Toute sa jeunesse, Azula avait cru qu’elle grandirait et deviendrait une jeune femme comme les autres. Toute sa jeunesse, elle s’était imaginée dans une autre vie. Elle s’était imaginée avec une mère généreuse et aimante. Elle avait dessiné dans on esprit un père travaillant et courageux. Elle s’était créé des frères et des sœurs qui jouaient avec elle. Elle y croyait dur comme le roc et les voyait aussi visible que l’était les gens autour d’elle. Elle leur parlait, jouait avec eux et leur chantait les plus belles chansons.
Ils disaient qu’elle était folle, que la perte de sa famille l’avait affecté. Elle n’était qu’une petite fille abandonnée par une mère horrible qui l’avait vendue par manque de sous avant de trouver le bras d’un homme plus riche. Et son père? Alcoolique et mort en lâche. La fillette le savait, elle l’avait trouvé dans la rue devant la porte de la maison. Des frères et sœurs? Surement un peu partout eux aussi abandonnés par sa mère dans les bras de pauvres femmes qui ne pouvaient pas ignorer les cris des enfants en pleurs. Azula elle-même avait été trouvée par une vieille dame qui habitait dans la forêt. C’est elle qui l’avait élevée depuis l’âge de 5 ans. Mais la jeune enfant n’avait aucun souvenir de sa famille. Elle vécut dans les bois, isolée du monde et ignora donc tout ce qui se tramait à l’extérieur de ceux-ci, mais plus elle vieillissait, plus elle voyait Cathad se faire de plus en plus faible.
Vers l’âge de 12 ans, elle décida qu’elle allait aider au mieux de ses capacités la vieille dame qui avait été sa seule famille. Malheureusement, elle ignorait qu’elle serait celle qui tuerait sa mère adoptive. Elle ignorait tout de sa nature, de ses gènes de lycanthrope. Cependant, elle connaissait leurs existences. Les soirs de pleines lunes, elle restait dans son lit et les entendait hurler à la lune. Elle ferma les yeux, un frisson la parcourant alors qu’elle s’endormait bercer par les cris et les hurlements. Ne connaissant rien d’autre, elle ne pouvait pas savoir. Cathad était une vieille femme dotée du don de la vision du futur. Et elle savait tout. Elle savait ce qui lui arriverait le jour des 18 ans d’Azula et avait depuis longtemps accepté son sort.
Elle s’assura qu’elle enseignait à la jeune fille toutes les valeurs qu’elle jugea indispensables, la préparant à la vie d’adulte. Et le soir de pleine lune venue, le soir des 18 ans d’Azula, Cathad était rassurée de voir que la jeune femme était ce qu’elle devait être. Mais la lycan ne souvint pas d’avoir perdue connaissance, ou encore d’avoir tuée sa seule famille. Elle se souvenait cependant d’une douleur dans son corps entier : sa première fois, sa première transformation; il eut un sentiment de confusion puis plus rien jusqu’à son réveille.
* * *
Lorsqu’elle reprit ses sens, la jeune adulte se trouvait agenouillée sur l’herbe humide. La lune l’éclairait et dévoilait devant elle un corps inerte allongé. Une odeur métallique régnait tout autour d’elle et du corps; une odeur de sang. Tremblante, elle regarda autour d’elle, se sentant épier depuis les arbres. Où était-elle? Que s’était-il passé? Elle leva les yeux vers la lune et entendit un hurlement. Elle frissonna, sentant une certaine euphorie s’en prendre à elle et ferma les yeux pour se ressaisir.
« Tu crois que c’est aussi simple que cela? » lui demanda une voix masculine.
Elle ouvrit les yeux et se leva d’un bond. Éclairer par les lueurs argentées, un homme à la chevelure magnifique se tenait devant elle. Elle recula doucement, toujours tremblante, et trébucha sur le corps à proximité. Elle tomba à la renverse. Lorsqu’elle se redressa, son regard croisa les yeux de la vieille femme encore ouverts et un cri strident s’échappa de ses lèvres. Sa famille était morte. Elle porta ses mains tachées de sang à son visage et c’est lorsqu’elle remarqua l’odeur qu’elle comprit ce qu’elle avait fait. Elle l’avait tué.
Des bruits de pas autour d’elle la ramenèrent rapidement à la réalité. Une main était tendue vers elle. Son regard glissa le long du bras jusqu’à l’épaule puis au cou et finalement vers le visage de l’étranger. Dans son regard régnaient un calme et un contrôle incroyable. L’Oeil de la tempête peut-être.
« Viens, je vais t’apprendre comment vivre comme tu es. » Lui offrit-il.
Mais la jeune femme n’était pas prête à une telle chose. Elle recula avant de se relever et de s’enfuir. Elle courut aussi vite que ses jambes purent la porter et aussi loin qu’elle le put, mais le village avait déjà été alerté. Les villageois avaient pris leurs précautions et ne pouvaient pas leur échapper. Elle prit un petit chemin de terre et vit de la lumière. Une lueur d’espoir s’anima dans son cœur, elle leva les bras au ciel et leur fit de grands signes.
« Je suis là! » cria-t-elle, un sourire de soulagement aux lèvres.
Elle allait courir à leur rencontrer lorsqu’elle sentit une main lui prendre le bras fermement.
« Ne fais pas ça. Ils voudront ta peau. Ils essayeront de te tuer », mais elle ignora l’homme, le repoussa et couru vers le village.
Elle sentit une flèche lui transpercer la peau. Ils lui avaient tiré dessus et elle avait été blessée à l’épaule gauche. Un cri de douleur se fit entendre et le noir se fit pour la deuxième fois cette nuit-là.
* * *
À son réveil, elle se trouvait étendue sur un lit dans une pièce sans lumière. Elle entendait des gens parler à voix basse dans la pièce d’à côté. Elle tenta de se relever, main une main se posa sur son épaule indemne pour la forcer à rester couché et la douleur lui rappela brutalement sa nuit.
« Tu aurais mieux fait de m’écouter. Tu as eu de la chance que la flèche n’est pas eut beaucoup d’argent. » Elle ferma les yeux alors qu’elle comprit enfin ce qu’elle était.
« C’est impossible, je ne peux pas être… Je n’ai pas été mordue ou griffé alors comment… »« Tes parents ont dû l’être avant. Ne t’inquiète pas, tu es en sécurité ici, avec la meute. »Elle posa son regard dans celui de l’homme. Ce fut la dernière fois que le vit, mais depuis ce jour, elle faisait partie de la meute. Le lendemain elle fut présentée aux autres, mais ne se lia pas d’amitié avec eux. Elle resta solitaire, sans toutefois quitter la meute. Certains la surnommèrent Azure, d’autres l’appelaient par son nom de famille, mais la majorité l’appelait par son prénom.