses mains et le tournait sans cesse, mais dans une extrême lenteur. En fait, il observait le travaille minutieux qu’avait fait Ellana avec ce protège-couverture aux couleurs éclatantes. Un faible sourire triste se forma au coin de ses lèvres alors que sa tête se penchait légèrement vers l’avant dans un long et profond soupir. C’était fou ce qu’elle lui manquait. S’il se serait écouté une seule seconde, probablement que Kaëran serait retourné vers son cheval pour quitter les lieux pour s’assurer de son état. Oui..., il avait pris bien peu de nouvelles, voire aucunes, d’elle avant son départ précipité.
Il avait gaffé.
Se relevant, le jeune homme fit quelques pas en direction du bureau pour s’assoir sur la chaise qui se trouvait juste devant. Une lanterne brûlait là, enfermée dans un cylindre de verre encadré de métal rouillé avec le temps. Il prit la plume qui se trouvait à côté de l’encrier, à sa droite, et ouvrit son ouvrage de la main gauche au même moment pour y écrire quelques mots. D’un coup, ça lui semblait extrêmement douloureux de se remémorer le visage d’Ellana dans son esprit. Ses pulsations cardiaques avaient augmenté sans prévenir alors que pourtant, elle était à bien des lieux de lui. Qui sait s’ils se reverraient ? Peut-être pouvait-il lui transmettre un message par l’intermédiaire d’un corbeau ? Il... pouvait toujours essayer. Qu’est-ce qu’il avait à perdre de toute manière ? Aussi se lança-t-il dans la rédaction de sa lettre qui se résuma par ce qui suit;
Chère Ellana,
Tu as certainement remarqué mon absence depuis quelques jours... J’aurais voulu venir te rendre visite pour te le dire, mais je craignais que tu ne prennes peur en me voyant et ne rechutes dans de mauvais souvenirs. J’espère qu’un jour tu me pardonneras mon imprudence. J’aurais dû t’accompagner à la serre cette journée-là... j’aurais dû...
Lors de ta disparition, j’ai craint le pire des jours durant. J’ai craint par-dessus tout de te retrouver inerte quelque part...
J’ai eu peur de te perdre.
Je t’ai perdu... Tu as souffert et je m’en excuse profondément.
J’ai pensé à toi tous les jours, et encore aujourd’hui. Ton visage, ton sourire, ta voix, ton regard, ton doux toucher. Tout ça me manque. Tu me manques plus que tu ne peux le croire... mais je me suis comporté comme un lâche et j’ai accepté une mission urgente sans prendre quelques minutes pour venir te dire tout ça en face.
Je suis un bien piètre parleur, tu as certainement dû le remarquer maintenant.
Ici, l’hiver s’est installé. Il fait froid et le vent s’acharne sur nos tentes. Je ne sais combien de temps je resterai ici, ni quand je pourrai revenir, mais il me tarde de te revoir et d’apprendre de ta bouche que tu vas bien maintenant...
Pardonne-moi
Je t’aime...
K.E.
Combien de fois avait-il lu et relu sa lettre en une heure ? Pourtant, la tête se penchait toute seule et ses paupières étaient devenues affreusement lourdes. N’avait-il pas quitté la tente où avaient lieu les repas pour venir se coucher ? Apparemment oui, mais au lieu de ça il veillait devant la page de son journal qu’il venait d’arracher et de rouler pour l’envoyer vers Racium dès le lendemain matin. En espérant bien sûr qu’il ne se gèle pas les ailes en chemin. Le journal refermé et rangé dans son coffre avec ses effets personnels, Kaëran poussa la chaise sous le bureau se rendit à son lit après s’être débarbouillé sommairement et se glissa sous les épaisses couvertures de son lit. À peine eut-il couché sa tête sur son oreiller qu’il quitta ce monde pour celui des rêves.
Le lendemain matin, Kaëran se réveilla à cause du vent qui feulait à l’extérieur; une tempête faisait rage. Se tirant hors de son lit, le jeune homme sentit le froid mordre sa peau et s’empressant d’allumer le petit feu sous la cuve qui réchaufferait l’eau. Il s’en retourna ensuite à son lit et s’emmitoufla dans une peau d’ours jusqu’à la tête pour se garder au chaud. C’est à ce moment qu’Emiya signala son arrivée et qu’ensuite poussa la porte pour entrer. Évidemment, elle ne put retenir un sourire lorsqu’elle vit le Lieutenant ainsi accoutré, les yeux petits et gorgés de sommeil ainsi que sa chevelure brune en bataille.
‘‘ Réveil difficile, n’est-ce pas ? ‘‘
‘‘ Je ne me les suis jamais autant gelés qu’aujourd’hui. Encore, ce ne sera certainement pas la pire des journées... ‘‘
‘‘ Tu comprends vite. J’apporte le petit-déjeuner, comme tu étais le seul à ne pas être présent dans la tente ce matin. ‘‘
‘‘ C’est si tôt ? ‘‘ Demanda t-il surpris.
‘‘ Elle est midi moins deux heures, Lieutenant Eira. Une marmotte dans son terrier ! Mais avec cette longue route que tu as parcourue, c’est tout normal de reposer, non ? ‘‘
Kaëran se massa la nuque d’embrassement et Eylis déposa le plateau-repas camouflé par un épais tissu devant la motte de fourrure qu’était le jeune homme. Il sortit tant bien que mal ses avant-bras dénudés et commença à manger alors que son adjudant ouvrait le coffre au pied du lit pour en sortir des dossiers. Elle s’asseya de biais sur le bord du lit et sortit les parchemins les plus importants.
‘‘ Comme tu le sais, les rumeurs courent sur une éventuelle guerre et nos seigneurs sont limite paranoïaque. On nous a envoyés ici pour s’assurer que les vampires ne sont pas sur le point de se rassembler pour une attaque dans le future. ‘‘
‘‘ Et jusqu’à maintenant ? ‘‘
‘‘ Rien, comme du côté des lycans et des autres races qui ne sont pas nos alliés. ‘‘ Commença t-elle. ‘‘ En somme, nous ne faisons pas grand-chose sur le terrain depuis près de deux mois. Entraînements, patrouille, repas et repos. Rien de bien éprouvant à vrai dire. ‘‘
Le Lieutenant leva les yeux sur Emiya, celle-ci lui faisant un sourire. Elle replaça sa longue chevelure par dessus son épaule droite puis étira le bras pour plonger une main dans la chevelure de Kaëran qui déglutit de mal aise.
‘‘ Cette mèche rebelle me titillait depuis un moment. Pardonne-moi. ‘‘
Ayant la bouche pleine, le jeune Eira ne rétorqua rien, préférant plutôt baisser les yeux sur son assiette. Cette femme était quelque peu... intimidante. Elle dégageait une énergie étrange, mais apaisante à la fois. Étrangement, Kaë revoyait Ayden en Emiya avec ce petit sourire enjôleur qu’elle lui lançait de temps à autre alors que pourtant, elle semblait si innocente. C’était difficile à expliquer. L’image d’Ellana se rappela à lui comme une gifle et il fronça les sourcils.
‘‘ Quelque chose ne va pas ? ‘‘
‘‘ Tout va bien. Je me suis souvenu de quelque chose, c’est tout. ‘‘ Souffla t-il entre deux bouchées. ‘‘ Pourrais-tu m’apporter un corbeau ? J’ai un message à envoyer chez les miens. ‘‘
Emiya acquiesça d’un signe de tête puis se leva d’un mouvement lent sans pour autant dévier le regard de son interlocuteur qui avait relevé les yeux vers lui.
‘‘ Je reviendrai dans une heure avec l’oiseau... l’eau de ton bain doit être suffisamment chaude maintenant. ‘‘
Ah oui ! Son bain, il était en train de l’oublier. L’adjudant lui fit un clin d’oeil, lui tourna dos et s’en alla d’une démarche plutôt... sensuelle. Pour un homme, il était plutôt difficile de dévier son regard de ces hanches fines et bien dessinées. Kaë lui, s’était retourné depuis quelques secondes déjà pour se glisser dans l’eau. Soupirant d’aise, le Lieutenant profita de la chaleur de l’eau et enfonça sa tête sous l’eau pour mouiller sa chevelure. Il se lava, s’empressa de se sécher et sauta dans des vêtements propres et chauds juste avant qu’Emiya ne revienne avec l’oiseau entre les mains. Allant chercher le message, Kaëran l’attacha solidement à la patte droite du corbeau puis ils sortirent à l’extérieur où le vent les charriait pour qu’il puisse s’envoler. Rabattant leur capuchon, les jeunes gens furent le tour du campement, Emiya pour guide et lui monteront tout ce qu’il devait voir. Quelques soldats s’activaient dans le petit espace d’entraînement alors que d’autres quittaient déjà pour se rendre en patrouille.
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Invité Invité
Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Jeu 14 Mar - 19:32
Invité Invité
Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Ven 15 Mar - 19:36
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Chapitre 4 Quand l’hiver s’installe, partie 3
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La neige s’enfonçait sous chacun de leurs pas alors que la tempête se faisait de plus en plus brusque, violente. Le vent les frappait de plein fouet, les forçant à se retourner pour lui faire dos. Respirer sans écharpe devant le nez était chose difficile avec une telle force d’air. Au lieu de ça, Emiya leva la tête vers son nouveau supérieur et d’un commun accord, allèrent se mettre à l’abri sous la tente qui servait au repas. On y servait du thé bien chaud pour les plus courageux qui osaient sortir de leurs appartements par un temps pareil. Les deux gradés prirent place à une table où se trouvaient trois autres hommes, ceux-ci détournant leur regard vers eux.
‘‘ Eh bien ! Même les mecs du Sud affrontent le froid ? ‘‘
‘‘ Contrairement à bien des gens du sud, comme vous dites, le froid ne me fait pas peur. ‘‘
‘‘ Même pas un peu ? ‘‘
‘‘ Pas une seule seconde. L’hiver recouvre aussi Racium, vous savez et non seulement la partie Nord du royaume. ‘‘
Le soldat semblait à court de mots et se contenta de sourire bêtement à son Lieutenant qui semblait amusé d’un coup. Sauf que son sourire était quelque peu forcé à vrai dire. Une seule personne pouvait le lui rendre, mais il commençait à croire plus que jamais qu’il l’avait perdue. Comme il l’avait écrit dans sa lettre, il était un lâche qui avait fui au lieu d’affronter l’obstacle qui se dressait devant lui. Peut-être n’était-il pas si fort que ça au final.
‘‘ J’ai toujours voulu visiter Racium, mais je n’ai jamais eu le courage de voyager une semaine durant pour m’y rendre. ‘‘ Commença l’homme à la droite d’Emiya. ‘‘ Je suis curieux, Lieutenant. Comment avez-vous réussi à atteindre ce grade à un si jeune âge ? Habituellement, vos semblables ont dans la quarantaine voir plus. ‘‘
‘‘ De la détermination et un proche parent qui m’y a aidé. Mon beau-père était Lieutenant avant moi. J’étais, si on peut dire cela ainsi, son écuyer. Il m’a formé, enseigné l’art des armes, je me suis durement entraîné pour y arrivé et j’ai pris sa place après un malencontreux accident qui a valu sa disparition. On disait que j’étais trop jeune et immature. Il ne restait qu’à leur prouver le contraire. ‘‘
‘‘ J’avoue que ça fait changement des vieux papy qu’on a l’habitude de voir. ‘‘
Ils ricanèrent de bon coeur, Kaëran comprit sauf qu’il reprit bien rapidement un peu plus de son sérieux lorsqu’on lui demanda:
‘‘ Les dames doivent adorer, non ? L’uniforme et la jeunesse je veux dire ‘‘
C’était plutôt embarrassant comme question, surtout que tous les yeux de ses congénaires s’étaient tous posés sur lui maintenant, ceux d’Emiya compris. Elle arborait ce petit sourire en coin et une étrange lueur brillait toute au fond de ses iris pâles.
