Ce qui me qualifie? Je ne passerai pas par quatre chemins pour vous parler de ma personne. De toute manière, je n’ai jamais été le genre de femme qui tournait autour du pot avant de dire quoi que ce soit, sachez-le. Franche et directe. C’est ce que je suis. Pourquoi? J’ai grandi dans une famille issue d’une longue génération de soldat où la plupart étaient des hommes. Un milieu plutôt strict où régnaient l’ordre et la discipline. Mon père est un Lieutenant de l’armée elfique de Lonëneilh et un homme fort respecté de nos semblables.

Je suis la seule de ses cinq enfants de sexe féminin. J’ai donc été élevée pour être une dure à cuir au caractère bien trempé. Cela signifie que je n’ai pas la langue dans ma poche quand vient le moment de dire le fil de mes pensées et que j’aime frapper quand l’occasion se présente. Vous devez vous dire que je suis une petite elfe manquée maintenant, or, c’est totalement faux. Mon entraînement n’est pas aussi rude que celui de mes très chers frères et me permet de garder une silhouette gracieuse. J’ai en quelque sorte deux côtés à ma personnalité; l’une est robuste et inébranlable alors que l’autre est rêveuse et aventurière. Détrompez-vous, je n’ai pas de problème entre les deux yeux. Hahaha! C’est seulement sur le terrain d’entraînement que je suis une tout autre personne. Sérieuse, concentrée à ma tâche et aussi droite qu’un pic. C’est ce qui m’a valu la maîtrise parfaite du tir à l’arc. Autre part, je suis une femme comme toutes les autres qui aime revêtir des vêtements un peu plus féminins et qui prend soin de sa personne. Je suis coquète à ma façon, si l’on peut dire la chose ainsi.

Autrement, je suis une femme loyale qui respecte ses engagements. J’ai énormément de respect pour mes pairs ainsi que mes confrères et consœurs, mais j’aime particulièrement être seule avec moi-même. Une solitaire? Peut-être est-ce le mot qui pourrait l’expliquer oui. La présence des autres n’est pas quelque chose de vital pour moi, tant que la nature m’entoure. D’ailleurs, mon seul véritable compagnon est un jeune loup que j’ai recueillit suite à une promenade dans les bois. Sa mère étant morte, je le pris sous mon aile et depuis il ne me quitte plus d’une semelle.

Sinon que dire d’autre...? Ah oui. Je suis une véritable tête de mule et je déteste qu’on me prenne pour une moins que rien. Et... hum... mon sens de l’orientation est vraiment nul...

Une elfe parmi des milliers et des milliers. Comment savoir ce qui nous différencie les unes des autres? Chaque personne est différente, physiquement et psychologiquement. Je ne fais donc pas exception à la règle. J’ai mes traits de caractère et un physique différent de bien des femmes. Cependant, je suis le portrait craché de ma mère. Comme elle, ma silhouette est plutôt moyenne, élancée et gracieuse comportant des formes féminines généreuses qui font l’envie de la gent masculine. J’ai hérité d’une magnifique chevelure châtain clair de ma génitrice, sans oublier ce petit reflet cuivré qui les orne. Quant à mes yeux, ils sont d’un bleu aqua vif et pétillant de malice. Trait venant de mon père. Ma longue chevelure ondulant jusqu’au creux de mes reins encadre un visage de porcelaine aux traits fins et angéliques. Un petit nez au bout retroussé, des pommettes saillantes, des lèvres pulpeuses et rosées à souhait et de longs cils de poupée mettent en valeur le tout. En ce qui concerne mon corps, je ne voudrais pas me vanter, mais j’en suis assez fière, car j’ai des courbes là où il faut. Une poitrine généreuse, une peau de nacre sans imperfections, des hanches finement dessinées et un petit fessier bien rebondit. Je ne m’en plaindrai donc pas...

