Une bonne petite chasse comme on en fait plus, voilà ce qu'il fallait au géant. Depuis le temps qu'il n'avait pas chassé sa nourriture, à force de se reposer sur ses réserves. D'autant que le colosse venait de refaire sa réserve en allant chercher un colis spécial à Racium. Autant dire que le retour aux sources n'allait pas être une si mauvaise chose, bien au contraire.

Cela faisait quelques heures que le géant allait et venait, pistant une proie qu'il avait choisi soigneusement. Il ne fallait jamais se hâter durant une chasse, la patience était une vertu, surtout chez les lycans. Les traces allaient vers l'Est, le cerf avancé de plus en plus rapidement, à mesure que le chasseur se rapprochait. Il pouvait sentir les crocs de son prédateur devenir de plus en plus oppressant autour de sa gorge. Comme pris au piège. Et cela était une joie pour Quirin de savoir que sa proie avait de plus en plus peur. Mais si le colosse voulait de la chaire bien tendre, il allait devoir abattre le cerf sans qu'il ne soit en proie à une terreur trop grande. Sinon les muscles allaient se raidir et le chaire allait devenir difficile à mâcher.

Une nouvelle heure venait de passer et Quirin pouvait voir à une centaine de mètres de lui, sa preoi, immobile devant de petits buissons. Il était jeune, il ne devait pas avoir plus de neuf mois, les bois n'étant pas encore sorti. Grimpant dans un arbre, le lycan s'approcha aussi discrètement que lui permettait ses capacités naturelles, c'est-à-dire aussi silencieux et invisible qu'une ombre en pleine nuit. A travers le feuillage de l'arbre, le géant pouvait voir en contre-bas sa proie qui s'attarder encore sur les quelques feuilles vertes qui ornées le buisson. Sortant les griffes et les crocs, Quirin se laissa tomber sur sa cible, l'agrippant au niveau de la nuque et la lui brisant net, sans souffrance. L'animal avait rendu l'âme en une fraction de seconde, aucune chance ne lui fut accordée.

Quittant la forêt pour s'aventurer dans la plaine, endroit bien plus agréable pour faire un feu et manger sa prise. Quirin fit un peu de marche avant de s'attaquer à la préparation de son repas. Après quelques minutes de marche, le colosse tomba sur un camp à l'abandon. Mais récemment abandonné car l'odeur d'une présence, une Elfe plus précisément, était encore très perceptible. Puis vint l'odeur de la source elle-même...une voix s'éleva ainsi que le bruit d'un arc qui se tendait. Sûrement par réflexe. Le géant avait encore sa proie sur son épaule droite et alors que la plupart des gens auraient réagi avec moins de légèreté, Quirin répliqua simplement :

« Un peu de cerf rôti, cela vous tente-t-il ? »

Tout en disant cela, Quirin posa un genou à terre et allongea l'animal mort au sol avant de s’asseoir avec un grand sourire.

La jeune femme était clairement sur ses gardes, ce qui fit légèrement sourire le lycan. Elle insistait sur sa question, qui était-il ? Bonne question. Quirin était un guerrier, un être de guerre, livrant son cœur et son âme au sang et à la violence. Mais ça, l'elfe n'était pas obligé de le savoir évidemment. Gardant son sourire sur son visage, le colosse répondit d'une voix grave mais posée :

« Je suis Quirin Leim, le Titan de Glace, Fléau des lycans. Et vous ? »

Avec un morceau de bois que le géant venait de prendre au sol, ce dernier poussa les braises afin d'entretenir le feu pour ensuite faire cuir le gibier chassé plus tôt. Évidemment une Elfe n'allait pas manger de cette viande mais le colosse avait proposé à cette dernière par politesse. Mais pour palier ce refus le colosse sorti de son sac un fruit cueillit plus tôt dans la forêt. De simple mures mais assez pour nourrir une Elfe. Dans un petit bout de tissu le géant posa sur le sol ses fruits puis en piocha quelques uns avant de faire un signe de la main à l'Elfe pour qu'elle se serve, si toute fois elle souhaitait en manger.

« Vous savez si j'avais voulu m'en prendre à vous, je ne serais pas venu comme ça dans ce camp sans précaution et encore moins à découvert comme je l'ai fait. Cet arc ne vous sert donc à rien. »

Le sourire du colosse n'avait pas disparu malgré la méfiance de l'elfe. Cette méfiance était même très amusant et Quirin n'avait clairement pas l'intention de se battre aujourd'hui, cela était pas au programme tout du moins.

Un sourire plus grand vint se dessiner sur le visage du colosse lorsque ce dernier vit la jeune elfe se jeter sur les mûres. La méfiance était effectivement là mais l'appel de l'estomac l'était encore plus. Le géant reprit son petit jeu avec le feu qui crépitait, la viande continuait de cuire lentement, laissant son doux fumé envahir les bois. Écoutant la jeune elfe lui répondre, Quirin lui répondit :

« Très joli prénom. Personne n'est comme les autres, on est tous différents, et heureusement d'ailleurs. »

Tout en disant ça, le lycan fixa le feu comme si ce dernier venait à se perdre dans ses souvenirs. Puis la seconde question réveilla le guerrier de ses songes et la fixa avant de lui répondre :

« Comme l'atteste ce gibier, je chassais et cherchais ensuite un lieu tranquille pour cuisiner. Et vous ? »

Tout en attendant la réponse de la jeune femme, le colosse prit encore son sac et en sorti des épices afin d'accompagner le gibier, quelques pommes de terre, de quoi faire cuire tout ça dans une casserole en fonte et quelques légumes. Mais pas trop quand même. L'elfe allait pouvoir manger autre chose que du pain elfique. Enfin si toute fois elle le voulait évidemment. Tenant une pomme de terre dans la main, le guerrier fixa la jolie elfe et leva sa main devant elle avec un sourire :

« Si vous souhaitez manger les légumes, ne vous gênez pas. »

La jeune femme semblait être un peu plus à son aise à mesure que le colosse parlait sans montrer la moindre animosité envers son interlocutrice. Elle venait en plus de cela de remercier le géant pour ce qu'il venait de lui offrir. Et oui, Quirin savait être courtois et même avenant avec les gens. Bon certes cela était très rare mais malgré tout, il y avait les bonnes manières même chez quelqu'un comme le Fléau des lycans. En voyant la jeune elfe rougir, le colosse ne put se retenir de faire la remarque avec amusement avant de poursuivre la conversation :

« Le rouge vous va très bien, dit-il en faisant un petit clin d'oeil à Merwyn. Vous êtes dans l'herboristerie ou est-ce pour tout autre chose que vous partez à la cueillette comme ça ? »

Le guerrier afficha encore son sourire amical, montrant une fois encore qu'il n'était pas là pour faire preuve de violence. Cela faisait aussi du bien de ne plus courir partout en espérant être tranquille ou tout du moins, à défaut de ne pas être tranquille, être avec des gens qui ne vous agressent pas sans arrêt. Et Merwyn était l'une des rares personnes à ne pas vouloir tuer sans discuter avec Quirin. Enfin presque...