‘‘ Je ne peux pas cacher que oui, mais je ne m’attarde pas sur la chose. Mon bras droit s’en occupe à ma place. C’est son travail en quelque sorte. Il faut dire qu’il est bien friand de la chose. ‘‘
‘‘ Vous n’en profitez même pas un peu ?! ‘‘
Kaëran secoua négativement la tête, cette façade qui le faisait parraître inébranlable toujours dressée alors qu’en fait, il ne faisait que voir et revoir les images d’Ellana dans son esprit. Il n’y avait et n’aurait qu’elle, si elle le voulait encore.
‘‘ Dans ce cas, c’est que quelqu’un t’attend déjà ? Ta copine, ou ta femme. ‘‘ Le questionna Emiya.
Le Lieutenant posa les yeux sur elle, pris au dépourvu par cette soudaine question. Il ne s’attendait pas à ce qu’on lui demande une telle chose !
‘‘ Je ... hum ... ‘‘
‘‘ L’adjudant aurait-elle touché une corde sensible ? ‘‘ Souffla avec amusement un des trois soldats, l’air taquin.
Mais Kaëran cherchait toujours quoi dire. Oui ? Ce serait mentir. Non ? Même chose... En fait, il ne savait pas ce qu’était devenu Ellana depuis qu’il était parti de Racium. Il y avait longtemps qu’il ne l’avait plus revu et les jours s’allongeaient. Son visage allait certainement devenir de plus en plus flou dans son esprit au fil du temps.
Non, il ne voulait pas ça ...
Pourtant, sa tête lui remontrait les scènes d’Ellana apeurée la première fois où il était entré dans la chambre d’ami pour la retrouver recroquevillée contre le mur, sur le lit. Il se souvenait la voir se tendre dès qu’il faisait un pas dans sa direction; elle avait peur de lui. Peur des hommes. Peur d’avoir mal de nouveau.
‘‘ Alors ? ‘‘
‘‘ ... Non ‘‘ Souffla t-il finalement.
Son coeur s’était soudainement alourdi et il se sentait mal. Un pincement douloureux. C’était comme s’il venait de trahir celle qu’il aimait plus que tout au monde. Y avait-il seulement une once de vérité dans le mot qu’il venait de prononcer ? S’il avait pu être un oiseau, peut-être aurait-il sut, mais pour le moment, tout n’était que néant total.
Comme on dit, le malheur des uns fait le bonheur des autres. C’était bien entendu le cas d’Emiya qui titillait déjà son esprit de pièges pour le coincer dans ses filets. Jamais elle n’aurait le culot de s’attaquer à un homme déjà pris. Elle avait quand même un peu de respect pour ses semblables. Certes, Eylis était une croqueuse d’hommes, mais elle prenait toujours attention à questionner ses cibles potentielles avant de les attirer jusqu’à elle. Et puis, sa beauté faisait des ravages. Elle le savait plus que quiconque et s’en servait avec aise. C’était une arme après tout, non ? M’enfin, son regard azur se tourna vers sa tasse pour prendre une gorgée de thé alors que Kaëran s’était tût. Il réfléchissait et finit son breuvage avant de se lever, s’excusant de leur fausser compagnie en prétextant qu’il avait à faire dans sa tente alors qu’en fait, il ne voulait que se retrouver seul pour se remettre les idées au clair.
Le vent l’accueillit avec violence alors qu’il rabattait le capuchon de sa cape sur sa tête pour se diriger d’un pas rapide vers ses appartements. Lorsqu’il entra, un soupir d’aise s’échappa de ses poumons en sentant la douce chaleur qui circulait sous la toile de sa tente. Une bûche fut déposée dans le feu et le Lieutenant plaça son armure sur le mannequin prévu à cet effet avant de se rendre à son bureau où il regarda les dossiers qu’avaient sortit Emiya. Mais sa concentration n’était pas au rendez-vous. Loin de là même. Kaëran alla donc chercher son journal et commença à y transcrire quelques mots avant qu’Emiya n’entre en le faisant sursauter. L’encre se déversa sur la page et il dut se redresser brusquement pour ne pas tacher ses vêtements. Le liquide noir lui, continuait son chemin sur le rebord du bureau, tombant sur la chaise pour ensuite tacher le sol recouvert d’un tapis.
‘‘ Oh pardon. Je ne voulais pas te faire peur. ‘‘
‘‘ J’avais la tête ailleurs et je ne t’ai pas entendu arriver. ‘‘
La jeune femme dévoila son visage et s’approcha de lui en souriant faiblement.
‘‘ Je suis navrée pour tout à l’heure. Ta vie privée ne me regarde pas... seulement, j’ai laissé aller ma curiosité alors que je n’aurais pas dû. ‘‘
‘‘ Ce n’est pas grave. Ce sont des choses qui arrivent à tout le monde après tout. ‘‘ Dit-il en épongeant le bureau et rangeant son journal dans un écrin, puis dans le coffre où tous ses effets personnels se trouvaient.
‘‘ Je te laisse travailler en paix et reviendrai te chercher pour le repas. ‘‘
‘‘ Ne te donne pas de mal pour ça. Je risque d’aller le chercher et le prendre dans ma tente. ‘‘
Eylis ne fit qu’acquiescer d’un signe de tête puis quitta les lieux, laissant Kaëran terminer d’essuyer l’encre. La journée s’écoula tranquillement et la tempête ne baissait nullement en intensité. Au contraire, c’était pire. La tente était secouée de gauche à droite sans arrêt et les flammes du feu vacillaient à tout moment. À la tombée du jour, le Lieutenant quitta ses appartements, emmitouflé dans sa cape, et fit un coup rapide pour revenir après avoir salué les siens qui se remplissaient l’estomac. Il mangea avec bien peu d’appétit, mais vida tout de même son assiette qu’il laissa de côté ensuite. Le jeune homme fit la lecture puis se glissa sous ses couvertures tout en fermant les paupières pour s’endormir avec difficulté. En plein milieu de la nuit, ce fut un bruit sourd qui le réveilla, suivi d’un cri aigu; Emiya. Le soldat se tira brusquement du lit, enfila ses bottes, une chemise et sa cape pour se retrouver à l’extérieur. L’adjudant rampait sous la toile pour sortir et grelottait violemment lorsque le froid mordit sa peau. Ce n’était pas une robe de nuit qui allait la garder au chaud en plein hiver. Aussi s’empressa-t-il de la couvrir de sa cape et la coller à lui pour l’entraîner jusqu’à sa tente. Emiya se cramponnait, claquant des dents tellement elle était gelée.
‘‘ Ta tente ne pourra pas être redressée cette nuit. Il faudrait attendre que la tempête cesse... ‘‘
‘‘ Je je je... brrrrrrrr... ‘‘
Un violent frisson secoua la jeune femme qui serra les doigts autour du tissu de la chemise du Lieutenant. Il fallut qu’il se rende à l’évidence et qu’il la soulève pour l’allonger dans son lit, prenant place à côté. Emiya avait les lèvres bleues et le teint bien pâle, la pauvre.
‘‘ M-m-m-m-merci, K-K-K-K-Kaëran... ‘‘
Le jeune homme garda le silence et se contenta seulement de lui donner un peu de chaleur pour ne pas qu’elle tombe malade, sans plus. Déjà qu’il était extrêmement mal à l’aise d’avoir une autre femme dans sa couche. Sauf qu’elle se colla à lui de tout son long, son visage dans son cou. Emiya frissonnait violemment et cela ne se calma qu’une heure plus tard, un coup qu’elle se fut endormie. N’osant pas bouger, Kaëran mit bien deux longues heures à se calmer pour enfin trouver le sommeil. Ou plutôt, après avoir réussi à se détacher un peu d’Eylis. Le lendemain matin, ce fut une autre histoire. Deux bras fins entouraient sa taille et un corps était collé contre son dos. Le souffle d’Emiya contre sa nuque le força à s’extirper tant bien que mal du lit pour se changer en vitesse derrière le paravent. Lorsqu’elle se réveilla, il était dos à elle en train de revêtir son armure.
‘‘ Où vas-tu ... ? ‘‘ Demanda t-elle, endormie.
‘‘ Frapper du bois. La tempête est tombée. ‘‘
Sans un mot de plus, le jeune homme quitta les lieux pour se diriger vers la cour d’entraînement. Il prit son épée et frappa sans arrêt durant de longues minutes jusqu’à ce qu’il s’essouffle. Il s’imaginait Raven, Stark et lui-même. C’était le seul moyen qu’il avait de se défouler, mais vraiment. À un moment, les soldats se massèrent dans la place et ceci incita Kaëran à se retourner vers eux.
‘‘ Le pauvre mannequin. On peut dire que vous lui avez flanqué une raclée, Lieutenant Eira. ‘‘
Le concerné se massa la nuque d’embrassement et il remit sa lame dans son fourreau, se trouvant dans son dos. L’entraînement des soldats commença alors et Kaëran ne les ménageait pas. Pourquoi le ferait-il alors que les hommes de Racium suivaient le même ? Une heure plus tard, les soldats avaient presque tous la langue à terre et Emiya vint se poster aux côtés de son supérieur en croisant les bras sur son plastron, satisfaite.
‘‘ C’est un sacré beau travail, Lieutenant. ‘‘ Dit-elle, levant le regard vers lui ‘‘ Et... merci pour cette nuit... c’était très gentil de ta part. ‘‘
‘‘ Ce n’est rien... je n’allais tout de même pas te laisser mourir de froid. ‘‘
La jeune femme ne put retenir un sourire et le contourna pour lui faire face, dégainant ses deux lames courtes. Un regard de défi se peint sur le visage d’Emiya qui se mit en position d’attaque.
‘‘ Un petit combat ? J’ai besoin de me dégourdir les jambes et ... voir ce que tu as dans le ventre. ‘‘
‘‘ Avec joie. ‘‘ Répondit-il, reprenant sa lame qu’il tenait à deux mains.
Déjà, Eylis attaquait avec acharnement et rapidité pendant que Kaëran ripostait et se défendait. Les lames s’entrechoquaient dans des tintements métalliques alors que des cris de soldats qui encourageaient l’un ou l’autre des combattants. Le tout s’annonçait être un combat mouvementé et très enrichissant. Aucun des deux ne voulait abandonner. Cela dura et dura encore. Cherchant leurs souffles, les deux jeunes gens se distancèrent pour charger et le combat se termina avec une lame devant le ventre de Kaëran et un autre sous la gorge d’Emiya.
‘‘ Beau travail, adjudant Eylis. ‘‘
‘‘ De même, Lieutenant Eira. ‘‘
Les gradés s’échangèrent un sourire complice puis partit chacun de leur côté. Un bon bain était de mise après un tel combat. Aussi Kaëran retourna-t-il dans sa tente pour réchauffer son eau puis s’y glissa une fois qu’elle commença à être fumante. C’est fou ce que ça pouvait faire du bien. Lavé, séché et reposé, Kaëran sortit de sa tente une fois vêtue chaudement et alla rejoindre tout ce beau monde dans la tente pour le repas de midi. On alla ensuite en patrouille puis on rentra pour le repas du soir. Le Lieutenant s’exila dans ses appartements directement après, ne s’étant pas douté une seconde de ce qui allait bientôt se produire.
Son armure fut installée sur le mannequin de bois sans tête puis ses bottes à son pied. Lorsqu’il se retourna, il sursauta en voyant Emiya juste derrière lui, bien silencieuse. Elle avait un étrange sourire au coin des lèvres et ... sentait affreusement bon. Pourquoi s’était-elle parfumée alors que c’était l’heure de se mettre au lit ? Kaëran arqua un sourcil, l’observant.
‘‘ Il fait bon dans ta tente. Depuis que la mienne est tombée, il fait froid... ‘‘
‘‘ Pourtant, il fait assez frisquet actuellement... ‘‘ Dit-il. ‘‘ Qu’est-ce que tu fais là ? ‘‘
‘‘ Je venais seulement... te réchauffer ? ‘‘
Le ... quoi ? Le réchauffer ? Mais il comprit bien assez tôt. Eylis n’avait eu besoin que d’enlever sa cape qu’elle laissa glisser au sol, tout comme la chemise de nuit qu’elle portait pour se retrouver dans son plus simple appareil devant lui. Bon sang... Il se sentit rougir d’un coup et détourna le regard pour le porter au ciel, mais les mains douces de la jeune femme lui baissèrent la tête pour qu’il regarde... tout. Elle le relâcha et se colla contre lui, glissant ses mains sur ses hanches pour qu’elles se faufilent sur sa peau.