En parlant de corps, malgré l’entraînement que je subis au côté de mes frères, celui-ci n’est pas pour autant très musclé. Ma silhouette est devenue mieux dessinée au fil du temps. C’est tout. Cependant, il est endurant et je peux courir sur de longues distances sans m’épuiser, même en forêt où j’adore me rendre pour m’exercer.

Au niveau vestimentaire, je porte la plupart du temps des vêtements légers dans les teintes de verts ou plutôt terreuses, ainsi que des bottes cuissardes qui montent jusqu’à la mi-cuisse. Il est ainsi plus facile de se camoufler dans la nature. J’aime aussi les robes au tissu léger qui épouse mon corps et qui s’envole sous la douce brise du vent, mais qui n’en dévoile pas trop. Je suis assez pudique comme vous l’aurez constaté. Agencé à mes tenues, il y a toujours un petit pendentif, qui met en évidence la couleur dominante du vêtement, autour de mon cou de nacre. J’ai aussi des boucles d’oreilles elfiques, que ma mère m’a offertes lors de mon dernier anniversaire, serti d’émeraude ainsi qu’une fine chaîne tressée. Derrière mon oreille droite se trouve une plume d’aigle qui ne me quitte jamais. Un porte-bonheur en quelque sorte.

Spoiler:

Toute histoire commence avec la fusion de deux autres. Comme celle de mes parents. Il va sans dire qu’ils ont toujours eu la vie passablement facile. Un beau mariage, un amour inconditionnel de leur pair, une famille...

Mon père et ma mère sont issus d’une des familles les plus respectées de Lonëneilh. Pourquoi ? Comme dit plus haut, les Asaë sont descendants d’une très ancienne lignée de combattants. Leur réputation au sein de l’armée n’est donc plus à faire. Mon père est un Lieutenant au service de la famille royale, le plus âgé d’ailleurs, mais aussi le plus sage. On le connait pour être un fin diplomate qui opte pour la paix plutôt que les échanges brutaux entre les races. Normal me direz-vous. En effet, mais ce n’est pas tout le monde qui pense en ce sens, malheureusement. Moi et mes frères assurons la descendance de notre famille, sa réputation. Nous n’avons donc pas échappé à l’étiquette qu’on nous colle au front dès la naissance. Même si j’étais une fille, mon paternel a toujours tenu à ce que je finisse par tenir une épée pour défendre mon peuple, or, il s’avérait que je n’avais aucune coordination pour cet art. C’est part hasard que je me découvris un talent et une passion dans le tir à l’arc. Ma motivation était de devenir la meilleure archère que notre peuple eut connue, mais j’avais un autre objectif. Un petit secret. J’avais soif d’aventure et les contes qui se trouvaient dans la bibliothèque de ma chambre y étaient pour quelque chose.

Mon grand-père nous racontait souvent des histoires fantastiques le soir avant de nous mettre au lit et je devais être la plus émerveillée des enfants. Je rêvassais. J’espérais un jour voir le continent humain et découvrir leur étrange culture. Tout ça avait éveillé une profonde curiosité en moi, mais j’étais trop jeune...

Les premières années de ma vie se résumaient aux jeux de guerre avec mes quatre frères. Souvent je me retrouvais à être la première à perdre et boudais dans mon coin. Ma mère venait me chercher et me faisait entrer à l’intérieur pour me serrer dans ses bras. C’était une consolation et puis la présence de ma mère était si douce qu’elle m’apaisait aussitôt et je m’endormais contre elle alors qu’elle me chantait des berceuses.

Mais avec les années, je devenais une femme solide. La fierté de mes parents. J’excellais dans le tir à l’arc et réussissaient à doubler mes frères dans les courses à pied. Surtout en forêt où j’adorais m’amuser. Je grandissais et mon corps changeait lui aussi, comme mon esprit qui gagnait en maturité. Je donnais parfois des ordres à mes frérots qui s’offusquaient aussitôt en voyant que mon père riait sous cape devant nous. Cela se terminait en chamailleries pour la plupart du temps, mais j’adorais les embêter. C’était ma manière de leur montrer que je les aimais plus que tout au monde. Ils étaient mes complices, mes amis les plus chers en ce monde.