‘‘ Tu es bien nerveux... Je vais t’aider à te détendre. ‘‘ Susura t-elle doucement.
‘‘ Emiya, il vaut mieux que tu partes... Tout de suite. ‘‘
‘‘ Quoi ? Laisse-moi au moins terminé ce que j’ai commencé. Tu verras, tu aimeras. ‘‘
Son coeur s’emballait alors que les mains de son adjudant se faufilaient sur son ventre qui se retrouva contre le sien. Ses muscles se contractèrent d’un coup alors qu’elle remontait jusqu’à son torse.
‘‘ Vas t-en... Tout de suite ! ‘‘ Cracha t-il enfin, lui prenant les épaules pour l’éloigner de lui.
La jeune femme sursauta, mais fronça les sourcils. Elle restait là, soutenait son regard; elle ne supportait pas qu’on refuse ses avances de la sorte et surtout pas lui.
‘‘ Tu sembles aimer ça pourtant. ‘‘
‘‘ Eylis, vas t-en. C’est un ordre. ‘‘
La concernée fit la moue et se rhabilla, le laissant seul dans sa tente. Kaëran n’en revenait tout simplement pas et posa une main devant sa bouche, l’autre en poing sur l’une de ses hanches. Il tourna sur lui-même à une reprise puis alla s’assoir sur le bord de son lit, la tête entre les mains. Un long soupir s’échappa de sa bouche puis il se laissa tomber sur le dos dans son lit. Maintenant, il comprenait clairement les intentions de son second et c’était quelque peu troublant en ce moment.
Les jours qui suivirent furent tout aussi riches en émotions. Mis à part les entraînements, les patrouilles et la rédaction de rapports, Emiya se faisait un malin plaisir à le titiller pour qu’il cède à ses avances. En un mois, elle avait certainement tout essayé: se glisser dans son lit en pleine nuit, l’attendre dans son bain flambant nue, l’attendre dans son lit sans vêtements, le toucher dès qu’il avait le dos tourné et quand personne ne les voyait. Elle avait fait son aguicheuse et ne semblait pas vouloir lâcher le morceau même si c’était peine perdue...
Il commençait sérieusement à en avoir marre et espérait que le Lieutenant Ethan allait bientôt revenir prendre ses fonctions...
Il était plus que temps...
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Ven 15 Mar - 21:30
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Sam 16 Mar - 16:56
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Chapitre 4 Quand on s’y attend le moins, partie 1
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L’attente devenait de plus en plus insupportable et l’atmosphère lui semblait lourde. Entre son adjudant qui lui faisait des avances et son esprit qui se torturait au sujet d’Ellana, Kaëran ne savait plus où donner de la tête. Il se défoulait alors sur les mannequins de bois dans la cour d’entraînement, peu importe l’heure. Jour ou nuit. C’était la seule chose qui lui permettait de garder son sang-froid, mais il priait aussi pour qu’Ethan se remette rapidement et leur revienne en pleine santé très bientôt. Emiya continuait ses petits jeux avec un peu plus de distance et ce fut ainsi jusqu’à ce que le froid de l’hiver devienne un peu moins mordant au fil des semaines. À tous les coups, la jeune femme se faisait renvoyer sous la réticence de son supérieur. Croyait-elle qu’elle l’aurait à l’usure ? Elle pouvait se foutre un doigt dans l’oeil si c’était ce qu’elle croyait.
Un soir, alors que le Lieutenant faisait son rapport de la journée, Emiya entra dans sa tente sans s’annoncer et entoura son cou de ses bras. Sa bouche se colla contre son oreille droite. L’homme tenta de se dégager, mais elle resserra un peu plus son étreinte, sans pour autant l’étouffer. Elle chuchota alors :
‘‘ Je veux savoir pourquoi tu résistes autant, Kaëran Eira. Suis-je si peu séduisante à tes yeux ? ‘‘
Kaëran posa les mains sur les poignets d’Emiya et les détacha lentement, prenant garde de ne pas lui faire mal. Elle tentait de se cramponner, mais rien à faire puisqu’il était plus fort qu’elle. Ainsi, il se leva de sa chaise et pivota pour lui faire face, la mine sévère. Eylis fronçait les sourcils et le soutenait du regard, bras croisés sur sa poitrine.
‘‘ Tu te souviens de la question que tu m’as demandée, à laquelle j’ai répondit non ? Pour dire la vérité c’était plutôt un je ne sais pas. J’ai quelqu’un dans ma vie, Emiya, mais c’est compliqué à expliquer. J’aime cette femme bien que je ne sois plus certain de ses sentiments à mon égard et tant que je ne saurai pas, personne ne s’ajoutera. Et encore. Je ne fais que penser à elle depuis mon départ de Racium. Je la vois dans ma soupe. Tu comprends ? Alors comment pourrais-je tomber dans tes filets sans sentir que je l’ai trahi? ‘‘ Il se tut un court instant pour soupirer et reprit, plus calme que jamais. ‘‘ Je te respecte, Eylis. Tu es une femme courageuse et magnifique, mais je ne suis pas le genre d’homme que tu t’efforces d’attraper seulement pour l’aspect charnel de la chose. ‘‘
Emiya avait écouté attentivement et semblait quelque peu choquée. C’était comme si une vérité venait de lui éclater au visage alors qu’elle avait toujours su au fond d’elle qu’il y avait un immense vide. Voilà, elle essayait de le combler de cette manière avec l’aide des hommes qui ne lui résistaient presque jamais. Elle baissa la tête, cachant son visage derrière cette masse de cheveux pâles. On aurait pu croire qu’elle s’était transformée en statue l’espace de quelques minutes; elle ne bougeait plus. Après quelques longues minutes de silence, Emiya releva la tête vers son supérieur et lui offrit un sourire triste, les yeux humides.
‘‘ J’aimerais qu’un jour un homme parle de moi comme tu le fais pour celle que tu réclames depuis tout ce temps. Elle a beaucoup de chance, qui qu’elle soit. ‘‘
‘‘ Reprends-toi en main, Emiya. Tu vaux mieux que ça et tu peux te rendre loin encore. Tu as beau être une femme parmi des milliers d’hommes, ils finiront par te respecter pour ce que tu es et non ce que tu sais faire en couche. ‘‘
Une première larme perla sur l’une de ses joues de porcelaine et elle l’essuya aussitôt. Grimaçant, Emiya tentait de refouler ses soeurs, mais n’y arriva pas. Elles se mirent à couler à flot sans s’interrompre et son regard pâle se posa sur le Lieutenant.
‘‘ Je ... je peux ? ‘‘
Cette fois, Kaëran acquiesça et la laissa s’approcher de lui pour la prendre dans ses bras. La pauvre éclata en sanglots aussitôt et serra les côtés de la chemise de son chef de ses doigts fins. Il y avait tant de douleur et de peine dans ce simple geste qu’il ne pouvait qu’avoir pitié d’elle.
‘‘ Tu peux parler. Ça ne pourrait que te faire du bien... ‘‘ Murmura t-il.
Emiya renifla à plusieurs reprises, hoqueta et prit finalement une grande respiration avant de se lancer dans son récit.
‘‘ Je suis enfant unique... Mon père a toujours désiré avoir un garçon et ma mère n’a jamais été en mesure de concevoir après moi. J’étais la honte de la famille. Il se moquait de moi et préférait le fils du voisin à sa propre progéniture. Un mariage a été arrangé, mais j’ai fui mon village pour enrôler l’armée. Cependant, j’ai dû me faire passer pour un homme au risque de me faire écraser, tripoter. J’ai réussi et lorsque j’eus atteint mon objectif, je me dévoilai à mes supérieurs. Mes preuves étaient faites bien qu’ils eurent été réticents. Je me suis construit une carapace, une image fausse. J’essayais de me convaincre que j’étais cette femme que tu voyais, alors que c’est totalement faux. Je veux prouver qu’une femme peut arriver aux mêmes exploits qu’un homme, mais... c’est tellement difficile ! J’ai essayé et ça ne donne rien en fin de compte... ‘‘ Elle cessa de parler et se dégagea par elle-même de Kaëran, plantant de nouveau son regard dans le sien. ‘‘ Pourtant, tu es si jeune et tu es parvenu à être gradé Lieutenant. Pourquoi ne pourrais-je pas moi aussi surprendre mon entourage ? ‘‘
Un sourire sincère se dessina sur les lèvres de Kaëran à l’écoute de ces dernières paroles. Il hocha la tête, parfaitement d’accord avec elle. Quand on voulait, on pouvait. Seulement, il fallait s’en donner la peine et ne pas baisser les bras au premier obstacle. Emiya choisit ce moment pour mettre un message dans la main droite de Kaëran qu’il n’hésita pas à lire.
‘‘ Tu pourras partir dès demain matin. Le Lieutenant Ethan sera de retour. Va retrouver cette femme avant que je ne le fasse à ta place et prend soin d’elle si tout s’arrange. ‘‘
‘‘ Merci, Emiya. ‘‘
‘‘ Non... c’est plutôt à moi de te remercier. Tu m’as permis d’ouvrir les yeux et de continuer à combattre. Maintenant, je te laisse faire tes sacs et dormir. Une longue route t’attend demain. Je viendrai te dire au revoir. ‘‘
‘‘ Bonne nuit, Eylis‘‘
‘‘ Bonne nuit, Kaëran. ‘‘
Elle souria de nouveau puis quitta la tente qui était redevenue bien calme d’un coup. C’était comme si un poids venait de s’envoler de ses épaules. Un peu plus motivé à rentrer chez lui, Kaëran commença à préparer ses sacs pour son départ. Il mit une bonne heure à tout finaliser puis se laissa enfin tomber sur le dos dans son lit pour une bonne nuit de repos où il revoyait le sourire de sa chère Ellana.
Le lendemain matin, il fut tiré hors du lit par ses frères d’armes qui lui sautèrent dessus et Emiya regardait la scène un peu plus loin derrière en riant. Un peu confus, Kaëran ne put que ricaner à son tour et alla préparer son cheval à l’extérieur une fois que sa tente eut été vidée de ses effets personnels. Les derniers sacs dans les sacoches du cheval, Kaëran se retourna vers ses congénères qui arboraient une mine piteuse.
‘‘ Venez là que je vous serre dans mes bras ! ‘‘
Le Lieutenant eut droit à une câlin collectif remplit de claques dans le dos puis Emiya fit le sien à son tour. Elle posa ses mains sur les joues du jeune homme et lui dit:
‘‘ Prends soin de toi, mon ami. Faire ta connaissance m’a fait réaliser une tonne de choses. ‘‘
‘‘ Si jamais tu as besoin d’aide pour grimper les échelons, passe me voir à Racium. Je suis certain que tu pourras trouver ce que tu cherches. ‘‘
‘‘ J’y songerai sérieusement, histoire de voir si tu t’occupes bien de ta douce. Allez, pars maintenant avant que je ne change d’avis. ‘‘
Kaëran eut un sourire en coin et lui ébouriffa les cheveux d’une main avant de se mettre en selle. Il salua tout les hommes, y compris le Lieutenant Ethan qui arriva aux pas de course, puis il quitta les lieux aux galops. Se retrouver seul sur la route après plusieurs mois lui faisait étrange. La neige fondait considérablement par endroits avec la chaleur du soleil. Le printemps était là après une difficile saison de froid et de blanc. La nuit, le jeune homme campait dans la forêt et ne dormait que quelques heures avant de se remettre en route. Cela dura trois jours avant qu’il ne parvienne à un Y qui indiquait deux directions : Racium et Orthank. La nuit commençait à tomber, il avait envie d’un repas bien chaud et d’un lit confortable alors... Donnant un coup sur les rennes, le Lieutenant prit le chemin de la bourgade qui n’était qu’à une vingtaine du croisé de chemin. Une fois sur les lieux, il sauta en bas de son cheval et l’attacha solidement devant l’auberge où il alla se réserver une chambre pour la nuit. Sortant sa bourse pour payer, il demanda alors:
‘‘ Y a-t-il une écurie où je pourrais abriter ma monture ? ‘‘
‘‘ Continuez à votre droit et ce sera juste à côté de la forge, mon cher. ‘‘
‘‘ Merci bien. ‘‘
‘‘ Passez un agréable séjour. ‘‘
Si seulement il savait.
Retournant à l’extérieur, le jeune soldat prit ses sacs, les monta à sa chambre puis ressortit pour aller conduire son étalon à l’écurie pour qu’il puisse bien se reposer lui aussi. Après tout, il le méritait amplement. Ainsi, il avait passé devant la taverne, le bordel et quelques boutiques sans y porter attention. Sur les lieux, le garçon d’écurie prit le cheval par la bride, reçut les daris du Lieutenant pour le logement et le remercia. Maintenant, il était temps de casser la croute, car son ventre criait famine et ça devenait insupportable avec toutes ces bonnes odeurs dans l’air. Revenant sur ses pas, il entendit un sifflement alors qu’il repassait devant la maison close. Lorsqu’il tourna les yeux pour voir de quoi il s’agissait, une putain commençait à se trémousser et lui faire un clin d’oeil. Sauf que ce fut la guerre avec deux autres de ses congénères. Le Lieutenant arqua un sourcil puis allait passer son chemin lorsqu’il sentit son coeur rater un battement. Envahi de sueur froide, Kaëran s’approcha un peu plus d’une des femmes qui lui semblait drôlement familière. Non... c’était ... impossible ! Ce devait être un sosie ? Pourquoi se trouverait-elle dans un tel lieu, à deux ou trois jours de chevauchée de Racium ? Ses pas se firent de plus en plus près alors qu’il ignorait les commentaires aguichants des autres femmes qui se bousculaient un peu. C’est alors qu’un homme le devança et se planta juste devant lui pour cacher la femme à sa vue. Faisant preuve d’une certaine impatience, Kaëran posa une main sur son épaule et le poussa doucement sur le côté.
‘‘ Pardon, mais j’ai besoin de parler avec cette demoiselle. ‘‘
‘‘ Quoi ? S’moi qui l’ai vu le premier alors dégage. Il y en a d’autre qui te reluque de toute façon. T’as l’choix ! ‘‘
‘‘ C’est à elle que je dois parler, monsieur. ‘‘ Cracha t-il d’un air sévère.
L’homme fut soudainement intimidé en voyant l’armure camouflée sous la cape et recula de quelques pas. Non sans lancer un regard noir au Lieutenant. Lui, se retourna vers le sosie d’Ellana, prit son menton entre son index et le pouce droit pour lui redresser la tête.
Il blêmit d’un coup et ne put la relâcher après avoir croisé son regard bicolore. C’était... c’était elle ?! Mais qu’est-ce qu’elle faisait là, ici, et toute seule ?! Eiriel et Dorguan ne l’avaient certainement pas mis dehors ? Non, impossible ! Avait-elle fui? Sans prévenir, le jeune homme lui prit le poignet gauche et l’entraîna avec lui dans un coin tranquille.
‘‘ Ellana... ? ‘‘ Souffla t-il, abasourdi. ‘‘ Qu’est-ce que... qu’est-ce que tu fais ici ?! ‘‘
Lui qui croyait qu’elle était à Racium avec la paysanne et le forgeron ! Il s’était préparé mentalement à les revoir tous les trois en même temps, mais voilà qu’il tombait sur Ellana en plein milieu de nulle part et par hasard. Ses mains se posèrent inconsciemment sur les joues pâles de la jeune femme, frissonnant à ce contact.
Ça faisait si longtemps...
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Sam 16 Mar - 18:15
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Sam 16 Mar - 19:57
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Chapitre 4 Quand on s’y attend le moins, partie 2
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C’était bel et bien elle. Aucun doute là dessus. Il reconnaissait chacun des traits de son visage en passant de ses lèvres à ce regard qui l'hypnotisait à tous les coups. Mais ce même regard était mort. Comme le sien. Mais depuis qu’ils se retrouvaient l’un en face de l’autre, cette petite lueur recommençait à prendre forme. Ellana ne réagissait pas, pétrifiée sur place comme si elle avait vu un fantôme du passé resurgir ce soir-là. Kaëran fronça donc légèrement les sourcils et reprit:
‘‘ Ellana ? ‘‘
Là elle sembla sortir de ses songes pour revenir sur la terre ferme. Sa poitrine se souleva alors qu’elle prenait une profonde inspiration. Sa gorge fut raclée puis ses lèvres se mirent à remuer avant que sa bouche ne s’ouvre pour laisser échapper cette voix qui lui avait tant manqué. Mais elle était enrouée, douloureuse à entendre alors qu'elle avait toujours été douce et mielleuse. Elle transportait tant de souffrance que ce fut difficile pour le Lieutenant de l’entendre après tout ce temps. Sa gorge se serra dès qu’elle eut dit :
‘‘ Kaëran ? Je…je fais ce…ce à quoi je suis destinée… ‘‘
Il fut choqué d’une telle réponse. Mais qu’est-ce qu’elle lui chantait là ?
‘‘ Non, je suis le Roi de Racium... qu’est-ce que tu crois ? ‘‘ Lança t-il en soupirant avant de reprendre un peu plus calmement. ‘‘ Et comment ce à quoi tu es destinée ? Qui t’a mis ces idées dans la tête ? Il suffit que je m’absente trois mois pour qu’on te lave le cerveau ! ‘‘
Encore une fois, c’était de sa faute si les évènements avaient pris une telle tournure. S’il avait refusé la mission de remplacement, peut-être qu’Ellana ne se serait pas retrouvé dans ce trou à rat à jouer les catins dans la rue avec ces putains qui sifflaient après tous les passants de sexe masculin, accompagnés ou non d’une femme. Il détacha alors ses mains du visage d’Ellana pour se masser la nuque et lever les yeux vers le ciel un instant puis reporta de nouveau son attention sur elle.
‘‘ J’ai…je mérite…ça…je…je t’ai chassé de chez toi…tu as tellement souffert par ma faute…ce n’est que justice… ‘‘
Justice ?! Mais qu’est-ce qui était justice ?! Qu’elle termine ses jours en tant qu’objet sexuel ? Elle divaguait ou quoi ? Le regard vairon du Lieutenant ne dévia de celui de la jeune femme qu’après un long moment de silence. C’est donc lorsqu’il baissa les yeux que le contact visuel fut rompu et un second soupir s’échappa de ses poumons. Ne comprenait-elle pas qu’il s’était lui-même chassé de chez lui en quittant ainsi Racium ? La cause de son départ n’était pas elle...
‘‘ Ellana... je suis parti de ma propre volonté. Tu ne m’as nullement chassé... voyons. ‘‘ Dit-il, sans plus d’explications pour l’heure, car ce n’était ni l’endroit, ni le moment pour ça.
Au lieu de ça, il reposa ses mains sur ses joues et les caressa doucement de ses pouces. Ellana semblait si déboussolée, si perdue. Ses yeux étaient humides, mais les larmes s’obstinaient tant bien que mal à rester là, derrière ses paupières. Kaëran fut dépité en la voyant dans un tel état et ne put se retenir plus longtemps. Il devait la sentir contre lui, comprendre qu’elle était réellement là, devant lui, en chair et en os. Il devait la consoler. Doucement, le Lieutenant glissa une main derrière sa tête, l’autre dans son dos et la colla à lui pour ensuite l’emprisonner dans ses bras. Seulement la sentir là, contre lui, lui faisait un bien monstre puisqu’elle lui avait manqué.
C’est alors qu’il la sentit hoqueter. Ellana tremblait contre lui et les larmes coulaient comme un torrent sur ses joues pâles, percutant de temps à autre l’acier de l’armure qu’il portait toujours. La pauvre était en sanglot et ça la tuait de ne pas trouver les bons mots pour la réconforter, pour lui permettre de sourire de nouveau.
‘‘ Je suis désolée…Kaëran…j’ai tout brisé…j’ai tout gâché…pardonne-moi…je t’en prie… ‘‘ Balbutia t-elle en tentant de se calmer.
La pardonner pour quoi ? Elle n’avait rien fait mise à part tenter de se protéger. Elle avait été violée après tout et il ne savait pas à quel degré, bien qu’il se doutait que Raven y était certainement allé de main forte à voir les contusions et les rougeurs qui recouvraient son corps lorsqu’il l’avait trouvé ce fameux soir d’anniversaire, dans la même ruelle où on l'avait tabassé. Resserrant davantage son étreinte, Kaëran accota sa tête contre la sienne et ferma les yeux. Il patientait, la laissait déballer ses ressentiments et sa douleur dans ces larmes qui assaillait son si beau visage. Après un moment, le Lieutenant se détacha d’elle et essuya ses joues humides délicatement, replaçant quelques mèches de ses cheveux derrière ses oreilles.
‘‘ Tu n’as rien brisé, ni gâché. Je ne te pardonnerai pas parce que tu n’as rien à te faire pardonner, Ellana. Ce qui est arrivé, tu ne l’as pas cherché. Tu as tenté de faire ce que tu as cru bon avec ce que tu savais... j’aurais dû resté à tes côtés jusqu’à ce que tu te relèves, mais au lieu de ça, j’ai fui comme un bon à rien à l’autre bout du royaume sur un coup de tête et sans prévenir personne. J’aurais dû aussi laisser un message à ton intention... je me rends compte que je t’ai abandonné alors que je ne l’ai jamais voulu... ‘‘
Ses mains étaient bouillantes, son coeur battait la chamade à la seule vue de la couturière, à son contact. Parler aussi ouvertement lui était difficile, mais il devait le faire. C'est là qu’il entendit des bruits de pas venir dans leur direction et une silhouette se dessina au bout de la ruelle.
‘‘ Tu as du travail, cesses de batifoler dans ce trou alors qu’il y a des chambres prévu à cet effet ! ‘‘ Cria une des filles d’un ton cinglant.
Les deux jeunes gens avaient détourné le regard en même temps pour ensuite replonger dans le regard l’un de l’autre. Que faire ? Kaëran n’avait pas envie d’attirer des problèmes à Ellana alors qu’il était un pur étranger dans cette ville, mais il était aussi hors de question qu’il la laisse retourner dans ce bordel infect. Donc au lieu de revenir sur leurs pas, le Lieutenant l’entraîna avec lui après l’avoir recouverte de sa cape pour qu’elle cache ses attributs féminins. Il l’entraîna vers l’auberge en lui tirant le capuchon sur la tête et l’amena à la chambre où il avait l’intention de loger cette nuit seulement avant de repartir à Racium le lendemain matin. Se retournant vers elle quand la porte fut fermée et verrouillée, Kaëran dévoila le visage d'Ellana et ce fut plus fort que lui...
Il l’embrassa.
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Sam 16 Mar - 21:39
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Dim 17 Mar - 1:27
Ce coup de tête ci avait certainement été le plus bénéfique jusqu’à maintenant. Le seul aussi qui n’engendrait pas d’effet destructeur à vrai dire. C’était un besoin qui était devenu vital l’espace d’une seconde. Un besoin qui lui avait permis d’enfin réaliser que la couturière était là, avec lui, dans cette auberge de la bourgade d’Orthank. Étrangement, il n’avait guère craint se faire repousser par Ellana lorsqu’il eut posé ses lèvres sur les siennes. C’était une sensation qui était difficile à expliquer verbalement. Une intuition peut-être ? M’enfin. Une chose était certaine, la jeune femme répondait à son geste avec une passion non dissimulée. Un second poids s’envola des épaules de Kaëran qui se sentit soudainement beaucoup plus léger. Il se retrouvait enfin, s’apaisait après ces mois qui paraissaient être une éternité.