Un soir, alors que je sortais faire une promenade en forêt, je tombai sur le corps d’une louve morte depuis une bonne heure déjà. Elle avait été blessée par ce que je croyais être un cerf. La nature avait donc fait son oeuvre. C’est lorsque je me retournai pour continuer ma route qu’un couinement se fit entendre. Contre le ventre de la bête morte se trouvait un jeune louveteau. Sa fourrure était blanche comme la neige et ses yeux gris étaient si pâles... Mon coeur se serra et je le pris contre moi pour le caresser.
À partir de ce jour, j’étais devenue sa mère. Il me suivait partout où j’allais et ne déviait jamais ses yeux de moi. Snow était devenu mon confident et partageait mon lit toutes les nuits. Quand je devais m’entraîner, mon compagnon de fourrure restait sagement assis près de la clôture et hurlait pour déconcentrer mes frères qui grognaient à chaque fois. Moi, de mon côté, je riais.

Le temps fila rapidement à partir de cet instant. Mes frères s’étaient enrôlés dans l’armée elfique alors que moi, je ne m’en sentais pas encore prête. À ma plus grande surprise, mon père était indulgent et me laissait le temps qu’il me fallait pour prendre ma décision. Cette décision était prise; je voulais me rendre de l’autre côté de l’océan pour découvrir le monde de mes propres yeux, quérir de l’expérience pour enrichir mon savoir sur le monde qui m’entourait et qui m’était aussi inconnu. Je voulais découvrir l’immensité qu’on décrivait dans les livres et les récits de guerre.
C’est la semaine suivante que je partais sur un navire pour me rendre en territoire humain. Mes parents m’avaient donné une carte des royaumes, des vivres et de quoi subvenir monétairement à mes besoins pour un long moment. Ce que je pouvais les adorer... et ils allaient me manquer. Sur une dernière accolade et quelques larmes, je grimpai sur le pont en leur envoyant la main, mon fidèle compagnon à quatre pattes à mes côtés. Mon ange gardien à fourrure et aux yeux fauves.

Les jours furent longs et j’avais découvert que j’avais le mal de mer. La plupart du temps, je me terrais dans ma cabine, un bras sur les yeux. Sinon, j’étais sur le pont, contre la rambarde et je dégobillais le peu que j’avais réussi à manger pendant la journée.
Quand nous arrivâmes enfin, j’étais presque sur le point d’embrasser la terre ferme. Le capitaine me mit la capuche sur la tête, me souhaitant un bon voyage et je le remerciai avant de me promener dans les rues bien étranges de cette petite ville côtière. Les choses qu’on y vendait n’étaient pour la plupart que de la camelote humaine et les armes... pff... rien à voir avec ce que les elfes pouvaient faire. M’enfin. Tout ça piquait ma curiosité à vif, mais bientôt je ressentis le besoin de sortir pour prendre la route.

Je marchais donc en sifflotant, Snow sortait des buissons à tout moment pour s’y engouffrer de nouveau au bout d’une seconde. Il avait la langue pendante et ça me faisait rire. Au soir, le temps était devenu gris et menaçant. La pluie tomba à torrent au bout d’une demi-heure et je n’avais toujours pas trouvé d’abris alors je courrais sans me soucier d’où mes pas me menaient. Tout ce que je savais était que la nuit était tombée et que mon compagnon à fourrure avait trouvé refuge sous un chariot à l’extérieur. Au moins, il était au sec. Je poussai la porte de l’établissement qui était une sorte de halte pour les voyageurs. Une taverne ou une auberge, appelez ça comme vous voulez... mais j’étais loin de me douter de ce qui m’attendait cette nuit-là.

Voici comment ma vie bascula...

Voici... Mon histoire...

Pseudo: Stéphanie ou Stef
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