Les mains frêles d’Ellana se posèrent sur lui pendant que celle du Lieutenant fit de même, mais sur les hanches de celle-ci, l’approchant un peu plus. Les larmes recommencèrent à couler sur les joues de la jeune femme, frôlant par moment sa peau. Lui comme elle ne voulait plus se détacher l’un de l’autre après ces retrouvailles pour le moins... inattendues. Jamais il n’aurait pensé retrouver Ellana lors de son voyage de retour et surtout pas au milieu de sa route. Ce fut elle qui se détacha la première, collant leur front l’un contre l’autre pour garder cette proximité entre leurs regards. Elle avait le souffle court et ses yeux brillaient tant.
‘‘ Tu m’as tellement manqué, Kaëran…je priais…pour que tu sois heureux…que tu m’ais oubliée… ‘‘
Ses sourcils se froncèrent et il déglutit. Comment pouvait-il l’oublier alors qu’il tenait à elle comme à la prunelle de ses yeux ? Ne lui avait-il pas déjà dit, ça ? Le jeune homme n’eut cependant pas le temps de répondre qu’Ellana continua, caressant tendrement ses lèvres d’un pouce.
‘‘ J’étais persuadée que tu étais parti par ma faute…parce que…j’ai été trop lente à vouloir te parler…j’ai cru que j’avais éteint tes sentiments pour moi et…je t’ai tellement fait mal Kaëran…je n’ai pas voulu rester profiter de ta famille alors que je t’en avais éloigné… ‘‘
‘‘ Ellana... ‘‘ Souffla t-il dans un murmure.
Son visage passa alors sous les caresses d’Ellana qui détaillait chacun de ses traits comme si elle était aveugle. Des frissons lui traversaient la colonne vertébrale toute entière pour terminer à la base de sa nuque. Ses paupières se fermèrent d’aise et Kaëran ne put que savourer ce contact pour le peu de temps qu’il dura, car après quelques minutes, une main douce alla se coincer dans l’une des sienne. Ses doigts se refermèrent autour et le Lieutenant se laissa entraîner vers le lit où Ellana s’asseya, l’incitant à faire de même.
‘‘ Mais…je ne peux pas partir…Nolan ne voudra pas et…je ne veux pas qu’il te fasse du mal…aucune fille ne…part…vivante…Kaëran… ‘‘
Le jeune homme n’eut le temps que de froncer les sourcils. Qui était ce Nolan ? Le mec qui obligeait Ellana à se prostituer comme une catin dans la rue seulement pour s’en mettre plein les poches ? Allant ouvrir la bouche, il se stoppa dans son élan pour la questionner alors qu’elle se collait contre lui. Son coeur n’avait cessé de s’emballer depuis qu’elle était là.
‘‘ Et toi ? Où étais-tu ? Enfin, si tu veux me le dire… ‘‘ Demanda t-elle dans un murmure.
Kaëran déposa un baiser sur son front, son bout de nez et ses lèvres avant de se lancer dans son récit sans queue ni tête. Dans sa mission de remplacement. Mais d’abord, il devait se débarrasser de son armure et filer se laver puisqu’il en aurait pour un moment à discuter avec elle. De plus, il voulait savoir ce qui perturbait tant Ellana en ce qui concernait le bordel et Nolan. Il voulait savoir pourquoi une putain ne pouvait quitter cet endroit vivante...
‘‘ Si tu me laisses quelques minutes, je te dirai tout. Du début à la fin. ‘‘ Dit-il en lui volant un second baiser. ‘‘ Tu as le droit de savoir après tout... ‘‘
Pour la première fois en plusieurs mois, un vrai sourire se dessina sur les lèvres du Lieutenant qui caressa la joue de sa douce avant de se détacher d’elle. Se redressant sur ses jambes, il se débarrassa de son armure qu’il posa dans un coin de la pièce et laissa son épée à la verticale contre le mur juste à côté du lit. De son sac de voyage, il sortit des vêtements propres puis fila dans la salle de bain qui était assez petite. Kaëran se lava bien rapidement puis enfila son pantalon et ressortit en essuyant sa chevelure d’une serviette qu’il laissa sur ses épaules nues avant de reprendre place devant la couturière qui avait attendu avec grande patience. Après avoir soupiré, le Lieutenant lui prit les mains et croisa ses doigts entre les siens, la tête basse.
‘‘ J’étais à une semaine de chevauchée de Racium, près des montagnes et de Temian. Un Lieutenant est tombé malade et j’ai dû partir d’urgence pour le remplacer durant les trois derniers mois. Je croyais m’en tirer pour 2 ou 3 semaines maximum, mais je me suis trompé. C’était un campement d’une centaine d’hommes qui s’assuraient que la paix perdurait toujours dans ce coin du royaume. ‘‘ Commença t-il avant de de lancer dans les explications un peu plus sérieuses. ‘‘ Ellana... je suis parti, car j’ai cru que tu ne voudrais plus me revoir. J’avais tant voulu t’aider alors que semblait si apeurée. Je ne venais pas chez Eiriel au risque de te voir terrorisé de nouveau. Je me faisais un sang d’encre pour toi et pourtant, je suis parti sans un mot. Même Ayden n’était pas au courant. Personne mis à part mon supérieur. Tout ce que j’espérais était que tu te portais bien et qu’à mon retour, tu puisses me pardonner mes erreurs... ‘‘
Il baissa légèrement la tête et voulut en venir à Emiya. Il n’était quand même pas pour lui cacher une telle chose ? Son regard rencontra de nouveau le sien et Kaëran caressa le visage d’Ellana doucement, son pouce s’arrêtant sur ses lèvres vermeilles.
‘‘ Au campement, il y avait une femme aussi jeune que toi. Le bras droit du Lieutenant Ethan... Elle m’a fait des avances, mais je ne cessais de penser à toi. Il ne fallait pas que j’oublie ton visage. Il ne s’est rien passé, car je ne le voulais pas. ‘‘ Dit-il pour la rassurer bien qu'il voyait de l'inquiétude dans son regard.
Il se tut et soupira de nouveau, lui offrant un faible sourire en coin.
‘‘ Je tiens à toi, plus que tu ne sembles le croire. Je t’aime, Ellana, et ça ne changera pas... Je vais te ramener à la maison. Jamais plus je ne te laisserai derrière, seule. Je veux m’occuper de toi, t’apprendre de nouvelles choses... te revoir sourire. ‘‘ Termina t-il dans un murmure avant de la serrer contre lui.
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Dim 17 Mar - 10:52
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Dim 17 Mar - 17:36
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Chapitre 4 Quand on s’y attend le moins, partie 5
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Il sentait les larmes d’Ellana rouler sur ses joues alors qu’elle était blottie là, contre lui. L’une de ses mains essuyait le chemin qu’elles se frayaient sur cette peau pâle, mais si douce. Il s’agissait là d’une peine retenue pendant des mois durant. Une peine qui n’attendait qu’à être enfin libérée de son fardeau. Mais les paroles du jeune homme ne semblaient guère avoir rassurées la couturière qui, au contraire, était paniquée plus qu’autre chose. D’un mouvement lent, à contre-coeur, Ellana s’était détaché de lui et avait relevé la tête pour croiser son regard. Une voix douce empreinte d’une certaine inquiétude sortie de sa bouche.
‘‘ Tu ne peux pas me ramener, Kaëran. Même si je le souhaite plus que tout, je ne peux pas. Nolan ne nous lâche pas. Les filles qui désobéissent sont jetées dehors et retrouvées mortes au fond d’une ruelle…il est redoutable et n’hésitera pas à te tuer. Et…je ne le veux pas. Je ne veux pas que tu disparaisses, Kaëran… ‘‘ Dit-elle, baissant ensuite la tête. ‘‘ Au matin, je devrais y retourner…Maria m’a vue avec toi, elle va tout dire à Nolan…il va être en colère parce que je n’ai pas rapporté d’argent…il gagne bien plus grâce à moi… ‘‘
‘‘ Hors de question que je te laisse croupir ici, Ellana. ‘‘
Sa décision était prise et une marche arrière n'était plus possible désormais. Le Lieutenant repartirait avec elle, que ce Nolan le veuille ou non. Ellana n’était pas sa possession et n’était pas non plus un objet qui pouvait satisfaire le moindre de ses désirs. Elle était une personne à part entière comme lui et tous les autres citoyens de cette bourgade. Seulement, elle connaissait tellement peu de la vie qu’elle était facile à duper. Peu importe ce qu’il devrait faire pour la ramener, le soldat le ferait. Même s'il devait y laisser sa propre vie pour la mettre en sécurité. Mais une chose était claire comme de l’eau de roche: elle ne retournera plus jamais dans ce bordel tant qu’il aurait encore un seul souffle de vie.
‘‘ C’est pour ton bien…je ne veux plus te faire souffrir…je t’aime, Kaëran…je n’ai jamais cessé de t’aimer. De te réclamer. Même chez Eiriel. Sauf qu’à ce moment-là je n’avais pas le courage ou la force de venir auprès de toi. J’avais peur que tu sois dégoûté… ‘‘
Ellana croyait qu’elle l’avait fait souffrir à ce point ? Bien sûr que non ! Il se rongeait les sangs à toute heure de la journée ou la nuit, se souciait de son bien-être à elle. Il avait mal pour ET avec elle. Il avait souffert de la voir ainsi détruite lorsqu’elle eut repris conscience après l’épisode de sa découverte dans la fameuse ruelle. Kaëran voulut parler, mais un bruit attira son attention. Son regard se posa lentement sur la porte de la petite pièce et il fronça les sourcils. Qu’est-ce qui se passait d’un coup ? Ellana ne mit que quelques secondes avant de se redresser et se poster devant lui. C’est alors que la porte s’ouvrit et que la faible lumière projetée dans le couloir découvrit des silhouettes noires dans l’embrasure de celle-ci. Le Lieutenant se leva à son tour, ne devinant pas tout de suite qu’il s’agissait là du bourreau de sa douce. Deux grands hommes assez musclés étaient entrés, suivirent de cette femme qu’ils avaient vue alors que lui et Ellana conversaient dans une ruelle assez étroite, à l’abri des passants. Puis il y eut cet autre homme. Des cheveux poivre et sel ornaient sa tête et étaient plutôt bien entretenus pour un propriétaire de catins. Ses yeux sombres étaient perçants, une lueur malfaisante y brillant. Plus grand et plus costaud que Kaëran, cet homme était assez... intimidant. Surtout par l'aura qu'il dégageait.
‘‘ Le bordel n’est plus à la hauteur de tes espérances que tu viennes le faire dans une chambre d’hôtel, sale pute ? ‘‘
‘‘ Je… ‘‘
‘‘ Tais-toi. Tu as désobéi, Ellana. Une putain ne doit pas s’éloigner du bordel, tu te souviens ? Et en plus, je te retrouve en train…de parler. Une putain ne parle pas, elle baise. ‘‘
Le sang se mit à bouillir aussitôt dans les veines du Lieutenant. Il y avait longtemps qu’il n’avait pas vu d’individu de ce genre. Dégrader les autres pour se remonter et se sentir supérieur. Le pire dans tout ça, c’est qu’ils étaient tous trop lâches pour agir seuls. Ils avaient toujours besoin de gens autour d’eux et ces gros lourdauds qui les encerclaient maintenant, lui et Ellana, en étaient la preuve. La jeune femme prit la parole d’une voix quelque peu paniquée, parlant à cet homme ou plutôt... ce chien.
‘‘ Ne lui fais rien. Je ferais ce que tu veux, mais ne lui fais rien, je t’en prie… ‘‘
‘‘ Ellana ! Ne dis pas de bêtises ! ‘‘ Murmura t-il alors que Nolan s’avançait.
‘‘ Ne rien lui faire ? Pour que tu espères t’en sortir un jour ? Non…s’il disparaît, tes espoirs s’envoleront. Et tu resteras une putain bien sage. ‘‘
Est-ce qu’il avait bien entendu le mot disparaitre ? Kaëran n’eut le temps que d’en prendre conscience qu’on le prit par les bras pour le plaquer brusquement sur le lit, l’attachant aux poignets. Il avait beau se démener comme un damné, rien à faire. Ces hommes étaient drôlement forts. Il avait l’air d’un asticot à côté d’eux. Son esprit se mit à réfléchir et ses yeux cherchaient une échappatoire quelconque. Son épée était juste là, à un mètre de sa main droite et pourtant si loin. Jamais il ne pourrait réussir à l’empoigner et avec les hommes de main de Nolan, il était difficile de faire autrement que de rester sage. Ellana tourna les yeux vers lui, la détresse se lisant tout au fond alors qu’elle aussi cherchait une solution à leur problème; ils étaient coincés. Fait comme des rats.
‘‘ Maria… montre-lui ce qu’est une bonne pute. Ce sera son dernier plaisir avant de mourir. Et toi, tu vas tout regarder sagement n’est-ce pas? Regarder et me donner du plaisir une fois qu’il sera mort. ‘‘
Il fallait qu’il trouve quelque chose au plus vite... VITE ! Ellana avait tout de même une lame sous la gorge et une putain s’approchait un peu trop de lui avec un sourire mesquin tout simplement dégoûtant. La catin ne mit pas bien longtemps à s’asseoir sur son bas ventre et porter ses doigts fins à sa ceinture. Le Lieutenant fronça les sourcils et courba le dos vers l’intérieur pour la repousser avec ses jambes, mais les hommes eurent vite compris et lui tinrent les chevilles pour qu’il restât bien sage et se laisse faire.
‘‘ NON ! ‘‘
La prénommée Maria se fit pousser sur le côté et tombant malencontreusement en bas du lit dans un bruit sourd. Les deux hommes tenaient toujours les chevilles de Kaëran qui soupirait imperceptiblement de soulagement.
‘‘ Ne le touche pas ! Ne lui faites rien ! S’il vous plaît… ‘‘
‘‘ Tu ne veux pas que ce soit Maria qui lui donne son dernier plaisir avant la mort ? Très bien. Fais-le toi-même alors. Nous allons regarder avec beaucoup d’attention. Oh…tu lui donnes son plaisir, tu le baises comme il faut, mais ensuite…tu le tues. ‘‘
Tout comme Ellana, Kaëran fut surpris d’un tel ordre. Jamais la jeune femme ne parviendrait pas à faire une telle chose même si elle y était forcée. C’était une personne qui ne pouvait faire de mal à un être vivant, animal ou humain alors comment pourrait-elle s’efforcer de lui enlever la vie, à lui ? La tête du Lieutenant était en train de tourner en bourrique lorsqu’une idée de génie lui vint en tête. Soit ça passait, soit ça cassait. Il fallait maintenant tenter le tout pour le tout. Il suivit donc Ellana des yeux alors qu’elle grimpait sur le lit, se positionnant sur lui comme Maria quelques minutes plus tôt.
‘‘ Dépêche-toi, on n’a pas toute la nuit. ‘‘
Son regard bleuté tacheté de vert se posa dans celui de sa douce. Il lui fit un faible sourire en coin malgré la situation, car il fallait s’en dire que ce n’était pas agréable du tout.
‘‘ Ça va aller... ‘‘ Murmura t-il.
Voyant qu’il s’était calmé et qu’il ne ferait certainement pas de mal à sa bien-aimée, les deux grands hommes lâchèrent ses chevilles sans pour autant s’éloigner de la place. Kaëran attendit qu’Ellana approche son visage de son cou puis approchât sa bouche de son oreille afin de lui chuchoter :
‘‘ Écoute-moi attentivement et continue. Il ne faut pas qu’ils se doutent de quelque chose. ‘‘ Commença t-il. ‘‘ Tu vas devoir mettre tes leçons de combat à l’oeuvre... sinon c’est peine perdue. ‘‘
C’était ridicule vu les circonstances, mais les lèvres d’Ellana contre la peau de son cou le faisaient frissonner à chaque fois, le déconcentrant un peu. Il reprit de la contenance et poursuivit :
‘‘ Dans ma botte de droite, il y a une dague. Tu dois la prendre et la planter dans l’épaule de l’homme de main le plus proche et ensuite couper ces cordes. Je pourrai t’aider par la suite. ‘‘
Ellana croisa son regard l’espace de quelques secondes, camouflé par ses longs cheveux noir de jais. Elle avait peu de confiance en elle-même, mais lui croyait en elle plus que jamais qu'auparavant. Il savait qu’elle en était capable et saurait puiser suffisamment de courage pour accomplir cette tâche. Répondant par l’affirmative, signe qu’elle avait bien compris, il sentit la main de la couturière caresser son bras en partant de l’épaule jusqu’aux doigts afin de s’apprêter à prendre l’arme cachée. Dès qu’elle l’eut prit, les hommes tressaillirent et voulurent la maîtriser. Kaëran leva les jambes de chaque côté d’Ellana et en repoussa un d’un violent coup de pied sous la mâchoire pendant que l’autre hurlait sa douleur en tenant son avant-bras ensanglanté. La lame coupa la corde qui le tenait prisonnier puis vivement, le soldat mit une main sur le ventre d’Ellana pour la repousser derrière lui.
Ils étaient acculés dans un coin. Sans moyen de fuir et pour seule arme, une dague que tenait Ellana d’une main tremblante.
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Dernière édition par Kaëran Eira le Dim 17 Mar - 23:03, édité 2 fois
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Dim 17 Mar - 19:12
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Lun 18 Mar - 2:07
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Chapitre 4 En cavale, partie 1
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‘‘ Que croyais-tu faire là hein ? Tu n’as aucune chance de t’en sortir vivant. ‘‘
‘‘ Merci de me le rappeler. Je n’avais pas remarqué... ‘‘ Cracha Kaëran.
Il ne regardait que Nolan qui en faisait de même, un rictus mauvais peint sur ses lèvres. Peut-être attendait-il qu’il lâche prise et abdique sans un mot ? Qu’il lui livre Ellana sur un plateau d’argent ? Il pouvait bien aller se faire foutre cet enfoiré. Nolan n’avait l’avantage qu’à cause du nombre et ce n’était que pour cela que Kaëran ne tentait pas de folie au risque de les mettre, lui et la couturière, dans l’embarras. Un des hommes de main jura à l’intention de sa protégée et le Lieutenant regarda la scène du coin de l’oeil, prêt à bondir si l’un d’eux osait s’approcher. C’est alors que des bruits se firent entendre dans le couloir et la porte se claqua brusquement contre le mur du fond. L’aubergiste se trouvait là, quelque peu essoufflé, mais furibond en voyant une telle scène dans son établissement.
‘‘ Qu’est-ce que vous fichez ici ?! Ouste ! J’appelle les gardes ! ‘‘ Cracha t-il alors que Nolan s’approchait de lui.
‘‘ Voyons…ne sois pas stupide. Sans moi tu n’aurais pas autant de clients. Me dénoncer reviendrait à couler ton auberge… ‘‘
Cet espèce de manipulateur.... Kaëran ferma les poings si forts qu’ils devinrent blancs. L’aubergiste n’était certainement pas aussi imbécile que le croyait Nolan ! Enfin, c’est ce qu'espérait Kaëran, mais à la vue de l’air qu’arborait le propriétaire des lieux, le soldat sut que les paroles du marchand de plaisir charnel ne l’avaient en rien atteintes. Il bomba plutôt le torse et cracha d’une voix forte et cinglante:
‘‘ Je m’en fiche ! Déguerpissez de mon auberge ! Va continuer tes saloperies ailleurs, Nolan ! Laisse mes clients tranquilles ! ‘‘
Tous les individus de cette pièce restèrent bouche bée l’espace de quelques secondes, mais Nolan ne semblait pas ébranlé par une telle réaction. Il se contenta plutôt de rétorquer qu’Ellana lui appartenait et qu’il ne quitterait pas l’auberge tant qu’elle ne le suivrait pas. Cependant, il était hors de question qu’elle le suive. Kaëran n’avait pas manqué de sentir du mouvement derrière lui et il agrippa fermement la jeune femme aux bras pour l’empêcher de faire un pas de plus vers ce chien.
‘‘ Elle est avec l’un de mes clients. Tu n’as plus aucun droit sur elle ! Dégage ! ‘‘
Ils s’exécutèrent tous, excepté le Lieutenant et la couturière qui semblaient se détendre maintenant que la menace qui pesait sur eux s’atténuait. L’étreinte sur la jeune femme fut enlevée et il la laissa se poster à ses côtés. Kaëran chercha donc sa main droite et y entrecroisa les doigts. La pauvre tremblait encore, sous le choc des évènements. Mais Nolan se retourna vers eux à la dernière seconde, les pointant du doigt avec un air malveillant après avoir conféré des menaces à leur sauveur.
‘‘ Vous n’irez pas loin…Je te retrouverais sale pute, et je te ferais regretter d’être née ! Et toi le pouilleux je t’éviscèrerais et te ferais manger ce qui fait de toi un homme pour m’avoir voler cette pute ! ‘‘
Kaëran fronça les sourcils. Bah oui, comme si ces paroles allaient lui faire peur. Il se détendit une fois seulement que Nolan et ses hommes eussent disparu dans le couloir et que la porte du rez-de-chaussée claquât si fort que des cris de sursaut se firent entendre. Un soupir de soulagement s’échappa de la bouche du jeune homme qui tourna les yeux vers l’aubergiste qui fit de même.
‘‘ Veuillez m’excuser…je ne supporte pas cet homme. J’ai pitié des filles quand je les vois chaque soir… ‘‘ Dit-il, s’approchant d’eux. ‘‘ Je te regarde chaque soir depuis trois mois, ma belle. À chaque fois j’en ai eu le cœur lourd. Mais je ne pouvais rien faire…jusqu’à ce soir. ‘‘
Le Lieutenant prit son épée que l’homme âgé de la quarantaine lui tendait, le remerciant d’un signe de tête.
‘‘ Tenez. Préparez-vous et rejoignez-moi en bas. Je vais vous faire sortir de la ville sans que Nolan ne le sache. ‘‘
Il allait en plus les aider à fuir d’Orthank ? Mais pourquoi en faisait-il autant pour de simples inconnus ? Alors que l’aubergiste s’éloignait, Ellana fit quelques pas et s’empressa de le questionner, le prévenir. Son interlocuteur était extrêmement calme et se tourna de côté pour pouvoir regarder la jeune femme. Un sourire se dessina sur ses lèvres et l’homme lui répondit d’une voix calme:
‘‘ Vous en faites pas pour moi, je sais me défendre. Qu’il soit seul ou non. Et quand bien même, au moins je saurais que j’ai aidé une merveilleuse femme à se libérer de ce chien. Même de loin je l’ai vu que tu souffrais d’être là-bas, dans la rue…Allez, dépêchez-vous avant qu’il n’ait l’idée saugrenue de revenir. ‘‘
Les jeunes gens se retrouvèrent de nouveau seuls et Kaëran ne perdit pas de temps pour se lever. Le temps leur était maintenant compté et ils devaient faire vite avant que Nolan se relance à l’attaque. C’était le moment où ne jamais de prendre leurs jambes à leur cou et fuir loin d’ici. Pour prendre de l’avance. D’abord, le jeune homme se tourna vers Ellana qui tenait fermement sa dague recouverte de sang. Doucement, il ouvrit chacun de ses doigts fins et prit l’arme pour la nettoyer convenablement. Sa protégée fila dans la salle de bain pour y enlever le liquide pourpre qui teintait sa main gauche et lui en profita pour remettre sa ceinture autour de sa taill,e puis se revêtit en vitesse. Il eut le temps d’enfiler son armure lorsqu’Ellana ressortit et vint le rejoindre. Il l’entoura de sa cape et lui prit la main avant de filer de la pièce d’un pas rapide. Ils descendirent l’escalier et l’aubergiste leur fit signe de le suivre jusqu’à la cave où il entreposait tout ses provisions et son alcool. Non sans leur avoir donner un sac de provisions supplémentaire. La flamme de la torche était leur seule source de lumière dans toute cette obscurité. Ce fut devant un vieux tonneau de bière qu’on ouvrit qu'ils stoppèrent leur avancée. Kaëran fut surpris d’y voir un tunnel et ça, l’aubergiste le remarqua bien.
‘‘ Ce tunnel vous conduira tout droit en pleine forêt. Malheureusement, votre cheval ne peut pas passer par là. Je peux le libérer et le faire sortir de la ville si vous voulez et si vous êtes sûr qu’il vous retrouvera. Ou alors le laisser en pièce à conviction pour dire que vous n’avez pas quitté la ville… ‘‘
‘‘ Il vaudrait mieux qu’il reste à l’écurie pour un moment. Pour faire diversion comme dit. Vous y rendre pourrait être dangereux et je m’en voudrais s’il vous arrivait malheur après tout ça, à cause de nous. Nous aidé à fuir est plus que ne l’aurions souhaité et jamais nous pourrons assez vous remercier pour ce geste. Monsieur. ‘‘
L’aubergiste sourit et posa une main sur l’épaule du jeune homme, plantant son regard sombre dans le sien.
‘‘ Nolan est un chien de la pire espèce. Un vrai porc. Mais avant que vous ne partiez tous les deux, promettez-moi une chose... fuyez, le plus loin possible et ne revenez pas. Si c’est le cas, Lieutenant, apportez donc vos copains. De toute manière, il vous faudra bien venir chercher votre bête, non ? ''
Il lui donna une tape puis se retourna pour prendre une torche éteinte qui reposait sur le dessus du tonneau. À l’aide de son flambeau, il l’alluma et la tendit au Lieutenant qui la prit, gardant une des mains d’Ellana dans celle qui était libre.
‘‘ Merci encore... je ne l’oublierai pas. ‘‘
‘‘ Prenez soin de vous. Filez maintenant. ‘‘
Kaëran prit les devants, entraînant sa protégée à sa suite et s’enfonça dans l’obscurité alors que la porte du passage se refermait derrière eux. Il y avait des rats un peu partout et c’était humide. Ils étaient plongé dans l'obscurité d'un long et étroit couloir...
‘‘ Nous allons nous en sortir. Tu n’as plus à avoir peur. ‘‘ Murmura Kaë.
Leur marche durant bien une heure avant qu’ils trouvent la sortie. Ils durent pousser une large pierre pour dégager le passage et lorsqu’ils recouvrèrent le grand air, il faisait noir et la lune brillait dans le ciel avec ses soeurs. À chacune de leurs respirations, il y avait cette petite fumée blanche qui embrumait l’air ambiant. Le chemin qui leur avait permis de fuir fut refermé et les jeunes gens continuèrent leur route dans la forêt. Le Lieutenant tentait de se localiser et ne le put qu’après vingt longues minutes alors qu’il trouva un cours d’eau.
‘‘ En le suivant, nous devrions retrouver notre chemin. Le prochain village est à un jour d’ici à cheval, au moins deux à pied si tout va bien. ‘‘
Se retournant vers Ellana, il crut voir son inquiétude et sa peur. Voulant la réconforter, l’homme s’approcha d’elle et l’enlaça doucement, caressant sa longue chevelure. Les bras fins de la jeune femme ne tardèrent pas à entourer sa taille, son visage se levant pour que leur regard se perdent l’un dans l’autre.
‘‘ Tu t’es débrouillée comme un chef tout à l’heure... Tu es courageuse, tu sais ? ‘‘ Il caressa l’une de ses joues du revers de la main avant de l’embrasser. ‘‘ Merci ... ‘‘
Il lui sourit, prit l’une de ses mains et commença à suivre le ruisseau qui débouchait à coup sûr vers un lac et peut-être un chemin ouvert aux voyageurs. Suffisait qu’ils aient un peu de chance maintenant.
Il fallait aussi qu’ils pensent à se reposer un moment une fois qu’ils seraient suffisamment loin de la bourgade. En sécurité...
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Lun 18 Mar - 18:03
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Mar 19 Mar - 1:05
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Chapitre 4 En cavale, partie 2
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Leurs pas s’enfonçaient dans l’herbe épaisse de la forêt, parfois dans la mousse ou sur le gravas. Ils avançaient à un rythme plutôt rapide pour ne pas perdre leur avance et surtout, en silence. Kaëran réfléchissait, tentant de chercher dans quels environs de la forêt ils se trouvaient. Parfois, sa tête se levait pour que ses yeux puissent s’orienter à l’aide des étoiles qui illuminaient ce ciel si clair, mais si sombre. Le ruisseau ne quittait pas leur côté et s’agrandissait tranquillement, son débit se faisant un peu plus rapide. Menant la marche, le Lieutenant dut parfois aider Ellana à franchir quelques obstacles telles les souches d’arbres renversés, de petites pentes abruptes, des racines serpentantes, etc. Ils marchèrent ainsi deux longues heures avant que la jeune femme ne ralentisse la cadence pour finalement se stopper. Interrogateur, Kaëran se retourna vers elle. Peut-être avait-elle entendu quelque chose qui lui avait échappé ? Mais elle murmura plutôt ces paroles:
‘‘ Viens, Kaëran… ‘‘
N’ayant aucunement la chance de lui demander ce qu’elle avait trouvé là, le soldat se contenta de suivre. Il se laissa donc entraîner jusqu’à une crevasse qu’il n’avait pas remarquée. Eh bien ! Elle avait l’oeil cette petite. Ellana entra la première se courbant légèrement vers l’avant, Kaë en faisant de même. L’espace était plutôt étroit, mais ils n’étaient que deux. Cela leur permettrait de produire de la chaleur un peu plus rapidement.
‘‘ Il faut que tu te reposes maintenant mon cœur…je suis là, je ne pars pas et je vais veiller sur toi… ‘‘
Se reposer ? Veiller sur lui ? Il pouvait très bien se rendre au prochain village et prendre le temps de dormir une fois rendu. Oui il commençait à ressentir les effets de la fatigue, mais il avait encore la capacité de rester éveillé et de réfléchir clairement. Sa protégée elle, ne semblait pas du même avis cependant. Le Lieutenant allait ouvrir la bouche pour lui dire que tout irait bien, mais elle déposa un doigt sur ses lèvres pour l’arrêter.
‘‘ N’est-ce pas toi qui dis que la fatigue est le pire ennemi de l’Homme ? Si…alors, dors…’’ Chuchotta t-elle.
Elle souriait et ce fut assez pour faire taire le jeune homme qui répondit à son magnifique mini sourire. S’asseyant d’abord au sol, Kaëran ne se départit que de son plastron pour être un peu plus confortable et laissa Ellana l’aider à s’allonger. Elle le borda et d’une main douce et délicate, commença ses caresses dans sa chevelure rebelle. Ses yeux ne faisaient qu’admirer la beauté de cette femme qui avait été absente de sa vie de longs mois durant. Il peinait à croire qu’elle était à ses côtés en ce moment même alors que c’était bien réel. Après quelques secondes, ses paupières devinrent lourdes et se fermèrent d’elles-mêmes, le doux fredonnement d’Ellana l’aidant à rejoindre le monde des rêves.
Quelques heures lui suffirent pour être complètement remis de ces mésaventures. Par saccade, ses paupières tentaient de s’ouvrirent, mais la lumière du jour l’aveuglait. Sauf qu’il y avait quelque chose qui clochait. C’était trop silencieux... Kaëran se redressa sur ses coudes en premier lieu et scruta la crevasse des yeux pour constater qu’Ellana n’était pas là. Il y avait un feu de camp, de la viande à cuire, mais pas de trace de sa bien-aimée. S’asseyant vivement, le Lieutenant allait se lever pour partir à sa recherche lorsqu’il entendit des bruits de pas et une ombre se former au sol. Ses sens en alerte, il glissait sa main vers son épée qui dormait à côté de lui lorsqu’il reconnut la silhouette de la couturière. Un soupir de soulagement s’échappa de sa bouche à ce moment.
‘‘ Chutt… je suis là. Je suis allée… remplir ta gourde au ruisseau. J’espère que l’eau est bonne… ‘‘
Évidemment, elle avait dû voir la tête de mec paniqué qu’il piquait et il répondit à son sourire alors qu’elle s’approchait pour ranger la gourde dans son sac de voyage. Par la suite, ce fut l’heure du goûter et prit volontiers la branche que lui tendait Ellana. Ça tombait bien parce que son estomac criait famine depuis la veille. Avec les retrouvailles, il avait complètement oublié de se nourrir
‘‘ Tiens, il faut prendre des forces. J’ai…je ne sais pas comment, mais j’ai réussis à nous faire à manger en pleine nature, Kaëran…pour une fois j’ai réfléchi… ‘‘ Dit-elle se moquant de sa personne. ‘‘ Tu crois…qu’ils nous suivent déjà ? ‘‘
Kaëran se leva et s’approcha d’Ellana. En fait, il s’asseyait derrière elle, jambes de chaque côté et colla son corps contre le sien tout en mâchant. Il avait besoin de la sentir près de lui et elle ne se pria pas pour s’adosser contre son torse, penchant légèrement la tête vers l’arrière pour le regarder.
‘‘ Ta caboche est pleine de réflexions. Tu réfléchis sans cesse. Je ne te l’ai pas déjà dit que tu étais intelligente ? Donc je te le redis encore une fois et cesse de te dénigrer de la sorte avant que je ne te morde ! ‘‘
Bien entendu, il disait ça pour rigoler. Comment pourrait-il faire du mal à sa protégée ?
‘‘ Nous avons considérablement d’avance sur eux grâce à ce passage. À moins qu’ils n’aient pris leurs chevaux et encore... Pas de piste à dans les alentours du village, il leur sera difficile de savoir quelle direction nous avons prise. ‘‘
Le soldat prit sa dernière bouchée puis déposa un gros baiser baveux sur la joue droite de la jeune femme avant de se remettre sur ses jambes et d’éteindre ce feu qu’Ellana avait eu du mal à allumer. Ils ramassèrent leurs sacs, Kaë remit son plastron et entoura de nouveau les épaules de sa douce avec sa cape pour ne pas qu’elle attrape froid vu la tenue légère qu’elle portait. Main dans la main, les jeunes gens reprirent la route une fois sortie du renfoncement de pierre. Ils retrouvèrent le ruisseau et le longèrent. De longues heures s’écoulèrent et toujours pas de trace de Nolan et ses hommes dans les environs; bon ou mauvais signe ? Peut-être se cachaient-ils quelque part et attendaient le bon moment pour leur tendre une embuscade ? Non... Kaëran aurait eu la sensation d’être épié, or, ce n’était nullement le cas. Avaient-ils abandonné ? C’était une possibilité.
En une journée, Kaëran et Ellana parcoururent quelques lieux avant de prendre une pause bien méritée. Cette fois, ce fut lui qui s’occupa d’allumer le feu et faire cuire de quoi manger pour eux deux. L’armure de l’homme se retrouva au sol dans sa cape et la couverture de laine donnée par l’aubergiste fut sortie d'un sac. Encore une fois, le Lieutenant prit place derrière la jeune femme et entoura ses épaules de ses bras pour lui donner de sa chaleur en plus celle du tissu, car la nuit s’annonçait fraîche ainsi installés au bord de l’eau. Il s’adossa contre le tronc d’arbre derrière lui et murmura.
‘‘ Repose-toi, demain nous avons une longue route encore. J’en fais de même, mais d’un oeil. ‘‘
Tous deux fermèrent les yeux pour se reposer et purent prendre quelques heures de sommeil bien mérité avant le lever du jour. À leur réveil, le feu s’était éteint et le ciel était partiellement couvert de nuages grisonnants. L’air lui, était quelque peu humide. Présage de pluie ? Possiblement. Les jeunes gens cassèrent la croute et purent se remettre en route. La pluie commença à leur tomber sur la tête en fin de journée, mais déjà le village dont avait parlé Kaëran se dressait aux abords d’un petit lac.
‘‘ Nous y sommes ! ‘‘
Prit d’un soudain regain d’énergie, lui et la couturière hâtèrent le pas et se dirigèrent directement vers l’auberge pour pouvoir se sécher, se réchauffer et avoir droit à un bon repas chaud. Kaëran s’occupa de la note et ils purent monter à l’étage pour se rendre à leur chambre. Les sacs furent posés sur le lit. Par chance, tout était sec à l’intérieur. Vive le cuir ! Le Lieutenant fouilla dans ses affaires et donna une chemise à Ellana qui semblait confuse soudainement.
‘‘ File te changer avant d’attraper froid. Je ne voudrais pas que tu tombes malade. ‘‘
Il lui embrassa le front, le nez puis ses lèvres avant de la pousser vers la salle d’eau annexe à leur chambre. Ainsi, elle pourrait se réchauffer grâce à l’eau chaude d’un bon bain. Puis il occuperait à son tour la pièce. Donc pendant qu’Ellana était disparu, il descendit chercher leur repas et revint avant même qu’elle sorte. Mais lorsqu’elle fit irruption dans la pièce, il déglutit. La chemise était bien trop grande, dévoilait son épaule gauche presque entièrement, mais lui faisait tellement bien à la fois. Elle était tout simplement ravissante malgré ses pommettes rougies par la timidité. S’approchant, il l’aida à rouler les manches qui étaient bien trop longues et ne put s’empêcher de lui voler un baiser avant de l’entraîner sur le lit pour qu’ils puissent remplir leur estomac.
‘‘ Je vais aller me laver. Je ne serai pas long... ‘‘
Et hop, il avait disparu sauf qu’il n’avait pas pris le temps de ramasser une serviette sur la commode, contrairement à Ellana l’avait fait un peu plus tôt. Lorsqu’il sortit, trempé de la tête au pied, Kaëran chercha des yeux le tissu et ne le trouva pas.
‘‘ Merde... ‘‘ Souffla t-il.
D’un pas prudent, comme ses pieds étaient mouillés, le Lieutenant marcha sur le plancher de bois et entrouvrit la porte pour sortir la tête. Ellana qui tourna les yeux dans sa direction après avoir entendu le grincement dut à l'ouverture. Il souriait bêtement et demanda alors:
‘‘ Eum... Dis, pourrais-tu m’apporter la serviette, là, sur la commode ? S’il te plaît ‘‘
Sauf que le sourire malicieux qui se forma sur les lèvres vermeilles de la jeune femme ne laissait rien présager de bon. Déjà, il songeait à s’enrouler la taille de son pantalon comme il risquait de devoir sortir...
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Mar 19 Mar - 20:19
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Mer 20 Mar - 1:01
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Chapitre 4 En cavale, partie 3
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‘‘ Viens la chercher… ‘‘
Voilà. C’était ce qu’il redoutait. Ses craintes avaient pris vie dans ce susurrement que venait de lancer Ellana. Son sourire mystérieux n’avait toujours pas disparu lorsqu’elle prit la serviette d’une main, la secouant lentement dans le vide. Il fallait avouer que le jeune homme était tout de même surpris de voir sa protégée ainsi. Avant qu’ils ne se retrouvent loin l’un de l’autre, elle avait été beaucoup plus timide et osait à peine faire quelque chose sans permission. Ça faisait étrange, mais la voir ainsi le comblait de bonheur. La petite flamme était revenue dans son regard vairon, le rendant d’autant plus magnifique qu’il ne l’était déjà. Kaëran dut alors s’éclipser de l’embrasure de la porte pour empoigner son pantalon. Avec celui-ci, il entoura sa taille et sortit de la salle d’eau d’un pas prudent. S’il glissait, ça allait faire mal alors bon ... et puis, il n’allait tout de même pas se promener à poil devant une demoiselle !
Sur le visage d’Ellana était peint un sourire d’amusement et le Lieutenant voyait bien qu’elle retenait un rire. Il fronça les sourcils, s’approchant un peu plus d’elle. Son bras droit se tendit devant lui, sa main prête à recevoir le tissu lorsque la jeune femme se recula à chacun de ses pas, l’air taquin. Là il comprit qu’elle voulait jouer.
‘‘ Viens…ou as-tu peur que je te morde ? ‘‘
‘‘ C’est moi qui vais te mordre si te ne me donne pas cette fichue serviette, Ellana Stark. ‘‘
Kaëran réitéra l’expérience et s’approcha de nouveau. Ce fut la même histoire ! Un pas devant et un peu plus de distance entre sa main et le bout de tissu. À la longue, il allait finir par sécher debout. Bon sang... Cependant, sans que le soldat ne s’y attende, Ellana inversa son stratagème, ce qui le surprit. Le bras gauche et fin de celle-ci était légèrement vers l’arrière, serviette en main et son sourire énigmatique n’avaient toujours pas disparu de ses lèvres vermeilles. Il sentait même son souffle contre sa peau et se surpris à frissonner légèrement, mais se fut pire lorsqu’elle posa sa main sur lui pour caresser son torse. Elle descendit vers son ventre en y collant sa bouche et déposa de doux baisers sur ses abdominaux. Un violent frisson lui traversa l’échine alors qu’elle remontait pour poser ses lèvres sur les siennes.
Alors là, elle l’avait eu... littéralement.
La chair de poule se forma à la surface de sa peau humide au contact des mains douces d’Ellana. Ses doigts fins se faufilaient entre le tissu de son pantalon et ses hanches. S’il lâchait prise, c’était fini, mais c’est ce qui arriva malencontreusement lorsqu’il voulut attraper la taille de sa protégée pour l’approcher de lui. Elle avait compris et en faisait de même, se fichant bien qu’il soit trempé de la tête au pied. Son corps réagissait à ce contact qui provoquait d’étranges sensations à l’intérieur. Tranquillement, la jeune femme le faisait reculer sans qu’il ne cherche à comprendre ce qu’elle avait en tête. Il le savait, et elle aussi. C’est là que ses genoux fléchirent et que son corps tomba lourdement sur le matelas, entraînant la femme qui le titillait dans sa chute. Celle-ci prit place sur son bas ventre et se pencha pour l’embrasser doucement, lui ne se gênant pas pour lui rendre la pareille, car seuls les dieux savaient à quel point il avait envie d’elle maintenant. Les lèvres vermeilles d’Ellana se promenaient sur son corps, effleurant à peine sa peau par moment. Kaëran ferma les yeux d’aise, les doigts de sa main droite entrecroisée avec la gauche de la couturière qui se dérobait à sa vue. Plus elle descendait et plus les frissons devenaient insoutenables. Jusqu’à ce qu’elle arrive là. Il ne mit pas de temps à réagir à ces caresses, mais il ne manqua pas de l’agripper par les bras pour la ramener à lui et non à sa virilité.
L’espace de quelques secondes, leurs regards se croisèrent et Kaëran lui fit un sourire rassurant. Elle n’avait pas à faire ce genre de chose. Avec lui, elle n’était pas chez les catins et n’était nullement obligée de faire ce qu’elle avait l’habitude d’y faire avec les autres hommes. De toute manière, c’était de l’histoire ancienne maintenant. Il serait là pour veiller sur elle et personne ne lui toucherait plus jamais en vue de lui faire du mal. La prenant au dépourvu, le Lieutenant posa ses mains sur la taille d’Ellana et la retourna. Lentement, il approcha son visage du sien et déposa un léger baiser sur le bout de son nez tout en la regardant directement dans les yeux. Bon Dieu de merde qu’il pouvait l’aimer. C’en était même insensé. Elle était si belle, autant de l’intérieur que de l’extérieur. Pour lui, elle était tout simplement parfaite. En réponse à la caresse sur sa joue, Kaëran fit descendre ses mains sur les cuisses de sa douce elle la débarrassa de son pantalon avant de les y reposer. Lentement, elles remontèrent sur ses hanches puis continuèrent leur ascension sur sa taille. Il traça sa silhouette tout en remontant le tissu et posa ses lèvres sur le bas ventre de la femme qui frémissait à son tour. La chemise se retrouva au sol avec le reste des vêtements, permettant ainsi à sa bouche de continuer son chemin jusqu’à la poitrine d’Ellana. Son corps se cambrait légèrement, ses doigts frêles se crispaient sur sa peau. Finalement, Kaëran déposa une série de baisers dans son cou et il sentit le souffle court de la jeune femme contre sa peau alors qu’elle lui murmurait à l’oreille :
‘‘ Je t’aime, Kaëran… ‘‘
Un doux sourire se forma sur les lèvres du Lieutenant qui vint voler un long et tendre baiser à sa bien-aimée, terminant de la mettre à nue d’un geste lent. S’il se faisait un malin plaisir à la faire frissonner? Bien sûr que oui, car ses doigts effleuraient à peine les parcelles de peau qui faisait d’Ellana une femme à part entière. Sauf qu’elle se tendit et Kaëran commença à craindre d’avoir quelque chose de mal, d’avoir éveillé de mauvais souvenirs en elle. Il s’arrêta et la regarda dans le blanc des yeux avec interrogation, mais Ellana plaqua sa bouche contre la sienne pour briser cette distance qui les séparait.
De longues minutes durant, Kaë découvrait le corps de sa douce pour la première fois alors qu’elle en faisait de même pour lui. Leur souffle était court, leur sang bouillant d’un désir non dissimulé. Le plaisir montait en flèche au fil des secondes et bientôt ce fut la deuxième étape. Ellana était prête à le recevoir et il exauça ses prières doucement. Langoureusement, la danse prit forme et la tête de la jeune femme se jeta en arrière alors que de faibles gémissements s’échappaient de ses lèvres. Des jambes entourèrent son bassin avec une certaine force alors que la cadence s’accélérait, comme leur respiration et les battements de leur coeur. Les lèvres ne faisaient qu’un la plupart du temps. À un moment, les ongles d’Ellana se plantèrent dans la peau de son dos, mais il ne sentit presque rien sur le coup de toutes ces sensations inhabituelles. C’est alors que la femme prit les rênes en le faisant revenir en dessous une seconde fois. Les mains du soldat caressaient les cuisses de sa douce et les serraient fortement sans le vouloir dès qu’il était secoué d’un spasme de plaisir plutôt intense puis elles grimpèrent bientôt sur ses hanches pour se rendre jusqu’à sa poitrine généreuse qu’il finit par embrasser.
Mais l’apogée approchait dangereusement et Kaëran la bouscula de nouveau pour terminer le travail. Le rythme diminuait, mais était tout autant langoureux, et ce, jusqu’à ce qu’une vague de plaisir les submerge tous les deux, les forçant à gémir de concerts. Essoufflé, Kaëran embrassa sa douce délicatement avant de se retirer et de s’affaler à ses côtés.
Leur doux supplice était terminé.
‘‘ Tu as toujours besoin d’une serviette pour te sécher mon cœur ? ‘‘
‘‘ C’est ça, rigole ! ‘‘
Elle semblait bien amusée et se colla contre lui qui l’emprisonna dans ses bras. Un baiser fut déposé sur son front et il dit:
‘‘ Je vais m’en souvenir, mademoiselle Stark... j’aurai ma revanche et à cause de toi je vais devoir retourner me laver. ‘‘
Il avait chaud comme pas possible et c’était le cas d’Ellana aussi. Ainsi, le Lieutenant se redressa, tira Ellana du lit et la traina sur son épaule droite jusqu’à la salle d’eau où il entreprit de se nettoyer une seconde fois, et elle aussi. Là il ne put s’empêcher de la titiller à son tour alors qu’il passait la serviette mouillée sur ce corps à faire mourir d’envie n’importe quel homme. Cependant, la conversation qui allait s’en suivre allait devenir beaucoup plus sérieuse et forte en émotion.
En fait, Kaëran voulait savoir pourquoi Ellana s’était figé pendant qu’ils se caressaient. Il craignait que ce soit à cause de lui, même si ça ne l’était pas. Après lui avoir embrassé le cou à quelques reprises, le Lieutenant colla son torse contre le dos de sa protégée et entoura ses épaules de ses bras.
‘‘ Ellana... à quoi pensais-tu tout à l’heure ? J’espère ne pas avoir éveillé de mauvais souvenir... ‘‘
Il se tut un instant alors qu’Ellana se retournait, toujours prisonnière de son étreinte. Elle caressait ses joues de ses mains et lui souriait faiblement.
‘‘ Je t’aime... ‘‘
C’était la première fois qu’il le lui disait de vive voix. Qu’il disait ces trois mots qui signifiaient tant.
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Sujet: Re: Retour à la case départ [PV Kaëran] Mer 20 Mar - 17:24